2016 – Blog de Paul Jorion

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  • « Dette grecque : préparez vos oreilles, les révélations vont faire mal ! » -

    – "Dette grecque : préparez vos oreilles, les révélations vont faire mal !" - http://l-arene-nue.blogspot.fr/2015/06/dette-grecque-preparez-vos-oreilles-les.html

    –Les créanciers de la Grèce ont réalisé des profits sur la dette | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/104381/montant-profit-dette-grecque

    –"Audition de Philippe Legrain, ex-conseiller de Barroso, au Parlement grec (11 juin 2015)"
    http://cadtm.org/Audition-de-Philippe-Legrain-ex

    –"Les créanciers de la Grèce mis à nu"
    http://cadtm.org/Les-creanciers-de-la-Grece-mis-a

    –"Compte-rendu de la deuxième journée de présentation du rapport préliminaire de la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque"
    http://cadtm.org/Il-ne-faut-pas-negocier-avec-le

    –"Grèce : anatomie d’une manipulation"
    http://www.liberation.fr/monde/2015/06/19/grece-anatomie-d-une-manipulation_1333377

    –"Grèce : À qui profite la crise ?" http://cadtm.org/Grece-A-qui-profite-la-crise

    –"Tout comprendre sur la dette grecque en six étapes" http://www.franceculture.fr/2015-06-30-tout-comprendre-sur-la-dette-grecque-en-six-etapes

    –"Pierre Larrouturou : « Il est temps d’alléger les souffrances du peuple grec »" http://www.liberation.fr/monde/2015/07/08/pierre-larrouturou-il-est-temps-d-alleger-les-souffrances-du-peuple-grec_

    –"A-t-on vraiment aidé les Grecs ?"
    http://www.alterecoplus.fr/europe/a-t-on-vraiment-aide-les-grecs-201502041700-00000742.html

    –"La vérité sur la dette grecque : totalement insoutenable"
    http://www.alterecoplus.fr/chronique/michel-husson/la-verite-sur-la-dette-grecque-totalement-insoutenable-201506181700-000

    –« La Grèce est mise au même régime sec que l’Afrique »
    http://blogs.rue89.nouvelobs.com/rues-dafriques/2015/07/21/la-grece-est-mise-au-meme-regime-sec-que-lafrique-234810

    "En mars dernier, un membre du FMI, le Brésilien Paolo Batista, déclarait sur une chaîne de télé grecque que la majeure partie de l’argent qui avait été prêté à Athènes l’avait été pour secourir des créanciers privés, en aucun cas pour aider le pays. « La Grèce a reçu des sommes énormes, mais cet argent a été principalement utilisé pour permettre le désengagement, par exemple, des banques françaises ou allemandes »"

    "Plus récemment c’est Philippe Legrain qui confirme la chose. L’ancien conseiller économique de José Manuel Barroso (...) a affirmé ceci : « en 2010, les grands dirigeants européens et le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, ont délibérément refusé de considérer la Grèce comme insolvable dans le but de protéger les intérêts des grandes banques européennes. En effet, selon les statuts du FMI, cette institution ne pouvait pas prêter à un État dont la dette était déjà insoutenable »"

    « certains des créanciers de la Grèce ont réalisé des profits en lui faisant crédit. »

    « L’objectif du prêt de 2010 était de prêter au gouvernement grec pour qu’il rembourse immédiatement les banques françaises et allemandes qui étaient les principales créancières de la Grèce. Ce prêt n’a donc pas bénéficié au peuple grec mais aux banques privées. S’en est suivie une augmentation importante de la dette publique grecque et l’imposition de mesures d’austérité d’une violence inouïe. »

    "dans le cadre des privatisations imposées par les Institutions quelque 28 bâtiments publics ont été vendus pour une bouchée de pain. Or les contrats de vente prévoient un leasing qui oblige la Grèce à verser un loyer pour ces bâtiments. « Au bout du compte, déclare Éric Toussaint, l’État grec va payer au moins trois fois le montant qu’il a reçu pour ces privatisations ». La découverte de ces chiffres invite effectivement à la réflexion quant à savoir si ces mesures ont bien pour objectif l’équilibre des comptes publics."

    " bilan humain de ces dernières. Et les chiffres énoncés par l’historien Spyros Marketos ont de quoi donner le tournis. « Depuis l’application des mémorandums les retraites ont chuté d’environ 40 %, laissant près de 2/3 des pensionnés sous le seuil de pauvreté. 40 % des postes de fonctionnaires ont été supprimés. 500 000 personnes sont sans domicile fixe ou vivent dans un logement indécent. Quant au chômage il est passé de 7,3 % à 27,9 % entre 2008 et 2013 »"

    "plusieurs éminents juristes se sont penchés de façon spécifique sur la légalité de ces politiques eu égard au respect des droits fondamentaux. Parmi eux Cephas Lumina, ancien expert indépendant de l’ONU sur la dette et les droits humains et auteur d’un important rapport sur cette question en 2013 |4|, a présenté les conclusions des juristes de la Commission à ce propos : « Ces politiques ont conduit des millions de Grecs dans la pauvreté extrême. Cette situation lamentable est due aux actes et aux omissions des institutions impliquées dans les mémorandums qui n’ont pas respecté leurs obligations en matière de droits humains ». Pour ces spécialistes du droit, il est indéniable que les institutions responsables de ces politiques ont violé un nombre impressionnant de traités et de conventions "

    "Cette dernière révèle par ailleurs, que jusqu’en mai 2010, avant que ne soit activé par la « troïka » (Banque centrale européenne, Commission de Bruxelles et Fonds monétaire international) le premier plan d’aide à la Grèce, les dépenses publiques du pays n’étaient pas plus élevées que celle de la moyenne des Etats de la zone euro."

    "La commission parlementaire souligne que le gouvernement de Georges Papandréou a volontairement intégré, avec la complicité d’Eurostat, des éléments qui ne devaient pas l’être dans le calcul du déficit public. « Notamment une partie des dettes bancaires, ajoute Eric Toussaint. Dès qu’il est élu en octobre 2009, Papandréou "révèle" que la dette publique est de 127 % du PIB avec un déficit de 12 %. Avant son élection, le même Papandréou l’évaluait à environ 100 % et un déficit public de 6 %. Il est évident qu’il a dramatisé la situation, manipulé les chiffres dans le seul but de sauver non pas le pays, mais le système bancaire grec et les grandes banques étrangères comme BNP, Crédit Agricole ou encore ING et Deutsche Bank… Toutes avaient consenti des prêts à un secteur financier grec qu’on savait pourtant fragile. Sauf que dramatiser la situation était un excellent moyen pour imposer des politiques d’austérité en Grèce. »"

    " Le FMI était parfaitement conscient de l’impasse des politiques d’ajustement. Lesquelles risquaient de provoquer une baisse des dépenses publiques et de détricoter toutes les conventions sociales. C’est écrit noir sur blanc sur un document classé « secret », dont Libération a obtenu copie. Document d’une page, daté du 25 mars 2010, qui explique que la thérapie imposée à la Grèce ne permettra en aucune façon au pays de renouer avec la croissance, ni de pouvoir se financer dans les deux prochaines années sur les marchés financiers internationaux."

    "puisque les « droits humains du peuple grec » ont été violés par des mesures dont les conséquences sociales étaient clairement mesurées au sein même d’une institution comme le FMI. Il est vrai que les résultats de la Grèce ne plaident pas en faveur des politiques imposées par les institutions. Pendant que la dette publique passait de 100 % du PIB en 2008 à 177 % aujourd’hui, la production nationale annuelle de la Grèce s’est effondrée de 25 %. Et l’investissement a chuté de 23% entre 2009 et 2013. Avec en prime, une société disloquée, dont le taux de chômage officiel frappe plus de 27 % de la population et où plus d’un jeune sur deux est sans emploi. Enfin, aujourd’hui, le taux de pauvreté en Grèce est de 26 %, contre une moyenne d’environ 16 % pour les autres pays de l’Union européenne."

    "Les Européens ont permis aux banques détentrices de dette publique grecque de se désengager. En revanche, pas question pour les créanciers de remettre en cause le pléthorique budget militaire qui a offert des contrats aux entreprises allemandes et françaises, dans des conditions parfois peu transparentes."

    "« C’est la même chose pour la BCE : en 2011, elle a acheté des ti­tres grecs en 2011 à des banques françaises ou allemandes comme BNP-­Paribas, Commerzbank... qui voulaient s’en débarrasser. La Ban­que centrale les a achetés à 70 % de leur valeur. Elle en attend un rem­boursement à 100 %. C’est une plus­-value énorme. Le FMI, qui a perçu environ 3 milliards de dol lars en intérêts depuis 2010, fait des gains aussi », développe Éric Toussaint. "

    "... On l’oublie souvent, mais cette crise de la dette est due au fait que l’Etat est allé à la rescousse des banques fin 2008, partout en Europe.
    On est dans la socialisation des pertes (les Etats nationalisent ou renflouent les banques en perdition) et la privatisation des bénéfices"

    etc etc etc

    #Grèce

    Grèce : les vraies causes de la dette et les vrais bobards par Thierry Brun | Politis
    http://www.politis.fr/blogs/2015/03/grece-les-vraies-causes-de-la-dette-et-les-vrais-bobards-30426

    CADTM - Quelques vérités sur la dette grecque. par Jérémie Cravatte
    http://cadtm.org/Quelques-verites-sur-la-dette

    -"Réaliser un audit de la dette publique est un exercice démocratique élémentaire. C’est également une obligation de l’État en droit européen" ;
    –" le refus du Gouverneur de la Banque de Grèce et ancien Ministre des Finances du gouvernement d’Antonis Samaras, Yannis Stournaras, de transmettre des documents essentiels à la Commission et de répondre aux 13 questions que celle-ci lui avait soumises."

    Voila une attitude peu constructive que Moscovici et cie ne manqueront pas de railler pour dire de cette personne qu’elle a rompu la confiance dans le cadre de l’étiquette en vigueur entre gens de bonne composition.

    -"Les dépenses publiques de l’État grec n’étaient pas plus grandes qu’ailleurs. En fait, elles étaient inférieures à la moyenne de la zone euro" ;
    –"L’effet boule de neige est le principal facteur de l’accumulation de la dette grecque durant ces trois décennies. Il est responsable des deux tiers (65,6 %) de son augmentation alors que les déficits cumulés le sont pour seulement un tiers" ;
    –"Les sauvetages bancaires ont coûté à l’État grec la somme colossale de 28 Mds € en décembre 2008" ;
    –"Il n’y avait pas d’exception grecque. Cette bulle a fini par exploser (comme en Espagne, aux États-Unis ou en Irlande).

    Le gouvernement Papandréou de 2009 a alors présenté comme une crise de la dette publique ce qui était en réalité une crise bancaire. Pour ce faire, il a, entre autres, falsifié les chiffres du déficit (qu’il a artificiellement gonflés de 11,9 % à 15,8 % |10|) et de la dette publique (qu’il a augmenté de 28 Mds € |11|, avec l’aide d’Eurostat). Les annonces fréquentes relatives à une prétendue détérioration de la situation budgétaire de la Grèce ont alors provoqué une spéculation sur sa dette" ;

    –"La Troïka ne pourra pas servir l’argument préféré des réformateurs, selon lequel le pays n’aurait pas assez bien appliqué les mesures en question. L’OCDE elle-même a fait remarquer que la Grèce est le pays qui les a appliquées avec le plus de diligence |16|."

    Il faudrait peut-être en informer les "désinformateurs".

    -"comme le montre noir sur blanc un document interne du FMI |17| l’institution était consciente que ces plans de « sauvetage » allaient augmenter la dette, détruire l’économie du pays et provoquer une crise humanitaire." ;
    –"Le premier objectif réel était de sauver les plus grandes banques européennes. Si celles-ci ont prêté autant à la Grèce, en sachant pertinemment qu’elles alimentaient une bulle spéculative et prenaient des risques inconsidérés, c’est parce qu’elles étaient convaincues – à juste titre – qu’en cas de problème les gouvernements et autres institutions les sortiraient du pétrin." ;
    –"Le FMI est clair sur ce point : « Repousser la restructuration de la dette offre une fenêtre aux créanciers privés pour réduire leur exposition et transférer leurs créances au secteur public »." ;
    –" les banques en question s’étaient alors engagées à ne pas se débarrasser de leurs titres grecs pendant la durée du « sauvetage ». |22| C’est pourtant ce qu’elles ont fait, en profitant des mécanismes d’assistance mis en place par la Troïka."

    Ces gens menteurs incapables de tenir leur parole....

    -" Cette restructuration – qui a consisté en une réduction (« haircut ») de 53,5 % de la valeur faciale (valeur d’origine) des titres grecs – a été présentée à l’opinion publique comme un généreux cadeau que faisaient les créanciers à la Grèce en lui effaçant la moitié de sa dette (soit 106 Mds €).

    Ce qui a été tu, c’est le fait que les banques grecques et étrangères qui ne s’étaient pas encore débarrassées de leurs titres grecs ont été indemnisées, alors que des pertes considérables ont été imposées aux petits porteurs grecs et aux fonds de pension (14,5 Mds € prélevés sur leurs 21 Mds € de réserves), entraînant des suicides de personnes ayant perdu leur épargne." ;
    –"les Grec.que.s n’ont pas vu la couleur de l’argent « prêté » par la Troïka (+- 240 Mds €). Alors que ces prêts ont été présentés comme étant destinés à aider la Grèce, notamment pour lui permettre de payer salaires et retraites, la majeure partie n’est même pas passée par le pays et a directement atterri sur les comptes en banque des créanciers." ;
    –"Les dépenses publiques en santé ont été rabotées d’1/4 rien qu’entre 2009 et 2011.
    Des maladies comme la tuberculose et la malaria ont fait leur grand retour (et le sida a fortement augmenté).
    2 986 écoles ont fermé ou fusionné rien qu’entre 2008 et 2012 |34|.
    Les conventions collectives de travail ont été détruites.
    Le travail a été rendu obligatoire dans différents secteurs |35| en cas de grève pour en casser l’impact.
    Les libertés d’expression et d’assemblées ont été restreintes.
    La répression du mouvement social, les arrestations préventives, les prisons de haute sécurité pour activistes, les interrogatoires de mineurs ou la torture de militantEs antifascistes sont devenues monnaie courante.
    L’extrême droite s’est particulièrement renforcée.
    La consommation de drogue et les suicides ont explosé." ;
    –"En plus d’être illégitime et insoutenable, cette dette envers la Troïka (80 % de la dette grecque actuelle) est tout simplement illégale." ;
    –" l’adoption du deuxième « accord » (février-mars 2012), celui-ci a été signé alors qu’était en fonction un gouvernement « technique » mis en place sans élections et sous pression directe de la Troïka" ;
    –" en violation des principes directeurs de la Commission européenne elle-même, aucune étude d’impact sur les droits humains n’a été menée dans le cas de la Grèce"

    Le fameux respect des "règles"...

    -"selon le Conseil de l’Europe lui-même, les mesures de réduction du salaire minimum (d’un tiers) à un niveau inférieur au seuil de pauvreté étaient illégales" ;
    –"La BCE a outrepassé son mandat. Elle a en effet établi des conditionnalités à ses rachats de titres au comportement des États membres concernés, en particulier l’application rigoureuse de mesures budgétaires, ce qui est illégal au regard de sa propre exigence d’« indépendance ». Elle a exercé une pression illégale sur le gouvernement grec lorsque, par exemple, elle a annoncé qu’à partir du 11 février 2015, elle cesserait d’accepter les obligations de la dette grecque en garantie." ;

    –" La banque privée Goldman Sachs a aidé le gouvernement grec de l’époque à maquiller les comptes du pays pour lui permettre de rentrer dans la zone euro"

    =>Sarkozy, conférencier à Goldman Sachs
    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/04/21/97002-20130421FILWWW00058-sarkozy-conferencier-chez-goldman-sachs.php
    =>http://zinc.mondediplo.net/messages/4215 ; http://zinc.mondediplo.net/messages/3605

    -" Les prêteurs actuels de la Grèce ont conditionné le sauvetage de 2010 à la confirmation de commandes en suspens de matériels militaires, alors même qu’une partie de ces dépenses relève d’objectifs communs de défense de l’Union européenne" ;
    –"Les pays européens ont prêté 52,9 Mds € « à la Grèce » (en 6 tranches étalées de mai 2010 à décembre 2011). Au départ, ils ont exigé de la Grèce des taux d’intérêt élevés. Leur justification était qu’ils encourageraient un retour rapide de celle-ci sur les marchés financiers |45|. Certains États créanciers bénéficiaient de coûts de financement plus faibles que le taux servi et se sont ainsi enrichis" ;
    –"Les prêts de la Troïka, loin d’être destinés au paiement des salaires et des retraites, ont au contraire permis de rémunérer les holdouts (créanciers privés ayant refusé de participer à la restructuration de 2012) dont beaucoup étaient connus pour être des fonds vautours, en les remboursant sur la base du montant nominal de leurs titres" ;
    –" la BCE a également refusé de participer à cette restructuration. La BCE n’a rien prêté à l’État grec. Elle a racheté des titres grecs sur les marchés secondaires et lui réclame aujourd’hui à leur valeur nominale plus les intérêts. Selon une estimation |46|, la BCE a dépensé 40 Mds d’euros afin d’acquérir des titres pour une valeur nominale estimée à 55 Mds d’euros. La BCE agit ainsi comme un fonds vautour. Bien que l’endettement de la Grèce envers la BCE soit de moindre importance que celui de l’Italie ou de l’Espagne, la BCE perçoit de la Grèce plus d’intérêts que de ces deux pays." ;
    –"Tous les accords ont été conditionnés au respect des mesures dictées par la Troïka, dont les conséquences ont été dévastatrices pour la Grèce et sa population. Cela n’a rien de surprenant : l’accord mandate le cabinet d’avocats Cleary, Gottlieb Steen & Hamilton comme conseiller juridique de l’opération. Ce cabinet est connu en Amérique latine pour ses conseils dans le cadre des opérations visant à transformer des dettes odieuses et des dettes externes caduques en nouvelles obligations dans le cadre du Plan Brady. Ce fut un désastre pour de nombreux pays d’Amérique latine " ;
    –"La mise en vente des propriétés mentionnées ci-dessus a été finalisée en octobre 2013 à l’encontre de toute considération rationnelle pour le montant dérisoire de 261,31 millions d’euros. Après la transaction, il a été rendu public que la Grèce continuerait d’occuper les mêmes bâtiments au cours des 20 prochaines années en payant à ce titre la somme de près de 600 millions d’euros (page 129).
    La part des salaires dans le revenu national est passée de 60,1 % en 2010 à 55,1 % en 2013, un recul considérable de 5 points de PIB en seulement trois ans"

    CADTM - La dette grecque, une tragédie européenne
    http://www.cadtm.org/La-dette-grecque-une-tragedie,13738
    CADTM - Quelques vérités sur la dette grecque
    http://www.cadtm.org/Quelques-verites-sur-la-dette
    #Vidéos

    CADTM - Grèce : la responsabilité du FMI mise au jour, mais tout continue comme avant
    http://www.cadtm.org/Grece-la-responsabilite-du-FMI
    #Austérité #IFI #FMI #PS

    "Après avoir reconnu qu’elle avait sous-estimé les « multiplicateurs budgétaires », autrement dit l’impact de la consolidation budgétaire sur la croissance, pour la Grèce, l’institution de Washington avait récemment, dans un article de recherche reconnu les effets négatifs des politiques d’austérité imposées à Athènes. Ce jeudi 28 juillet, un nouveau rapport est venu critiquer le rôle pris par le FMI dans sa gestion de la crise grecque. Et il est sévère. Le Bureau indépendant d’évaluation du FMI (IEO) a publié un long rapport sur le « FMI et les crises en Grèce, au Portugal et en Irlande » qui dresse un constat : le FMI a agi sous la pression des intérêts de certains pays de la zone euro, contre ses propres intérêts et a cherché pour cela à court-circuiter le conseil d’administration"

    "Dans son rapport, l’IEO confirme notamment ce que, entre autres, la Commission de Vérité sur la dette grecque, établie au printemps 2015 par le parlement hellénique, avait pointé du doigt : pour faire passer le soutien financier à la Grèce du FMI malgré le caractère insoutenable de la dette grecque, la direction de l’institution a fait adopter discrètement une modification des critères d’accès à l’aide du FMI."

    "Créer donc un schéma de Ponzi, avec la complicité du FMI et des pays de la zone euro désireux de maintenir la fiction de la « soutenabilité » de la dette grecque. C’est ce montage qui a obligé la Grèce à aller toujours plus loin dans la politique d’austérité puisque ses créanciers continuaient à vouloir faire croire qu’une purge budgétaire et des « réformes structurelles » suffiraient à rendre la dette soutenable."

    "Si le FMI avait appliqué ses critères habituels, il aurait imposé une restructuration de la dette dès 2010. C’est la procédure habituelle du Fonds : faire de l’austérité contre une coupe dans la dette. Selon une étude parue en 2015 aux Etats-Unis, les équipes avaient proposé cette possibilité au directeur général d’alors du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Ce dernier l’aurait cependant rejeté et aurait refusé de le proposer aux Européens.(...) les causes de ce refus de la restructuration de la dette en 2010 sont connues : c’est la protection des banques européennes, principalement françaises et allemandes, exposées à la dette grecque. Il fallait rapidement venir à la rescousse de ces créanciers, pour leur donner le temps de vendre les titres à des investisseurs rassurés par l’implication du FMI."

    "Cette soumission du FMI a permis le développement du storytelling officiel : la faute est grecque. La Grèce aurait fait des excès et elle serait « sauvée » et « aidée » par les Européens. Plus tard, lorsque l’échec de ces politiques était devenu évident, le problème a encore été porté sur les Grecs qui auraient refusé de « s’approprier les programmes ». Or, là aussi l’IEO souligne que l’aveuglement du FMI a été total et qu’il a bien été commis des erreurs de politiques économiques majeures, notamment, comme on l’a vu par l’oubli du passé. « Les programmes du FMI pour la Grèce et le Portugal ont inclus des projections de croissance largement trop optimistes », indique le rapport qui ajoute des « projections plus réalistes auraient rendu évidents les impacts sur la croissance et la dynamique de la dette de la consolidation budgétaire ». L’IEO indique que ceci aurait conduit à laisser « jouer les stabilisateurs automatiques », ce qui n’a pas été fait et a conduit à l’effondrement de 25 % du PIB grec sur 6 ans"

    " le nouveau gouvernement grec a réclamé la fin de ce cercle vicieux et a demandé la construction d’un compromis qui lui a toujours été refusé. Les créanciers ont préféré une nouvelle fois briser l’économie grecque plutôt que de reconnaître les erreurs que l’IEO met en avant aujourd’hui."

    "L’IEO rappelle que dès 2011, elle avait mis en garde contre l’aveuglement vis-à-vis de la zone euro, sans succès. La réponse, vendredi 29 juillet, de l’actuelle directrice générale Christine Lagarde n’est guère encourageante de ce point de vue : elle a repris la critique de la Grèce, de son manque « d’appropriation » des programmes, de l’instabilité politique du pays et a finalement rappelé que la Grèce est restée dans la zone euro, ce qui était « un objectif majeur »."

    "Selon une étude de l’OCDE datée de 2015, la Grèce a été le pays le plus « réformateur » de l’organisation. Dire que la Grèce n’a rien fait n’a pas de sens "

    "En réalité, rien n’a changé. La politique du troisième mémorandum et du troisième mémorandum « et demi » imposée à la Grèce en août 2015 et encore en juin 2016 viennent le confirmer. Aucune critique n’a été réalisée au sein de la zone euro sur les politiques menées."

    "Cet Eurogroupe refuse toute remise en cause de la narration officielle et continue à réclamer du gouvernement grec un « engagement » dans le programme. La mise en place de coupes automatiques dans les dépenses pour atteindre l’objectif d’excédent primaire de 2018 est le nec plus ultra de cette logique. Et la preuve que rien n’a réellement changé. Aujourd’hui, la narration officielle fait toujours porter la faute de l’échec des programmes (...) sur les Grecs et sur son gouvernement"

    Trends – Tendances, Avis de tempête au Fonds monétaire international, le 18 août 2016 – Blog de Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/08/24/trends-tendances-avis-de-tempete-au-fonds-monetaire-international-le-18-aout-2016/#more-88618

    CADTM - Grèce : les « erreurs » du FMI. 29 août par Michel Husson
    http://www.cadtm.org/Grece-les-erreurs-du-FMI

    "C’est pourquoi il est éclairant de revenir sur la genèse de cet accord et sur le premier bilan dont il a déjà fait l’objet en 2013, avant d’analyser les relations entre le FMI et les institutions européennes au sein de la Troïka."

    "de nombreux directeurs ont exprimé le plus profond scepticisme et il est intéressant de rapporter leurs commentaires, tant ils apparaissent prémonitoires. Pablo Pereira, le représentant argentin, développe une critique en règle qui renvoie à l’échec cuisant du programme du FMI en Argentine : « Les dures leçons de nos propres crises passées sont difficiles à oublier. En 2001, des politiques similaires ont été proposées par le Fonds en Argentine. Ses conséquences catastrophiques sont bien connues (...) Il y a une réalité incontestable qui ne peut être contestée : une dette qui ne peut pas être payée ne sera pas payée sans une croissance soutenue (...) Nous savons trop bien quelles sont les effets des « réformes structurelles » ou des politiques d’ajustement qui finissent par déprimer la demande globale et, par conséquent, les perspectives de reprise économique (...) Il est très probable que la Grèce finisse plus mal en point après la mise en œuvre de ce programme. Les mesures d’ajustement recommandées par le Fonds vont réduire le bien-être de sa population et la capacité réelle de remboursement de la Grèce »."

    "Il existait en 2010 un consensus néo-libéral autour de l’idée selon laquelle l’austérité budgétaire (la « consolidation ») n’aurait pas d’effet trop défavorable sur la croissance. En juillet 2010, par exemple, Christine Lagarde, alors ministre française de l’économie, inventait le concept de « rilance », un mélange improbable de rigueur et de relance, tandis que Jean-Claude Trichet affirmait que « c’est une erreur que de croire que la rigueur budgétaire s’oppose à la croissance et à la création d’emplois |5| ». Le même Trichet, à la tête de la BCE, récusait tout défaut sur la dette : « Les pays industrialisés n’ont jamais fait défaut depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et mon hypothèse est qu’ils ne feront pas défaut. Cela suppose qu’ils s’engagent dans des programmes d’ajustement budgétaire qui leur redonnent la maîtrise de leur dette ».

    Dominique Strauss Kahn, alors directeur du FMI, s’était fait remplacer à la réunion sur la Grèce de mai 2010, mais, comme le racontera plus tard Philippe Legrain |6|, un ancien conseiller de Barroso, il avait auparavant « mis en minorité les décideurs du FMI. Bien décidé à se présenter aux élections présidentielles françaises de 2012, DSK « ne voulait pas infliger de pertes aux banques françaises » et c’est pourquoi il s’opposait à toute restructuration de la dette grecque |7|. En septembre 2010, il suscitera une note de position du staff, cosignée par le chef du Département des finances publiques du FMI, qui décrète que le défaut sur la dette des pays avancés serait « inutile, indésirable et improbable » |8|."

    "Il s’agissait donc de subrepticement modifier les règles du FMI. Plusieurs directeurs avaient soulevé le lièvre, notamment le suisse René Meyer qui avait posé la vraie question : « Pourquoi la restructuration de la dette et la « participation du secteur privé » [PSI, Private sector involvement] n’ont-elles pas été prises en considération ? »"

    "Les décisions avaient été prises en amont, lors de tractations de couloir. C’est ce que confirmera plus tard à la Commission pour la vérité sur la dette grecque le directeur grec de l’époque, Panagiotis Roumeliotis : « Il y a eu des rencontres secrètes, dans des hôtels, entre des représentants du FMI et des représentants français et allemands pour discuter de la participation des banques à une éventuelle restructuration. Ces discussions ont eu lieu avant la décision du premier mémorandum et elles ont abouti au choix de ne pas restructurer |10| ».

    ll faut y voir aussi la pression des pays européens, dignes mandataires de leurs banques. Ce changement de règle était en effet motivé par les possibles « effets en retour systémiques au niveau international », autrement dit par la volonté d’empêcher toute contagion d’une restructuration de la dette grecque à d’autres pays en difficulté, comme le Portugal, l’Espagne, l’Irlande, voire l’Italie."

    "Mais le sommet du cynisme est alors atteint lorsque les représentants des trois pays les plus exposés ont assuré, la main sur le coeur, que leurs banques ne lâcheraient pas la Grèce."

    "La palme revient cependant au français, Ambroise Fayolle : « Il y a eu une réunion plus tôt cette semaine entre les grandes banques françaises et mon ministre, Mme Lagarde. Je voudrais insister sur la déclaration publiée à l’issue de cette réunion, selon laquelle les banques françaises s’engagent à maintenir leur exposition à la Grèce durant toute la durée du programme ». Bref, « les banques françaises, qui sont parmi les plus exposées en Grèce, feront le job »."

    "Philippe Legrain a confirmé cette analyse lors de son audition par la Commission pour la vérité sur la dette grecque. Selon lui, « le choix de ne pas restructurer en 2010 a laissé le temps aux grandes banques européennes de se dégager du « risque grec », et la BCE les y a aidées » en achetant des titres grecs sur le marché secondaire, si bien que les grandes banques n’ont essuyé que peu de pertes et que certaines ont même ont réussi à dégager de beaux profits de cette opération |11|."

    " En 2010, un groupe de neuf économistes dirigé par Daniel Leigh étudie cette question et montre qu’une « consolidation budgétaire » d’un point de PIB conduit à une baisse du PIB de 0,5 %, pouvant même aller jusqu’à 1 % si cette politique est étendue à plusieurs pays |15|. Quelques années plus tard, Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI, publiera avec le même Daniel Leigh un document de travail qui constitue une forme d’autocritique |16|. Il admet que la consolidation budgétaire a conduit à une croissance plus faible que prévu : « une interprétation naturelle est que les multiplicateurs budgétaires étaient sensiblement plus élevés que les hypothèses implicites des prévisionnistes ». Pour résumer, les prévisions étaient faites avec des multiplicateurs voisins de 1/2 alors qu’ils étaient supérieurs à 1.

    Quelques mois après ce mea culpa technique, le FMI publie, en juin 2013, un document qui fait le bilan du premier mémorandum de 2010 |17|. Le FMI constate que « la crise et la récession ont eu des conséquences terribles pour la Grèce »."

    "Dans ce paragraphe, on apprend que la restructuration de la dette ne pouvait être réalisé d’emblée mais que le Fonds a commencé à la mettre en avant à partir du moment où « le programme a déraillé au début de 2011 ». Une restructuration intervenue plus tôt « aurait allégé le fardeau de l’ajustement sur la Grèce et conduit à un recul moins dramatique de la production ».

    Et le FMI charge ses partenaires européens : « La restructuration de la dette avait été envisagée par les parties à la négociation, mais elle avait été écartée par la zone euro ». Cela lui vaudra cette réplique cinglante d’Olli Rehn, alors commissaire européen aux affaires économiques et monétaires : « je ne pense pas qu’il soit juste et équitable pour le FMI de se laver les mains et de lancer l’eau sale sur les Européens |18| » et il enfonce le clou : « Dominique Strauss-Kahn n’a jamais proposé une restructuration de la dette grecque au début du programme » et Christine Lagarde s’y est constamment opposée en tant que ministre française de l’économie."

    "le FMI souligne dans son rapport que le retard dans la restructuration de la dette a été mis à profit par les créanciers privés « pour réduire leur exposition et transférer la dette aux institutions publiques », et cela « à une échelle significative ». On retrouve ici l’une des principales conclusions du premier rapport de la Commission pour la vérité sur la dette grecque |19| : « le premier accord de prêt de 2010 visait en premier lieu à sauver les banques privées grecques et européennes et à permettre aux banques de réduire leur exposition aux titres publics grecs »."

    " Ils soutiennent qu’il est « impossible de construire un scénario alternatif » comparant l’évolution constatée de l’économie grecque avec les résultats éventuels d’une autre stratégie. Cette affirmation est déroutante, car de telles études existent |22|."

    "L’intervention du FMI en Grèce (ainsi qu’en Irlande et au Portugal) était à bien des égards une nouveauté : elle concernait pour la première fois des pays membres de la zone euro, et donc sans possibilité de dévaluer leur monnaie. En outre, le programme était établi conjointement avec les institutions européennes. En temps normal, le FMI aurait organisé une restructuration de la dette, ordonné une dévaluation, et imposé un programme d’ajustement drastique. Mais ce n’était pas possible : la restructuration de la dette était exclue et la dévaluation impossible."

    "En ce qui concerne la BCE, les choses sont assez simples : elle n’aura été que le « bras armé des créanciers |24| ». Elle a coupé le robinet des liquidités quand il fallait faire pression sur le gouvernement grec, et elle l’a ouvert à nouveau quand ce dernier a fait allégeance. Quant à la Commission européenne, elle a servi de façade institutionnelle : c’est l’Eurogroupe qui est le véritable lieu de décision, alors même qu’il « n’a pas d’existence légale |25| »."

    "La raison pour laquelle les représentants européens refusent toute restructuration de la dette grecque est d’ailleurs assez simple à comprendre : 73 % de cette dette est détenue par les institutions européennes, contre seulement 5 % par le FMI "

    " l’Eurogroupe. A travers ce dernier, c’est l’Allemagne, suivie par la France |30|, qui a exigé des gouvernements grecs successifs qu’ils avalisent les prévisions ultra-optimistes associées aux différents programmes."

    "La troïka a donc été le théâtre d’un face-à-face entre le FMI et l’Eurogroupe que l’on peut résumer ainsi. Sous la pression des Européens, le FMI a choisi en 2010 de violer ses statuts et d’avaliser un programme tout en sachant pertinemment qu’il n’était pas viable. Sous le prétexte du « risque systémique », il y avait le lobby des banques européennes, relayé à la tête même du FMI et au sein de son Conseil d’administration."

    "C’est ce que montre la fameuse lettre de Christine Lagarde qui ose déplorer que les réformes, notamment des retraites, ont été « trop longtemps reportées ». La capitulation de Tsipras impliquait son alignement sur l’Eurogroupe qui dispose, avec la BCE, de tous les outils pour étrangler l’économie grecque, et qui s’en est déjà servi."

    Grèce : le FMI savait que le programme échouerait dès 2010. Par Romaric Godin
    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-fmi-savait-que-le-programme-echouerait-des-2010-639615.html

    "Ces révélations étaient, pour tout dire, passées relativement inaperçues en Europe lorsqu’elles ont été publiées dans le dernier ouvrage du journaliste étasunien Paul Blustein, Laid Low, paru en octobre dernier aux Etats-Unis"

    "Ce récit détaillé confirme ce que d’autres sources avaient déjà établies, notamment la Commission sur la Vérité de la dette grecque [...], mais aussi par d’autres journalistes étasuniens et par l’instance de surveillance interne du FMI"

    "les experts du FMI ne se faisaient aucune illusion sur la capacité du programme à sortir la Grèce de l’ornière. C’est la grande information de ce livre qui cite un « mémo interne » du chef économiste du FMI d’alors, Olivier Blanchard, transmis le 4 mai 2010"

    "Dans la version officielle qui a toujours cours et qui est encore largement acceptée par les décideurs et observateurs européens, c’est le manque d’implication de la Grèce dans le programme de réformes qui a fait échouer ces plans"

    "Ce mémo prouve que le FMI savait donc parfaitement ce qui allait se passer en Grèce"

    "Le verdict est sans appel : le programme de 2010 était fondé sur des illusions et ceux qui ont pris la décision de le mettre en place le savaient. La responsabilité de l’échec ne saurait alors être imputée à la Grèce et aux Grecs, comme c’est le cas depuis 2010"

    "Paul Blustein affirme que « cette recommandation d’Olivier Blanchard n’a pas été retenue ». Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a fait avaler la couleuvre au Fonds"

    "Le FMI a travaillé durant le printemps 2010 à un « plan B »"

    "cette option a été violemment repoussée par Jean-Claude Trichet"

    "Jean-Claude Trichet qui a agi comme un obstacle majeur contre toute restructuration de la dette hellénique. La raison en est évidemment la crainte de la contagion, mais l’exposition, alors, des banques françaises et allemandes à la dette grecque (95 milliards d’euros en tout) a joué aussi un rôle majeur. A l’automne 2010, le président de la BCE fera pression sur les gouvernements irlandais et espagnol pour éviter toute restructuration du même type."

    CADTM - Les propositions de Varoufakis qui menaient à l’échec. Par Eric Toussaint
    http://www.cadtm.org/Les-propositions-de-Varoufakis-qui

    CADTM - Le récit discutable de Varoufakis des origines de la crise grecque et ses étonnantes relations avec la classe politique
    http://www.cadtm.org/Le-recit-discutable-de-Varoufakis

    "Ce que ne dit pas Varoufakis, c’est que Papandréou a dramatisé la situation de la dette publique et du déficit public au lieu de faire supporter le coût de cette crise bancaire aux responsables, tant étrangers que nationaux (à savoir les actionnaires privés, les administrateurs des banques, les banques étrangères et autres sociétés financières qui avaient contribué à générer la bulle spéculative). Le gouvernement de Papandréou a fait falsifier les statistiques de la dette grecque, non pas dans les années précédant la crise pour la réduire (comme la narration dominante le prétend) mais en 2009 pour l’augmenter. C’est ce que démontre très clairement la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque dans son rapport de juin 2015"

    "Le Monde dans son édition du 1er août 2017 : « Andréas Georgiou, ancien chef de l’office des statistiques grecques, Elstat, au cœur de la saga des faux chiffres du déficit public au début de la crise de la dette, a été condamné, mardi 1er août, à deux ans de prison avec sursis. Le tribunal correctionnel d’Athènes l’a jugé coupable de « manquement au devoir », selon une source judiciaire. Cet ancien membre du Fonds monétaire international était poursuivi pour s’être entendu avec Eurostat (l’office européen de statistiques, dépendant de la Commission) afin de grossir les chiffres du déficit et de la dette publique grecs pour l’année 2009. Le but supposé : faciliter la mise sous tutelle financière du pays, avec le déclenchement, en 2010, du premier plan d’aide internationale à la Grèce – on en est au troisième, depuis août 2015. |5| »"

    "Plusieurs exemples historiques attestent qu’une faillite était tout à fait compatible avec le redémarrage rapide des activités financières au service de la population. Il fallait s’inspirer de ce qui se faisait en Islande depuis 2008 |8| et de ce qui avait été réalisé en Suède et en Norvège dans les années 1990 |9|. Papandreou a préféré suivre l’exemple scandaleux et catastrophique du gouvernement irlandais qui a sauvé les banquiers en 2008 et allait en novembre 2010 devoir accepter un plan d’aide européen qui a eu des effets dramatiques pour le peuple irlandais."

    Comment le cimentier #Lafarge a demandé et obtenu le démantèlement du droit du travail en Grèce - Basta !
    https://www.bastamag.net/Comment-le-cimentier-Lafarge-a-demande-et-obtenu-le-demantelement-du-droit
    PAR BENOIT DREVET, LEILA MINANO, NIKOLAS LEONTOPOULOS
    #Lobbying

    "L’influence du secteur privé a irrigué l’ensemble des mesures d’austérité qui ont étranglé les grecs dès 2010. Et c’est le FMI lui même qui le constate de manière « frappante », dit-il, dans un mémorandum confidentiel publié en 2014 par nos confrères du Wall Street Journal et d’El País.

    Dans ce document secret, le board du Fond confie que « le secteur privé est pleinement à l’origine du programme considéré comme l’outil permettant de mettre fin à plusieurs privilèges dans le secteur public »"

    http://zinc.mondediplo.net/messages/25486
    http://zinc.mondediplo.net/messages/3866
    http://zinc.mondediplo.net/messages/3645
    http://zinc.mondediplo.net/messages/9745

    La politique de la Troïka en Grèce : Voler le peuple grec et donner l’argent aux banques privées, à la BCE, au FMI et aux États dominant la zone euro
    http://www.cadtm.org/La-politique-de-la-Troika-en-Grece-Voler-le-peuple-grec-et-donner-l-argent-au

    "Le silence complice qui pèse sur la situation de la majorité du peuple grec est scandaleux : des études très sérieuses indiquent que le taux de mortalité infantile a fortement augmenté depuis 2010, de même le taux de mortalité chez les personnes âgées (voir cet article. Voir aussi « Grèce : Le démantèlement méthodique et tragique des institutions de santé publique »). Le taux de suicides a été multiplié par trois."

    "Dans cet article, sont passés en revue quelques moments clés de la période mémorandaire et de celle qui l’a précédée."

    "La crise grecque n’était pas une crise de dettes publiques mais bien une crise des dettes privées"

    "Les causes structurelles de la crise grecque sont le produit des politiques menées dans le cadre de la construction européenne"

    "À partir de mai 2010, la dette est devenue un thème central en Grèce et dans le reste de la zone euro. Le premier programme de 110 milliards d’euros mis au point par la Troïka, qui s’est constituée pour son élaboration et son exécution, a brutalement provoqué l’augmentation de la dette publique grecque. Le même processus s’est produit en Irlande (2010), au Portugal (2011), à Chypre (2013) et en Espagne sous une forme particulière. Les programmes avaient cinq objectifs fondamentaux"

    "Il fallait s’inspirer de ce qui se faisait en Islande depuis 2008 [11] et de ce qui avait été réalisé en Suède et en Norvège dans les années 1990 [12]. Papandréou a préféré suivre l’exemple scandaleux et catastrophique du gouvernement irlandais qui a sauvé les banquiers en 2008 et allait en novembre 2010 devoir accepter un plan d’aide européen qui a eu des effets dramatiques pour le peuple irlandais."

    "La falsification des statistiques a aidé à justifier l’intervention de la Troïka"

    "Comme l’écrit Le Monde en collaboration avec l’AFP : « Cet ancien membre du Fonds monétaire international était soupçonné de s’être entendu avec Eurostat (l’office européen de statistiques, dépendant de la Commission) afin de grossir les chiffres du déficit et de la dette publique grecs pour l’année 2009. Le but supposé : faciliter la mise sous tutelle financière du pays, avec le déclenchement, en 2010, du premier plan d’aide internationale à la Grèce (…) » [15]"

    "La responsabilité des dirigeants européens dans la mise en place de ces falsifications est attestée par les multiples pressions qu’ils ont exercé sur la justice grecque afin d’obtenir l’acquittement d’Andréas Georgiou."

    "8 semaines, la BCE a racheté à une quinzaine de grande banques privées européennes environ 2/3 des titres publics grecs qu’elles détenaient. "

    "Si la BCE n’avait pas massivement racheté des titres grecs, le prix serait tombé bien plus bas. Cela aurait obligé les banques privées des puissances dominantes de la zone euro à se tourner une fois de plus vers leurs gouvernements et cela aurait contribué à amplifier la remise en cause du système capitaliste dans un contexte où mûrissaient les conditions qui ont fait émergé le grand mouvement des indignés."

    "Les banques du Centre ont obtenu de la presse internationale et de leurs gouvernements qu’une campagne soit menée pour rendre les Grecs et plus généralement les PIIGS [...] responsables de leurs problèmes afin de faire oublier que ceux-ci provenaient en réalité de leur politique aventurière de recherche du profit maximum, principalement dans le marché des produits structurés aux États-Unis et ailleurs."

    "Les affirmations mensongères des représentants de l’Allemagne, de la France et des Pays-Bas dans la direction du FMI pour convaincre leurs collègues d’imposer le premier mémorandum"

    "directeur exécutif brésilien concernant l’absence de processus de restructuration dans le programme :
    « En l’état, le programme risque de remplacer un financement privé par un financement public. Pour le dire en des mots plus forts, il pourrait être vu non pas comme un plan de sauvetage de la Grèce, qui aurait à subir un violent ajustement, mais comme un bail-out des détenteurs privés de la dette grecque, principalement des institutions financières européennes. »

    Le directeur exécutif argentin a quant à lui déclaré :
    « Dans la mesure où nous traversons encore une crise systémique mondiale, la stratégie de resserrement budgétaire et d’isolation du pays en le blâmant pour son indiscipline budgétaire passée ou son manque de compétitivité, sera très probablement un échec"

    "Parmi les membres du conseil général du Fonds de stabilité financière tel qu’il a été mis en place en 2010 par la Troïka, on trouvait jusqu’en avril 2016 (http://www.hfsf.gr/files/announcement_20160418_en.pdf),Pierre Mariani qui est co-responsable de l’échec et du désastre financier de la banque Dexia. Cette banque belgo-franco-luxembourgeoise a dû être sauvée à trois reprises par les autorités belges, françaises et luxembourgeoises. Les lourdes pertes enregistrées par Dexia entre 2008 et 2012 n’ont pas empêché Monsieur Mariani de se faire voter de substantielles augmentations de sa rémunération. Pourtant, la BCE et la Troïka n’ont rien trouvé de mieux que de le désigner comme un des dirigeants du Fonds"

    "Loin de perdre à ce petit jeu, les créanciers privés troquent des titres qui se vendaient entre 15 et 30 euros sur le marché secondaire pour des titres bien plus sûrs. Surtout ils reçoivent des compensations"

    "la Grèce rembourse à 100 % des titres que la BCE a acheté à environ 75 % de leur valeur entre 2010 et 2012, titres dont la valeur aurait dû être réduite de 53 % si la BCE avait accepté d’apporter sa contribution à la restructuration de 2012."

    Comprendre la dette grecque
    http://www.cadtm.org/Comprendre-la-dette-grecque

    –- <http://seenthis.net/messages/3029>

    La présidente du Parlement grec veut la « vérité » sur la dette❞ Grèce Dette
    http://www.liberation.fr/monde/2015/06/02/la-presidente-du-parlement-grec-epingle-l-allemagne-et-les-socialistes-eu

    La présidente du Parlement grec veut la « vérité » sur la dette

    #Grèce #Dette

    –Et la Grèce redevint exemplaire. par Serge Halimi . Novembre 2021
    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/11/HALIMI/64000


    CADTM - Et pendant ce temps-là, en Grèce. Par Michel Husson
    http://cadtm.org/Et-pendant-ce-temps-la-en-Grece#nh2

    -"C’est oublier que la Grèce a déjà fait des réformes, saluées par le Fonds monétaire international (FMI) |3| ou par l’OCDE, qui signalait en 2013 que « la Grèce a le taux le plus élevé de l’OCDE de réponse aux réformes structurelles recommandées » |4|. Cela n’a pas empêché le pays de plonger dans une terrible récession, et on voit mal comment le troisième plan pourrait avoir d’autres effets." ;
    –"Les résultats économiques pour 2015 apparaissant moins mauvais que prévu, Alexis Tsipras avait alors préparé un programme d’urgence humanitaire (couverture médicale, soupes populaires, « facture sociale » d’électricité, classes de soutien). Mais le mémorandum stipule qu’aucune mesure budgétaire ne peut être prise sans l’accord des créanciers, et ce projet de « programme parallèle » a été retiré sous la pression de l’eurogroupe, qui menaçait de ne pas assurer son dernier versement d’un milliard d’euros" ;
    –"L’enjeu est clairement politique : en rappelant au gouvernement grec l’étroitesse – sinon l’absence – de marges de manœuvre, les créanciers veulent lui retirer toute possibilité de se faire le garant d’une application moins brutale du mémorandum."

  • Les limites physiques à la croissance sont à notre porte, l’effondrement menace, mais nous ne le voyons pas, par Alexis Toulet

    http://www.pauljorion.com/blog/2016/12/19/les-limites-physiques-a-la-croissance-sont-a-notre-porte-leffondrement-m

    Dans un monde fini, la croissance économique peut-elle continuer indéfiniment ?

    Beaucoup comprennent intellectuellement que non, et pourtant les preuves que nous approchons des limites physiques à la croissance sont largement négligées, comme si la question ne nous concernait pas, comme si elle ne devait se poser que dans un avenir lointain.

    Bien pire, les risques que l’atteinte des limites provoque un effondrement économique plutôt qu’un simple plafonnement de la prospérité, risques qui se précisent de plus en plus, ne sont ni aperçus ni discutés en dehors de cercles très réduits.

    Comment un tel aveuglement est-il possible ? A quelles limites et quels risques l’économie mondiale fait-elle face à court/moyen terme ? Gail Tverberg, analyste des liens entre énergie et économie et notamment des impacts prévisibles des limites sur les ressources naturelles, mène l’enquête.

    Si nous abandonnons notre système économique à base d’endettement, nous perdons la capacité d’extraire le pétrole et les autres ressources qui nous apparaissent facilement disponibles. Nous pouvons avoir une économie simple et locale, peut-être basée sur le bois comme source d’énergie principale, sans endettement. Mais il semble peu probable que nous puissions conserver une économie mondiale fournissant le gîte et le couvert à 7,2 milliards de personnes.

    Ce qui rend la situation si inquiétante est que la finance semble être maintenant proche d’une crise. L’endettement autre que public n’a pas cru très rapidement depuis 2008. Les gouvernements ont tenté de résoudre le problème en gardant les taux d’intérêt très bas et en utilisant l’assouplissement quantitatif. Maintenant les Etats-Unis commencent à réduire le rythme de l’assouplissement. Si les taux d’intérêt devaient augmenter beaucoup, nous verrions probablement revenir la récession, avec beaucoup de licenciements. Si cela arrivait, les banqueroutes redeviendraient un problème et le crédit s’assècherait comme à la fin 2008. Sans crédit, le prix de toutes les matières premières tombera, comme à la fin 2008. Sans la magie transitoire de l’assouplissement, les nouveaux investissements, même dans le pétrole, seront sabrés.Les gouvernements devront réduire leur taille et pourraient même s’effondrer.

  • Hystérie collective autour de Donald Trump - Mise au point Tatiana Ventôse
    Le bon sens ne nuit pas
    La Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=4egtarw11uA

    Source : http://yetiblog.org/index.php?post/2068

    Tatiana Jarzabek, alias Tatiana Ventôse, 28 ans, est la présentatrice de l’excellent Fil d’actu. Une jeunesse qui pourrait être une de mes filles, et c’est pourquoi son message me touche tant. Elle est outrée par nos réactions de Tartuffe face à l’élection de Donald Trump et elle le dit vertement.
    « Ce qui compte, ce n’est pas Donald Trump est président. Ce qui compte, c’est que les conditions qui ont permis à Donald Trump d’être président, elles, elles existent depuis très longtemps. »

    Découvert sur le site de Paul Jorion : http://www.pauljorion.com/blog/2016/11/12/hysterie-collective-autour-de-donald-trump-mise-au-point

    • C’est précisément à cause de cette analyse que je pense depuis le deuxième ou troisième jour après l’élection de Hollande — en gros, le moment où il a bien fait comprendre que les promesses de campagne, il n’en avait rien à cirer, que tout ce qu’il voulait, c’est le pouvoir et en faire ce qu’il voulait ou, plus exactement, ce que ses copains et commanditaires voulaient — c’est à ce moment que j’ai compris que sauf gros miracle politique, l’élection de Marine Le Pen était inéluctable.
      Et quand tu vois le niveau de politiques des gus qui prétendent aller l’affronter au second tour — parce que pour le premier tour, c’est plié, dans leurs tête — tu te dis que c’est joué.

      Et du coup, ces blaireaux renouvellent l’état d’urgence…

    • Lettre d’Élisée Reclus à Jean Grave
      « Voter, c’est abdiquer »

      Clarens, Vaud, 26 septembre 1885.

      Compagnons,

      Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n’est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l’exercice du droit de suffrage.

      Le délai que vous m’accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j’ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.

      Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.

      Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

      Voter c’est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l’homme change avec lui. Aujourd’hui, le candidat s’incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L’ouvrier, devenu contremaître, peut-il rester ce qu’il était avant d’avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n’apprend-il pas à courber l’échine quand le banquier daigne l’inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l’honneur de l’entretenir dans les antichambres ? L’atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s’ils en sortent corrompus.

      N’abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance.

      Je vous salue de tout cœur, compagnons.

      Élisée Reclus

      Lettre adressée à Jean Grave,
      insérée dans Le Révolté du 11 octobre 1885.

      Reclus, Élisée (1830-1905), Correspondance,
      Paris, Schleicher Frères, A. Costes, 1911-1925, pp.364-366.

  • LA PAGE DU CETA N’EST PAS PRÈS D’ÊTRE TOURNÉE, par François Leclerc Blog de Paul Jorion, 1 Novembre 2016
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/11/01/la-page-du-ceta-nest-pas-prete-detre-tournee-par-francois-leclerc/#more-90346

    Il n’a fallu que deux jours pour que, à peine signé devant les caméras, le texte du CETA soit à nouveau rejeté. Les Verts allemands ont annoncé vouloir bloquer sa ratification sous sa forme actuelle au Bundesrat, ce qui est dans leurs moyens étant donné son fonctionnement. La participation du Bundesrat à la ratification du traité est-elle indispensable ? Les juristes allemands planchent sur le sujet, mais la question est épineuse.

    Les Verts se sont alignés sur la position des Wallons et réclament qu’il soit prévu de faire appel, en cas de désaccords des investisseurs, à la justice ordinaire et à l’intervention de juges professionnels appliquant les lois existantes. Cette question va décidément focaliser la ratification du traité au sein de l’Union européenne, un processus demandant des années, période pendant laquelle les dispositions initialement prévues dans ce domaine ne pourront pas être appliquées. Ce domaine n’étant pas de la compétence de la Commission, qui a menée seule les négociations sur la base d’un mandat confidentiel et inaccessible. Avec comme brillante idée de placer les parlements devant le choix du tout ou rien au moment de la ratification. Tout leur réussi.

    Des voix se sont depuis élevées pour regretter qu’une telle formalité ait été prévue, et pour suggérer qu’elle soit dans l’avenir supprimée, mais quel gouvernement pourra maintenant l’assumer ? Dans sa forme actuelle, le CETA avec le Canada n’a pas d’avenir, et le TTIP avec les États-Unis encore moins. C’est un sacré premier coup de canif qui a été donné au contrat libéral. Malgré tout, tout n’est pas permis.

    Le pli étant pris, dans un tout autre domaine – celui de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine – les Pays-Bas font également obstacle à sa ratification finale, après la victoire d’un non au référendum qui impose que le Parlement la confirme. Le gouvernement est à la recherche d’une majorité introuvable dans les deux chambres. Une formule proche de celle qui a prévalu en Belgique pourrait être employée sous la forme d’une déclaration du Conseil de l’Europe – adoptée lors du prochain sommet de décembre – qui serait attachée à l’accord proprement dit et donnerait les assurances permettant sa ratification. Elle ne préluderait pas à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, n’impliquerait pas une aide militaire ou financière, et ne permettrait pas aux Ukrainiens de travailler au sein de l’Union.

    Beaucoup de décisions essentielles ont été déléguées à la BCE et à la Commission, qui ont en commun de ne pas être élues. Ce mouvement va-t-il se poursuivre et s’amplifier, ou les parlements vont-ils avoir de nouveau leur mot à dire ? En ces temps de crise politique, quand ce n’est pas de majorités introuvables, la question a toute son importance. S’affranchir des dernières règles démocratiques qui imposent de trouver des majorités parlementaires pour avaliser la poursuite de la politique libérale est une indéniable tentation. Il reste à en trouver les mécanismes et à l’imposer. Avec la justice arbitrale, ça ne s’est pas bien passé.

    #CETA #TTIP #Allemagne #Canda #Ukraine #Pays_Bas #BCE #commission_européenne #UEF #Démocratie #conseil_de_l’europe #Bundesrat

  • Frédéric Lordon, Marx et Spinoza, par Dominique Temple – Blog de Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/10/22/frederic-lordon-marx-et-spinoza-par-dominique-temple

    Dans son essai sur Marx et Spinoza (Capitalisme et servitude), Frédéric Lordon part du principe que tout être tend vers sa perfection, et que cet essor (conatus) est doué d’affects joyeux qui se transforment en affects tristes lorsqu’il est réduit à l’impuissance. Cette alternative est exploitée, constate-t-il, par ceux dont le conatus particulier est le plus fort. Mais puisque la raison forme des idées adéquates qui s’accompagnent d’affects joyeux, la multitude peut choisir la raison pour se libérer du pouvoir des minorités qui entendent faire prévaloir leurs passions prédatrices.

    « L’exploitation passionnelle prend fin quand les hommes savent diriger leurs désirs communs – et former entreprise, mais entreprise communiste – vers des objets qui ne sont plus matière à captures unilatérales, c’est-à-dire quand ils comprennent que le vrai bien est celui dont il faut souhaiter que les autres le possèdent en même temps que soi. Ainsi, par exemple, de la raison que tous doivent vouloir être le plus nombreux possible à posséder puisque “les hommes, en tant qu’ils vivent sous la conduite de la raison, sont suprêmement utiles aux hommes” (Eth. IV, 37 première démonstration) »[1].

    Il serait donc possible que la démocratie l’emporte sur l’exploitation capitaliste.

  • AVIS DE GROSSE DÉPRESSION SUR WASHINGTON, par François Leclerc – Blog de Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/10/09/avis-de-grosse-depression-sur-washington-par-francois-leclerc
    En gros, filer des miettes aux surnuméraires pour qu’ils arrêtent de pourrir les plans des vainqueurs.

    Wolfgang Schäuble en a tiré la leçon. « Il y a un dénominateur commun : de plus en plus de gens n’ont pas confiance dans les élites, dans les dirigeants économiques et politiques ». Un constat partagé par Paulo Nogueira Batista, le vice-président de la banque de développement créée par les grands pays émergents des BRICS.

    Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a appelé à chasser les « sombres nuages de l’isolationnisme et du protectionnisme », mais comment faire ? « Nous devons faire en sorte que la croissance soit plus équitable », a-t-il proposé après avoir constaté que les inégalités sont « trop fortes ». Christine Lagarde s’est plus prudemment avancée en observant que la mondialisation doit être « légèrement différente ». La croissance mondiale a « profité à trop peu de personnes », a-t-elle découvert, et les « perdants de la mondialisation » doivent être soutenus par des aides spécifiques, en se penchant davantage sur ceux « qui risquent d’être laissés sur le bord du chemin ». Mais la tâche n’est pas mince, reconnait-elle, dans un contexte de croissance économique et de chômage de masse qui offre un « terrain fertile » au mouvement protectionniste.

  • Sciences Critiques, Paul Jorion : « Se débarrasser du capitalisme est une question de survie », le 7 octobre 2016
    Un article de fond de Paul Jorion. Plus que 5 ans !
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/10/08/sciences-critiques-paul-jorion-se-debarrasser-du-capitalisme-est-une-que

    . . . . . . .
    En réalité, il y aura peut-être un million de travailleurs supplémentaires, mais 100 millions d’emplois vont disparaître dans le même temps… Il est très difficile en réalité d’imaginer les conséquences du développement technologique.
    . . . . . . . . . .
    Il faudrait donc que nous nous réconcilions avec l’idée que les machines sont beaucoup plus efficaces que nous, qu’elles constituent un progrès sur nous. Par conséquent, soyons très fiers, puisque c’est nous qui les avons inventées…
    SI ON CONTINUE COMME ÇA, C’EST L’EXTINCTION DE L’ESPÈCE HUMAINE.
    Pour ma part, je dis au contraire que le moment est venu : s’il n’y a pas de prise de conscience générale, pas de rébellion dans les cinq années qui viennent, c’est cuit pour l’espèce humaine. Le tournant, c’est maintenant. Il faut sortir du capitalisme ! Se débarrasser du capitalisme était une question de justice au XIXème siècle, maintenant c’est une question de survie.

    Que se passera-t-il si cette révolte populaire n’advient pas ?
    Il y aura une concurrence toujours plus grande entre les gens qui ne gagnent leur vie que par le salariat. Cela veut dire que les salaires vont continuer à baisser. Le patronat et les milieux d’affaires proposeront alors une allocation universelle, qui sera simplement un moyen de faire taire les contestations. D’autres propositions seront faites, comme généraliser le statut d’intermittent du spectacle ou celui de fonctionnaire à l’ensemble de la population. Mais, je crains que ce ne soit que des palliatifs pour gérer la misère. Comme l’emploi va diminuer, la misère ne va pas arrêter de monter. Et, parallèlement, le poids des salariés dans le rapport de force économique ne va pas arrêter de baisser, quel que soit l’emploi. Un emploi manuel sera remplacé par un robot et un emploi intellectuel par un logiciel.
    UN EMPLOI MANUEL SERA REMPLACÉ PAR UN ROBOT ET UN EMPLOI INTELLECTUEL PAR UN LOGICIEL.

    A l’avenir, faire travailler des êtres humains coûtera trop cher. Le jour où l’on pourra remplacer les contrôleurs du ciel, les camionneurs, les conducteurs de taxi par une machine, il y aura certainement moins d’accidents. Mais où tous ces travailleurs vont-ils aller ? Une chose est sûre : tous ne deviendront pas des programmeurs… Une allocation universelle ravivera la vieille peur des bien-pensants que le désoeuvré aille boire sa paie. Hegel posait déjà la question en 1801 : peut-on imaginer un monde dans lequel personne ne travaillerait ? Et il répondait qu’une grande partie de la reconnaissance que nous obtenons en tant qu’êtres humains vient du travail. Nous en tirons une fierté. Le travail est une institution importante dans notre société. Il nous permet de nous affronter au monde, et je crois que c’est une bonne chose.
    . . . . . . .

    #Salaire_à_vie #Revenu_de_base #Allocation_universelle #Futur #Travail #Capitalisme #Planète #Crise #Travail #Survie #Salaires

    Propos recueillis par Anthony Laurent, rédacteur en chef / Sciences Critiques.

    • Sciences Critiques, Paul Jorion : « Se débarrasser du capitalisme est une question de survie », le 7 octobre 2016
      Un article de fond de Paul Jorion. Plus que 5 ans !
      http://www.pauljorion.com/blog/2016/10/08/sciences-critiques-paul-jorion-se-debarrasser-du-capitalisme-est-une-que

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      En réalité, il y aura peut-être un million de travailleurs supplémentaires, mais 100 millions d’emplois vont disparaître dans le même temps… Il est très difficile en réalité d’imaginer les conséquences du développement technologique.
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      Il faudrait donc que nous nous réconcilions avec l’idée que les machines sont beaucoup plus efficaces que nous, qu’elles constituent un progrès sur nous. Par conséquent, soyons très fiers, puisque c’est nous qui les avons inventées…

      SI ON CONTINUE COMME ÇA, C’EST L’EXTINCTION DE L’ESPÈCE HUMAINE.
      Pour ma part, je dis au contraire que le moment est venu : s’il n’y a pas de prise de conscience générale, pas de rébellion dans les cinq années qui viennent, c’est cuit pour l’espèce humaine. Le tournant, c’est maintenant. Il faut sortir du capitalisme ! Se débarrasser du capitalisme était une question de justice au XIXème siècle, maintenant c’est une question de survie.

      Que se passera-t-il si cette révolte populaire n’advient pas ?
      Il y aura une concurrence toujours plus grande entre les gens qui ne gagnent leur vie que par le salariat. Cela veut dire que les salaires vont continuer à baisser. Le patronat et les milieux d’affaires proposeront alors une allocation universelle, qui sera simplement un moyen de faire taire les contestations. D’autres propositions seront faites, comme généraliser le statut d’intermittent du spectacle ou celui de fonctionnaire à l’ensemble de la population. Mais, je crains que ce ne soit que des palliatifs pour gérer la misère. Comme l’emploi va diminuer, la misère ne va pas arrêter de monter. Et, parallèlement, le poids des salariés dans le rapport de force économique ne va pas arrêter de baisser, quel que soit l’emploi. Un emploi manuel sera remplacé par un robot et un emploi intellectuel par un logiciel.

      UN EMPLOI MANUEL SERA REMPLACÉ PAR UN ROBOT ET UN EMPLOI INTELLECTUEL PAR UN LOGICIEL.
      A l’avenir, faire travailler des êtres humains coûtera trop cher. Le jour où l’on pourra remplacer les contrôleurs du ciel, les camionneurs, les conducteurs de taxi par une machine, il y aura certainement moins d’accidents. Mais où tous ces travailleurs vont-ils aller ? Une chose est sûre : tous ne deviendront pas des programmeurs… Une allocation universelle ravivera la vieille peur des bien-pensants que le désoeuvré aille boire sa paie. Hegel posait déjà la question en 1801 : peut-on imaginer un monde dans lequel personne ne travaillerait ? Et il répondait qu’une grande partie de la reconnaissance que nous obtenons en tant qu’êtres humains vient du travail. Nous en tirons une fierté. Le travail est une institution importante dans notre société. Il nous permet de nous affronter au monde, et je crois que c’est une bonne chose.
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      Finalement, nous sommes comme l’animal sauvage fasciné par les phares d’une voiture en pleine nuit, mais qui décide de rester au milieu de la route… Ces deux gros « yeux » qui lui arrivent dessus lui sont complètement étrangers. Lorsque l’on nous dit que la température au Pôle Nord est supérieure de 12°C à ce qu’elle est habituellement, comme en décembre dernier, nous ne savons absolument pas quoi faire de cette information. Pourtant, lorsque l’on sait ça, il faudrait tout de suite arrêter les gens dans la rue pour leur dire qu’il faut résoudre ce problème à tout prix ! Mais on ne le fait pas, parce que nous ne parvenons pas à nous représenter le problème. L’être humain se rend compte de certaines choses à partir du moment où il les vit dans sa chair. Mais, généralement, il est déjà trop tard.
      Propos recueillis par Anthony Laurent, rédacteur en chef / Sciences Critiques.

  • LE PACTE D’INSTABILITÉ A VÉCU, MAIS C’EST UN SECRET ! par François Leclerc Blog de Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/09/15/le-pacte-dinstabilite-a-vecu-mais-cest-un-secret-par-francois-leclerc
    Les échéances électorales allemande et française de l’année prochaine arrivent à point nommé. Les sortants n’auront plus la responsabilité d’une situation de moins en moins tenable – ne pouvant ni appliquer, ni amender une politique qui ne fonctionne pas et suscite le rejet – et les arrivants pourront se prévaloir de la nouveauté. Ce qui ne leur donnera pas pour autant de marges de manœuvre. Mais d’ici là, il va falloir tenir.

    Des rumeurs insistantes font état de l’intention d’Angela Merkel de ne pas se représenter afin de partir avant que cela ne se gâte davantage, tandis que les sondages confirment que François Hollande ne sera pas en mesure d’accéder au second tour s’il se représente. Mais comment ne pas se retrouver dans cette attente avec une ou nouvelle Grèce sur les bras, dans un contexte qui a changé ? L’Italie, l’Espagne et le Portugal sont tous sur le fil du rasoir, il y a l’embarras du choix. Et pendant ce temps-là, les négociations sur le Brexit vont trainer en longueur, les dirigeants britanniques ayant intérêt à jouer les divisions au sein de l’Union européenne pour négocier au mieux de leurs intérêts.

    En Italie, la crise bancaire devrait être contenue, mais à quel prix ! Aveugle soutenant le paralytique, le système bancaire italien est faute de mieux destiné à soutenir les établissements les plus mal en point, puis condamné à se consumer comme une mèche lente, banque après banque s’il ne s’effondre pas. Mais une autre échéance va entretemps se présenter, Matteo Renzi étant arrivé en bout de course des marges possibles de flexibilité des règles du Pacte de stabilité qui lui ont été accordées à plusieurs reprises par la Commission. Une rencontre avec Angela Merkel – qui sur cette question se défausse désormais sur la Commission – ne lui a pas procuré le mou qu’il demandait, et il est aux taquets, mettant en cause le gouvernement allemand pour ne pas respecter ces mêmes règles, en raison de ses excédents commerciaux qui dépassent 6% du PIB.

    Le référendum de novembre sur le réforme du Sénat s’approche, avec sa démission à la clé s’il le perd, ce qu’il a réaffirmé dans le cadre de sa stratégie de pression sur la Commission, mais qu’il peut mettre à exécution. Les chantages ne fonctionnent que si celui qui en est l’objet est convaincu que celui qui l’exerce ira jusqu’au bout. Après trois années de récession, puis une année 2015 de croissance à un petit 0,8%, le pays a connu une croissance nulle au deuxième trimestre par rapport au premier, ce qui menace par ricochet la réalisation de son projet de budget 2017 qui prévoit une légère diminution du ratio dette/PIB. Le Pacte de stabilité ne résisterait pas à l’arrivée au pouvoir du Mouvement des 5 étoiles, celle de Podemos en Espagne écartée. Il faut donc sauver le soldat Renzi à tout prix, mais comment ?

    Faute d’un gouvernement de plein exercice, l’Espagne n’a pas d’autre perspective que de reconduire son budget 2016 en 2017. Les recettes fiscales en provenance des entreprises ne sont pas au niveau prévu, a admis le ministre de l’économie du gouvernement provisoire Luis de Guindos, ce qui va empêcher de réduire à 4,6% le déficit budgétaire et imposer à nouveau de négocier avec Bruxelles. Le problème sera renvoyé au prochain gouvernement espagnol, si les élections qui vont pour la troisième fois avoir lieu aboutissent cette fois-ci à une investiture gouvernementale. Mais Mariano Rajoy, qui se maintient envers et contre tout, devra revenir sur ses promesses électorales, à la tête d’un gouvernement Parti populaire/Ciudadanos bénéficiant finalement de l’abstention par défaut du PSOE. Une telle hypothèse demande toutefois à se vérifier et présagera des lendemains tumultueux.

    De son côté, le gouvernement socialiste portugais s’est engagé auprès de Bruxelles à diminuer son déficit de budgétaire de 0,6% pour l’année à venir, mais il peine à la tâche. Le soutien du parti communiste et du Bloc de gauche (extrême-gauche) lui étant acquis à condition qu’il ne touche pas aux salaires et aux retraites et qu’il remplisse ses engagements, le ministre de l’économie Mario Centeno cherche un milliard d’euros. L’exercice doit se réaliser sur fond de rumeurs mal intentionnées d’origine spéculative faisant état d’un nouveau plan de sauvetage, une perspective niée par le premier ministre Antonio Costa.
    L’absence de courage politique, qui n’est pas une découverte, empêche de revenir sur les règles du Pacte de stabilité, que les hautes autorités auraient été bien inspirées de ne pas inclure dans des traités. Le mal fait, il va pourtant falloir le défaire… Avis aux amateurs !

  • NOS SOCIÉTÉS D’EMMURÉS, par François Leclerc Blog de Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/09/03/nos-societes-demmures-par-francois-leclerc/#more-88841

    ❞ Dans la foulée de la mondialisation, où prévaut la libre circulation de la monnaie et des marchandises, un nouvel épisode de la marche triomphale de nos sociétés vers toujours plus de progrès est en cours de concrétisation avec le développement de sociétés d’emmurés. Certaines pour se protéger, d’autres pour être enfermé.

    Pour un Mur historique de tombé, combien ont été construits ? Pour mémoire, revenons sans l’épuiser sur l’inventaire des murs-frontières. Nulle région du monde n’est épargnée. De longue date, une zone démilitarisée sépare la Corée du Nord de celle du Sud, et il y a moins longtemps une ligne de démarcation a partagé Chypre. Gaza n’est pas en reste, ainsi que la Cisjordanie, où Israël a fait dans le gigantisme en construisant un mur de béton atteignant neuf mètres de haut pour contenir dans leurs réduits les Palestiniens. D’autres murs zèbrent la carte de l’Asie, ou s’y préparent. L’Inde s’est séparée du Bangladesh par le plus long mur du monde, ainsi que du Pakistan par une autre barrière de séparation. Ce dernier pays en a édifié une avec l’Afghanistan, afin d’empêcher les islamistes armés d’y entrer. Et la Thaïlande veut par ce moyen rendre infranchissable une partie de sa frontière avec la Malaisie, tandis que l’Ouzbékistan poursuit le même objectif pour prendre ses distances avec le Tadjikistan.

    Ces derniers temps, les pays arabes ont multiplié la mise en service de barrières électroniques. Les Marocains avaient commencé dès 1980, en édifiant avec l’aide d’experts israéliens et américains le « mur des sables ». L’Irak implante une telle clôture pour détecter les infiltrations d’insurgés et d’armes provenant de la Syrie et de l’Iran. L’Arabie Saoudite s’en paye une autre destinée à prévenir les infiltrations provenant d’Irak, première étape d’un projet visant à ceindre les 9.000 Km de frontières du royaume d’un système sophistiqué de radars, caméras infra-rouge et tours de surveillance. Les Émirats mettent en place une barrière avec Oman, afin de dissuader l’immigration clandestine, et le Koweït renforce la sienne avec l’Irak faite d’une clôture électrifiée et d’une tranchée. Disposant de moins de moyens, la Tunisie a engagé la construction d’un simple mur de sable à la frontière avec la Libye. ❞
    . . . . .

  • De quoi parle mon dernier livre ? – Blog de Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/07/27/de-quoi-parle-mon-dernier-livre

    Nous ne savons pas mourir, c’est vrai. Nous découvrons aussi, jour après jour, de nouveaux aspects de nos imperfections et des malédictions qui affligent notre sort, qui ne sont pas de notre fait mais avec lesquelles il nous faut vivre et, avec beaucoup de sagesse, nous évitons de les programmer dans la machine. Je notais en 1989 dans Principes des systèmes intelligents que l’inaccessibilité chez nous de certaines traces en mémoire (leur refoulement) en raison des valeurs d’affect trop élevées qui leurs sont associées est « quelque chose de l’ordre du « ratage », dont il vaudrait mieux épargner les effets à un SI [système intelligent] » (1989 : 75 ; 2012 : 117). Nos machines sont des versions améliorées de nous-même.

  • La Loi contre la Nature votée mardi, Sur le Blog de Paul Jorion, ce 18 Juillet 2016, par François de Beaulieu, Gilles Clément, Pierre Lieutaghi, Bernadette Lizet, Marie-Paule Nougaret

    La technique est rodée : ça se passera les derniers jour de la session à l’Assemblée nationale, avant la fermeture pour l’été. La loi qui met fin à la Protection de la Nature se votera en douce, le 19 juillet, entre l’aspiration aux vacances et le vacarme des attentats.

    En dix sept mois de débat, depuis le 24 mars 2015, aucun élu n’a relevé la férocité de ce titre : « loi de reconquête de la nature, de la biodiversité et des paysages ». Nature trop rebelle, trop belle, trop sauvage, une évadée, une réfugiée indésirable qu’il faut punir et exploiter. Déjà le ministère de Mme Royal ne comporte plus de Direction de Protection de la Nature. Ce genre d’institution, ça va en Allemagne, en Italie, en Espagne ou en Suisse, mais en France, voyons, soyons sérieux. La Nature c’est vous — mais peut être y a-t-il lieu, justement, de s’inquiéter d’une férocité si bien assumée.

    Durant les dix sept mois d’aller-venues entre la Chambre et le Sénat, la presse a critiqué les articles concernant les pesticides (et certes lui faut-il le faire, pour conserver quelques lecteurs), mais pour le reste, la loi lui apparaît comme un progrès.

    Pourtant, ceux qui ont eu la patience de suivre les débats sur l’article 33 (http://www.senat.fr/petite-loi-ameli/2015-2016/766.html) qui instaure les banques d’actifs naturels et la compensation de biodiversité en termes financiers, ont compris que c’était le principal enjeu politique. Et hôtelier, disons le, touristique, agricole et immobilier. L’équivalent d’un département artificialisé tous les 7 ans, c’était sans doute trop peu pour le désir de croissance. Il y avait urgence à bousculer la loi de 1976, ses lenteurs, ses insuffisances, et ses obligations de protection.

    La compensation d’une destruction de la nature selon la nouvelle loi doit s’opérer « sans perte nette de biodiversité ». Il y aurait donc des pertes « brutes » de biodiversité dont il n’y aurait pas à se soucier.

    Absurdité et surdité. On a pu voir comment la méthode, encore expérimentale mais non moins expéditive, permettrait, selon le bureau d’études Biotope, de proposer l’échange de toute la biodiversité des 1400 ha la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, contre quelques centaines d’hectares de prairies confiées à des agriculteurs aux pratiques intensives, si jamais il s’en trouve pour accepter.

    Cependant pas un groupe d’experts, pas une association, pas une personnalité médiatique n’a jugé bon d’engager un bras de fer avec le gouvernement sur un texte qui rend la nature déménageable et monnayable sur l’ensemble du territoire.

    Il est vrai que mardi, mercredi au plus tard, si le débat se prolonge, sera nommé le président du conseil d’administration de Agence française pour la biodiversité. (http://www.assemblee-nationale.fr/agendas/conference.pdf?refresh=true) Il y a des places à prendre. De l’argent s’écoulera du béton — à base de gravier naturel, tout de même — sur les aires protégées « susceptibles d’être mobilisées pour mettre en œuvre des mesures de compensation » (article 33 BA). Plus aucun problème de financement. Et des crédits tomberont de l’Agence comme du ciel pour arracher les herbes exotiques envahissantes le long des rives sauvages, à coup de bulldozer.

    #reconquête_de_la_nature #reconquête_de_la_biodiversité #reconquête_des_paysages #ségoléne_royal #ameli #saloperies #environnement #nature #enquêtes #ps

    Source : http://www.pauljorion.com/blog/2016/07/18/la-loi-contre-la-nature-votee-mardi-par-francois-de-beaulieu-gilles-clem

  • Les États-Unis tentés d’appliquer à domicile les méthodes qui ont si bien fonctionné en Irak, par Roberto Boulant – Blog de Paul Jorion
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/07/14/les-etats-unis-tentes-dappliquer-a-domicile-les-methodes-qui-ont-si-bien

    Que peuvent alors éprouver de simples citoyens qui se retrouvent soudainement face à des hommes casqués, en treillis, armés de fusils d’assaut approvisionnés à 30 coups, de jumelles de vision nocturne, et débarquant de véhicules militaires de type MRAP ? Le sentiment d’être dans un pays en guerre bien sûr. Mais surtout, qu’hommes et femmes sont les ennemis de l’État, au seul motif qu’ils manifestent paisiblement dans les rues de leur propre ville !

  • Le réalisme ne saurait se réduire à adopter le point de vue de l’ennemi, par Roberto Boulant

    Nous avons maintenant suffisamment de recul historique pour pouvoir affirmer sans aucune hésitation, que le néolibéralisme est une idéologie qui détruit les hommes et les écosystèmes. De toute évidence, cette violence aussi systémique que nihiliste est même son principe de fonctionnement.

    La première question qui se pose alors est de savoir pourquoi les différents gouvernements poursuivent avec autant de constance, une politique économique aussi manifestement absurde et mortifère ? Arrivé à ce point de déliquescence, l’aveuglement, la bêtise ou le carriérisme, ne suffisent plus à expliquer un tel acharnement dans l’erreur.

    À moins de ne plus envisager le néolibéralisme comme une simple idéologie économique, mais de le considérer pour ce qu’il est vraiment : un véritable projet politique. Un projet totalitaire !

    Car contrairement à ce que prétend la doxa, la mafia néolibérale – comme toutes les mafias -, ne veut pas faire disparaitre l’État, surtout pas ! Elle veut le contrôler pour en détourner le fonctionnement à son unique profit. Et c’est ce que nous voyons se dérouler en ce moment même sous nos yeux : Hollande (ou Tartempion, peu importe le nom de l’Intendant) détruit l’état social et tente de détruire les solidarités collectives qui résistent, MAIS il renforce l’appareil sécuritaire pour le contrôle des gueux. Et s’il a échoué à constitutionnaliser l’état d’urgence, ça n’est que partie remise, un autre au service de la Religion Féroce se chargera d’essayer de nouveau à la suite d’un prochain et inévitable choc.

    L’objectif est simple (d’ailleurs comment attendre de la subtilité de la férocité ?), mais double. Puisque le néolibéralisme est la guerre de tous contre tous au profit du 0,1%, puisque cela implique automatiquement un niveau de violence sociale très élevé, il faut :

    1- Empêcher par tous les moyens une résistance organisée qui déboucherait sur une révolution.


    2- Réprimer les jacqueries, les révoltes aussi spontanées qu’inorganisées, à l’aide d’une police d’état et d’un arsenal juridique adéquat.

    Voilà qui explique pourquoi le Président Hollande a trahi toutes les promesses du candidat Hollande, pourquoi il a nommé Premier ministre un homme ayant réalisé un score pitoyable aux élections internes du PS, pourquoi il a propulsé à Bercy un banquier-associé de chez Rothschild, pourquoi il a fait un cadeau de 40 milliards au patronat, pourquoi il tient absolument à imposer – quel qu’en soit le prix -, l’article 2 de la loi El-Khomry, etc, etc.

    La seconde question qui se pose ensuite, est de savoir comment résister à la guerre que nous livre le néolibéralisme, si les politiciens professionnels qui sont censés défendre nos intérêts, lui sont inféodés ? Il serait en effet d’une naïveté confondante de croire que ceux qui ont fait le couchage de la bête, qui sont à l’origine du problème, auront la moindre volonté de le résoudre. Ils ont une vie tellement confortable…

    La troisième question est spécifiquement française, et tient tout entière dans le génie de nos institutions. Car pour peu qu’il ait une majorité suffisante à l’Assemblée Nationale, et faute de contrepouvoirs effectifs, un Président de la République peut pratiquement tout se permettre. Comment dès lors donner carte blanche pour cinq ans à une personne qui une fois élue n’a plus, ou si peu, de comptes à rendre ?

    Sous ces conditions, prétendre que la violence est en dehors du champ politique, alors même que les décisions qui y sont prises contribuent à transformer une part de plus en plus conséquente de la population en simple déchets (les illettrées en usines, les feignants en tee-shirts, les jeunes en général, etc.), est au mieux un non-sens, au pire un déni de réalité.

    25 siècles après Thucydide (et après un léger amendement), rien n’a vraiment changé, il nous faut toujours choisir : nous reposer sur les politiciens professionnels, ou être libres.
    Source : http://www.pauljorion.com/blog/2016/06/11/le-realisme-ne-saurait-se-reduire-a-adopter-le-point-de-vue-de-lennemi-par-roberto-boulant/#more-86584

    #violence #néolibéralisme #Etat #Démocratie

  • Neoliberalism: Oversold? — Finance & Development, June 2016
    http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/2016/06/ostry.htm

    Moreover, since both openness and austerity are associated with increasing income inequality, this distributional effect sets up an adverse feedback loop. The increase in inequality engendered by financial openness and austerity might itself undercut growth, the very thing that the neoliberal agenda is intent on boosting. There is now strong evidence that inequality can significantly lower both the level and the durability of growth (Ostry, Berg, and Tsangarides, 2014).­

    The evidence of the economic damage from inequality suggests that policymakers should be more open to redistribution than they are. Of course, apart from redistribution, policies could be designed to mitigate some of the impacts in advance—for instance, through increased spending on education and training, which expands equality of opportunity (so-called predistribution policies). And fiscal consolidation strategies—when they are needed—could be designed to minimize the adverse impact on low-income groups. But in some cases, the untoward distributional consequences will have to be remedied after they occur by using taxes and government spending to redistribute income. Fortunately, the fear that such policies will themselves necessarily hurt growth is unfounded (Ostry, 2014).­

    • Sinon, je l’ai trouvé par le blog de Paul Jorion : AU FMI, UN VER DANS LE FRUIT, par François Leclerc
      http://www.pauljorion.com/blog/2016/05/28/au-fmi-un-ver-dans-le-fruit-par-francois-leclerc

      Une cinquième colonne dormante aurait-elle été réveillée au sein du FMI ? Trois de ses économistes, dont le directeur adjoint de son service d’études, viennent de poser une mine à mèche lente sur le site officiel du Fonds.

      On avait déjà noté la fuite d’un document détonnant à propos de la Grèce, non validé par le Conseil d’administration, la veille du jour de la réunion de l’Eurogroupe de la semaine dernière consacré à son cas. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour lire des propos hérétiques mettant en cause l’application de principes de l’économie de marché considérés intangibles, confirmant les débats qui traversent le Fonds.

      Titré de manière provocatrice et employant une terminologie étrangère à celle du FMI – « le Néolibéralisme est-il survendu ? » – un article met en cause les bienfaits systématiques de la libre circulation des capitaux, prend ses distances avec la politique d’austérité et préconise des mesures de correction des inégalités. Tout en n’hésitant pas à user d’un vocabulaire qui n’a pas cours dans ce monde policé, substituant à l’occasion austérité à consolidation fiscale. Il s’entoure des précautions d’usage en citant Christine Lagarde ou Olivier Blanchard (son ex économiste en chef), mais met en cause le gourou Milton Friedman en revenant sur le cas pionnier du Chili.

      Mais j’ai trouvé que la source au FMI était tout aussi claire (certes en anglais).

    • Au tour du Monde
      L’annonce prématurée de la mort du néolibéralisme
      http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/06/04/l-annonce-prematuree-de-la-mort-du-neoliberalisme_4935210_3232.html

      Emoi chez les économistes. Stupeur dans les think tanks. Champagne chez les altermondialistes. Qui aurait cru qu’une revue trimestrielle au nom aussi peu sexy, Finances et Développement – F & D pour les habitués – puisse susciter une telle tempête ? Un mot, un seul, mais ô combien sulfureux, explique l’écho rencontré par un article publié dans la livraison de juin de F & D, la revue du Fonds monétaire international : « néolibéralisme ». Un substantif provocateur, bourré d’idéologie, qui claque dès le titre : « Le néolibéralisme est-il surfait ? »
      […]
      Que disent, derrière ce titre explosif, les auteurs, Jonathan Ostry (numéro deux du département des Etudes du Fonds), Prakash Loungani et Davide Furceri ? Que certes, « il y a beaucoup de choses positives dans l’ordre du jour néolibéral », mais que « certains...

      Et pour aller au delà de ce mais, il faut franchir le #paywall

  • Etats-Unis : privés de pause-toilettes, des employés portent des couches

    http://www.leparisien.fr/partager/index.php?url=http://www.leparisien.fr/economie/etats-unis-prives-de-pause-toilettes-des-employes-portent-des-couches-13-

    Les employés du secteur volailler aux Etats-Unis travaillent dans un tel climat de peur qu’ils n’osent pas demander de pause pour aller aux toilettes et portent des couches au travail, affirme l’ONG britannique Oxfam dans une étude.

    D’après ce rapport publié mardi, « la grande majorité » des 250.000 ouvriers du secteur avicole américain « dit ne pas bénéficier de pauses-toilettes adéquates », en « claire violation des lois américaines de sécurité au travail ». Ils « luttent pour s’adapter à ce déni d’un besoin humain de base. Ils urinent et défèquent debout face à la ligne d’assemblage, portent des couches au travail, réduisent leurs prises de liquides et fluides à des niveaux dangereux » et risquent « de graves problèmes de santé », martèle l’étude.

    Les chefs de ligne refusent aux ouvriers ces pauses « parce qu’ils sont sous pression pour maintenir la vitesse de production », fait valoir Oxfam. « Le secteur volailler affiche aujourd’hui des bénéfices records » tandis que « les ouvriers gagnent de faibles salaires, souffrent de taux élevés de blessures et maladies, évoluent dans des conditions difficiles » et « un climat de peur », dénonce l’étude.

    Les Etats-Unis, un modèle à suivre.

    Les Etats-Unis nous montrent ce que sera le XXIe siècle.