• Sacrifices pour un simulacre - La Générale en manufacture va fermer

    6 janv. 2016 - Par Le blog de Amitiés

    En 2015, la Générale a fêté ses dix ans. Une partie du collectif est installée depuis 2007 dans l’ancienne École Nationale Supérieure de Céramique à Sèvres, en convention avec le ministère de la Culture et de la Communication. Le 16 décembre dernier, nous avons reçu un courrier nous sommant de partir impérativement avant le 31 décembre...

    https://blogs.mediapart.fr/amities/blog/060116/sacrifices-pour-un-simulacre-la-generale-en-manufacture-va-fermer-0

    Nous ne sommes pas seuls à subir les effets de cette reconquête. Ainsi, l’ATRIS (l’Association des travailleurs de l’Île Seguin), créée en 1998, a récemment été expulsée par la mairie de Boulogne-Billancourt. C’est une idéologie au service de laquelle les signes sont captés et vidés de leur sens. Car ce projet récupère le populaire et l’underground tout en sacrifiant l’un comme l’autre à la simulation. Simulation, parce qu’on peut raisonnablement douter que les promesses soient tenues. Parce qu’ici, encore une fois, la culture, « une culture pour tous », fait office de valeur ajoutée pour redessiner ces territoires selon un schéma vertical qui s’impose dans l’intérêt de quelques uns. Que dans ce Grand Paris naissant, le centre culturel, plus approprié, s’est substitué au centre commercial si caractéristique de la banlieue. Ou plutôt que l’un se superpose à l’autre pour offrir aux usagers des complexes complets. Enfin, parce que la vie proposée est planifiée, hiérarchisée, encadrée, rationalisée, et donc artificielle. Il semblerait que les concepteurs de ces projets ne savent pas, ou ont oublié, que ce n’est pas la ville qui fabrique la vie, mais bien la vie qui fabrique la ville. (« Urbanisation sans urbanité ». http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/wp-content/uploads/2014/02/LeGrandParis.pdf)

    Relocalisation

    Nous vivons une période particulièrement sombre, d’une âpreté extrême, dans laquelle l’art et la culture, pourtant polysémiques, ne seraient plus qu’activité de divertissement et de consommation. Sous cette forme pacifiée, l’art et la culture portent en eux le langage de la distinction, mais aussi, nous l’avons vu, celui de la reconquête territoriale, spéculative et symbolique. Heureusement, la culture appartient aussi aux classes populaires qui en produisent en abondance. On la nomme parfois contre-culture.