• Ce soir en écoutant les discussions de la soirée Médiapart, je me suis demandé à quoi ressemblait vraiment l’évolution du vote FN depuis quatre décennies. Toutes les figures que j’ai consulté montraient une ligne en forme de yo-yo et je trouvais un peu bizarre cette « instabilité » électorale encore qu’elle aurait pu venir illustrer ce que les personnalités politiques disent trop souvent : que c’est un vote de « colère », donc volatile.

      Mais en réalité, le vote FN est relativement stable si on le visualise par type d’élection, mais il n’augmente pas de manière linéaire partout. Il y a surement matière à débattre sur la forme des graphiques, sur la chute de la période 2000-2008... et sur l’effrayante remontée de 2014-2015. On pourra y revenir.

      J’ai composé cette figure à l’arrache, il manque encore quelques détails et quelques notes de bas de page. Par ailleurs, le temps de formater la feuille de calcul, nous la publierons dans les jours qui viennent. En attendant les commentaires sont bienvenus.

    • @freakonometrics En fait, j’ai le nombre de vote dans la feuille excel. C’est juste une question de temps mais oui, je suis d’accord, et dès que je trouve une fenêtre, je vais essayer de produire une image avec le nombre de voix (et d’en comparer l’évolution avec les autres partis).

      Par ailleurs, ce que le graphique de synthèse ne montre pas, c’est les concentrations locales du vote FN. Des communes de plus en plus nombreuses connaissent des scores FN de 40 et 50 + % ... C’est pas très réjouissant, mais il faudra aussi revisiter la carte des élections 2015 par commune.

    • @reka  : Toutes les figures que j’ai consulté montraient une ligne en forme de yo-yo et je trouvais un peu bizarre cette « instabilité » [...] le vote FN est relativement stable si on le visualise par type d’élection

      Oui c’est une des raisons qui m’ont amené à réalisé mes tableaux élections par élections. La principale variable de ces différences de niveaux entre élections est le nombre de scrutins.

      J’ai rassemblé quelques éléments qui à mon avis caractérisent une élection :

      - nombre de scrutins
      - nombre d’élus
      - présupposés idéologiques (présidentielles -> homme providentiel ; Européennes -> union supra-nationale ; législatives -> représentants du peuple ; municipales -> vie locale)
      - principales médiations (médias nationaux ou locaux etc ; militants de terrains ou stars nationales ; réseaux d’amitiés, connaissances directes, etc.)
      - mode de scrutin
      - pouvoir en jeu (exécutifs, legislatifs, executif local dominé par le national, législatif transnational et fantoche etc.)

      Cela donne par exemple à la louche :

      Présidentielles :
      - 1 seul scrutin
      - 1 seul.e élu.e
      - homme providentielle, roi soleil guidant le peuple, homme fort
      - médias nationaux fortement mobilisés, militants mobilisés
      - 500 parrainage puis suffrage universel uninominal direct
      - exécutif autoritaire (peut défaire le parlement, décide des lois au niveau européen)

      Permets les meilleurs score de l’extrême droite : 14 à 15%

      Municipales :
      - 36 000 scrutins
      - entre 210 000 et 520 000 conseillers municipaux
      - gestion des affaires locales
      - médias locaux, militants locaux, relations amicales
      - un sacré bazar https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_municipale_en_France#Les_modes_de_scrutin
      - exécutif local en partie sous tutelle de l’État.

      Permet les score les plus bas de l’extrême droite : 3%

    • @reka par contre je pense que c’est une erreur de représenter avec des bâtonnets, surtout si on souhaite comparer le pourcentage des inscrits au pourcentage des votants.

      D’une part je trouve que ça coupe l’idée de continuité entre chaque date électorale, d’autre part ça me paraît moins lisible.

      J’avais fait ça dans un premier temps mais pour comparer l’extrême droite à l’abstention. ça rend bien compte des différences de niveau et des différences de variation, mais je trouvais que ça rend mal compte de l’existence de « autre vote » et son évolution, ceux qui ne votent pas extrême droite et ne s’abstiennent pas :

      Et à mon avis, comme je le disais dans ma première publication, il ne faut pas prendre en compte que le Front national pour comprendre l’évolution de l’électorat « extrême droite »

      @freakonometrics le nombre de voix ça peut être intéressant, mais si c’est pour une analyse dans la durée il faut faire attention car la population croît de manière importante. C’est notamment ce que je disais dans cette analyse http://seenthis.net/messages/360906

      Quant à l’analyse en nombre de voix, elle masque l’accroissement de la population. Aux élections présidentielles, on est ainsi passé de 36,4 millions d’inscrits en 1981 à 41,2 en 2002 et 46 millions en 2012.

    • @koldobika Le problème avec ces cartes c’est qu’elles ne sont pas anamorphosées en fonction de la population des régions.
      http://elections.interieur.gouv.fr/regionales-2015/11/11.html

      La région Île de France est très petite mais a une population de 7 086 172 d’inscrits dont seulement 8,19% votent extrême droite

      Alors que la région Paca est grande mais n’a que 3 525 272 inscrits dont 21% votent extrême droite

      Pareil pour la Nord-Pas-de-Calais - Picardie elle n’a que 4 237 939 inscrits et 22% d’entre eux votent extrême droite.

    • @reka je mets à disposition ma feuille de calcul qui m’a permis de réaliser ces graphiques. Il y a trois onglet, le troisième est un début de travail avorté pour voir l’évolution spécifique en Nord Pas de Calais.

      Voici le lien torrent :

      magnet : ?xt=urn:btih:53832b530272d3c9a77eaf6674d2c09fba9362be&dn=%C3%89volution%20vote%20extr%C3%AAme%20droite%20et%20abstention%20-%20longue%20p%C3%A9riode%20-%20Apichat&tr=udp%3A%2F%2Ftracker.openbittorrent.com%3A80&tr=udp%3A%2F%2Fopen.demonii.com%3A1337&tr=udp%3A%2F%2Ftracker.coppersurfer.tk%3A6969&tr=udp%3A%2F%2Ftracker.leechers-paradise.org%3A6969

      Et lien http:

      https://framadrop.org/r/7lntkOEFUF#JzxCYUyW2niKrUu+PlBH9c/wEtYjToL7m6fDxSMaX5M=

      Pour les données j’ai plusieurs sources :
      http://data.gouv.fr
      http://www.france-politique.fr
      http://elections.interieur.gouv.fr
      https://fr.wikipedia.org

      Par ailleurs avec une copine on a pour projet de continuer le travail, dans plusieurs mois, pour voir quelle tendance perd ou gagne sur la longue période dans ce qui apparaît actuellement que comme le bloc jaune :

      - « bloc droite » (UMP, UDF, UDI etc.)
      - "bloc centre gauche (PS, éventuellement Verts etc.)
      - gauche de gauche (PCF, LCR, LO, PG, etc.)

    • @apichat merci beaucoup pour les liens et la feuille excel, c’est très précieux et j’apprécie énormément la mise en commun de cette recherche commune. De mon côté, je suis en train - doucement - de rassembler les données « en nombre de voix » à partir desquelles on calcule les pourcentages. L’idée est de voir aussi comment on pourrait donner une idée du « volume » d’électeurs même si je comprends bien que la croissance de la population électorale fausse un peu la visu. Cela dit, il y a peut-être un truc à chercher et à trouver :)

      En tout cas, à suivre !

    • Avec plaisir @reka !

      Dans la feuille de calcul il y a justement les données en nombre de voix.

      Oui ça serait intéressant de voir l’évolution du volume d’électeur ainsi que celle du volume d’inscrits. La données la plus difficile à obtenir mais qui est évoqué à juste titre par l’article « Ce que s’abstenir veut dire » de Céline Braconnier & Jean-Yves Dormagen dans le diplo c’est le pourcentage, si possible pour chaque rendez-vous électoral, de non-inscrits mais en âge de voter.

      Dans ma feuille de calcul, le premier onglet correspond aux données structurées de tel manière qu’il est facile de faire un tableau pouvant comparer toutes les élections. Comme les courbes ci-dessus ou encore celles-ci :

      On voit d’ailleurs que l’abstention augmente fortement à toutes les élections, sauf aux présidentielles depuis l’après 21 avril 2002 (sur les courbes, c’est le seul rendez-vous électoral où j’ai aussi mis le score du 2ème tour) qui a connu une très forte baisse de l’abstention (mais celle-ci remontait déjà en 2012 et risque d’être très forte en 2017)

      Le deuxième onglet isole plus chaque élection et permet de faire les tableau que j’ai principalement publiés jusqu’à présent.

    • @sandburg ces informations sont dans ma feuille de calcul qui est disponible ici : https://framadrop.org/r/7lntkOEFUF#JzxCYUyW2niKrUu+PlBH9c/wEtYjToL7m6fDxSMaX5M=

      Sur le graphique ci-dessus on voit qu’en gros « blancs+nuls » est assez stable et plutôt faible. Sauf aux législatives dans les années 90 et à mon avis aux seconds tours (là on le voit pour la présidentielle en 2002).

      Mais j’ai fait le choix de ne pas représenter les seconds tours car ce sont des situations extrêmement diverses et variables, beaucoup moins stables et analysable que l’évolution des premiers tours. Mais ne serait-ce que pour l’abstention et surtout les votes blancs et nuls (c’est à dire des personnes profondément attachées à la participation aux élections mais qui refusent de choisir entre les candidats qu’il reste) ce serait intéressant de faire un travail similaire et dédié aux second tour... personnellement je n’ai pas le temps pour.

      L’autre situation que je n’ai absolument pas travaillé mais qu’il serait très intéressant de visualiser c’est la proportion des personnes ayant le status pour voter mais qui ne sont pas inscrites.

      Cette situation est très bien décrite dans cet article :

      Ce que s’abstenir veut dire - par Céline Braconnier & Jean-Yves Dormagen

      http://www.monde-diplomatique.fr/2014/05/BRACONNIER/50381