Avec beaucoup de pincettes… Une question commence à circuler sur Twitter parmi ceux qui se réjouissent de la mort d’Allouche : comment l’aviation syrienne a-t-elle obtenu l’information précise de l’heure et du lieu de la réunion des rebelles ? (J’insiste sur les « pincettes » : c’est typiquement le genre d’information qui ne sortira certainement jamais, et on est donc dans le domaine de la pure conjecture.)
L’idée qui circule alors consiste à supposer qu’Allouche a été « donné » par un service pro-Otan, la plupart prétendant qu’il s’agirait des services de renseignement jordaniens. (Encore une fois : c’est une conjecture.) En clair : dans cette idée, les services jordaniens auraient donné Allouche aux Syriens pour se débarrasser de lui.
Pourquoi cette « contre-narrative » maintenant ? Parce que chez les propagandistes de l’opposition pro-saoudienne, il y a cette communication organisée autour de l’idée que la mort d’Allouche prouverait que le régime ne veut pas réellement ouvrir de processus politique avec l’opposition. À l’inverse, affirmer qu’Allouche aurait été donné au régime syrien s’inscrit dans une explication qui, elle, affirme qu’Allouche (au même titre qu’Ahrar ash-Sham) était devenu un obstacle aux pourparlers prévus pour fin-janvier : la logique serait qu’il ne pourra pas y avoir de consensus sur la liste des organisations terroristes que la Jordanie devait établir, notamment parce qu’Allouche est soutenu par les Saoudiens et considéré comme terroriste par le régime et les Russes, et qu’il n’y aura pas de compromis sur cette question. D’où sa liquidation.
Je signale cette conjecture parce qu’elle devrait certainement refaire surface plus largement dans les prochains jours, et parce qu’une fois de plus, si nos médias vont nous présenter une analyse unilatérale (« la mort d’Allouche démontre que le régime syrien ne veut pas de processus politique »), il y a en réalité une autre histoire qui se raconte, de plus en plus populaire, sur les réseaux arabes et qui affirme exactement le contraire.