Le Monde diplomatique, juillet 2009

/07

  • Rencontres du rock et des mystères du troisième type, par Evelyne Pieiller (juillet 2009)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2009/07/PIEILLER/17450

    Dans les années 1960-1970, le ciel change. Il bourdonne de Spoutnik. Les humains sont prêts à gambader dans les étoiles, les rockers méditent. Que va-t-on chercher, que va-t-on trouver dans le Grand Ailleurs ? L’extraterrestre, celui qu’on nomme en anglais l’alien, l’étranger, si proche de l’aliéné, sera-t-il fondamentalement différent de l’espèce sublunaire, ou connaîtra-t-il lui aussi la mélancolie ? En 1969, alors qu’on marche sur la Lune, et qu’avec 2001 : l’Odyssée de l’espace Stanley Kubrick annonce qu’une nouvelle mutation attend l’homme, David Bowie invente le Major Tom, un cosmonaute qui préfère ne pas revenir sur Terre, avant de s’incarner, flamboyant et fragile, en Ziggy Stardust, ce Ziggy « poussière d’étoiles », tout en lamé et platform boots rouges, un cercle doré au milieu du front, accompagné de ses araignées de Mars. Ziggy est un alien au cube : extraterrestre, rock star et androgyne. Les anges sont devenus sexy et déchirants, l’existence est toujours un exil, d’où qu’on vienne, reste la consolation de la chanter. La mer des étoiles ne mène pas à un monde radicalement nouveau, mais elle invite à faire disparaître certaines frontières : celles qui séparent la normalité de l’anormalité, le masculin du féminin… Ziggy connaît un succès foudroyant. Et une trentaine d’années plus tard, il est toujours le héros-héraut de la « différence », blessé et triomphant. [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/15110 via Le Monde diplomatique