C’est une première dans le droit français. La #condamnation à deux ans de prison, dont neuf mois fermes aménageables d’anciens salariés de Goodyear n’a pas manqué de faire réagir la classe politique et le monde syndical, mardi 12 janvier. Dénonçant une décision « injuste » et la volonté « de faire un exemple », les prévenus ont annoncé leur intention de faire appel.
La CGT Goodyear Amiens nord, dont certains des adhérents font partie des condamnés, a fustigé ce jugement « inacceptable ». Il est, selon le syndicat, « l’arme avec laquelle Hollande, Valls, Taubira et l’ensemble du gouvernement ont décidé d’intimider tous les salariés qui se battent pour leur #droit et leurs emplois ». D’ordinaire, les débordements dans les entreprises (séquestrations, violences ou menaces de sabotage) donnent rarement lieu à des poursuites judiciaires.(...)
Pour la fédération du Parti socialiste de la Somme, ces salariés « se sont battus dignement pour défendre leur outil de travail et les emplois face à une direction qui a toujours privilégié l’accroissement des profits à court terme ». Elle demande à la ministre de la justice d’intervenir auprès du parquet, « pour ce cas particulier », afin « de revoir cette décision choquante pour obtenir une réquisition d’apaisement qui tienne compte du retrait de la plainte par la direction de Goodyear ».
Du côté du gouvernement, seule la secrétaire d’Etat aux droits des femmes, Pascale Boistard (ancienne députée de la Somme, jusqu’à sa nomination en 2014), a réagi : « Devant une si lourde condamnation, je ne peux qu’exprimer mon émotion fraternelle », a-t-elle écrit sur Twitter. (...)
Entre le 6 et le 7 janvier 2014, le directeur des ressources humaines ainsi que le directeur de la production avaient été brièvement retenus dans les locaux de l’usine Goodyear d’Amiens nord de pneumatiques. Le directeur de production avait reconnu qu’il n’y avait « pas eu de comportement qui a porté atteinte à [leur] intégrité physique », même si « certaines fois, nous n’étions pas très rassurés ».
Les deux cadres ainsi que Goodyear France avaient retiré leur plainte. Mais le parquet a décidé de poursuivre les anciens salariés du groupe.
A la barre, tous les prévenus avaient évoqué « un coup de colère » face à une direction qui « n’apportait aucune réponse » à la « détresse sociale » dans laquelle se trouvaient les salariés de cette entreprise de 1 143 salariés, fermée quelques jours après.