/2016

  • « Toulouse capitale mondiale des salariés épanouis », la classe ouvrière ira-t-elle au paradis ?
    http://universitepopulairetoulouse.fr/spip.php?article803

    La lecture de la Dépêche ces derniers jours nous a réjouis, surpris, mécontentés. A deux jours d’intervalle nous avons appris que en tant que toulousain e s nous étions riches et heureu s e s au travail. Pour celles et ceux qui en ont un, ou qui ne vont pas le perdre dans les prochaines semaines. D’ailleurs les photos choisies de salarié e s de l’entreprise Bergé-Levrault sont là pour appuyer le contenu de l’article. Rigole-t-on autant sur les plateaux de téléperformance ou dans les centres SFR ? (...)

    #Fondation_Copernic_31

    "http://www.ladepeche.fr/article/2016/10/06/2433763-toulouse-capitale-mondiale-des-salaries-epanouis.html"
    "http://www.lejdd.fr/Societe/Jean-Viard-Travailler-un-week-end-par-mois-rend-plus-heureux-707714"
    "http://www.caes.cnrs.fr/nospublications/caes-magazine/caes-du-cnrs-le-magazine-ndeg-102/sommaire-du-ndeg102/jean-viard.pdf"
    "http://www.liberation.fr/debats/2016/05/23/une-drole-de-guerre-sociale_1454648"

  • Face aux urgentismes, la géographie sert aussi à faire la paix - Libération

    http://www.liberation.fr/debats/2016/09/28/face-aux-urgentismes-la-geographie-sert-aussi-a-faire-la-paix_1513746

    Le monde est confronté à une vague d’urgences (attentats, changements climatiques, migrations…) qui ne suscite que des réactions dans la précipitation, souvent excessives. La géographie apporte des pistes de réflexion : elle considère les événements dans le temps long et l’espace profond.

    Face aux urgentismes, la géographie sert aussi à faire la paix

    Face à la menace terroriste, qui est réelle mais qui est souvent exagérée, et qui est même virtuelle, désormais, avec les fausses alertes, le tout-sécuritaire l’emporte. Le contre-effet de ces fausses alertes qu’il engendre paradoxalement confirme au passage l’idée que la radicalisation jihadiste d’une infime fraction de la jeunesse française avec ses rebonds auprès des geeks relève d’un phénomène d’affirmation de soi médiatisée plutôt que d’une conversion religieuse.

    #paix

  • En finir avec l’homogénéité d’une pensée « maternaliste »

    Dans la polémique sur le burkini qui a agité la France cet été, ce n’est finalement pas tant la radicalisation du discours qui frappe que la posture qui l’accompagne. Force est de constater le changement à l’œuvre dans le positionnement des tenants de la laïcité de combat et, plus particulièrement, des féministes dites laïques ou blanches comme Elisabeth Badinter, laquelle considère le port du burkini sur les plages niçoises comme une « provocation dégoûtante », ou Caroline Fourest, qui explique dans le Huffington Post que « toute personne inquiète du radicalisme » « se sentirait mal à l’aise à l’idée de se baigner à côté d’une femme ou d’un groupe de femmes en burkini ».

    Il ne s’agit plus de sauver des femmes opprimées par un mâle basané qui, peu ou prou, imposerait une tenue vestimentaire humiliante et rétrograde à un sexe qui, en plus d’être faible, se trouverait là affaibli : la « rhétorique du salut » et le sentiment de compassion, plus ou moins réel, qui l’accompagnait, ont vécu. Non, il est bien plutôt question d’une volonté formulée de mise à l’écart pure et simple de cet « alter et go » qu’on aimerait ne plus voir, qu’elle rejoigne une fois pour toutes la terre « indigène » censée être la sienne.

    A considérer ce type de réaction pour le moins extrême, l’on ne peut que s’interroger sur ce sentiment d’incompréhension qui parfois se mue en rejet à ce point hystérique qu’il tue toute velléité d’apporter la contradictoire chez l’interlocuteur pourtant patient. Et de fait, terrible et tout aussi révélatrice est cette question qui ne manque pas de vous être posée à un moment ou à un autre alors que vous espériez, car vous espérez toujours, sortir de l’argumentation ad hominem : « oui mais alors tu es pour le burkini ? » ; avec la variante : « tu travailles sur le féminisme, et tu trouves que c’est une attitude féministe de défendre un accoutrement qui dénie toute féminité ? »

    Deux points méritent d’être relevés ici. D’abord, la difficulté qu’il y a à comprendre que l’on puisse être personnellement sceptique au sens strict du terme et vouloir suspendre son jugement : ne pas prendre parti, affirmer que là n’est pas le propos, est d’emblée suspect. Sentiment de suspicion d’autant plus étrange que l’on est toujours invité, par ailleurs, à « vivre et laisser vivre » et à « s’occuper de ses affaires ». Il semble tout aussi clair, second point, que le féminisme continue, quoi qu’on fasse, à se donner à voir comme une pensée « blanche », prônant l’uniformité des attitudes et des femmes, sorte de fractal idéologique qui appelle à l’itération infinie, ne défendant la différence qu’à l’intérieur du cercle restreint de l’homogénéité. D’ailleurs, à la question boomerang que l’on est tenté de lancer en réponse à l’alternative « pour ou contre » - « dans le fond, en quoi le burkini à la plage te dérange-t-il, toi ? » -, c’est, le plus souvent, l’étranger et l’étrangeté qui sont mis en avant, variations sur le thème de la différence qui dérange : « on n’a jamais vu ça », « ce n’est pas nous », « ça ne nous ressemble pas ».

    Mais être féministe, n’est-ce pas se poster à la frontière des loyautés, des appartenances, des vécus ? Essayer de trouver le moyen de vivre avec ce qui ne nous « ressemble pas » en comprenant bien que « ça ne nous ressemblera jamais », que ça n’a pas à nous ressembler et que nous n’avons pas à faire que ça nous ressemble ? Que d’énergie perdue à vouloir assimiler ! N’est-il pas temps d’envisager une déconstruction d’un certain nombre de lignes de force qui organisent notre imaginaire et qui, en dernière instance, participent, de proche en proche, à ces attitudes de rejet et d’hystérie ?

    Qu’on ne s’y méprenne pas. Il n’est pas question d’inviter à un optimisme niais sur les vertus d’une différence toujours enrichissante pour peu qu’on sache la comprendre, ni même d’appeler à une « dynamique de la sororité », dont le caractère par définition sectaire et clanique n’est qu’une variation sur le thème de l’uniformité. Il s’agit bien plutôt d’une triple tâche. La volonté, d’abord, d’en finir avec un certain « maternalisme » qui refait surface à l’occasion, par lequel il faut entendre la propension, classiquement manifestée par une certaine élite féminine mainstream, à prendre en charge les « pauvres femmes » ignorantes de leur condition et de leurs droits et à s’ériger en porte-parole de la cause (à noter le constat fait par le New York Times dans son édition du 2 septembre, selon lequel « les voix des femmes musulmanes ont quasiment été noyées » dans le débat sur le burkini). La nécessité, ensuite, de penser en amont un empowerment, qui donne la parole aux concernées et n’envisage pas l’engagement citoyen ou associatif sur le mode du fair-play à la Coubertin : non, l’essentiel n’est pas de participer, mais d’être entendue. L’exigence, enfin, de penser le féminisme comme une approche transculturelle, qui croise sans chercher à recouper, dans une perspective non consensuelle : nous n’avons pas de raison de nous retrouver, si j’ose dire, les unes dans les autres. Nous avons simplement besoin qu’on nous laisse, toutes autant que nous sommes, nous trouver.

    Soumaya Mestiri

    #feminisme
    #ethnocentrisme

  • Puisque tout est fini, alors tout est permis - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2016/09/22/puisque-tout-est-fini-alors-tout-est-permis_1506625
    http://md1.libe.com/photo/810299-000_dv2061758.jpg?modified_at=1442913351&picto=fb&ratio_x=1

    Parvenu à un certain degré, le désespoir devient une panacée. Puisque tout est fini, alors tout est permis. Nous sommes après la mort, et une certaine folie s’empare de nous. Pareils à des ballons déjà partis trop haut, nous ne pouvons plus redescendre : dans un ciel sans repères, nous cherchons les nouvelles couleurs. Le monde est une pâte à modeler, pas cette masse inerte et triste pour laquelle il passe. Des futurs multicolores nous attendent. N’ayez pas peur, il n’y a plus rien à perdre.

    Par « Le collectif Catastrophe »… (aucune idée de qui cela sont-ce t’ils/elles)

  • Violences policières. « On va te violer, on va venir chez toi, on va venir à la Sorbonne vous exterminer toi et tes collègues »
    http://www.revolutionpermanente.fr/Violences-policieres-On-va-te-violer-on-va-venir-chez-toi-on-va

    Il vient d’arriver cela à un collègue enseignant à Paris-1 (ça n’est pas moi !). Une scène horrible et impensable il y a quelques années. Le discours anti-flic primaire me fatigue. Mais à un moment il faut ouvrir les yeux.
    "Je sortais d’une gare de banlieue avec une copine, en fin de journée. Au moment de passer les tourniquets, on entend des hurlements. Pas un cri normal, mais un cri de douleur, intense, et l’on comprend immédiatement qu’il se passe quelque chose. Comme tous les autres à côté de nous, mon regard est capté par la scène qui se déroule sur notre gauche. Une femme noire d’une cinquantaine d’années est menottée, et c’est elle qui hurle que les menottes lui broient les mains, qu’elle n’en peut plus. Entre elle et le petit attroupement d’habitants qui s’est formé, une trentaine de policiers équipés, avec un chien d’assaut. Il y a la sûreté ferroviaire et la police nationale.
    Les gens sont inquiets, l’ambiance est très tendue, tout le monde demande ce qui se passe, pourquoi ils torturent cette femme en pleine rue. La scène est marquante, elle ressemble à cet été après l’assassinat d’Adama, ou aux images de la mobilisation aux Etats-Unis : une rangée de policiers, face à une autre rangée d’habitantes et habitants noirs de la ville. Ces derniers sont clairs, ils n’ont aucune confiance. Un homme raconte comment son frère a été interpellé sans raison, mis en garde à vue et violenté. Les flics nous disent de « nous casser ».
    J’avais peur pour la victime de cette interpellation, peur de cette scène raciste, je voyais la police déraper à tout moment. J’ai sorti mon téléphone pour filmer, en me disant que cela pourrait cadrer les choses, faire baisser le niveau d’impunité. Ça n’a pas duré plus d’une minute. L’un des flics m’attrape par l’épaule gauche et me fait pivoter : « celui-là on lui fait un contrôle d’identité ». Je demande pourquoi, il m’arrache mon téléphone. Je lui dis qu’il n’a pas le droit de le consulter sans mandat de perquisition.
    Mais tout s’accélère : dès qu’ils ont réussi à me tirer de leur côté du cordon formé par leurs collègues, ils se mettent à deux sur moi, chacun me faisant une clé à l’un des bras. Une douleur énorme me traverse les articulations. J’ai les deux bras torsadés dans le dos, avec ces deux hommes dans des positions qu’ils ont apprises, qui pèsent de toute leur force pour me plaquer contre le mur. A plusieurs reprises, ils m’écartent un peu et me rebalancent, pour que je me cogne. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait juste de m’intimider et de me mettre à l’écart. Mais ils ne relâchent pas. J’ai le souffle coupé et je ne proteste plus, je me dis qu’ils vont m’embarquer pour « outrage » ou « rébellion », et sont en train de chercher à créer des faits de toutes pièces.
    Le pire en réalité n’était pas la douleur. Les deux flics qui sont sur moi sont surexcités. Et ils se lâchent. Crânes rasés, les yeux brillants, j’ai du mal à croire que la scène qui suit est réelle. « On va te tuer, tu es mort, on va te défoncer, je te crève là sur place dans dix minutes ». Et au fur et à mesure que les cartilages s’étirent sous la torsion, ils remontent mes poignets dans mon dos, et augmentent la torsion. Celui de gauche me met la main sur les fesses. « T’as cru que t’allais jouer avec la police ? Regarde comme on va jouer avec toi ». Et il me met une première béquille. Puis il remet sa main sur mes fesses. Avec les clés de bras, je ne peux plus respirer normalement. Nouvelle béquille. « On va te violer, ça te plaît ça ? Je vais te violer et on va voir si après tu filmeras la police ».
    Ça continue. « Tu soutiens Daesh c’est ça ? ». « Quand ils vont venir tu feras quoi ? Tu vas les sucer ? ». « Faudra pas pleurer et demander qu’on te protège ». Je n’ai réalisé que plus tard qu’ils étaient en train de parler de Daesh...pour justifier leur attitude face à une femme racisée qui avait oublié son pass navigo.
    Ils ouvrent mon sac et prennent mon portefeuille, le vident dans mon dos. Ils me prennent mes clopes en me disant de m’asseoir dessus. Ils trouvent ma carte de prof précaire à la fac. « T’es prof ? Quand l’Etat islamique viendra à la Sorbonne tu vas les regarder en te branlant ? ». Celui de gauche : « Regarde-moi sale pédé. Sale pute. Tu habites là-bas hein ? (il montre mon immeuble). Je vais venir chez toi, je vais mettre une cagoule et je vais te violer ». Je suis vraiment abasourdi, je pense qu’il a répété les mêmes menaces une bonne vingtaine de fois en tout. J’ai affaire à des flics politisés, des flics de l’état d’urgence permanent, qui se vivent comme en guerre contre Daesh, un Daesh qu’ils assimilent à toute personne racisée, et avec qui j’aurais pactisé en me solidarisant de leur victime du jour.
    Ils montent encore d’un cran. « Maintenant on va te mettre des coups de tazer, tu vas voir comment ça pique ». Et, toujours celui de gauche, m’envoie une décharge dans le bras. Je sursaute, et je me mets à trembler. J’essaie de ne pas le montrer, je ne dis rien, mais la pensée qui me vient à ce moment est que la situation va peut-être déraper encore plus. Qu’ils vont me faire une autre clé, ou me frapper avec leur tonfa avant de m’embarquer. « Tu vas crever ». « Je vais t’enculer ». Avec toujours les attouchements. Et la douleur est telle dans les bras, les épaules, le dos, que je me dis que je dois me préparer à ce qu’une de mes articulations lâche.
    Derrière, j’entends la copine avec qui j’étais qui crie, qui leur dit de me lâcher. Je voudrais lui dire de laisser tomber. J’ai une boule au ventre : qu’est-ce que ces tarés lui feront s’ils l’interpellent ? Mais entre-temps, l’attroupement a probablement un peu grossi, et le groupe de policiers doit savoir qu’il ne peut pas faire durer indéfiniment la situation. Celui qui me torsade le bras droit me dit : « Il faut qu’on chope la meuf, on la charge pour appel à rébellion ».
    J’entends qu’ils discutent entre eux. Un des deux hommes me lâchent le bras et me dit : « Tu regardes le mur, si tu te retournes, si tu bouges, on t’ouvres le crâne ». Je ne bouge pas. « On va venir à la Sorbonne, on va vous exterminer toi et tes collègues, sale gauchiste ». Puis ils me retournent et je me retrouve devant les yeux exorbités du flic qui me tenait le bras gauche. « T’es contractuel sale bâtard ? On va te faire un rapport salé, ta titu tu peux te la mettre ». Je ne dis rien. Ils m’appuient sur la poitrine. « Maintenant tu déverrouilles ton téléphone et tu effaces la vidéo ». Je m’exécute, en me disant que c’est dans ma tête et pas sur ces images de l’attroupement statique que ce qui vient de se passer est gravé. Il m’arrache l’appareil, et ouvre le dossier photo, commence à tout regarder.
    Puis tout à coup, le reste de leur groupe charge les habitants qui s’étaient regroupés. C’est rapide et extrêmement violent. Je vois leur chien se jeter sur les gens, et eux avec les gazeuses et les tonfas. Tout le monde fuit, en panique, y compris les personnes âgées. Les deux policiers qui m’ont agressé me jettent mon portefeuille et son contenu à la figure et partent en courant. Je craint pour mon amie, je ne la vois pas. Mais je l’aperçois finalement qui revient, elle avait réussi à s’échapper. Rien à faire d’autre que rentrer chez nous, la rage au ventre, et tout le torse ankylosé et douloureux. Je me dis que cette police raciste serait allée encore plus loin si j’étais racisé. Un homme nous explique que c’est comme ça dans toute la ville depuis ce matin. « Vous voyez on ne fait rien, mais ils tabassent des gens au hasard pour susciter des troubles ». On se réconforte mutuellement, se souhaite bon courage. Il en faudra ; mais on n’en manque pas."

    Source originale : https://www.facebook.com/guillaume.mazeau.1/posts/1116184055140521

  • Le sommeil des enfants, un enjeu politique (Libération)
    http://www.liberation.fr/debats/2016/09/19/le-sommeil-des-enfants-un-enjeu-politique_1502951

    Les départements leur ont offert des tablettes, ils ont des smartphones, on attend d’eux qu’ils se projettent dans l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde. Ils sont notre avenir, ils paieront nos dettes, nos retraites et ils sauveront le climat. Avec un peu de chance, ils se sont bien reposés, et ils vont même peut-être réussir à reprendre le rythme. Eux ? Ce sont les 12,3 millions d’écoliers, de collégiens et de lycéens qui viennent de reprendre les cours.

    Mais si, au lieu de parler de révolutions technologiques, on parlait de qualité d’attention, de force de concentration ? Si au lieu de rythmes scolaires, on parlait aussi de leur socle : le sommeil des enfants ? Sans un sommeil suffisant et de qualité, c’est toute la vie sociale qui se trouve minée. Mal dormir entraîne des souffrances physiques, psychiques et sociales ainsi que des difficultés scolaires importantes. Pas d’enfance heureuse sans sommeil heureux. N’oublions jamais que c’est allongés, chaque nuit, que nos enfants grandissent, mémorisent, mûrissent leurs émotions.

    Cette nécessité est scientifiquement documentée.

    […]

    Mais, ce n’est pas parce que notre sommeil a une dimension intime que les conditions qui le favorisent ne concernent pas la société dans son ensemble. Le bruit, des voisins comme de la rue, la lumière, du magasin d’en face ou d’un écran allumé dans la chambre, les horaires de travail, l’organisation de la vie de famille, l’alimentation, les rythmes sociaux : tous ces facteurs ont une incidence sur le sommeil.

    La soi-disant liberté de se coucher à l’heure qu’on veut, comme on veut, est un mirage. On sait notamment que les familles les plus défavorisées sont celles où les enfants accumulent les plus grosses dettes de sommeil.

    […]

    Que faire ? Commencer par encourager la sieste à l’école élémentaire au-delà de la moyenne section ; promouvoir une véritable éducation au sommeil comme sur les autres questions liées à l’hygiène ; introduire dans le carnet de santé de l’enfant des repères de sommeil ; décaler l’heure de début des enseignements, notamment au lycée ; aborder avec les parents la question du sommeil des enfants pendant la grossesse et durant le séjour à la maternité ; cesser enfin de vendre à la jeunesse l’ouverture des villes vingt-quatre heures sur vingt-quatre comme le summum de la modernité, alors que tous ceux qui travaillent de nuit de façon régulière paient leurs horaires décalés en années d’espérance de vie.

    #éducation #enfants #élèves #familles #inégalités #sommeil #réforme_rythmes_scolaires

  • Considérer l’élève au-delà de sa confession (Le Cercle des enseignant.e.s laïques, Libération)
    http://www.liberation.fr/debats/2016/09/19/considerer-l-eleve-au-dela-de-sa-confession_1502973

    Nous gardons la conviction que les projets contre le sexisme et l’homophobie, l’accompagnement des jeunes filles dans des projets d’orientation ambitieux et une éducation sexuelle de qualité seront toujours plus efficaces auprès des enfants et des adolescents que des éditoriaux hurlant au péril vert.

    Soyons vigilants, dans la période difficile que nous traversons, à ne pas réduire nos élèves à leur seule appartenance religieuse réelle ou supposée. Derrière le refus d’une jeune fille d’aller à la piscine, y a-t-il toujours la volonté de se conformer à un dogme ? Ou est-ce simplement le désir de se protéger des moqueries de certains camarades et de ses complexes, produits des pressions sociales sur le corps des femmes ? Pour le savoir et permettre à l’élève de suivre sa scolarité, le dialogue est bien plus efficace que l’invocation désincarnée des grands principes et l’application aveugle de sanctions.

    La laïcité doit rester le principe d’apaisement et de liberté pour tous et toutes qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.

    #éducation #laïcité

  • La sexualité des ados n’est pas une affaire de morale (Libération)
    http://www.liberation.fr/debats/2016/09/11/la-sexualite-des-ados-n-est-pas-une-affaire-de-morale_1493482

    C’est une entreprise de rappel à l’ordre moral et conservateur, assignant les filles à l’« amour romantique » et les garçons à des besoins sexuels irrépressibles, hiérarchisant les valeurs entre « bons » et « mauvais » jeunes, filles de « grande ou petite vertu », sexualité « amoureuse » ou plaisir du sexe. Pourtant, encore récemment, le rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a confirmé le rôle de l’éducation à la sexualité pour lutter contre les inégalités. Il recommande, entre autres, une meilleure reconnaissance de la sexualité des jeunes, le renforcement de la politique interministérielle d’éducation à la sexualité à l’école, mais aussi une attention accrue aux espaces de socialisation extrascolaires, afin de permettre aux jeunes d’acquérir des connaissances et des compétences tout le long de leur parcours de vie.

    #éducation #sexualité #Planning_familial

  • Migrants : Le Royaume-Uni va édifier une « Grande Muraille » de 4 mètres de haut à Calais - La Libre.be

    http://www.lalibre.be/actu/international/migrants-le-royaume-uni-va-edifier-une-grande-muraille-de-4-metres-de-haut-a

    International

    Les travaux de construction d’un mur destiné à empêcher des migrants et réfugiés de s’introduire à bord de poids-lourds à destination de la Grande-Bretagne, vont commencer ce mois-ci, ont déclaré des autorités britanniques. Le ministre de l’Immigration, Robert Goodwill, a justifié devant les députés britanniques ce renforcement du dispositif de sécurité à Calais. Plusieurs milliers de migrants vivent dans un camp surnommé la « jungle » en attente de parvenir à effectuer la traversée vers le Royaume-Uni.

    #murs #frontières #calais

    • C’est l’hallu cette histoire. Piquer l’argent des amandes payés par les universitées pour non respect de la loi vis à vis des personnes en situation de handicape, amandes en plus réduites on ne sais pas trop en quelle honneur. Et dont l’argent est aujourd’hui détourné à des fins totalement stupides et inutiles de flicage par vigiles et pour faire des emplois aliénants, et racistes car c’est toujours des hommes noirs ou arabes qui se coltient ce job idiot et certainement très mal payé qui consiste à rester debout toute la journée à perdre son temps.
      #validisme #capacitisme #discrimination #racisme #etat_d'urgence

      L’article de libé est sous #paywall alors je met celui là qui explique la situation ;
      https://informations.handicap.fr/art-universite-ponction-fiphfp-853-9061.php

      D’autant que le Gouvernement n’en est pas à sa première ponction dans les réserves du Fiphfp ; déjà 30 millions prélevés en 2015, reconduits en 2016 et 2017, soit 90 millions au total sur trois ans, et autant sur celles de son homologue du privé, l’Agefiph (article en lien ci-dessous), afin de financer les contrats aidés qui ne sont pourtant pas seulement destinés aux travailleurs handicapés. Une pratique déjà en cours sous l’ère Sarkozy puisque, en 2008, son gouvernement avait lui aussi opéré une saisie de 50 millions d’euros sur les réserves de l’Agefiph. Ce qui n’empêche pas Marie-Anne Montchamp, ancienne ministre déléguée aux personnes handicapées de ce même gouvernement et présidente d’Entreprises et handicap de déclarer aujourd’hui, en réaction à ce nouveau prélèvement : « La politique d’emploi en faveur de nos compatriotes handicapés ne peut en aucun cas être la variable d’ajustement des autres politiques publiques ».

      Pour mémoire voire ceci aussi : https://seenthis.net/messages/391349

  • Rencontre-discussion avec Houria Bouteldja et Isabelle Stengers

    https://www.youtube.com/watch?v=RN3dDXOcnXE

    Ajoutée le 19 août 2016

    Nous sommes très heureuses de vous convier le jeudi 9 juin à 19h à une rencontre-discussion avec #Houria_Bouteldja et #Isabelle_Stengers autour du livre « #Les_blancs_les_juifs_et_nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire. ».

    Que ce soit sur le terrain du pragmatisme politique et philosophique, d’une manière de traiter de la #non-innocence, de l’appel à la création d’une paix qui passe par la #décolonisation_de_la_pensée, d’une critique radicale de la modernité occidentale, les liens entre la pensée de la philosophe et la proposition politique de la militante nous semblent multiples et féconds.

    Durée : 1h24

    #critique_décoloniale #PIR

    • Cette article déjà maintes fois partagé ici est une sorte de réponse directe à Oceanerosemarie https://blogs.mediapart.fr/melusine-2/blog/200616/bouteldja-ses-soeurs-et-nous

      C’est en lisant la tribune de soutien qu’a publiée l’auteure et comédienne Océanerosemarie dans Libération le 30 mai dernier que je me suis décidée à écrire ce texte. Parce qu’il n’est question ni de taire la charge antiféministe à laquelle se livre Bouteldja dans Les Blancs, les Juifs et nous, ni de laisser cette critique aux réactionnaires de droite ou de gauche, qui ne se découvrent des velléités antisexistes que lorsque l’accusation porte sur des racisés.

    • @sombre Stengers est dans les trucs paranormaux depuis pas mal de temps, notamment les OVNI. Elle a donné des interviews à des revues ufologiques, les soutenant face à la « science officielle », est intervenue dans des colloques ufologiques, a préfacé leurs livres, etc. Idem pour les sorciers où elle mêle une critique de la répression anti-sorcières au Moyen-Âge (qui était clairement sexiste) avec des affirmations comme quoi ils/elles auraient eu un savoir valant bien celui de la science.

    • je ne connais pas Stengers et encore moins ce qu’elle dit sur les OVNIS et la chasse aux sorcières. Juste à propos de cette phrase @stephane :

      Idem pour les sorciers où elle mêle une critique de la répression anti-sorcières au Moyen-Âge (qui était clairement sexiste) avec des affirmations comme quoi ils/elles auraient eu un savoir valant bien celui de la science.

      Si c’est une comparaison entre ces domaines à l’époque du Moyen-age et de la Renaissance, ce que tu rapporte de ce qu’elle dit me semble possible. La connaissance médicale des sorcières à la Renaissance était plus avancé que celles des scientifiques. Les sorcières avaient une connaissance avancé en herboristerie, en contraception, en avortements, en accouchements et en hygiène.
      Du coté de la science pendant ce temps c’était le règne de la théorie des humeurs, lecture des urines, saignées à répétition. Pendant longtemps la science n’était pas plus rationnelle que la sorcellerie.
      Dans d’autres domaines comme l’astronomie, c’est pas impossible qu’il y ait des sorcières de l’époque qui en savaient aussi long que les scientifiques accrédités.

      Par contre si Stengers ne précise pas ce contexte historique et parle des connaissances scientifiques aujourd’hui, je suis d’accord avec toi pour dire que ses propos sont délirants.

    • Comme il était prévisible, la ligne de rupture entre, d’une part,

      les tenants d’un PIR-pire-que-tout face à qui tous les coups sont non seulement permis mais nécessaires et vertueux, à commencer par l’exhitition d’inintelligence, et, autant que possible, le discrédit à l’emporte-pièce,

      et celleux, tout de même moins bruyants, qui considèrent qu’il y a bien là quelque chose à lire ou à entendre, et que les difficultés à lire ou à entendre une pensée décoloniale ne tiennent pas aux éventuelles critiques que pourraient mériter leurs locuteurs ou autrices une fois leur propos un minimum entendu , mais d’abord au fait qu’il s’agit d’un discours qui cherche une rupture radicale avec ce monde blanc dont nous sommes, qui se moque bien de ce que cela nous plaise ou non, et d’une critique qui entend en finir avec lui. Ce qui a toutes les chances de nous déplaire de prime abord, en effet, car si nous, blancs, prétendions vouloir « en finir avec le vieux monde », ça n’a jamais été que depuis notre seule position provinciale mais hégémonique de petits mâles occidentaux, et en toute innocence de ce cet occident, son racisme et son patriarcat faisaient de nous-mêmes ;

      cette ligne se donne clairement à voir dans les commentaires.

      Comme l’évoque un des intervenants de la vidéo, on aurait pu s’attendre à ce que, par exemple, le travail fait depuis des années par le féminisme radical ait fourni à certains des outils intellectuels ne serait-ce que pour comprendre que des objets comme l’antiracisme politique et la critique décoloniale ne s’abordent pas sans accepter de se confronter aux difficultés liées au fait que de telles critiques assument pleinement de rompre avec le discours dominant et d’y bousculer les catégories, y compris celles qui y ont été imposées par d’autres luttes : tout comme le fait justement le féminisme radical - et que prétendre se satisfaire de les juger platement l’un comme l’autre à l’aune de semblables catégories (racistes ! homophobes ! et tutti quanti) revient tout de même à venir jouer les matamores, tout en donnant à voir comment l’on s’est soigneusement tenu à l’abri du risque de jamais devoir approcher sa cible .

      Il semble que ce ne soit hélas pas le cas.

      Mais on peut aussi bien espérer que le fait qu’ il n’y a guère qu’en France , et parmi celleux, de l’Agrif aux libertaires en passant par tout le reste, qui n’ont de cesse de jeter assez de discrédit sur cet antiracisme politique en prétendant bruyamment n’y lire qu’extravagances, ignorance, haines diverses, variées et multiples, outrances nègres, arabes, musulmanes ou réactionnaires, que le travail de problématisation du racisme porté, entre autres, par le PIR, soit fallacieusement présenté comme quelque chose de complètement « nouveau » et « inédit » : il se trouve qu’il a été et est formulé ailleurs, dans d’autres contextes, depuis des décennies, tandis que l’antiracisme moral et bien français se félicite toujours, et plus que jamais, de ne jamais rien vouloir savoir d’autre en la matière que son propre universalisme blanc et abstrait...
      que ce fait donc, désormais de plus en plus visible, finisse par rendre à quelques uns le vacarme de leur propre provincialisme et de son autistique arrogance également insupportables.

      J’ai l’air de m’être énervé, et c’est le cas, un petit peu. Marre de lire partout des réactions du niveau de celles de Guénolé ou de Marianne.

      C’est d’un convenu.

      Quant à mépriser et dénigrer, s’il vous plaît, soyez donc un peu originaux, inventifs. Donnez vous au moins la peine de produire un dernier petit quelque chose, avant de disparaître. Parce qu’une chose me semble certaine désormais : l’ancien antiracisme que j’ai connu et défendu moi aussi : blanc, élaboré sans les racisé-e-s, son confort et son inefficacité, ne reviendront plus sur le devant de la scène : ni demain, ni dans vingt ans, ni plus tard. Désormais, on n’a d’autre choix que d’accepter d’y voir plus clair - ce qui, j’en conviens, peut faire mal aux yeux au début.
      Et je m’en réjouis.

    • Isabelle Stengers
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_Stengers

      Licenciée en chimie de l’université libre de Bruxelles (ULB), lectrice de Whitehead, de Simondon et de Starhawk, collaboratrice régulière de la revue Multitudes1, Isabelle Stengers enseigne la philosophie des sciences à l’ULB2. Elle est aussi membre du comité d’orientation de la revue d’écologie politique Cosmopolitiques3.

      Isabelle Stengers se fait connaître dès son premier ouvrage, La Nouvelle Alliance (1979), coécrit avec le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine, consacré notamment à la question du temps et de l’irréversibilité.

      Elle s’intéresse ensuite, en faisant appel entre autres aux théories de Michel Foucault et de Gilles Deleuze, à la critique de la prétention autoritaire de la science moderne3. Stengers souligne ainsi l’omniprésence de l’argument d’autorité dans la science, ainsi lorsqu’on fait appel aux « experts » pour trancher le débat, comme s’il n’y avait pas de réel différend politique à la source du débat lui-même. Il est important de noter qu’elle ne fait aucunement partie de la mouvance déconstructionniste, pour qui la science ne serait qu’un ensemble de conventions verbales.

      Puis elle travaille sur la critique de la psychanalyse et, notamment, de la répression, par cette dernière, de l’hypnose, rencontrant par ce biais Léon Chertok. Elle est aussi amenée à contribuer au corpus Le Livre noir de la psychanalyse, où elle rencontre un autre auteur de cet ouvrage, l’ethnopsychiatre Tobie Nathan, avec qui elle rédige ensuite un exposé de ses idées sur la psychothérapie.

      Elle se consacre depuis une quinzaine d’années à une réflexion autour de l’idée d’une écologie des pratiques, d’inspiration constructiviste. En témoignent les sept volumes des Cosmopolitiques, publiés aux Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, mais aussi ses livres consacrés à la psychanalyse (La Volonté de faire science, 1992), à l’hypnose (L’Hypnose entre science et magie, 2002), à l’économie et à la politique (La Sorcellerie capitaliste, avec Philippe Pignarre, 2005), ou encore à la philosophie (Penser avec Whitehead, 2006).

      En 1990, elle est à l’origine, avec Philippe Pignarre, de la création de la maison d’édition Les Empêcheurs de penser en rond3.

    • @stephane les ovnis, tu es sur ? Tu as des références, ça ne me dit rien du tout. C’est une philosophe des sciences essentiellement et une engagée politique sur les questions des « sans ». Quand à la vidéo, pas le temps encore de la voir, un peu comme tout ce que je pointe sur seenthis en ce moment ça va dans la catégorie #toread

    • @supergeante de ce que j’ai vu elle dit que la question des ovnis révèle un comportement typique de la science universitaire (issue du clergé et d’un étatisme forcené) : mépriser et essayer d’étouffer tout discours, y compris ceux se revendiquant de la pratique et de l’expérience (et non d’une déduction logique hasardeuse), ne provenant pas de son propre réseau de confiance et de légitimation.

      Pour les OVNI, on peut retenir que certains cas ont par la suite été expliqué par la révélation (tardive) des programmes secrets de développement des avions furtifs américains (F117, U-2 etc.) sur la fameuse zone 51. Les habitants voyaient des avions bizarre, reflétant la lumière à très haute altitude ou avec des lumières inhabituelle dans la nuit, mais les autorité (locales et de surcroît fédérales) leur assuraient que rien n’étaient apparu sur les radars (bah oui ils étaient furtifs...).

      Ce qui est « marrant » c’est que les travaux universitaires (qui se sont approprié le terme « science » au cours des XIXe et XXe siècles) ont été caractérisés pendant très longtemps par leur dogmatisme et leur enfermement doctrinal au mépris du pragmatisme et de l’expérimentation.

      Un des meilleurs exemples est précisément la médecine universitaire (longtemps interdite aux femmes, comme les autres activités universitaires) qui pendant plusieurs siècles a défendue la pratique de la saignée et essayé de réduire à néant les pratiques populaires de médecine (bien plus efficaces et pragmatique) en demandant aux rois un monopole professionnel et en désignant les guérisseuses comme des sorcières devant être brûlées (avec l’appuie du clergé qui souhaitait se débarrasser de ce qu’il nommait le paganisme). Aujourd’hui les sciences économiques illustrent bien cet égarement théorique qui caractérise ce milieu qui se gargarise de son indépendance d’esprit bien qu’il doive énormément aux pouvoirs en place dont il est issu.

      Hasard de Seenthis, une discussion à propos du livre Caliban et la Sorcière de Silvia Federici a repris de l’activité : https://seenthis.net/messages/422612

      Je recommande aussi la lecture de cet essai qui fit date :

      Sorcières, sages-femmes et infirmières. Une histoirE des femmes soignantes ; de Barbara Ehrenreich et Deirdre English
      https://www.cambourakis.com/spip.php?article550

    • @martin5 : merci. Je me sens moins seul. Ce que tu exprimes dans ton post résume les intuitions que je pouvais avoir par rapport au Parti des Indigènes de la République et à ses détracteurs. Mais comme je ne suis pas un grand « penseur », sûrement à cause de mon manque de culture universitaire, de mes difficultés à énoncer clairement et de façon concise mon analyse des faits, et sûrement aussi par manque de temps ou pure paresse, tout ce que tu as écrit et qui restait au stade intuitif et informulé chez moi, j’y adhère. Voilà.

    • @aude_v

      Ce
      n’est peut-être pas d’aujourd’hui que les racisé-e-s élaborent leurs
      stratégies anti-racistes... Il y a dans ton propos, @martin5, un côté
      « progrès linéaire », étonnamment. Tu aurais fourni cette analyse sur des
      mouvements que je connais mieux et dans lesquels je suis impliquée que
      j’aurais trouvé ça un peu condescendant et ignorant de décennies de
      luttes.

      Est ce ce passage

      Parce qu’une chose me semble certaine désormais : l’ancien antiracisme que j’ai connu et défendu moi aussi : blanc, élaboré sans les racisé-e-s, son confort et son inefficacité, ne reviendront plus sur le devant de la scène : ni demain, ni dans vingt ans, ni plus tard. Désormais, on n’a d’autre choix que d’accepter d’y voir plus clair - ce qui, j’en conviens, peut faire mal aux yeux au début.

      qui te donne cette impression de conception en termes de « progrès linéaire » ? Je voulais justement dire qu’au contraire, c’est une rupture radicale (autonomie, notion de #champ_politique_blanc...) qui avait lieu depuis un peu plus d’une décennie et il me semble que ça n’est pas ignorer, minorer ou faire injure aux luttes antiracistes de la fin du xxeme siècle que de le dire.

      Je m’excuse pour le ton très condescendant. C’est un travers très profondément installé chez moi, qui se trouve encore accentué sitôt que la discussion devient conflictuelle (ce qui était le cas de ce commentaire).

      Je postais juste un lien vers cette vidéo parce que j’ai trouvé cette discussion profondément stimulante et qu’elle n’était pas encore référencée ici. La manière dont Isabelle Stengers, dont je découvre justement avec intérêt le travail de critique depuis quelques mois, y rapproche les méfaits de l’impérialisme sur les européens et sur le reste du monde m’a particulièrement interpellé, (sur ce sujet comme tant d’autres, je découvre tardivement l’eau tiède) comme le fait que cela puisse fournir une base de discussion avec quelqu’un comme Houria Bouteldja.

    • La Chronique
      La Fabrique, le 13 septembre 2016
      https://seenthis.net/messages/524238

      Des vieux staliniens du Monde diplomatique aux totos de Montreuil, des bien pensants du Nouvel Observateur aux ex-gauchistes de Libération, tous sont tombés d’accord : le livre d’Houria Bouteldja, Les Blancs, les Juifs et nous, est raciste, identitaire, homophobe, ignorant de l’histoire, balayé par des torrents essentialistes et religieux et – l’adjectif qui tue – antisémite. Il est inutile de faire remarquer que toutes ces critiques sont étayées par des phrases tronquées et sorties de leur contexte, que par bêtise ou mauvaise foi l’ironie du livre est prise au premier degré, que le mot « race » est absurdement pris au sens biologique, bref que toutes ces lectures sont truquées. Inutile parce que la religion de ces gens-là est faite : Houria Bouteldja est intolérable – comme femme, comme militante d’un mouvement qui fait entendre des vérités désagréables, et comme arabe, ce qui est vraiment un comble. On s’étonne que nous ayons publié ce livre, et même on nous en fait reproche, violemment parfois. Nous considérons au contraire qu’il a bien sa place chez nous, dans un catalogue consacré aux voies diverses menant à l’émancipation des opprimés.

      #Houria_Bouteldja

  • « Nous sommes tous des placés sous surveillance électronique en puissance »
    http://www.liberation.fr/debats/2016/08/31/nous-sommes-tous-des-places-sous-surveillance-electronique-en-puissance_1

    Pour le philosophe Tony Ferri, la surveillance électronique n’empêche pas le passage à l’acte. Et elle est aussi inefficace que la prison pour prévenir la récidive. Loin d’être une mesure laxiste, c’est une peine totale, psychique, et qui guette désormais chaque citoyen. Le bracelet, c’est l’institution pénitentiaire qui emménage au domicile du « surveillé », qui habite sa conscience, et finit par le déposséder de son (...)

    #bracelet #surveillance

  • Laïcité ou identité ? Par Etienne Balibar, Philosophe
    http://www.liberation.fr/debats/2016/08/29/laicite-ou-identite_1475306


    Alors que le Conseil d’Etat vient d’invalider l’interdiction du burkini, il faut mettre fin au développement de la « laïcité identitaire ». Cette conception, obsédée par le communautarisme en vient à construire un « communautarisme d’Etat ».

    Grâce à l’ordonnance du Conseil d’Etat, on évitera de voir en France une police des mœurs, chargée non de forcer les femmes à porter le voile, mais de les forcer à l’ôter. L’exercice des libertés doit primer dans toute la mesure du possible sur les exigences de l’ordre public, qui par définition les restreignent. En démocratie les droits des femmes relèvent de leur décision, et non d’une grille d’interprétation plaquée sur leur comportement pour les « forcer d’être libres ». La laïcité est une obligation de neutralité de l’Etat envers les citoyens et non pas une obligation idéologique des citoyens envers l’Etat.

    Je considère, avec beaucoup d’autres, ces démonstrations comme fondamentales. Comme elles portent un coup d’arrêt à la tentative d’exploiter les sentiments suscités par la série des attentats perpétrés au nom de l’islam pour combiner un laïcisme intégriste avec une stratégie d’exacerbation du nationalisme, elles vont susciter une contre-offensive. Plus importante que la guérilla de certains élus contre l’ordre judiciaire sera la proposition de légiférer en franchissant un nouveau pas dans l’interdiction de l’espace public aux signes d’appartenance d’une certaine religion, mais les enjeux en seront élevés, car il devient clair qu’une telle législation ne requiert pas seulement une révision constitutionnelle, elle signifie qu’on dérive de l’Etat de droit vers l’Etat d’exception.

    Tout aussi importantes sont les implications en matière de conception et d’institution de la laïcité. Mais ici une difficulté commence à surgir, qui suppose une élucidation philosophique. Il faut un travail « généalogique » sur ce qu’a été la laïcité en France, et sur ce qu’elle est en passe de devenir dans le moment actuel. Et, sur cette base, il faut débattre de ce qui doit être conservé, prolongé ou restitué, mais aussi réformé pour que la signification du principe ne se trouve pas retournée en son contraire.

    #burkini#Balibar

    http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20111005.OBS1761/balibar-le-philosophe-de-l-egaliberte.html

  • Donc la laïcité serait en quelque sorte le nouveau danger, source de troubles futurs ? Et pour le prouver l’auteur ne craint pas de forcer le trait sur certaines dérives. Curieux billet, inquiétant même pour ce qu’il laisse voir en creux d’une perte de repères nécessaires, nonobstant les réflexions nécessaires, d’une certaine intelligentsia.

    Laïcité ou identité ? - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2016/08/29/laicite-ou-identite_1475306
    http://md1.libe.com/photo/864089--.jpg?modified_at=1470212014&picto=fb&ratio_x=191&ratio

    l’identité de la République réside dans la laïcité, et, corrélativement, que la laïcité doit servir à l’assimilation des populations d’origine étrangère (ce qui veut dire en clair : coloniale et postcoloniale), toujours encore susceptibles, de par leurs croyances religieuses, de constituer un « corps étranger » au sein de la nation. Obsédée par la nécessité de faire barrage au « communautarisme », elle en vient donc à construire (au moyen de « valeurs », mais aussi de normes et d’interdits culturels) un communautarisme d’Etat. Mais il y a plus grave, surtout dans la conjoncture actuelle : le symétrique, ou le synonyme inversé, de l’assimilation, c’est l’acculturation. Or cette notion est le fer de lance de l’offensive idéologique du fondamentalisme islamique qui dénonce l’emprise de la civilisation « chrétienne » et « séculière » sur les communautés musulmanes en Europe (et sur les sociétés arabo-musulmanes « modernisées »), en tirant même à l’occasion une légitimation du jihad, comme on peut le lire sur différents sites internet. La construction de la laïcité comme identité collective, nationale, sous-tendue par l’idée que la République implique l’assimilation (et non pas seulement l’intégration à la vie sociale et l’accomplissement des obligations civiques), est ainsi attirée dans un scénario de rivalité mimétique avec le discours totalitaire dont, dans le même temps, la politique française prétend se prémunir. Le moins qu’on puisse dire est qu’une telle construction ne servira ni à comprendre la nature des périls, ni, puisque « nous sommes en guerre », à forger la solidarité des citoyens.

    A l’évidence, le surgissement de ce « monstre » qu’est la laïcité identitaire n’est pas un phénomène isolable des multiples tendances à l’exacerbation des nationalismes et au « choc des civilisations » qui, en liaison avec d’extrêmes violences, se produisent dans le monde actuel. Cependant la forme « française » est spécifique. Elle nous trouble

  • #Laïcité ou #identité ?
    http://www.liberation.fr/debats/2016/08/29/laicite-ou-identite_1475306

    Contrairement à d’excellents interprètes, je ne pense pas que la « laïcité identitaire » dont nous voyons aujourd’hui se développer le programme à droite et à gauche de l’échiquier politique représente une simple accentuation de l’héritage hobbesien ou sa revanche sur l’interprétation libérale, même si je vois bien quels arguments ont favorisé l’instrumentation d’une conception juridique, morale, pédagogique de l’autorité publique, son glissement vers l’idée d’un « ordre des valeurs » baptisées républicaines et laïques, mais en réalité nationalistes et islamophobes. Je crois qu’il s’est produit quelque chose comme une mutation.

    L’équation symbolique qui sous-tend la laïcité identitaire doit en effet être restituée dans toute son extension : ce qu’elle pose, c’est que l’identité de la République réside dans la laïcité, et, corrélativement, que la laïcité doit servir à l’assimilation des populations d’origine étrangère (ce qui veut dire en clair : coloniale et postcoloniale), toujours encore susceptibles, de par leurs croyances religieuses, de constituer un « corps étranger » au sein de la nation. Obsédée par la nécessité de faire barrage au « communautarisme », elle en vient donc à construire (au moyen de « valeurs », mais aussi de normes et d’interdits culturels) un communautarisme d’Etat. Mais il y a plus grave, surtout dans la conjoncture actuelle : le symétrique, ou le synonyme inversé, de l’assimilation, c’est l’acculturation. Or cette notion est le fer de lance de l’offensive idéologique du fondamentalisme islamique qui dénonce l’emprise de la civilisation « chrétienne » et « séculière » sur les communautés musulmanes en Europe (et sur les sociétés arabo-musulmanes « modernisées »), en tirant même à l’occasion une légitimation du jihad, comme on peut le lire sur différents sites internet.

    La construction de la laïcité comme identité collective, nationale, sous-tendue par l’idée que la République implique l’assimilation (et non pas seulement l’intégration à la vie sociale et l’accomplissement des obligations civiques), est ainsi attirée dans un scénario de rivalité mimétique avec le discours totalitaire dont, dans le même temps, la politique française prétend se prémunir. Le moins qu’on puisse dire est qu’une telle construction ne servira ni à comprendre la nature des périls, ni, puisque « nous sommes en guerre », à forger la solidarité des citoyens.