Interview d’un volontaire français dans les YPG - OCL

?article1791

  • [Berne] Communiqué de la manifestation en soutien à la population kurde de Rojava
    https://renverse.ch/Berne-Communique-de-la-manifestation-en-soutien-a-la-population-kurde-de-Ro

    Le 9 janvier 2016, plus de 400 personnes ont mis l’accent sur le carnage en Turquie. Sous le slogan « Arrêtez le massacre de la population - force et courage pour les révolutionnaires à Rojava et en Turquie ! », nous sommes passé*es dans les rues de #Berne. Nous avons montré que nous pouvons manifester de manière déterminée, bruyante et sans autorisation. Des centaines de flyers ont été distribués aux nombreux passant*s intéressés. On a dansé sur de la musique kurde et nous avons laissé plusieurs affiches et slogans dans le centre-ville pour démontrer notre solidarité avec les combattant*es au Rojava.

    #Luttes_indépendantistes #Kurdistan

    • Kurdistan /Rojava, Interview d’un volontaire français dans les YPG
      http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1791

      La situation ne fait qu’empirer dans le Bakur [Kurdistan nord dans l’Etat turc], avec des niveaux de répression qui s’apparentent à une nouvelle guerre civile. Comment les gens et les militants (dans le Rojava, mais aussi ailleurs dans le Kurdistan) voient-ils cette guerre qui s’annonce et s’amplifie au nord ? (Cet interview a été réalisé avant les dernières exécutions de Kurdes en Turquie et l’attentat d’Istambul)

      Il est difficile de vous dire comment les gens voient cette guerre dans le Kurdistan nord, dans la mesure où je me trouve au Rojava. La guerre civile au Bakûr, qui a déjà commencé, est omniprésente ici. Cela est dû, dans une large mesure, à la présence importante de militants du Bakûr au Rojava. S’il est sans doute abusif, comme le font parfois certains médias, de présenter le PYD et les YPG comme la « branche syrienne du PKK », il est clair que les militants du PKK ont joué le rôle principal dans la formation des YPG. Aujourd’hui encore, la grande majorité des cadres des YPG sont issus du PKK, même si le gros de leurs troupes a été recruté localement. Cela ne procède nullement d’une volonté d’hégémonie ou d’un mépris du PKK envers les « locaux », mais plutôt de la longue expérience de combat des premiers. Il est par ailleurs difficile de vous donner des proportions, même approximatives, car de nombreux militants du PKK cachent, à tout le moins aux occidentaux présents sur place, leur appartenance passée ou présente à cette organisation, toujours considérée comme « terroriste » en Europe, pour des raisons diplomatiques.
      On comprend donc aisément que la guerre entre les YPG et l’Etat islamique soit perçue, par les combattants YPG du Bakûr et du Rojava, comme le théâtre local d’un conflit général plus large, en tout cas comme indissociable de la répression de l’Etat turc contre les militants kurdes. L’analyse faite par les chaînes de télévision pro-kurdes prisées des combattants (proches du PKK comme Mednuçe ou du PYD comme Ronahî TV) tranche radicalement, à cet égard, avec le traitement des médias occidentaux qui prennent soin de dissocier ces deux conflits.
      On peut certes questionner, objectivement, l’unité du Kurdistan et des conflits en cours dans les différents tronçons, qui répondent plus à des dynamiques « nationales » différentes qu’à une « question kurde » unique. La carte, la représentation d’un Kurdistan un et indivisible dont le partage ne serait que momentané, un accident de l’histoire sont sans doute une construction identitaire, un élément central du discours national des différentes organisations kurdes ; il n’en demeure pas moins que l’arrivée massive de militants du PKK « turc » en Syrie et l’intervention de l’Etat turc dans ce pays ont objectivement imbriqué les deux conflits dans une même problématique."

      La réaction d’Erdoğan est en partie liée à la situation en Syrie, notamment celle de ses divers protégés et proxies (ISIS, al-Nosra, Ahrar al-Sham…). Or aujourd’hui, ceux-ci perdent du terrain ainsi que ceux de l’Arabie saoudite (situés eux surtout dans le sud du pays). Les prochaines batailles des SDF (Forces démocratiques de Syrie, dont les YPG/J forment la principale force), en direction de Mabij et Jarabulus (ouest de l’Euphrate) et dans la région d’Azaz (nord d’Alep), sont des « lignes rouges » pour le régime turc, qui ne cesse de le réaffirmer, surtout qu’il y a (surtout dans la zone d’Azaz) en face des SDF des unités spécifiquement turkmènes, entièrement armées et financées (et encadrées) par des Turcs liés à l’appareil d’État, aux mouvances AKP et MHP (Loups gris, cercles ottomanistes, etc.) La Turquie prendrait-elle le risque de défendre militairement ses « lignes rouges » et donc de pénétrer sur le sol syrien alors que la Russie veille et qu’en l’état actuel des choses, Poutine n’hésitera pas à frapper ? Mais, vu sa rhétorique actuelle, Erdoğan peut-il renoncer à combattre les ‟terroristes” kurdes au sud de sa frontière qui engrangent les victoires sur le terrain ? Dans quelle mesure, sa guerre contre les Kurdes de Turquie n’est-elle pas le prix qu’il fait payer au mouvement kurde dans son ensemble pour la relative mais réelle réussite de la lutte menée par les Kurdes au Rojava (qu’Erdoğan interprète comme une menace, le début d’une défaire ou une défaite à venir) ?