زمن القطاف؟ مقتل علوش يخلخل أبواب الغوطة... و« الرياض »

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  • Avec beaucoup de pincettes… Une question commence à circuler sur Twitter parmi ceux qui se réjouissent de la mort d’Allouche : comment l’aviation syrienne a-t-elle obtenu l’information précise de l’heure et du lieu de la réunion des rebelles ? (J’insiste sur les « pincettes » : c’est typiquement le genre d’information qui ne sortira certainement jamais, et on est donc dans le domaine de la pure conjecture.)

    L’idée qui circule alors consiste à supposer qu’Allouche a été « donné » par un service pro-Otan, la plupart prétendant qu’il s’agirait des services de renseignement jordaniens. (Encore une fois : c’est une conjecture.) En clair : dans cette idée, les services jordaniens auraient donné Allouche aux Syriens pour se débarrasser de lui.

    Pourquoi cette « contre-narrative » maintenant ? Parce que chez les propagandistes de l’opposition pro-saoudienne, il y a cette communication organisée autour de l’idée que la mort d’Allouche prouverait que le régime ne veut pas réellement ouvrir de processus politique avec l’opposition. À l’inverse, affirmer qu’Allouche aurait été donné au régime syrien s’inscrit dans une explication qui, elle, affirme qu’Allouche (au même titre qu’Ahrar ash-Sham) était devenu un obstacle aux pourparlers prévus pour fin-janvier : la logique serait qu’il ne pourra pas y avoir de consensus sur la liste des organisations terroristes que la Jordanie devait établir, notamment parce qu’Allouche est soutenu par les Saoudiens et considéré comme terroriste par le régime et les Russes, et qu’il n’y aura pas de compromis sur cette question. D’où sa liquidation.

    Je signale cette conjecture parce qu’elle devrait certainement refaire surface plus largement dans les prochains jours, et parce qu’une fois de plus, si nos médias vont nous présenter une analyse unilatérale (« la mort d’Allouche démontre que le régime syrien ne veut pas de processus politique »), il y a en réalité une autre histoire qui se raconte, de plus en plus populaire, sur les réseaux arabes et qui affirme exactement le contraire.

    • Je vois d’ailleurs dans l’article de Une du Akhbar :
      زمن القطاف؟ مقتل علوش يخلخل أبواب الغوطة... و« الرياض »
      http://al-akhbar.com/node/248932

      المصدر أكّد أنّ «المعلومات المتداولة على نطاق ضيّق تؤكد وجود دور استخباري أردني وراء استهداف علّوش.

    • Parce que chez les propagandistes de l’opposition pro-saoudienne, il y a cette communication organisée autour de l’idée que la mort d’Allouche prouverait que le régime ne veut pas réellement ouvrir de processus politique avec l’opposition.

      Par exemple, pour ce qui est des partisans « occidentaux » de la ligne dure, en accord avec les pro-saoudiens, David Ignatius, célèbre éditorialiste du Washington Post, commentant un article allant dans le même sens d’Anne Barnard du New York Times :
      https://twitter.com/IgnatiusPost/status/680830869981007877?lang=fr

      Russia recklessly kills a Syrian rebel leader who could have negotiated truce. Moscow’s march of folly continues. http://nyti.ms/1TkAe3t

    • Pour mémoire, il y a deux semaines, Juan Cole expliquait que la position de l’Arabie séoudite lors de la conférence de l’opposition à Riyadh montrait que les Séoudiens « ne sont pas sérieux au sujet des négociations » :
      http://seenthis.net/messages/439258

      After the conference, Saudi Arabia came out and demanded al-Assad step down before the negotiations. This is a sign it is not serious about negotiations.

      Plus généralement d’ailleurs, Cole commentait la présence (très problématique pour lui) de Ahrar ash-Sham à cette conférence.

    • Ce qui est en train d’arriver, c’est que l’ONU continue à maintenir la fin janvier comme date du début du processus politique, et cela en se basant sur une résolution du Conseil de sécurité. Et quand on dit qu’Allouche (comme Ahrar ash-Sham) a participé à la réunion de Riyadh, et serait donc prêt à ces négociations, c’est faire l’impasse sur la question de savoir s’il continue à exiger le départ de Bachar Assad dès le début du processus politique, ou s’il acceptera les négociations dans les conditions décidées par le CS.

      Avec à la clé le fait que si des groupes armés refusent les négociations décidées par le Conseil de sécurité, en ajoutant une condition (le départ de Bachar) qui a été soigneusement évitée à l’ONU, ils ne tarderont pas à être considérés comme terroristes par « la communauté internationale » (et pas seulement par les Russes). (Et ainsi gros barnum, puisqu’il semble difficile pour l’ensemble des présents à Riyadh de se désolidariser de la position des groupes les plus puissants parmi eux.)

      Je pense qu’une grosse différence entre la narrative « Allouche était indispensable aux négociations » et la contre-narrative « Allouche a été lâché par les Jordaniens sur ordre des États-Unis parce qu’il gênait le démarrage des négociations », ça revient largement à ce point.

    • Toujours dans Al-Akhbar de ce matin, un article qui évoque la mort de Alloush et le fait que les Jordaniens se seraient fermement opposés, peu avant, à ce qu’il transite par la Jordanie pour gagner Riyadh et sa conférence des opposants.

    • Les développements en Syrie commandent l’évolution des dossiers régionaux - Scarlett Haddad
      http://www.lorientlejour.com/article/964997/les-developpements-en-syrie-commandent-levolution-des-dossiers-region

      Sans oublier le fait que selon des rapports des renseignements étrangers, ce seraient les renseignements jordaniens qui auraient donné aux Russes et aux Syriens les informations nécessaires sur la localisation de Zahran Allouche qui a été la cible d’un bombardement aérien il y a quelques semaines.