• Algérie : mort de l’opposant historique Hocine Aït-Ahmed

    Par Amir Akef (Alger, correspondance) et Charlotte Bozonnet

    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/12/23/algerie-mort-de-l-opposant-historique-hocine-ait-ahmed_4837377_3212.html#t3E

    « Ni Etat policier, ni Etat intégriste »

    Né le 20 août 1926 à Aïn El-Hamam, en Grande Kabylie, Hocine Aït-Ahmed était le dernier encore en vie des neuf Fils de la Toussaint, les chefs qui ont déclenché la guerre d’Algérie contre la puissance coloniale française. Il est au Caire, quand la guerre d’indépendance commence le 1er novembre 1954. Il va devenir l’ambassadeur permanent du Front de libération nationale (FLN) auprès de l’ONU et représente le FLN à la conférence des non-alignés de Bandoung en avril 1955. Cette carrière de diplomate de la révolution est interrompue le 22 octobre 1956 par le détournement par l’armée française de l’avion qui le transporte, en compagnie d’autres dirigeants du parti, vers Tunis. Il restera en détention jusqu’en 1962.

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    La rupture est consommée lorsqu’il fonde le FFS (Front des forces socialistes), qui, le 29 septembre 1963, lève des troupes et organise l’insurrection en Kabylie. Arrêté le 19 octobre 1964, Aït Ahmed est condamné à la peine capitale pour « menées contre-révolutionnaires ». Il est transféré à la prison d’El-Harrach, d’où il s’évade le 30 avril 1966. Il dénonce alors Houari Boumediène, qui entre-temps, s’est emparé du pouvoir : « la dictature militaire a remplacé la dictature politique », dit-il.

    Il ne reviendra en Algérie qu’après les émeutes d’octobre 1988 qui ont contraint le régime à accepter une ouverture politique. En décembre 1991, alors que le coup d’Etat se prépare contre des élections législatives remportées par le Front islamique du salut (FIS), il défend le respect de la légalité constitutionnelle. Certains parmi les élites francophones lui reprocheront avec violence son slogan de « ni Etat policier, ni Etat intégriste ». « Certains pensent que le FFS demeure dans l’opposition systématique. Nous sommes pour le compromis et non pour la compromission », disait-il.