Arrêt sur Images - Décryptage et analyse de l’actualité des médias

https://www.arretsurimages.net

  • Romans-sur-Isère : les médias euphémisent la violence - Par Pauline Bock | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/articles/romans-sur-isere-les-medias-euphemisent-la-violence

    (...) les médias ont eu bien du mal à qualifier les faits pour ce qu’ils étaient : une descente raciste et islamophobe organisée par l’extrême droite.

    Tu m’étonnes. Y-a des faits qu’on raconte avec des pincettes. Et d’autres avec froufrous et paillettes, pour faire plus vrai. La transgression, c’est quand on a le droit. Sinon, c’est euphémisation et silenciation. Le journalisme du bon côté du manche, uniquement.

    • Selon une vidéo filmée par un habitant du quartier, qui a intercepté le téléphone de l’un des membres de cette ""milice néo-nazie" « selon sa description, ces personnes armées seraient venus pour »"frapper du bougnoule"". Ce sont les mots des ""individus"" eux-mêmes, dans une conversation sur WhatsApp visible sur le portable de l’un d’eux : on peut y lire un échange entre plusieurs membres du groupuscule, dépassés par la réponse des habitants du quartier qui ont répliqué en les pourchassant, qui intiment à leurs camarades de ""ne pas taper du bougnoule"" et de ""se cacher"", ""ordre de gros lardon [leur chef]"". Dans les vidéos filmées sur place et rapidement postées en ligne, on entend la foule scander des slogans racistes tels que ""Islam hors d’Europe"" ou ""La France nous appartient"". Difficile, au vu de ces éléments, de ne pas souligner le caractère raciste, violent et d’extrême droite des événements.

      L’euphémisation passe un message : défoncer des arabes, c’est open bar* .

      * Toute ressemblance avec une autre période de l’histoire où tout le monde s’accordait pour trouver acceptable de défoncer une catégorie de la population ne serait pas du tout fortuite.

    • Tout au long de la matinée du 26 novembre, BFMTV parle de ""manifestation"". ""Un des militants de 20 ans de l’ultra droite venu manifester hier à Romans sur Isère a été tabassé et gravement blessé"", annonce la chaîne dimanche matin. ""« Venus manifester », drôle d’appellation pour une ratonnade"", a par exemple fait remarquer un réalisateur de RMC, en critiquant le choix sémantique de BFMTV, qui fait partie du même groupe que sa radio, Altice médias. En réponse à la remarque d’Alban Azaïs, le journaliste de BFMTV Maxime Brandstaetter, à l’antenne ce 26 novembre, a répondu en se rangeant derrière les choix sémantiques de la préfecture de la Drôme : ""Le procureur de Valence hier qualifiait cet événement de manifestation."" Dans l’après-midi, la chaîne d’info change de vocabulaire, et décrit les événements comme une ""expédition punitive de l’ultradroite"". BFMTV utilisait également l’expression" "militant de 20 ans"" pour décrire l’un des jeunes d’extrême droite présents à Romans.

      Le retournement sémantique est total. D’un côté, on a les écoterroristes de l’ ultragauche et de l’autre des militants venu tranquillement manifester avec des barres de fer*.

      ⭑ On se souviendra des mignonettes de liquide physiologique saisies lors de fouilles préventives sur des black block ou des confiscation de casseroles préventives, là aussi !

    • Dans tous ces médias, l’aspect raciste et ciblé à l’encontre de la population maghrébine du quartier, pourtant explicité par le membre du groupuscule décrit comme donnant des ordres, le fameux" "gros lardon"", est peu développé. Le "Parisien" décrit des ""violences provoquées par l’ultradroite"", qui ""scande des slogans racistes". "Quant au "Figaro", si le journal décrit bien des ""individus prêts à en découdre"" et parle de leurs ""cris de ""« justice pour Thomas »"" ou de ""« Islam hors d’Europe »"", leur idéologie politique n’est mentionnée qu’au troisième paragraphe, lorsque l’article cite ""plusieurs témoignages de militants d’ultra-droite recueillis par "le Figaro""" qui qualifient les attaquants de ""jeunes ""« patriotes réunis pour répondre aux attaques incessantes de la racaille sur la jeunesse blanche et défendre Thomas »"". Le Figaro n’a pas, semble-t-il, cherché à joindre des habitants du quartier de la Monnaie pris pour cible.

      ""Des militants identitaires sont allés manifester dans la cité de la Monnaie, là où résident des racistes anti-blancs, là d’où viennent les tueurs de Thomas"", déclare, face caméra dans sa vidéo de revendication postée sur les réseaux sociaux, un homme ayant participé au raid. Il dénonce l’arrestation des membres du groupuscule ayant attaqué la Monnaie - qu’il nomme """les nôtres"" - et qualifie les habitants du quartier comme des ""racailles"" et des ""barbares""." ""Nous sommes humiliés sur notre propre sol"", conclut-il en promettant que ""cela ne fait que commencer"". "StreetPress" a par ailleurs souligné que l’homme présenté comme le meneur de l’opération dans plusieurs discussions en ligne et surnommé ""gros lardon"", de son vrai nom Léo R., a ""déjà été interpellé pour une autre ""tentative de ratonnade à Paris en 2022"", lors du match France-Maroc"". Chez lui, les policiers avaient découvert des drapeaux et des insignes du IIIe Reich.

    • On devrait organiser une diffusion publique des films du moment où Thomas se fait égorger. Comme cela, on pourrait enfin comprendre pourquoi la réaction des jeunes patriotes est proportionnée, légitime, et mérite toute l’indulgence constatée de la part de nos journalistes équilibrés.

      Justifier la loi du talion, le sacerdoce de nos élites éclairées.

      Et assurément, le progrès fait rage dans de telles conditions.

  • Les images de guerre, arme d’émotion massive ?
    http://imagesociale.fr/11340

    A la différence de Guillaume Erner, je n’ai pas vu les vidéos de l’attaque du 7 octobre, images de vidéosurveillance ou de téléphones portables compilées par Tsahal dans un film de 48 minutes, régulièrement présenté depuis le 23 octobre à des membres de la Knesset, à des journalistes ou à des groupes de parlementaires étrangers (voir la description analytique proposée par CheckNews). C’est normal : Guillaume Erner est animateur de la matinale de France Culture, et je ne suis qu’un simple spécialiste de culture visuelle.

    C’est aussi un peu dommage, car Guillaume Erner ne considère que ce que les images montrent, alors qu’un spécialiste s’interroge d’abord sur les conditions de visibilité de ce matériau. Qui sont pour le moins étranges. Qu’un Etat belligérant présente sa vision du conflit appartient à l’ordre des choses. Mais qu’il le fasse par l’intermédiaire d’un montage de sources vidéo, alors que dès les premières heures de l’attaque, les réseaux sociaux ont répété l’avertissement désormais rituel de ne pas relayer les images de crimes, constitue une manière pour le moins paradoxale d’opérer. Le choix de ne pas diffuser ce matériau au public, mais de restreindre le visionnage à des médiateurs choisis confirme et redouble cette contradiction. Que ces médiateurs acceptent ensuite de relayer la communication de l’Etat israélien sans la moindre prise de distance relève d’un exercice qui peut difficilement échapper à l’accusation de propagande.

    Nous n’avons pas vu les images des victimes des attentats du 11 septembre, de Charlie ou du Bataclan. Pourquoi Tsahal a-t-elle rompu avec la doctrine de la censure des images violentes, confirmée lors des précédents conflits contre Daech ou en Ukraine, et qui a incité à une modération plus stricte des vidéos sur les réseaux sociaux ? Pour le comprendre, il suffit d’écouter Guillaume Erner et ses invités décrire, le 14 novembre dernier, l’horreur et la « cruauté » de ces captations, mentionner l’épisode atroce d’un père tué sous les yeux de ses enfants, avant que le meurtrier ne prenne un Coca dans le frigo, souligner la « jubilation des tueurs », ou rapprocher ces images de la production vidéo du groupe terroriste Daech. A rebours de la défiance suscitée par les images de violence, l’Etat israélien a délibérément choisi l’exposition des formes documentaires brutes pour exciter l’indignation et la colère, dans une sorte de « stratégie du choc » appliquée aux images de guerre.

    Comme la transformation de l’attaque du 7 octobre en un événement sans cause, l’imposition du cadre de la « guerre des civilisations » ou de nombreux autres éléments de langage, l’enjeu de cette stratégie de maximisation est d’occulter la réalité d’un contexte d’occupation coloniale, et de faire apparaître l’occupant comme une victime. Ce n’est donc pas en vertu d’une négation ou d’une modification de la doctrine de censure des images, mais bien parce l’Etat israélien espère bénéficier de l’émotion que provoque la vision de la violence qu’il multiplie ces projections. On n’a pas entendu les journalistes insister sur le caractère inédit de cette stratégie – habituellement réservée aux groupes terroristes, en raison de l’asymétrie des moyens qui les caractérise.

    Il apparaît toutefois que, pas plus que les cris du député Meyer Habib, les images du 7 octobre ne parviennent à masquer l’ampleur des représailles qui s’abattent sur Gaza. Six semaines après l’attaque du Hamas, l’opération de communication de Tsahal n’a guère éveillé d’échos au-delà des cercles qui soutiennent déjà activement l’Etat israélien.

    On peut s’interroger sur cette réception des plus modérées, qui contredit l’idée reçue des effets de la violence des images. Là encore, il faut recourir à l’analyse des conditions de visibilité plutôt qu’à celles des seuls contenus pour comprendre l’échec de l’entreprise. Comme dans les cas des violences policières, la valeur de preuve des images n’existe que parce que le document vient contredire la version généralement falsifiée des forces de l’ordre. Xavier Bertrand, en réclamant que le visionnage du film de Tsahal soit imposé aux auteurs d’actes antisémites, invoque le précédent du procès de Nuremberg. Mais les images qui furent alors présentées aux criminels nazis avaient pour fonction de réfuter leurs dénégations.

    Personne n’a contesté la violence du massacre du 7 octobre, et les détails les plus atroces – voire quelques éléments inventés – ont abondamment nourri les débats sur la nécessité de la riposte. Lorsqu’un fait n’est pas remis en cause, le pouvoir de confirmation de l’image paraît sans objet. S’infliger la vision d’actes insoutenables n’a de sens que lorsque le document modifie la perception existante. « Non seulement on n’a pas eu besoin de voir la décapitation de James Foley pour faire comprendre ce qu’est l’État islamique ou de montrer la tête de Samuel Paty pour rendre compte de l’atrocité de son assassinat, mais, surtout, les images, on le sait, ne persuadent pas les complotistes », constate le député macroniste Eric Bothorel. A trop vouloir manipuler l’émotion, on prend le risque de montrer le doigt plutôt que la Lune.

    • 7 octobre : la jouissance des « barbares »
      https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/7-octobre-la-jouissance-des-barbares

      Les combattants du Hamas ont voulu que leur jouissance soit vue. Les monteurs israéliens aussi -sur ce point, ils se rejoignent.

      S’agissant des Israéliens, on comprend bien leur objectif : exhiber au monde la barbarie de l’ennemi. Ce but est moins clair de la part des porteurs de GoPro du Hamas. On peut se demander, s’interroge un de nos abonnés, pourquoi ils tiennent tant à jouer le rôle des parfaits barbares, d’une manière quasi-Hollywoodienne. Après tout ce genre d’organisations pourrait tout à fait enseigner à ses candidats au martyre qu’un bon musulman se doit de prendre des airs désolés et d’exprimer par une prière son regret d’avoir tué, au lieu de sourire au milieu des cadavres. Et pourtant ils n’en font rien.

      Et voici donc son hypothèse : la principale raison, c’est qu’en adoptant des codes opposés ils se positionnent en ennemis de l’Occident et de son hypocrisie « civilisée ». C’est quelque part un clin d’oeil à tout le Sud Global, qui tout en étant déjà accoutumé à voir de la violence et pas qu’à la télé, est bien plus dégouté par l’hypocrisie des enrobages moraux qu’on donne à la nôtre que par la joie sincère du faible qui finit par parvenir à se venger un peu des forts, de si horrible manière que ce soit.

      Autrement dit, avec ce montage, les civilisés parleraient aux civilisés, et les barbares aux barbares. C’est une hypothèse qui mérite examen.

      https://www.arretsurimages.net/discussions/images-du-7-octobre-le-piege-de-la-projection?uuid=05ff1f99-6cd7-4ff

    • Qu’un Etat belligérant présente sa vision du conflit appartient à l’ordre des choses. Mais qu’il le fasse par l’intermédiaire d’un montage de sources vidéo, alors que dès les premières heures de l’attaque, les réseaux sociaux ont répété l’avertissement désormais rituel de ne pas relayer les images de crimes, constitue une manière pour le moins paradoxale d’opérer.

      Oui-mais-quand-c’est-pour-défendre-la-civilisation-contre-des-animaux-y-z’ont-le-droit-...-Tout-comme-les-députés-de-l’assemblée-nationale-ont-le-droit-de-se-visionner-pépouze-un-#snuff_movie-parce-que-c'est-pour-défendre-le-droit-international-qui-fait-rien-qu'à-être-bafoué-par-#des_animaux

  • Couple de Moldaves arrêté, commanditaire russe… Le silence de Darmanin sur l’enquête concernant les tags des étoiles bleues de David interroge

    https://www.humanite.fr/societe/antisemitisme/couple-de-moldaves-arrete-commanditaire-russe-le-silence-de-darmanin-sur-le

    Une soixantaine d’étoiles de David ont été dessinées au pochoir sur les murs du 14e arrondissement de Paris. © Geoffroy Van der Hasselt / AFP

    Dans un contexte d’explosion des actes antisémites, en lien avec la guerre entre Israël et le Hamas, le plus grand flou entoure l’enquête concernant les tags d’étoiles de David bleues apparues depuis fin octobre sur les murs de la capitale. Le silence des autorités, après l’arrestation et l’expulsion d’un couple de Moldaves, alimente toutes les spéculations sur leurs motivations.

    Mise à jour le 3.11.23 à 18:57

    Hayet Kechit

    « Ma mère a découvert des étoiles de David sur la façade de sa maison. Elle est juive et ressent un profond malaise. Elle se demande si c’est antisémite ou proisraélien et veut savoir si d’autres inscriptions les ont accompagnées ailleurs. Si vous avez des infos… merci pour elle. » Ce message publié par la journaliste Nadia Sweeny sur son compte X (ex-Twitter) est révélateur de la perplexité et de l’émoi suscités par ce qu’il convient désormais d’appeler l’affaire « des étoiles bleues de David ».

    857 actes antisémites recensés

    Dans un contexte où les actes antisémites et racistes ont explosé en France depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas – « 857 actes antisémites » auraient été ainsi recensés, soit « autant en trois semaines » que sur « toute l’année écoulée », selon le ministère de l’Intérieur- ces inscriptions tracées au pochoir bleu et alignées sur les murs de plusieurs immeubles aux quatre coins de la capitale, sans slogan antisémite, ne cessent, depuis, d’alimenter les débats sur les réseaux sociaux.

    L’arrestation, le 27 octobre, d’un couple de Moldaves, un homme de 33 ans et une femme de 29 ans, accusés d’être les auteurs de tags du même genre apposés au pochoir sur un établissement scolaire dans le 10e arrondissement de Paris, sous les ordres d’un mystérieux commanditaire « russe », est venue ajouter à la confusion générale sur cette affaire, qui n’a pas manqué de raviver dans les esprits une histoire traumatique renvoyant aux années 1930 et à la persécution des Juifs en Europe.

    La maire du XIVe arrondissement, Carine Petit, dans un communiqué relayé sur Twitter, avait ainsi dénoncé ces tags bleus comme des « actes antisémites et racistes », ajoutant que « cet acte de marquage rappelle les procédés des années 1930 et la Seconde Guerre mondiale qui ont conduit à l’extermination de millions de juifs. »

    [...]

    Silence du ministre de l’Intérieur

    Si le parquet a indiqué que le couple arrêté, en situation irrégulière, a été transféré au centre de rétention administrative et que la procédure judiciaire avait été classée en raison de « leur expulsion du territoire », le silence du ministre de l’Intérieur, d’ordinaire très prompt à commenter les enquêtes en cours, interroge.

    Gérald Darmanin n’avait ainsi pas hésité à détailler, le 31 octobre- soit quatre jours après l’arrestation du couple —, lors d’une visite dans une synagogue de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), à grand renfort de chiffres, le nombre et le profil des personnes arrêtés -, plus de 400 selon ses propos — pour des faits liés à ces actes antisémites.

    « Nous sommes en train d’investiguer sur les étoiles de David que nous avons vu fleurir sur quelques domiciles de personnes de la communauté juive. Tous les moyens sont mis par la préfecture de police pour retrouver ces personnes pour qu’elles soient confondues devant la justice et qu’elles soient condamnées », avait-il alors affirmé en marge de sa visite. »
    Sur le même thème

    Le mutisme du ministre concernant cette arrestation interroge, alors qu’il avait été prompte à accuser, pêle-mêle, une supposée « ultragauche » et des élus de la France insoumise, comme Mathilde Panot, de la montée en puissance des actes antisémites, depuis le début de la guerre entre Israel et le Hamas, le 7 octobre.

    « Votre silence assourdissant suite à l’interpellation du couple moldave agissant pour un mystérieux commanditaire et le classement de l’enquête interrogent. Vous aviez accusé à tort l’islam et l’ultra gauche. Expliquez-nous ou démissionnez », a ainsi réagi l’avocat Yassine Bouzrou sur son compte X.

    L’ancien avocat Jean-Pierre Mignard s’interroge, pour sa part, sur son compte X, sur la célérité avec laquelle ce couple a été expulsé : « Qui les interrogera ? Quels juges ? », allant même jusqu’à affirmer que leur départ « à grande vitesse » « arrange tout le monde ».

    Insulter le peuple juif ou en revendiquer l’appartenance ?

    Des tags portant la même signature ont pourtant continué d’apparaître sur les murs de plusieurs immeubles de France, y compris après l’arrestation du couple. Le même commanditaire est-il à l’œuvre ? Y a-t-il eu un effet pervers d’émulation ?

    Si ces étoiles de David faites « avec sophistication » au pochoir ont évoqué, chez certains observateurs, notamment Jean-Pierre Mignard, le mode opératoire de groupuscules d’extrême droite, le parquet avait indiqué ignorer si elles « ont pour but d’insulter le peuple juif ou d’en revendiquer l’appartenance, notamment puisqu’il s’agit de l’étoile bleue » et non jaune.

    Nul doute que les résultats de l’enquête ouverte pour « dégradation du bien d’autrui aggravée par la circonstance qu’elle a été commise en raison de l’origine, la race, l’ethnie ou la religion » et confiée à la Sûreté territoriale de Paris ne manqueront pas d’alimenter cette bataille de l’information et les clivages au sein de la société, que le ministre de l’Intérieur n’a cessé de pousser à leur paroxysme, depuis le 7 octobre.

  • « En une seconde, le rire de Chouraqui dit combien la situation de vengeance aveugle, dans laquelle est plongé Israël depuis le massacre du 7 octobre, est corruptrice ». Obsession du jour.
    Les deux blagues d’Elie Chouraqui
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/les-deux-blagues-delie-chouraqui

    « C’est un bon communicant, hein ? Il communique bien, il parle bien à la caméra ». Elie Chouraqui, cinéaste franco-israélien, s’amuse bien. Il vient d’entendre le témoignage d’un habitant du camp gazaoui de Jabaliya, deux fois de suite bombardé par l’aviation israélienne, des dizaines de morts à chaque bombardement. Mais ce regard-caméra du témoin ! On ne la lui fait pas, à l’homme du métier.

    Ce rire. Ce rire obscène dit mieux que tout discours que les victimes sont « des animaux humains ». Qu’aucune de leurs douleurs ne peut être créditée de sincérité, ne mérite une seconde de gravité, même de façade. Exterminez-moi ces animaux, et qu’on n’en parle plus. Avec les morts palestiniens, il est autorisé de court-circuiter la phase des condoléances, de la compassion, du deuil, pour passer directement à la rigolade des pas dupes. Ce rire, en une seconde, dit combien la situation de vengeance aveugle, dans laquelle est plongé Israël depuis le massacre du 7 octobre, est corruptrice.

    Un marqueur de cette corruption, c’est ce rire de Elie Chouraqui, à 22 heures 52, le 1er novembre, sur le plateau de Darius Rochebin. Il n’est pas possible de rester indifférent à ce rire. Il est possible d’accepter l’idée que le Hamas communique professionnellement, que le Hamas est fourbe, que le Hamas est une marionnette de l’Iran. Il est possible, comme dans la suite du plateau, d’admettre de discuter l’idée que si Israël avait un vrai interlocuteur palestinien tout s’arrangerait (cf Mahmoud Abbas en Cisjordanie, où tout se passe à merveille, comme chacun sait, voir notre enquête). Il est possible d’explorer le champ argumentatif jusqu’au bout du bout, jusqu’à la limite de la limite. Il est possible, sans doute même inévitable, d’être de mauvaise foi, c’est la guerre après tout. Il est possible d’expliquer -voyez si je vais loin- qu’un bébé n’est pas un bébé, qu’un bébé attaquant n’est pas un bébé attaqué. Il n’est pas possible de rire, ni même d’avoir envie de rire devant un rescapé décrivant un bombardement Je peux réfuter un argument. Il est impossible de réfuter un rire.

    Un peu plus tard dans l’émission (à 23 heures 40), on rit encore. Des soldats juifs yéménites qui ont fait leur aliyah, dansent et chantent pour se moquer de leurs anciens compatriotes. Le plateau traduit leur tweet, en hésitant devant la traduction exacte : « on va vous botter le cul, vous éclater le cul ». On rit, et cette fois tous ensemble. Voyez ce montage de l’émission...

    • Sur le plateau de LCI, des témoignages sur les bombardements ayant touché le camp de réfugiés de Jabalya ont fait rire le réalisateur Elie Chouraqui. Un nouveau symbole de la déshumanisation médiatique des victimes palestiniennes.

      Alors que les massacres perpétrés par l’armée israélienne ne font que s’accentuer, le cynisme des soutiens de l’Etat d’Israël et de sa politique sioniste ne manquent pas de se faire remarquer sur les plateaux télé. Ce jeudi 2 novembre, un reportage sur la chaîne de LCI rapportant le témoignage de deux Palestiniens sur les bombardements à Jabalya, dans le nord de Gaza, a été diffusé.

      Un témoignage, plutôt rare sur une chaîne d’information française au vu du contexte médiatico-politique marqué par la criminalisation permanente de tout à soutien à la cause palestinienne, qui n’a pas manqué de faire rire l’écrivain franco-israélien Elie Chouraqui.

      Le premier palestinien raconte que [« les enfants et les femmes sont sous les décombres, nous n’avons aucun équipement pour les sortir de là. À l’heure qu’il est, ils sont déjà tous morts. » Le second rajoute que les bombardements ont été « un massacre, que le quartier entier a été rasé. Les gens sont venus s’abriter, ils ont été découpés en morceaux. L’armée israélienne n’a pas sorti une seule personne armée ou de militaire, toutes les personnes ici étaient des civils ».

      De quoi faire s’esclaffer Elie Charouqui, un réalisateur et cinéaste franco-israélien, qui a récemment sorti une tribune pour dénoncer une tribune de personnalités du monde de la culture appelant à un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, à la libération de tous les otages détenus à Gaza, et au respect du droit international ».

      À la fin de la diffusion du reportage, le réalisateur ne peut s’empêcher de rire face à la situation et répond avec un sarcasme déconcertant que les deux Palestiniens sont de « bons communiquants » et « qu’ils parlent bien devant la caméra ». Cette nouvelle sortie pro-israélienne s’inscrit dans la droite lignée de la délégitimation médiatique des prises de position en faveur de la cause palestinienne, malgré le drame en cours qui a fait près de 9 000 morts palestiniens, dont 3760 enfants.

      Les propos de Elie Charouqui reflètent le large soutien de personnalités médiatiques à la campagne de mensonge et de fake news du gouvernement israélien, qui voudrait faire croire que les civils à Gaza se portent pour le mieux, où que tuer des civils par milliers est justifié.

      Alors qu’une campagne islamophobe bat son plein dans les médias, cette complaisance avec le massacre en cours doit être dénoncée haut et fort.

      https://www.revolutionpermanente.fr/C-est-des-bons-communicants-des-rires-face-aux-temoignages-de-P

  • Pour une contre-Elkrief
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/pour-une-contre-elkrief

    Amnesty International décroche la palme : aucune condamnation des massacres du 7 octobre , s’exclame Ruth Elkrief, sur LCI (groupe Bouygues). Elle éditorialise, dans son parti-pris sur le silence des ONG à propos des otages, et notamment des 33 enfants sur les 240 otages, détenus par le Hamas. UNICEF, Médecins Sans Frontières, tout le monde y passe, tous plus silencieux les uns que les autres. Assez émouvant conclut Pujadas après un éloquent silence. Emouvant, oui. Et faux. Comme le relève le chercheur en économie Stefano Palombarini, plusieurs tweets d’Amnesty, depuis le 7 octobre, ont bien mentionné le sort des otages.

    Ce mensonge (reposté par des personnalités ultra-médiatisées comme le chercheur Frédéric Encel, l’historien Denis Peschanski, ou la rabbine Delphine Horvilleur) n’est que le dernier exemple en date de l’émotion qui déborde, depuis le 7 octobre, de tous les plateaux de l’information continue privée. Qui gonfle et inonde le paysage, comme un fleuve en crue, charriant inlassablement les mêmes rumeurs, mêmes non confirmées, comme les 40 bébés décapités , ou le bébé jeté vivant dans un four (lire ici la contre-enquête de CheckNews, et ici celle, plus récente, de l’Agence Télégraphique Juive, avec le témoignage du sauveteur Asher Moskowitz). Comme si l’atroce réalité des massacres de cette journée ne suffisait pas à justifier l’atroce riposte israélienne depuis lors.

    On peut rêver d’une information continue sans émotion apparente, se cramponnant à un professionnalisme sans faille. De fait, elle existe aussi, dans les mêmes chaînes. Il suffit de tendre l’oreille aux certes et aux néanmoins du même Pujadas face à Fourest justifiant les bombardements. Il suffit d’entendre Ruth Elkrief, dans le même extrait, évoquer les victimes palestiniennes, pour saisir ce que peut être une information froide, détachée de toute émotion. De nombreuses ONG dénoncent, ET C’EST NORMAL, les conséquences des bombardements israéliens sur Gaza. Et par exemple sur le camp de réfugiés de Jabaliya, évidemment Médecins sans Frontières. Je dis pas que le reste doit pas exister, au contraire. Je dis, à côté, en plus, au moins.

    Elkrief reconnait donc qu’il est normal de s’émouvoir, comme MSF évidemment, des deux bombardements successifs, les 31 octobre et 1er novembre, du camp de réfugiés de Jabalyia (au moins cinquante morts pour le premier, dont sept otages selon le Hamas, et plusieurs dizaines de morts pour le second). Cette émotion, selon la journaliste, a le droit d’exister . Ces victimes-là méritent bien entendu sa compassion, pour reprendre le terme, irréprochablement mesuré, du gouvernement français, qui se déclare profondément inquiet de ces deux bombardements successifs d’un camp de réfugiés. Comment ne pas partager cette profonde inquiétude ?

    Comme ma consoeur Elkrief, je juge normale l’émotion irrésistible de certains journalistes, à l’évocation du sort des 240 otages israéliens et étrangers. Mais pour échapper au reproche qu’ils formulent eux-mêmes aux ONG, de faille empathique, et de deux poids deux mesures , pourquoi LCI ne recrute-t-elle pas une Elkrief de sensibilité proche de la cause palestinienne, qui délivrerait son « parti-pris » à la même fréquence que l’Elkrief existante ?

    Depuis presque un mois, le biais pro-israélien est évident dans les médias privés audiovisuels, qui épousent ainsi la ligne du gouvernement français. La presse écrite comme Le Monde ou Libé, les radios et télévisions de service public, y résistent davantage, et proposent un traitement plus ou moins équilibré. Mais quel est l’impact de journaux même aussi importants que Le Monde ou Libé dans le modelage de l’opinion, face au rouleau compresseur de l’info continue ? Guère plus important, je le crains, que celui du remarquable Haaretz israélien, qui devrait servir de modèle à tous les journaux du monde.

  • Comment SudRadio et J.J.Bourdin ont créé une journée Obono , avec un Tweet mensonger.
    Résister... à Bourdin
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/resister-a-bourdin
    https://video.twimg.com/amplify_video/1714172303624339456/vid/avc1/1280x720/bJTH2QYHC5yyAyE6.mp4?tag=16

    Jean-Jacques Bourdin a décidé qu’il boufferait de l’Obono, Danièle, en fines lamelles, au petit déjeuner. « Pour vous le Hamas est un mouvement de résistance ? Je cherche l’explication » demande-t-il le 17 octobre à la députée insoumise. Oui, c’est...c’est ... « C’est un mouvement de résistance ? » C’est nécessaire d’avoir, euh... « Est-ce que c’est un mouvement de résistance ? C’est nécessaire d’avoir des clarifications... » A propos de clarifications, est-ce que c’est un mouvement de résistance ? Six relances. Pas une de moins. Et à la cinquième, Obono : « ...qui résiste à une occupation... » Elle l’a dit ! Bourdin, haussant le ton pour l’estocade : « donc c’est un mouvement de résistance ! Oui...qui se définit comme tel, qui est reconnu comme tel par les instances internationales... C’est bon. C’est dans la boîte. Vous m’emballez ça avec un tweet mensonger recousant grossièrement des réponses décousues, et inventant au passage une phrase non-prononcée : » Oui, le Hamas est un mouvement de résistance. C’est un groupe politique islamiste qui a une branche armée, et qui résiste à l’Israël" et vous me l’envoyez sur les réseaux.

    On a ici, et moi le premier, assez souvent reproché aux journalistes français de l’audiovisuel leur complaisance dans les interviews, pour changer d’avis sur cet épisode particulier. On aimerait bien sûr qu’il soit toujours aussi pugnace avec les ministres et ministricules quand il en reçoit, mais Bourdin fait du Bourdin, comme il l’a toujours fait, et il est dans son rôle de matinalier. Dans la grande tradition Elkabbach, le matinalier des radios ne vise qu’une chose : susciter une reprise AFP, et créer l’évènement de la journée. Bravo, c’est réussi. "Abjecte complaisance" ! tweete Yannick Jadot. "Bon maintenant ça suffit" (Tondelier). "J’enrage" (Faure). Ca dégaine même au sein du groupe parlementaire LFI, "J ’invite Danièle Obono à retirer ses propos" (Raquel Garrido). Ruffin et Autain partagent ostensiblement la Une de L’Huma, Le Hamas, meilleur ennemi des Palestiniens . "Je retweete" précise même Ruffin, pour les malcomprenants. Feu sur Obono, cible d’autant plus facile qu’elle s’est avancée à découvert, au-delà même de la ligne Mélenchon, lequel récuse le terme « terrorisme » appliqué au 7 octobre (ses justifications juridiques en longueur ici), mais n’est jamais allé jusqu’à parler de résistance.

    Bourdin est dans son rôle, donc, ce qui laisse aux interviewé.e.s deux possibilités. Soit, de refuser ses invitations, s’ils ne souhaitent pas jouer ce jeu-là. Personne n’est jamais obligé d’aller à la radio. Soit, s’ils décident d’y aller, de trouver les moyens de résister à l’ouragan, en taillant leur route, en collant l’ouragan au mur, pleinement conscients qu’ils n’ont pas affaire à un journaliste, mais à un adversaire, dans un combat de dix minute, où tous les coups sont permis. A propos de résistance, justement, c’est cette résistance-là à l’injonction, sa forme, ses modalités, son efficacité, qui constitue le coeur du message politique.

    Oups ! J’allais oublier Darmanin. Et j’aurais eu tort. Car Gérald Darmanin, lui, ne se contente pas de polémiquer ou d’injoncter. A la lecture du tweet mensonger de Sud Radio, le ministre de l’Intérieur a annoncé saisir le parquet contre Danièle Obono pour « apologie du terrorisme ». Dans l’hystérie du moment, cette judiciarisation par le gouvernement de la parole d’une parlementaire passe quasiment inaperçue. Le parquet classera sans suite, c’est à espérer. Mais là, on ne rit plus. Soudain, on change de monde.

  • « Terrorisme, crimes de guerre, bloc bourgeois et France insoumise. »
    Parfaite analyse de la « Catalyse autoritaire » que nous vivons ! | Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/catalyse-totalitaire

    Il y a une économie générale de la violence. Ex nihilo nihil : rien ne sort de rien. Il y a toujours des antécédents. Cette économie, hélas, ne connaît qu’un principe : la réciprocité – négative. Lorsque l’injustice a été portée à son comble, lorsque le groupe a connu le meurtre de masse et, pire peut-être, l’invisibilisation du meurtre de masse, comment pourrait-il ne pas en sortir une haine vengeresse ? Les rationalités stratégiques – faire dérailler la normalisation israélo-arabe, réinstaller le conflit israélo-palestinien sur la scène internationale –, si elles sont réelles, n’en ont pas moins trouvé parmi leurs ressources le carburant de la vengeance meurtrière.

    « Terrorisme », mot-impasse

    La FI n’a pas commis les erreurs dont on l’accuse. Mais elle en a commis. Une – et de taille. Dans un événement de cette sorte, on ne se rend pas directement à l’analyse sans avoir d’abord dit l’effroi, la stupeur et l’abomination. Le minimum syndical de la compassion ne fait pas l’affaire, et on ne s’en tire pas avec quelques oblats verbaux lâchés pour la forme. Quand bien même ce qui est donné au peuple palestinien ignore jusqu’au minimum syndical, il fallait, en cette occurrence, se tenir à ce devoir – et faire honte aux prescripteurs de la compassion asymétrique.

    Ce manquement, réel, a cependant été saisi et déplacé pour se transformer dans le débat public en un point de sommation, d’abjuration même, sur lequel la FI, cette fois, a entièrement raison de ne pas céder : « terrorisme ». « Terrorisme » devrait-il être, comme l’affirme Vincent Lemire, « le point de départ du débat public » ? Non. Il n’en est même pas le point d’arrivée : juste le cul-de-sac. « Terrorisme » est un mot impasse. C’est ce que rappelle Danièle Obono, et elle a raison. Fait pour n’installer que la perspective de l’éradication et barrer toute analyse politique, « terrorisme » est une catégorie hors-politique, une catégorie qui fait sortir de la politique. La preuve par Macron : « unité de la nation » et dérivés, 8 occurrences en 10 minutes de brouet. Suspension des conflits, neutralisation des différends, décret d’unanimité. Logiquement : les manifestations de soutien au peuple palestinien sont des manifestations de soutien au terrorisme, et même des manifestations terroristes, en conséquence de quoi elles sont interdites.

    Concéder « terrorisme », c’est annuler que ce qui se passe en Israël-Palestine est politique. Au plus haut point. Même si cette politique prend la forme de la guerre, se poursuivant ainsi par d’autres moyens selon le mot de Clausewitz. Le peuple palestinien est en guerre – on ne lui a pas trop laissé le choix. Une entité s’est formée en son sein pour la conduire – d’où a-t-elle pu venir ? « On a rendu Gaza monstrueux », dit Nadav Lapid. Qui est « on » ?

    Sans avoir besoin de « terrorisme », « guerre » et « crimes de guerre » sont hélas très suffisants à dire les combles de l’horreur. Très suffisants aussi à dire les massacres abominables de civils. Si dans la guerre, qui est par principe tuerie, on a forgé sans pléonasme la catégorie de « crimes de guerre », c’est bien pour désigner des actes qui font passer à une chose atroce en soi d’autres paliers d’atrocité. C’est le moment de toute façon où il faut faire revenir l’économie générale de la violence : des crimes qui entraînent des crimes – des crimes qui ont précédé des crimes. L’acharnement à faire dire « terrorisme » ne satisfait que des besoins passionnels – et aucune exigence intellectuelle.

    En réalité, « terrorisme » et « crimes de guerre » sont deux catégories qui ne cessent de passer l’une dans l’autre, et ne dessinent aucune antinomie stable. Hiroshima est, à la lettre, conforme à la définition ONU du terrorisme : tuer des civils qui ne sont pas directement parties à des hostilités pour intimider une population ou contraindre un gouvernement à accomplir un certain acte. A-t-on entendu parler de terrorisme pour la bombe d’Hiroshima ? Et pour Dresde ? – comme Hiroshima : terroriser une population en vue d’obtenir la capitulation de son gouvernement.

    Mais pour ceux qui, dans la situation présente, en ont fait un point d’abjuration, « terrorisme » a une irremplaçable vertu : donner une violence pour dépourvue de sens. Et de causes. Violence pure, venue de nulle part, qui n’appelle rigoureusement aucune autre action que l’extirpation, éventuellement dans la forme relevée de la croisade : le choc des civilisations, l’axe du Bien, à laquelle il n’y a aucune question à poser. Il est vrai qu’ici nous naviguons en eaux vallsiennes où comprendre est contradictoire avec s’émouvoir, et vient nécessairement en diminution du sentiment d’horreur, donc en supplément de complaisance. L’empire de la bêtise, comme une marée noire, n’en finit plus de s’étendre.

    La passion de ne pas comprendre

    Surtout donc : ne pas comprendre. Ce qui demande un effort d’ailleurs, car l’évidence est massive et, avoir les yeux ouverts suffit – pour comprendre. Un peuple entier est martyrisé par une occupation, ça fait bientôt 80 ans que ça dure. On les enferme, on les parque à les rendre fous, on les affame, on les tue, et il n’est plus une voix officielle pour en dire un mot. 200 morts depuis dix mois : pas un mot – entendre : qui se comparerait, même de loin, aux mots donnés aux Israéliens. Des témoignages vidéos à profusion des crimes israéliens encore frais : pas un mot. Des marches palestiniennes pacifiques à la frontière, 2018, 200 morts : pas un mot. Des snipers font des cartons sur les rotules, 42 en une après-midi, pas mal : mais pas un mot – si : « l’armée la plus morale du monde ». D’anciens militaires de l’armée la plus morale du monde expriment le dégoût, l’inhumanité de ce qu’on leur a fait faire aux Palestiniens : pas un mot. À chacune des abominations du Hamas ce week-end, on en opposerait tant et plus commises par les militaires ou les colons – à peine quelques rides à la surface de l’eau. Les tragédies israéliennes sont incarnées en témoignages poignants, les tragédies palestiniennes sont agglomérées en statistiques. En parlant de statistique : on voudrait connaître la proportion des hommes du Hamas passés à l’attaque ce week-end qui ont tenu dans leurs mains les cadavres de leurs proches, des corps de bébés désarticulés, pour qui la vie n’a plus aucun sens – sinon la vengeance. Non pas « terrorisme » : le métal en fusion de la vengeance coulé dans la lutte armée. L’éternel moteur de la guerre. Et de ses atrocités.

    En tout cas voilà le sentiment d’injustice qui soude le groupe. Une vie qui ne vaut pas une autre vie : il n’y a pas de plus haute injustice. Il faut être épais pour ne pas parvenir à se représenter ça – à la limite, même pas par humaine compréhension : par simple prévoyance stratégique. Qu’un martyre collectif soit ainsi renvoyé à l’inexistence, que les vies arabes se voient dénier toute valeur, et que ceci puisse rester indéfiniment sans suite, c’était une illusion de colonisateur.

    Bloc bourgeois et « importation »

    Maintenant le fait le plus frappant : tout l’Occident officiel communie dans cette illusion. En France, à un degré étonnant. On s’y inquiète beaucoup des risques d’« importation du conflit ». Sans voir que le conflit est déjà massivement importé. Bien sûr, « importation du conflit » est un mot à peine codé pour dire indifféremment « Arabes », « immigrés », « banlieues ». Mais le canal d’importation réel n’est pas du tout celui-là, il est sous nos yeux pourtant, large comme Panama, bouillonnant comme une conduite forcée : le canal d’importation-du-conflit, c’est le bloc bourgeois (Amable et Palombarini ©). Tout son appareil, personnel politique, éditocratie en formation serrée, médias en « édition spéciale », s’est instantanément déclenché pour importer. Pourquoi le point de fixation sur le terrorisme ? Pour la FI bien sûr – nous y revoilà. Cette fois-ci cependant avec un nouveau point de vue : le point de vue de l’importation intéressée. Le bloc bourgeois quand il fait bloc derrière Israël à l’extérieur saisit surtout l’occasion de faire bloc contre ses ennemis à l’intérieur.

    Il faudrait ici une analyse de la solidarité réflexe du bloc bourgeois avec « Israël » (entité indifférenciée : population, Etat, gouvernement) et des affinités par lesquelles elle passe. Des affinités de bourgeois : le même goût de la démocratie frelatée (bourgeoise), la même position structurale de dominant (dominant national, dominant régional), les mêmes représentations médiatiques avantageuses, ici celles d’Israël comme une société bourgeoise (start-ups et fun à Tel Aviv). Tout porte le bloc bourgeois à se reconnaître spontanément dans l’entité « Israël », partant à en épouser la cause.

    Et le bloc bourgeois français est plus israélien que les Israéliens : il refuse qu’on dise « apartheid » alors que des officiels israéliens le disent, il refuse de dire « Etat raciste » alors qu’une partie de la gauche israélienne le dit, et qu’elle dit même parfois bien davantage, il refuse de dire la responsabilité écrasante du gouvernement israélien alors qu’Haaretz le dit, il refuse de dire la politique continûment mortifère des gouvernements israéliens alors qu’une kyrielle d’officiers supérieurs israéliens le disent, il refuse de dire « crimes de guerre » pour le Hamas alors que l’ONU et le droit international le disent. Gideon Levy : « Israël ne peut pas emprisonner deux millions de Palestiniens sans en payer le prix cruel ». Daniel Levy, ancien diplomate israélien à une journaliste de la BBC qui lui dit que les Israéliens sur le point d’annihiler Gaza « se défendent » : « Vous pouvez vraiment dire une chose pareille sans ciller ? Ce genre de mensonges ? » Le bloc bourgeois : « Israël ne fait que se défendre ». Il dit « Terreur » quand les Russes coupent toute ressource à l’Ukraine, il ne dit rien quand Israël coupe toute ressource à Gaza. Le bloc bourgeois vit un flash d’identification que rien ne peut désarmer.

    Il le vit d’autant plus intensément que la lutte contre les ennemis du frère bourgeois au dehors et la lutte contre les adversaires du bloc bourgeois au-dedans se potentialisent l’une l’autre. C’est comme une gigantesque résonance inconsciente, qui prend toute son ampleur dans une situation de crise organique où le bloc bourgeois contesté est devenu prêt à tout pour se maintenir.

    Le bloc regarde autour de lui, il ne se voit plus qu’un seul ennemi significatif : la FI. PS, EELV, PC, il a tout neutralisé, plus aucune inquiétude de ce côté-là, ces gens ne représentent aucun danger – quand ils ne sont pas de précieux auxiliaires. La FI, non. Une occasion se présente pour l’anéantir : ne pas hésiter une seule seconde. Comme avec Corbyn, comme avec Sanders, les affabulations d’antisémitisme, connaissaient déjà leur régime de croisière, mais une opportunité pareille est inespérée. Providentiel loupé inaugural de la FI : tout va pouvoir s’engouffrer dans cette brèche : le mensonge ouvert, la défiguration éhontée des propos, les sondages bidons sur des déclarations ou des absences de déclarations fabriquées, les accusations délirantes. La BBC s’abstient de dire « terroriste » mais la FI doit le dire. Des universitaires incontestables produisent de l’analyse sur les plateaux, mais la même analyse fournie par la FI est un scandale. La FI a une position somme toute fort proche de l’ONU, mais elle est antisémite. « Que cherche Jean-Luc Mélenchon ? A cautionner le terrorisme islamiste ? » s’interroge avec nuance La Nuance.

    Cristallisation

    La violence du spasme que connait la vie politique française n’a pas d’autre cause. L’événement a œuvré comme un puissant réactif, révélant toutes les tendances actuelles du régime, et les portant à un point que même les émeutes de juillet ne leur avaient pas fait atteindre. L’effet de catalyse est surpuissant. Crise après crise, la dynamique pré-fasciste ne cesse de prendre consistance et de s’approfondir. Le terme en a été donné par Meyer Habib député français d’extrême-droite israélienne : « Le RN est entré dans le camp républicain ».

    Les moments de vérité recèlent toujours quelque avantage : nous savons désormais en quoi consiste le camp républicain. C’est le camp qui interdit le dissensus, qui interdit l’expression publique, qui interdit les manifestations, qui impose l’unanimité ou le silence, et qui fait menacer par ses nervis policiers tous ceux et toutes celles qui seraient tentés de continuer à faire de la politique autour de la question israélo-palestinienne. C’est le camp qui fait faire des signalements par des institutions universitaires à l’encontre de communiqués de syndicats étudiants, qui envisage tranquillement de poursuivre des organisations comme le NPA ou Révolution permanente, qui doit sans doute déjà penser secrètement à des dissolutions.

    C’est bien davantage qu’un spasme en fait. Par définition, un spasme finit par relaxer. Ici, ça cristallise : une phase précipite. Et pas n’importe laquelle : catalyse totalitaire. « Totalitaire » est la catégorie qui s’impose pour toute entreprise politique de production d’une unanimité sous contrainte. L’intimidation, le forçage à l’alignement, la désignation à la vindicte, la déformation systématique, la réduction au monstrueux de toute opinion divergente en sont les opérations de premier rang. Viennent ensuite l’interdiction et la pénalisation. Témoigner du soutien au peuple palestinien est devenu un délit. Arborer un drapeau palestinien est passible de 135€ d’amende – on cherche en vain une base légale présentable. « Free Palestine » est un graffiti antisémite – dixit CNews, devenu arbitre des élégances en cette matière, signes de temps renversés où d’actuelles collusions avec des antisémites distribuent les accusations d’antisémitisme, et d’anciennes collusions avec le nazisme celles de nazisme. Sous l’approbation silencieuse du reste du champ politique et médiatique. Dans les couloirs de toute la galaxie Bolloré, on ne doit plus en finir de se tenir les côtes de rire, pendant qu’à LREM, à France Inter et sur tous les C Trucmuche de France 5, on prend la chose au tout premier degré. Le camp républicain, c’est le camp qui suspend la politique, les libertés et les droits fondamentaux, le camp soudé dans le racisme anti-Arabe et dans le mépris des vies non-blanches.

    Le monde arabe, et pas seulement lui, observe tout cela, et tout cela se grave dans la mémoire de ses peuples. Quand la némésis reviendra, car elle reviendra, les dirigeants occidentaux, interloqués et bras ballants, de nouveau ne comprendront rien. Stupid white men.

    Frédéric Lordon

    • Mélenchon : on a enfin compris !
      https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/melenchon-on-a-enfin-compris

      Dans le déferlement des procureurs de Mélenchon sur les plateaux, aucun ne semble avoir envisagé l’explication politique : si l’on considère que la situation des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza est une situation coloniale, que le gouvernement israélien est un gouvernement colonial, que la lutte palestinienne est une lutte coloniale, alors même une monstruosité comme l’assaut du 7 octobre est un épisode de lutte coloniale. Un épouvantable massacre de victimes individuellement innocentes, d’autant plus innocentes que le Hamas a choisi de frapper, non pas les implantations illégales, mais un territoire israélien reconnu internationalement. Une épouvantable violence contre une colonisation qui ne ressemble à aucune autre dans l’Histoire, une colonisation de rescapés d’un génocide, une colonisation dont la dureté pourrait bien condamner le colonisateur lui-même (lire cette prophétie épouvantée de la rabbine Delphine Horvilleur). Mais des colons.

      Que l’on prononce ou non le mot ""terrorisme"" est parfaitement secondaire, tant le caractère « notamment » terroriste de l’épisode ne fait aucun doute. Terroriste, bien entendu. Mais bien davantage, et manifestement un « événement-monde », de la catégorie du 11 septembre 2001. Comme dit l’historien Vincent Lemire, le mot ""terroriste"" ne devrait pas être le point d’arrivée du débat, mais son point de départ.

      Compatir n’est pas le coeur de métier d’un politique. Miller peut compatir. Je peux compatir. Le dirigeant politique, lui, analyse et décide, le plus froidement possible, a fortiori en situation de guerre. ""21 000 morts le 22 août 1914. Et le président Poincaré n’est même pas sorti de son bureau"" rappelle souvent Régis Debray. Croit-on que De Gaulle, abandonnant dans les convulsions l’Algérie française, a compati une seule seconde, en public ou dans le fond de son coeur, à la tragédie des pieds noirs ? Imagine-t-on, à l’époque, les dignitaires gaullistes harcelés par des chaînes d’info défendant la cause pied noir ?

      Tenir une telle position politique, aujourd’hui, face à la surpuissante injonction médiatique, suppose le punch implacable d’un Mélenchon, pour rappeler à ses accusateurs qui ils sont, et qui il est, d’autant qu’il sait parfaitement que si « Les tragédies israéliennes sont incarnées en témoignages poignants, les tragédies palestiniennes sont agglomérées en statistiques »(Lordon). Ruffin vient de s’en apercevoir, hier, face à l’ineffable équipe de BFM, qui n’a cessé de le harceler, et qui ne cessera pas, depuis qu’il a tenté d’habiller la même analyse que Mélenchon du costume du « good guy », guère plus confortable que l’autre. (Ci-dessous un montage, fidèle à l’esprit général de l’émission, que j’ai regardée).

      Réponse de Gérard Miller qui a participé au lynchage médiatique de Jlm à Daniel Schneidermann :
      https://twitter.com/millerofficiel/status/1713918873525743882

      L’excellent Schneidermann a regardé l’émission « Quelle époque ! » à laquelle je participais samedi dernier et il a compris que, d’après moi, Mélenchon n’avait pas voulu qualifier le Hamas de groupe terroriste « pour exister » et « faire son intéressant ». Mettons du coup les points sur les i.

    • Les associations pacifistes israéliennes expliquent que le gouvernement mène une vendetta, une politique de vengeance.

      https://seenthis.net/messages/1020575

      Les associations expliquent que ce n’est pas une solution, ces associations ne tournent pas autour du pot de la qualification des faits de vengeance de l’autre parti, ces associations appellent à ce qu’il soit mis un terme à ces vengeances successives, parce que ces associations israéliennes ont conscience qu’il faudrait parler de paix, plutôt que de disserter sur lequel des deux protagonistes est le plus atroce, le moins humain. Les associations israéliennes ne sont ni LFI ni le NPA, mais elles non plus, ne justifient les violences des uns et des autres, parce qu’expliquer, d’ailleurs, n’est pas justifier, comme même les gens supposés les plus raisonnables tentent à nouveau de nous le faire accroire.

      J’ignore de quel agenda caché certains persistent à vouloir accuser ceux qui ne se mortifient pas suffisamment face aux atrocités de ces derniers jours.

      J’ai bien aimé pour ma part le texte de DS. Lui aussi aimerait bien, en quelque sorte, que ce « jour sans fin » cesse, pour enfin passer à la recherche d’une solution plus satisfaisante.
      https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/israel-peuple-aveugle

    • Au Poste était dans la fosse
      https://www.auposte.fr/au-poste-braque-la-fete-de-lhuma
      https://video.davduf.net/w/bAaV8xMmwmKrg5QwCcZDN4

      Et que dire de ce moment là. Il est 14h. Edouard Philippe et Fabien Roussel montent sur scène. Le speaker demande un bon accueil. Quand, soudain, surgit Ritchy Thibault : « Édouard Philippe a sévi durant les gilets jaunes, il a fait couler le sang, il n’a rien à faire ici. C’est un éborgneur ! » Au Poste était là.

    • Roussel : comme un arrière-goût
      https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/roussel-comme-un-arriere-gout

      Secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel est un récidiviste des petites phrases réac’ attrape-clic. Le coco réac’, quel excellent client ! Le week-end dernier, dans son discours à la Fête de l’Humanité, il a évoqué la classe ouvrière, ce que des twittos pro-LFI, ont aussitôt résumé en postant l’extrait suivant.

      "Elle parle français" : entendant cet extrait, qui semble opposer la "belle" classe ouvrière francophone à une autre partie de cette classe qui ne parlerait pas français, j’ai dégainé plus vite que mon ombre le tweet (ou le X) ci-dessous (supprimé depuis).

      Jacques Doriot et Marcel Déat sont deux personnalités politiques de l’entre-deux guerres, venues de la gauche, et qui ont terminé leur carrière dans la collaboration et l’antisémitisme. Dans ce message, je signifie clairement que Fabien Roussel, à mes yeux, est en train de suivre le même parcours.

      N’est pas Lucky Luke qui veut, j’ai réagi trop vite. Les choses sont (un peu) plus compliquées, comme le résume cette enquête de Checknews pour Libération. Ce passage du discours de Roussel suit de peu un autre passage, dans lequel l’orateur accuse le gouvernement (en substance) de ne pas parler le langage du peuple. La ""belle classe ouvrière"" n’est donc pas opposée aux méchants étrangers, mais aux élites cosmopolites, """somewhere "contre "anywhere""". Contrairement cependant à ce qu’écrit Checknews, je ne me suis à aucun moment excusé, et je ne le ferai pas. Je souhaite en revanche comprendre pourquoi j’ai tweeté trop vite.

      Fabien Roussel est un habitué, disais-je, des saillies réac’, semblant l’amener sur le terrain de la droite et de l’extrême droite, et qu’il faut d’urgence ""remettre dans leur contexte"" dans les heures ou les jours suivants, pour bien expliquer qu’il ne fallait surtout pas comprendre ce que certains ont compris. Exercice d’autant plus pervers qu’il rencontre la complicité active de "l’autre gauche", mélencho-écologiste, qui s’empresse de faire buzzer les passages litigieux, soigneusement découpés. En avril dernier, par exemple, il évoque les ""frontières-passoires"". "Nos frontières ne sont pas des passoires, mais surtout les humains qui tentent de les traverser risquent leur vie chaque jour", réplique aussitôt Sandrine Rousseau. A-t-il donc repris le thème zemmouro-lepéniste du "grand remplacement" ? Pas du tout. On l’a mal compris. Il parlait essentiellement des marchandises, accusant les frontières de laisser passer les marchandises, et pas les humains. Aucune xénophobie, rien d’autre que le traditionnel protectionnisme. Citation "dans le contexte" : "Ils ont mis la France sur Le bon coin, ils ont signé des traités de libre-échange, ils ont transformé nos frontières en passoires, ils ont laissé filer nos usines et ils reviennent la bouche en cœur en nous parlant de souveraineté". Et quelques jours plus tard, dans l’explication de texte : ""Quand aujourd’hui, nos frontières ne permettent plus de protéger nos usines, nos emplois, quand nos frontières ne permettent plus d’empêcher l’évasion fiscale, la fraude fiscale et nos richesses de partir dans des paradis fiscaux : eh bien la France devient une passoire"". Circulez !

      D’ailleurs, Fabien Roussel n’est nullement hostile aux étrangers en général, et aux musulmans en particulier. Si en 2019, il refuse de participer à une marche de plusieurs organisations de gauche contre l’islamophobie (il est vrai qu’il n’est pas le seul dans la gauche institutionnelle), c’est parce qu’il trouve le mot ""trop réducteur"". ""Il y a plus globalement", estime-t-il, "une montée du racisme et de l’antisémitisme. Il n’y a jamais eu autant de tags nazis". C’est "un climat malsain et c’est cela dont je préfère parler", précise-t-il. "Je prends une distance, non pas pour m’exprimer contre, mais pour prendre de la hauteur sur le sujet". Le PCF invite néanmoins à participer à la marche.

      De la même manière, si Fabien Roussel ne participera pas à une nouvelle marche, ce 23 septembre, contre les violences policières et le racisme, qu’on n’en déduise pas de sa part une certaine indulgence contre les violences policières. "Je n’y participerai pas d’abord parce que je n’ai pas envie de manifester en entendant autour de moi ce slogan, « tout le monde déteste la police ». Ce n’est pas vrai et je ne partage pas ce slogan-là, et donc je ne souhaite pas m’y associer pour cette raison-là", étaye-t-il sur Franceinfo. Cela dit, reconnait-il, ""les violences policières existent"".

      À ces piques incessantes contre la cause des minorités, contre les politiques de solidarité (son hostilité, parfaitement revendiquée, elle, à la ""gauche des allocs’""), s’ajoutent des provocations contre la lutte contre le dérèglement climatique. On se souvient de l’homérique empoignade contre Sandrine Rousseau (encore), sur le ""bon steak" et le "bon vin"". "Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, pour moi c’est la gastronomie française" : coucou les patriotes ! Mais, ajoute-t-il aussitôt, "pour avoir accès à ce bon, à cette bonne gastronomie, il faut avoir des moyens. Donc le meilleur moyen de défendre le bon vin, la bonne gastronomie, c’est de permettre aux Français d’y avoir accès" : retour à la maison coco. Et de rajouter une ration, dans une interview à "Libération", de la campagne médiatique de la Fête de L’Huma, cru 2023. "J’ai encore mangé une bavette aujourd’hui. Ça va brûler en Afrique ? Sans parler des ris de veau que j’ai mangés à Châlons (...). Ça, ça vaut au moins un tremblement de terre à Haïti."

      Bref, Fabien Roussel est en mouvement, dans un trompe-l’oeil savamment construit, vers l’édification d’une gauche d’extrême droite, parfaitement philippo-compatible, du reste. Où ce mouvement s’arrêtera-t-il ? À partir de quand un trompe-l’oeil devient-il réalité ? Jusqu’où son auteur peut-il maitriser sa glissade ? J’ai mon intuition. Elle est peut-être excessivement pessimiste, je le souhaite. Mais, puisqu’on parle gastronomie, que l’on ne me reproche pas d’avoir le palais sensible à une sorte d’arrière-goût.

    • Fabien Roussel, Don Quichotte d’un communisme introuvable
      https://www.contretemps.eu/roussel-pcf-communisme-elections-strategie-melenchon-gauche

      Un double mystère entoure la campagne de Fabien Roussel, le candidat du Parti communiste français pour la prochaine élection présidentielle. Comment un candidat qui recueille invariablement entre 1 et 3% dans les sondages d’opinion peut-il être autant invité dans les « grands » médias ? Comment le candidat d’un parti communiste peut-il recevoir à ce point les louanges de politicien·nes de droite voire de journalistes et d’idéologues réactionnaires ?

      C’est à dissiper ce double mystère que s’attache ici Paul Elek, ancien militant du PCF. Il montre en particulier que la campagne de Fabien Roussel, loin de permettre la relance d’un projet de rupture avec le capitalisme, a essentiellement pour objectif de faire exister l’organisation par une stratégie de distinction vis-à-vis du candidat de gauche qui avait frôlé le 2nd tour en 2017, à savoir Jean-Luc Mélenchon.

      Cela amène Fabien Roussel à prendre régulièrement pour cible ce dernier, et à alimenter les poncifs réactionnaires que ne cessent de marteler les médias dominants à l’encontre de la gauche dans son ensemble (sur la laïcité, la sécurité, le terrorisme, l’écologie, etc.). En outre, alors même que Roussel prétend reconquérir les classes populaires, il se situe dans la plupart des sondages à 4-5% dans les catégories intermédiaires et supérieures, contre 1-2% dans les catégories populaires.

      Ce texte est une contribution au débat tactique et stratégique à gauche. Elle ne reflète pas la diversité des points de vue au sein de la rédaction de Contretemps mais elle nous a semblé importante et en appelle d’autres.

      *

      « Le social-chauvinisme, c’est l’opportunisme sous sa forme la plus achevée. Il est mûr pour une alliance ouverte, souvent vulgaire, avec la bourgeoisie et les états-majors » (Lénine, « L’opportunisme et la faillite de la 2e internationale », Vorbote, 1, 1916 ).

      #social-chauvinisme

    • On y aura eu droit jusqu’à la question du service public pendant l’intervention du chef de l’État. Doriot par ci Doriot par là. Toute la bonne société médiatique s’est donc attelée à surjouer l’indignation contre le partage d’un article du journaliste Daniel Schneidermann. On a les amis que l’on mérite. Ces hypocrites n’avaient pourtant rien dit quand le pseudo-philosophe Raphaël Enthoven avait traité François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon de Doriot. Ni quand le député du Rassemblement National Antoine Villedieu avait dit de Jean-Luc Mélenchon qu’il était un nazi.

      Comédie ! En vérité, s’est déroulé sous nos yeux un mauvais coup très calculé. D’abord, la direction du PCF a cherché une querelle ridicule à François Ruffin qui avait dit en plaisantant que les militants communistes de la fête de l’Humanité avaient préparé « des punchs davantage que la prise du palais d’hiver ». Puis il y a eu pendant deux ou trois jours cette opération consistant à faire croire que la France insoumise aurait insulté Fabien Roussel en le comparant à un collabo. C’est évidemment absolument faux. D’ailleurs, l’expression utilisée par le tweet de Schneidermann (« quelque chose de ») est assez claire pour qu’on le comprenne en première lecture si l’on est de bonne foi. Cette expression résume le malaise ressenti de tous côtés au lendemain des discours de Fabien Roussel à la fête de l’Humanité ou sur sa façon de couvrir de louanges les talents de « dialogue » d’Edouard Philippe, premier ministre en exercice lors de la répression des gilets jaunes. Cette fête fut un désastre pour Fabien Roussel interpellé par le public à chacune de ses interventions. Il fallait donc allumer un contre-feu.

      On aurait pu laisser passer cette campagne ridicule sans y attacher d’importance. L’arc de force des signataires d’une « tribune de soutien » regroupant les secteurs les plus hostiles à la NUPES et les larmes de crocodile des macronistes signaient assez largement l’intention réelle. Mais voir qu’elle est dorénavant utilisée comme un argument par ceux qui veulent tourner la page de la NUPES nécessite d’en dire quelques mots. Car c’est là en vérité qu’est l’objectif principal de cette opération : faire accepter par les communistes la décision de Fabien Roussel de rompre avec la NUPES. C’est donc sur ce point qu’il est important de revenir.

      L’an dernier, nous avons fait le choix du regroupement autour de la NUPES. Les agressions permanentes contre les insoumis des candidats à la présidentielle du PS, d’EELV et du PCF ne faisaient pas de cette démarche un choix naturel. Le maintien de la candidature de Fabien Roussel à l’encontre des engagements qu’il avait pris devant nous de se retirer si nous étions en capacité de nous qualifier au second tour la rendait même difficile à accepter. Mais la rancune n’est pas une ligne politique efficace. Nous avons donc œuvré à ce rassemblement, autour d’un « programme partagé » de 640 propositions dument approuvée par les représentants de chaque composante de la NUPES. Cet accord nous a permis de gagner le premier tour de l’élection législative et de multiplier par 3 le nombre de députés de gauche à l’Assemblée Nationale.

      Depuis cette date, ce qui pose problème, c’est bien comment tout cela est méthodiquement déconstruit. Dans la forme et sur le fond. Dans cette destruction et ce reniement de la parole donnée, Fabien Roussel a été continuellement en première ligne. Il a le premier a déclaré que « le programme partagé » n’était rien et que l’accord était purement électoral, au mépris de sa propre signature. Nous n’avons rien dit pour ne pas handicaper l’union dans un moment où les difficultés sociales frappent durement le pays. Puis Fabien Roussel a annoncé le premier une liste séparée aux européennes. Donc, après l’accord sur le programme, l’accord électoral disparaissait à son tour. Nous n’avons toujours rien dit. Puis, Fabien Roussel a annoncé sa nouvelle candidature pour 2027. Sans discussion, sans compromis et sans préavis, en reprenant la méthode qui peut de nouveau rendre le deuxième tour hors de portée. Nous n’avons encore rien dit. Et je passe sur les attaques si blessantes contre la France insoumise « en dehors de la République » ou qui ne s’adresserait qu’aux « secteurs radicalisés des quartiers populaires ». Tout cela intervient au fond comme autant de confirmations d’une stratégie d’ensemble.

      A tout cela s’est donc ajouté ces dernières semaines le refus de participer à la marche du 23 septembre pour la justice sociale et contre les violences policières. C’est bien sûr le droit du PCF de refuser de s’y associer. Mais c’est étonnant quand on sait que cette initiative était soutenue par plus de 150 organisations, dont les syndicats CGT, FSU et Solidaires. Et cela devient intolérable quand, pour justifier ce refus, Fabien Roussel sera allé jusqu’à reprendre les pires caricatures pour faire croire que cette initiative était « contre la police » ou « en soutien aux abayas ». D’ailleurs, l’extrême-droite et les syndicats factieux y auront puisé des arguments pour demander l’interdiction de la manifestation tandis que l’appareil médiatique en profitait pour préparer sa campagne de dénigrement contre les manifestants.

      Cette volonté de détruire la NUPES s’est concrétisée pour les élections sénatoriales. Depuis le début de l’année, venant arriver cette échéance, nous avons proposé que la NUPES présente des listes communes dans tous les départements. C’était pour nous à la fois un enjeu de cohérence (nous avons porté ensemble un programme pour l’Assemblée Nationale, nous devons donc porter ensemble un programme pour le Sénat) et un enjeu d’efficacité. Mais notre proposition s’est heurtée au sectarisme et à la division. Des réunions ont eu lieu au niveau national entre le PCF, EELV et le PS. Elles ont abouti sur l’exclusion pur et simple des insoumis des listes sur tout le territoire. Et sur l’incapacité de ces 3 forces politiques à construire des listes d’union. Résultat : ce sont plus de 10 sénatrices et sénateurs de gauche en moins en raison de ce choix. Il suffit pour cela de regarder les résultats dans l’Isère, en Loire Atlantique, en Moselle, dans le Nord, dans le Pas de Calais, dans les Pyrénées-Orientales, à Paris, en Essonne, dans les Hauts de Seine, en Seine Saint Denis ou chez les Français de l’étranger.

      Voilà la réalité de ce que nous avons sous les yeux. Bien sûr, on peut toujours penser qu’il ne faut rien dire, maintenir des liens avec des secteurs réputés critiques du PCF et attendre que ça finisse tout seul en comptant sur une révolution de palais. Mais, en politique, le mieux est de dire les choses pour permettre une prise de conscience et aider à dépasser le problème. Le résultat du congrès de PCF a entériné une ligne isolationniste, clairement inverse au vote des insoumis qui se sont massivement exprimés pour l’union. Fabien Roussel ne reviendra pas sur sa décision. Autant l’espoir peut demeurer de voir EELV et le PS changer d’attitude pour les européennes, autant il n’y en a aucun du côté de Fabien Roussel. Bien-sûr, il faut garder toujours une porte ouverte au cas où le réalisme et le sens des responsabilités l’emporteraient. Mais on ne peut espérer voir cette option se réaliser mécaniquement.

      Nos adversaires politiques ont un intérêt à détruire la NUPES. Fabien Roussel leur est à ce titre très utile. C’est seulement comme cela que l’on peut comprendre le gout que prend la classe médiatique à faire de Fabien Roussel son candidat préféré. L’objectif est de séparer les bases communistes et les bases insoumises qui ont de nombreuses choses en commun. Elles mènent des luttes ensemble et militent souvent dans les mêmes syndicats ou associations. Les groupes parlementaires auxquels appartiennent nos députés respectifs votent de manière concertée dans la plupart des cas. Car nous partageons de nombreux points communs sur le fond. Nous avons d’ailleurs partagé un même programme national pour plusieurs élections présidentielles et législatives depuis 15 ans. A la suite des insoumis, le PCF a adopté la thèse de la « Révolution citoyenne » il y a deux congrès de cela. Il défend désormais la construction d’un « Front populaire » que les insoumis avaient remis à l’ordre du jour il y a deux ans.

      Bien sûr, nous ne sommes pas dupes de l’absence de mise en œuvre de ces concepts. Mais il n’empêche : le sentiment a prévalu que l’avenir restait ouvert pour reprendre ensemble le chemin entamé ensemble en 2008. Même après 2022 et la colère de millions d’électeurs face au maintien de la candidature Roussel. Mais à présent ? Fabien Roussel a fixé une stratégie d’isolement et un calendrier jusqu’à 2027. Il ne sert à rien de l’ignorer. Il faut en rendre le peuple juge et le mettre en échec, en partant du réel et sans cacher nos désaccords. Car dans les milieux populaires, personne ne comprendrait que nous soyons prêts à accepter les ambigüités de Fabien Roussel. Il faut dire la vérité et la pratiquer comme méthode de construction de l’union populaire. Car celle-ci ne se confond pas avec le poison de la désunion politique que Fabien Roussel a introduit dans la NUPES.

      https://manuelbompard.fr/2023/09/comment-faire-dun-tweet-un-pretexte-de-plus-contre-la-nupes

    • Le point de vue de Rob Grams ( Rédac-chef adjoint Frustation) :
      La Nupes, une catastrophe Stratégique pour la FI

      Aux présidentielles 2022, la FI avait réussi à détruire la frange sociale-libérale de la gauche (PCF, EELV, PS), un vrai succès de ce point de vue.

      Cela a créé une panique totale du côté des bureaucrates du PS, EELV, PCF qui ont vu qu’ils risquaient d’être ruinés et de perdre leurs postes d’élus, seule raison pour laquelle ces gens « font de la politique ».

      Leur intérêt était donc de faire alliance, pour les législatives, avec la force dominante à gauche à ce moment là, FI. FI de son côté voulait aussi sa part, avoir le max d’élus sans aucun pouvoir, quitte à saboter son petit avantage temporaire.

      PCF, PS, EELV eux étaient prêts à signer à peu près n’importe quoi qu’on leur tendrait (sauf sur les « violences policières » évidemment) si ça permettait de reconduire leurs petits notables. Ça a donné le programme de la Nupes.

      Dans ce beau monde personne n’a jamais imaginé, ni souhaité, que Mélenchon soit Premier Ministre. C’était juste une manière d’utiliser ses 22% pour tenter de les reconduire vers le PS/EELV/PCF.
      A part chez ses militants les plus zélés, la France Insoumise le savait aussi.

      Le programme n’avait donc absolument aucune valeur : pur produit d’appel pour faire voter des gens en leur faisant croire que ça pouvait changer quoi que ce soit. Tout le monde savait que :
      1- il n’y aurait pas de majo alternative donc pas d’application du pgm
      2- qu’il serait abandonné.
      C’est comme ça qu’ils ont pu faire en 3 jours ce qu’ils avaient pas réussi à faire en 5 ans "d’opposition" à Macron.

      Pour PS/EELV/PCF ça impliquait juste de prendre sur eux et de se la fermer pendant 15 jours, en croisant les doigts et attendant que ça passe. « Oui oui bien sûr Mélenchon 1er Ministre youhou »

      Une fois les mandats - et les très gros salaires qui les accompagnent - récupérés il serait bien temps de recréer la gauche néolibérale et de recommencer le pilonnage de FI qu’ils menaient depuis des années.
      ça n’a pas loupé, ils ont commencé à s’y atteler quasiment immédiatement après l’élection législative.

      Ce qui donne depuis ce spectacle ridicule de la part des insoumis de tout le temps être surpris du manque de loyauté de ceux qui leur crachent dessus depuis plus de dix ans.
      Ils ont oublié que si la gauche était désunie en 2022 c’était pour des raisons tout à fait politiques : parce que les options politiques sont très très différentes, opposées.

      Et une option politique se résume pas au programme, c’est aussi la stratégie, les actes politiques… Dans le cas Roussel par exemple, le programme du PCF n’est pas l’enjeu principal, il s’en cogne royalement, il sait qu’il ne sera jamais élu, qu’il ne l’appliquera jamais…

      Ses prises de positions publiques, les manifestations auxquelles il va (celle des flics avec Zemmour et Le Pen par exemple) et celles auxquelles il refuse d’aller (celle contre le racisme et la brutalité policière par exemple)...sa volonté d’alliance avec Cazeneuve.... bref, ce qu’il porte réellement dans le débat publict est beaucoup plus signifiant.

      Grace à la Nupes, et donc grâce à FI, le monstre à trois têtes du PS/EELV/PCF arrive à patiemment à se reconstituer pour nous préparer la prochaine version du hollandisme, et à utiliser tout ce que lui a donné FI pour marginaliser cette dernière.

      C’est le problème de l’obsession électorale : vouloir à tous prix distribuer un max postes bien payés aux copains, sans aucune chance de victoire, a renforcé le pire de la gauche. C’est une erreur historique.

      https://twitter.com/GramsRob/status/1706110769685839937

  • Marion Maréchal en (publi)reportage à Lampedusa pour BFMTV - Par Pauline Bock | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/sur-le-grill/marion-marechal-en-publi-reportage-a-lampedusa-pour-bfmtv
    https://api.arretsurimages.net/api/public/media/marion-marechal-en-tenue-de-tintin-reporter-a-lampedusa/action/show?format=public&t=2023-09-15T18:03:39+02:00

    « Rendez-vous sur BFMTV où je suis en duplex depuis Lampedusa. » Ce n’est pas une reporter de la chaîne d’info qui tweete ce message (supprimé quelques heures plus tard sans explication, ndlr). Mais Marion Maréchal, personnalité politique d’extrême droite, vice-présidente du parti Reconquête d’Éric Zemmour, dont elle est tête de liste pour les élections européennes. La nièce de Marine Le Pen pose en photo : on la voit se tenir debout, face à une caméra, dans le port de #Lampedusa, habillée d’un pantalon beige et d’une chemise blanche. Si l’on ne connaît pas son visage, on la croirait journaliste en reportage, envoyée spéciale sur place par la chaîne de télévision : elle tient un micro à la bonnette bleue estampillée BFMTV et regarde droit vers l’objectif.

    #BFNTV #sans_vergogne

  • LK-99 : faux supraconducteur, vrai délire médiatique - Par Loris Guémart | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/sur-le-grill/lk-99-faux-supraconducteur-vrai-delire-mediatique

    Et puis, patatras ! Après quelques simulations laissant penser que la supraconductivité de LK-99 était possible, les résultats de recherche négatifs sont tombés les uns après les autres, jusqu’à l’inévitable conclusion. Non, LK-99 n’est pas supraconducteur (enfin, pour rester nuancé, il est extrêmement probable qu’il ne le soit pas). Pas grave, il y a toujours la révolution des IA. « La communauté tech vient de faire l’expérience d’un moment communautaire viral, l’équivalent intellectuel d’un grand match ou d’un scandale politique national », résume Bloomberg. Rendez-vous à la prochaine révolution.

  • Cartes des migrants : simplifier pour ne pas voir - Par Ocomarri | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/des-medias-et-des-cartes/cartes-des-migrants-simplifier-pour-ne-pas-voir
    https://api.arretsurimages.net/api/public/media/cnews_fleches_rouge/action/show?format=thumbnail&t=2023-08-04T11:55:36+02:00

    Comment représenter les migrations ? Comment symboliser ces gens qui meurent aux frontières de l’Europe, de soif dans le désert, de noyade dans la Méditerranée ? Il est temps de changer nos représentations et nos cartes, pour comprendre que ce qui se joue, c’est notre politique d’accueil.

    Cette chronique s’appuie sur les travaux remarquables et continus de géographes et cartographes sur la cartographie des migrations à la fois par des publications scientifiques et des articles de vulgarisation : Françoise Bahoken, David Lagarde, Nicolas Lambert, Philippe Rekacewicz @reka (ainsi que l’article « The migration map trap. On the invasion arrows in the cartography of migration »), que ce soit par des articles ou par le biais des sites Néocarto, Visionscarto, ou Géoconfluences.

    #cartographie #migration #représentation

  • Le « JDD » version Lejeune se trompe d’Enzo en couverture
    https://www.arretsurimages.net/articles/le-jdd-version-lejeune-se-trompe-denzo-en-couverture

    Première couverture, première erreur journalistique pour le nouveau rédacteur en chef imposé par Arnaud Lagardère et le futur propriétaire Vincent Bolloré, Geoffroy Lejeune, a voulu dénoncer l’insécurité. Une lettre ouverte dénonce la mort du jeune Enzo, poignardé dans l’Eure. Mais la Une de l’hebdomadaire reproduit la photo d’une marche blanche dédiée à un tout autre Enzo, fauché par le conducteur d’une voiture sur les routes des Landes.

  • Des nouvelles du 2ème round de la Dissolution de la BRAV-M : 26.730 au compteur, environ 10x moins que pour le 1er round :-/

    C’est pas parce-qu’ils la ferment en ce moment qu’ils sont moins dangereux, ni sous prétexte que le 1er tour s’est fait claquer le beignet qu’il faut lâcher l’affaire !

    Votez et faites voter pour le 2eme round anti-BRAV-M !

    https://politipet.fr/i-1446


    https://piaille.fr/@politipet/110832205515559455

  • Rages contre les machines : Luddites, unissez-vous ! - Par Thibault Prévost | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/clic-gauche/rages-contre-les-machines-luddites-unissez-vous

    La grève qui secoue Hollywood est tout sauf anecdotique

    (...)

    la situation, qui paralyse la gigantesque industrie culturelle étasunienne, est inédite depuis 60 ans

    (...)

    Et sauf erreur de ma part, nos médias à qui on ne la fait pas, ne s’y intéressent pas. du. tout.

    L’article est passionnant de bout en bout.

    • « les médias (…) ne s’y intéressent pas. du. tout. »

      Fact-check : Le Monde (qui ne s’intéresse pas beaucoup aux grèves), a consacré trois articles à cette grève (certes moins qu’à la grève du JDD, seule autre grève traitée dans ses colonnes au cours du mois).

      – Pourquoi les travailleurs d’Hollywood sont-ils en grève ? Comprendre en trois minutes (vidéo)
      – Plusieurs stars d’Hollywood manifestent leur soutien à la grève des acteurs sur Times Square (info AFP)
      – Qui est vraiment... Fran Drescher, meneuse de la grève des acteurs à Hollywood (portrait)

      #de_rien

    • Je confesse, je ne parcours pas Le Monde ou Le Figaro. Je prends comme référence parfaitement subjective Google News et les journaux télévisés. Les journaux télévisés passent 50% de leur temps à évoquer les plages et la montagne, la circulation sur les autoroutes, les bornes électriques... Mais une grève qui bloque Hollywood et toute l’industrie de la propagande cinématographique occidentale, pas plus de quelques reportages de quelques dizaines de secondes que je n’ai pas eu la chance de pouvoir voir.

      Pour en revenir aux points que je trouve passionnants dans cet article, ce sont ces rappels historiques de combien la loi, l’état de droit, peut devenir cruelle.

      De 1811 à 1813 [en GB], les Luddites mènent des actions de sabotage contre « les machines préjudiciables à la communauté », avant d’être matés dans le sang par 14 000 soldats, appuyés par une loi faisant du sabotage de machine un crime puni de mort.

      Quant à ce nouveau concept, je le trouve tout à fait pertinent, depuis le temps que je dois transférer les emails de mes clients chez l’un ou l’autre des GAFAM, pour qu’ils puissent échanger des emails avec leurs clients en toute quiétude, et sans crainte de perdre des affaires.

      Elle va même d’autant mieux qu’elle recycle la méthode de ses voisines californiennes de la Silicon Valley, en appliquant progressivement un capitalisme dit « de plateforme », que l’économiste et ex-ministre des Finances grec Yanis Varoufakis (cité par l’indépassable Cory Doctorow) appelle désormais "#techno-féodalisme" . Selon lui et d’autres, nous vivons désormais dans une économie dominée non plus par le capital mais par la rente : les entreprises ne créent pas de valeur, elles se concentrent jusqu’à obtenir un monopole, puis déploient des systèmes d’intermédiation numérique -une application, un site- pour capturer (gratuitement ou presque) la valeur produite en amont par d’autres, avant de la revendre au prix fort aux utilisateurs/consommateurs.

      (...)

      Dans un tel système de monopoles et de dépendances, les rapports de domination ne sont plus ceux de l’ouvrier et du patron, mais ceux du serf et du suzerain. La caste bourgeoise a laissé place à la caste vectorialiste, écrit Mackenzie Wark dans Capital is Dead. Et la production, écrivait l’économiste Cédric Durand en 2020 dans son livre #Techno-féodalismes : critique de l’économie numérique , a laissé place à la prédation.

  • Survivalisme et permaculture : comment (sur)vivre après l’effondrement ? - Par Pauline Bock | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/survivalisme-et-permaculture-comment-sur-vivre-apres-leffondrement

    Comment vivra-t-on après la fin du monde, ou, en tout cas, de notre monde ? Comment s’y préparer ? Depuis la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, la succession d’étés caniculaires et l’inflation qui explose, le spectre de l’effondrement de notre société – qu’il soit climatique, social, politique, ou tout à la fois ne semble plus un lointain horizon, mais une possibilité bien réelle.

    Après notre série d’été sur l’effondrement en 2018, cette année, « Arrêt sur images » a choisi de revenir sur le sujet. Dans cette émission, on se demande si, depuis cinq ans, les médias et la société ont changé de point de vue sur les survivalistes, les preppers, les gens qui stockent des denrées dans leur cave, rejoignent un collectif de permaculture ou qui participent à des stages de survie. Comment repenser nos modes de vie et tendre vers davantage d’autonomie et de résilience ?

    En plateau, la journaliste d’"ASI" Pauline Bock accueille Corinne Morel Darleux, autrice de l’essai sur l’effondrement « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce »(Libertalia, 2019), qui tient une chronique mensuelle pour « Reporterre » et a dirigé le hors-série « Socialter » autour du sujet ""Comment nous pourrions vivre" " ; Eléonore Lluna, ancienne infirmière devenue coach en survie, qui propose des stages d’autonomie en pleine nature. En visio, le journaliste Alexandre Pierrin, qui réalisé la série « Survivre » sur les survivalistes en France pour France TV Slash ; et la chercheuse au CNRS Madeleine Sallustio, qui a étudié les collectifs néo-paysans et leur rapport à l’avenir dans l’ouvrage « À la recherche de l’écologie temporelle : Vivre des temps libérés dans les collectifs néo-paysans autogérés : une analyse anthropologique ».

    #survie #effondrement #survivalisme #médias #journalisme #paywall

  • En Bretagne, un journaliste fiché par une asso de l’agroindustrie - Par Loris Guémart | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/articles/en-bretagne-un-journaliste-fiche-par-une-asso-de-lagroindustrie

    Il n’a pas vraiment apprécié de découvrir une « note d’analyse » le concernant. Correspondant du « Monde » en Bretagne, Nicolas Legendre avait récemment publié une enquête approfondie sur l’impact de l’industrie agroalimentaire dans la région. Mais pour les Z’homnivores, association de défense de l’agroindustrie bretonne, c’est un « travail pseudo journalistique », un « récit militant » relevant du « système Léraud ». Les journalistes évoqué·es dans ce document n’ont pas vraiment apprécié ce fichage. L’association confirme son existence mais minimise les critiques.

    #journalisme #agroindustrie #agriculture #Bretagne

  • GTA (Grand Theft Auto) ❤️ Love and Hate 😡 | Chez Pol /Libé | 06.07.23

    La semaine dernière, au beau milieu des émeutes, Macron avait pointé du doigt certains jeunes qui « vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués ». Rebelote ce matin sur LCI où le porte-parole du gouvernement Olivier Véran s’en prend à ce loisir responsable de tous les maux de notre société.

    « On nous raille quand on parle de l’impact qu’ont pu avoir certains jeux vidéo. Personne ne dit que ce sont les jeux vidéo qui conduisent les jeunes à la violence mais enfin, si vous vous êtes déjà penchés sur certains "jeux" [il fait les guillemets avec les doigts, ndlr] comme par exemple GTA qui est un concept dans lequel vous devez carjacker des voitures [pléonasme], écraser des piétons avec les voitures, tirer pour tuer des policiers, des pompiers ou la population civile et plus vous le faites et plus vous avez des points [Véran n’a jamais dû jouer à GTA pour dire ça car c’est faux, ça ne rapporte aucun point, au contraire, ndlr], des jeux interdits aux moins de 18 ans, ça peut avoir un impact », explique Véran.

    Le porte-parole répète que ces jeux, comme Grand Theft Auto (GTA), sont interdits au moins de 18 ans. « De la même manière qu’il est interdit pour un mineur de 12 ans de sortir avec un bidon d’essence au milieu de la nuit dans une rue, émeute ou pas émeute, quand il y a quelque chose qui est interdit à des mineurs, c’est interdit à des mineurs », poursuit-il. Une bien belle lapalissade qui nous rajeunit : cela fait 25 ans - et la sortie du premier GTA en 1997 - que le jeu rock-star est vilipendé par la classe politique. Nadine Morano l’avait par exemple critiqué en 2008. Peu de temps après, dans un joli moment promo offert par Paris Match, celle qui était secrétaire d’État à la Famille s’affichait en train de partager un instant avec ses enfants devant des jeux vidéo.

    À quoi jouait tout ce beau monde ? À GTA.