• Mensonge et journalisme de meute
    (à propos de la fausse agression d’Aubervilliers)

    Le besoin de #vérité est plus sacré qu’aucun autre. Il n’en est pourtant jamais fait mention. On a peur de lire quand on s’est une fois rendu compte de la quantité et de l’énormité des faussetés matérielles étalées sans honte, même dans les livres des auteurs les plus réputés. On lit alors comme on boirait l’eau d’un puits douteux.
    Il y a des hommes qui travaillent huit heures par jour et font le grand effort de lire le soir pour s’instruire. Ils ne peuvent pas se livrer à des vérifications dans les grandes bibliothèques. Ils croient le livre sur parole. On n’a pas le droit de leur donner à manger du faux. Quel sens cela a-t-il d’alléguer que les auteurs sont de bonne foi ?
    Eux ne travaillent pas physiquement huit heures par jour. La société les nourrit pour qu’ils aient le loisir et se donnent la peine d’éviter l’erreur.
    Un aiguilleur cause d’un déraillement serait mal accueilli en alléguant qu’il est de bonne foi.
    À plus forte raison est-il honteux de tolérer l’existence de journaux dont tout le monde sait qu’aucun collaborateur ne pourrait y demeurer s’il ne consentait parfois à altérer sciemment la vérité.
    Le public se défie des journaux, mais sa défiance ne le protège pas. Sachant en gros qu’un journal contient des vérités et des mensonges, il répartit les nouvelles annoncées entre ces deux rubriques, mais au hasard, au gré de ses préférences. Il est ainsi livré à l’erreur.
    Tout le monde sait que, lorsque le #journalisme se confond avec l’organisation du #mensonge, il constitue un #crime. Mais on croit que c’est un crime impunissable.
    Qu’est-ce qui peut bien empêcher de punir une activité une fois qu’elle a été reconnue comme criminelle ? D’où peut bien venir cette étrange conception de crimes non punissables ? C’est une des plus monstrueuses déformations de l’esprit juridique.
    Ne serait-il pas temps de proclamer que tout crime discernable est punissable, et qu’on est résolu, si on a en l’occasion, à punir tous les crimes ?
    Quelques mesures faciles de salubrité publique protégeraient la population contre les atteintes à la vérité.
    La première serait l’institution, pour cette protection, de tribunaux spéciaux, hautement honorés, composés de magistrats spécialement choisis et formés. Ils seraient tenus de punir de réprobation publique toute erreur évitable, et pourraient infliger la prison et le bagne en cas de récidive fréquente, aggravée par une mauvaise foi démontrée.

    http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/enracinement/weil_Enracinement.pdf
    #médias #propagande


    https://twitter.com/JasonMatthieu/status/676439396732657664
    https://twitter.com/acrimed_info/status/676440880417513473

    • « C’est l’école qui va te tuer » disait-il avoir entendu.

      il devait subir une inspection de l’éducation nationale dans le courant de la semaine. Or les policiers notent qu’il s’est souvent fait porter pâle en de telles occasions.

      En tout ça la ministre "les élèves posent trop de questions" a été cohérente.

    • Que les média aient pour première fonction d’empoisonner les esprits n’est pas nouveau...

      Ce qui me semble plus dommageable, d’une autre forme de toxicité, et particulièrement remarquable ces temps-ci, c’est que l’on voit des autoproclamés révolutionnaires, des libertaires, des auteurs qui se revendiquent d’une critique sociale « radicale » (et souvent de l’héritage intellectuel de Simone Weil) ne plus penser qu’ils pourraient bien eux aussi ne pas avoir « le droit de donner à manger du faux » à leurs lecteurs, ne plus sembler capables de lier ce qu’ils prétendent être à cette exigence minimale.

      Je pense à tous ces auteurs, ces noms connus et très présents, qui semblent, pour le dire très gentiment , soudain ne plus savoir rien lire ni comprendre, sitôt que l’auteure qu’ils sont sous les yeux est, pour ne citer que quelques uns des exemples les plus récurrents de leur spectaculaire faculté de non-compréhension, une horrible féministe matérialiste, une affreuse « déconstructrice », ou l’épouvantable et terrifiante porte-parole du PIR ; et qui n’ont alors rien de plus empressé que de livrer l’étendue de leur confusion, assortie d’un grand luxe de détail, à la plus grande publicité possible.

      C’est à croire qu’ils s’imaginent que personne ne sait lire sans leur aide, et que leur décryptage averti de spécialistes de renom, hommes, blancs, établis de plus ou moins longue date dans la carrière militante et l’impuissance révolutionnaire, serait indispensable à la réception d’autres pensées que la leur. Tout particulièrement, de pensées non masculines, non hétérosexistes, non blanches.
      En venant prétendre sans vergogne que le chaos et l’égarement original qu’ils se plaisent à donner en spectacle se trouverait in extenso dans une telle pensée, plutôt que d’être un produit fabriqué expressément au moyen du laborieux exercice de non-lecture et de distorsion systématique auxquels ils se sont livrés à ses dépends, ces hommes blancs libertaires radicalement révolutionnaires donnent tout de même généreusement à contempler leur façon de mettre en pratique cet adage, assurément cher à tout dominant, qui veut que : « si je ne comprends rien à vos propos, c’est que vous devez être bête ». On conçoit qu’une telle attitude vaille pour qui, se sentant en position de force, s’efforce de recourir à une forme d’intimidation en calomniant le premier et se moque donc comme une guigne d’être honnête envers qui que ce soit, mais certainement pas pour qui prétend sincèrement vouloir contribuer à une quelconque forme d’ « émancipation ». Il me semble que de telles carrières « révolutionnaires », très étroitement masculines et blanches, réduites, pour durer, à espérer aussi visiblement dans le succès d’une ignorance et d’une confusion auxquelles elles s’échinent à concourir de sont, dans le meilleur des cas, en bout de course, si ce n’est déjà posthumes.

      Je ne vais pas en ébaucher la liste. On les reconnaîtra assez clairement à l’esquisse que j’ai donné de leurs exploits : cela fait désormais assez longtemps qu’ils font bien assez de bruit tous seuls.

      Ces révolutionnaires ont paru à l’épreuve de la honte jusqu’ici. Il serait pourtant éminemment souhaitable qu’il ne soit prochainement plus possible à de tels personnages de surenchérir publiquement dans une quelconque forme d’imbécilité volontaire sans voir leur attitude moquée comme elle le mérite, et ce par le public même auquel ils osent servir ce faux-là...

      Mais rien ne garantit que de telles agonies intellectuelles ne s’éterniseront pas.