• La technocritique devant ses calomniateurs

    Quelques observations

    Suite à la publication du texte "Le naufrage réactionnaire du mouvement anti-industriel • Histoire de dix ans"

    https://seenthis.net/messages/1029340

    https://seenthis.net/messages/1029970

    Voici les réponses qui ont été publiées :

    1. Anaïs G.
    https://www.infolibertaire.net/reponse-naufrage-reactionnaire-du-mouvement-anti-indus

    2. « Naufrage réactionnaire » : la plaidoirie de la défense
    https://lille.indymedia.org/spip.php?article36165

    3. Qui a peur de la critique anti-industrielle ?
    https://collectifruptures.wordpress.com/2024/01/06/qui-a-peur-de-la-critique-anti-industrielle

    4. #Annie_Gouilleux, La nébuleuse (soi-disant) anti-autoritaire…
    https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2024/01/07/annie-gouilleux-la-nebuleuse-soi-disant-anti-autoritair
    Laquelle prépare une sorte de biographie de #Paul_Kingsnorth pour montrer à quel point il est "fasciste" et "pro-Trump"...

    5. Une lettre du "fasciste" #Olivier_Rey à Vincent Cheynet
    https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2024/01/16/une-lettre-dolivier-rey-a-vincent-cheynet

    6. Édouard Schaelchli, « À chacun son fascisme ? »
    https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2024/01/24/edouard-schaelchli-a-chacun-son-fascisme
    Franchement, on se serait bien passé des petites obsessions de ce monsieur.

    7. Sébastien Navarro, Avant de tous y passer
    http://acontretemps.org/spip.php?article1033
    Recension d’un livre de #Derrick_Jensen qui commence par qqs commentaires sur le torchon.

    Je mettrait à jour ce fil à mesure que de nouvelles réponses vont arriver...

    #technocritique #critique_techno #postmodernisme #calomnie #Naufrage_réactionnaire

  • Digression sur les boomers - [A Contretemps, Bulletin bibliographique]
    http://acontretemps.org/spip.php?article1018

    Il y a quelque temps déjà, sur le parvis du théâtre de la Commune (Aubervilliers), un soir de printemps, quelques cultureux à la conscience écologiste aiguisée dissertaient, en bande, sur l’état du monde. Vague, polie, morale, la parole « bienveillante » y circulait sans que personne, à aucun moment, ne haussât jamais le ton. Le groupe était jeune, avenant, inclusif et probablement intersectionnel. Accompagnée d’une amie qui, par son âge et ses activités, aurait pu en faire partie, et mu par curiosité, je m’agrégeai à ce cercle, en me contentant d’écouter, quand, du haut de sa quarantaine distinguée, une militante de l’écologie gnangnan que je voyais pour la première fois de ma vie, s’adressa à moi et s’exprima en ces termes : « C’est votre génération, Monsieur, celle des boomers, qui a fait de ce monde dont vous avez profité cette terre brulée dont nous avons héritée. » Au vu de mon rapport plutôt distant depuis toujours au productivisme et à la consommation, la visée généralisante d’une telle accusation me fit sourire, mais jaune. Ma réplique cassa, pour sûr, la bienveillante ambiance de ce cénacle bobo : « Je pourrais vous proposer, Madame la Procureure, de comparer nos bilans carbone en sachant d’avance que, même si le vôtre a du retard sur le mien, je suis sûr que vous le dépassez déjà, et de loin. Quant au poids de culpabilité dont vous me chargez sans me connaître, sachez qu’il ne prouve que votre arrogante bêtise ! » Un léger brouhaha de désapprobation conféra enfin à cette assemblée de bien-pensants un peu de vie.

    #boomers #crise_climatique #écologie

    • « Sais-tu, camarade, que la production annuelle du plastique, qui est une catastrophe mondiale, est passée de 25 millions de tonnes en 1968 à 150 millions en 1998, soit durant l’âge adulte des boomers, puis de 200 millions en 2002 à 360 millions en 2020. La production et la pollution est donc quinze fois plus importante à l’époque où les gens nés en 2000 ont vingt ans qu’à celle où les gens nés en 1948 avaient le même âge. Même rapporté à l’accroissement de la population, ce rapport prouve que les individus consomment en moyenne beaucoup plus de plastique aujourd’hui qu’il y a soixante ans. Si l’on s’en tient à l’Europe, l’accroissement est aussi spectaculaire. En moyenne un millénium de vingt-trois ans consomme beaucoup plus de plastique qu’un boomer qui avait le même âge en 1968. Ce qui prouve, in fine, qu’une analyse qui mettrait toute une génération statistisée dans un même sac d’opprobre est absurde. De même, entre 2005 et 2020, la consommation de textile a doublé. En Europe on achète en moyenne 25 kg de vêtements par an et par personne ! On pourra arguer que la part de la consommation de textile a baissé dans le budget des ménages depuis 1960, mais au vu de la chute des prix, cela n’enlève rien à l’accroissement de la quantité de vêtements. Le problème est que le textile est un gros pollueur et un gros consommateur d’eau. Le développement de la seconde main et des livraisons commandées via Internet, et donc avec des transports en sus, ne fait que déplacer les problèmes environnementaux. La surconsommation de textile neuf ou d’occasion est un défi culturel, en somme. Il faut faire comme moi : inverser les valeurs et valoriser le vieux, le démodé ou le rapiécé plutôt que le neuf. Pas dur, vois-tu comme je suis beau pour soixante-dix-huit balais ? »

      Le Temps du Plastique.
      https://www.youtube.com/watch?v=hYYetNlz-fw

      #morale #jeunisme #consommation #surconsommation

  • Complots partout, complots nulle part - [A Contretemps, Bulletin bibliographique]
    http://acontretemps.org/spip.php?article1000

    Machine à diversion et à dépolitisation, mauvaises réponses pour vraies angoisses, le complotisme est une dynamique sociale à visages et usages pluriels. Il est la disqua-lification première de l’adversaire, la peau élastique de l’extrême droite, la trame brouillée des vrais complots ayant vicié les histoires officielles, une infamie de plus jetée à la face des classes populaires par une bourgeoisie s’étant toujours perçue comme classe « éclairée ». Bref, la remise à jour d’un vieux partage de nos communautés entre les gens capables de diriger et de dire le monde et ceux qui, décidément, n’y comprendront jamais rien et sont condamnés à délirer leur malheur. Pour décadenasser ce dispositif, certains tentent de nous fournir des billes intellectuelles. C’est le cas de Matthieu Amiech, un des tauliers des éditions La Lenteur, qui vient de signer L’Industrie du complotisme. Pour les non-affranchis, la production de La Lenteur se trouve rangée dans le bac « anti-indus » des librairies politiques. L’étiquette est sommaire et forcément réductrice. Elle nomme cependant cette branche d’inspiration libertaire portant un regard plus que critique sur plus de deux siècles de révolution industrielle adossée à un impétueux mythe du Progrès. À l’aube d’une sixième extinction des espèces et d’un emballement calorifère de la planète, on pourrait penser que ledit mythe a fait long feu. Il n’en est rien. Pire : alors qu’aucun signal n’indique un quelconque ralentissement de la Méga-Machine, nos sondeurs officiels l’affirment : plus on étouffe, plus les rangs des climato-sceptiques s’étoffent [2]. Autrement dit : plus la catastrophe en cours étend son emprise, plus les fuites en avant délirantes multiplient leurs adeptes. Comment expliquer une telle crise de nos cortex de bipèdes évolués ? Matthieu Amiech propose une piste dans son introduction : « La diffusion du complotisme autant que l’élévation de l’anti-complotisme au rang d’arme idéologique essentielle des couches dirigeantes ne sont pas séparables de cette crise de la raison politique. À force que les populations du monde industriel ne fassent rien de la vérité essentielle des cinquante dernières années – la production et la consommation de masse détruisent les conditions de la vie sur Terre –, ce sont les industriels qui s’en sont emparés, eux qui sont d’abord des industriels du mensonge. » Pour illustrer sa sentence, l’auteur cite les groupes pétroliers qui, dans un premier temps nient le réchauffement climatique avant, dans un second, de verdir crapuleusement leur image en nourrissant le mirage d’énergies décarbonées. L’entourloupe est manifeste ; notre incapacité à faire collectivement œuvre de raison critique non moins.

    #livre #complotisme

  • CGT vs BB vs GJ ? ELI mentèrent, mon cher Watson.

    Balancer de tous côtés des insultes racistes, sexistes, homophobes, etc. c’est bien pourri.

    Faciliter le travail des flics quand ils interviennent en cow-boys pour percer les rangs de la manifs et faire des « prélèvements » , c’est bien pourri.

    Voir des bolosses virils, qu’ils aient des chasubles rouges, des k-ways noirs ou des gilets jaunes, s’engueuler au point de se castagner, c’est bien pourri.

    Balancer la faute sur uniquement une de ces composantes et ne pas admettre qu’un SO qui comporte des fans du maintien de l’ordre (anciens flics, etc.) fait parfois le taf de flics, c’est bien pourri.

    Ne pas reconnaître qu’un courant GJ est totalement en vrille insurectionnelle-conspi et fait nawak depuis longtemps, c’est bien pourri.

    Ne pas reconnaître qu’une fois dans la montée d’adré y’a des adeptes du black-bloc qui savent pas se maitriser, c’est bien pourri.

    Dans une manif mixte, mettre des gens lambda d’une partie du cortège en danger parce qu’on estime qu’il « faut que ça pète » coûte que coûte, c’est bien pourri.

    Ne pas reconnaître que certains mecs du SO de la CGT ne maitrisent rien et aggravent des situations, c’est bien pourri (je me suis bien plus souvent engueulée avec eux face à des attitudes et propos déplacés alors que c’est systématiquement des adeptes black-blocs qui m’ont aidée au milieu des lacrymos...)

    Bref les flics ont foutu des pressions énormes dans plusieurs villes et des mecs vénères se sont fritté suite à ça et c’est doublement lamentable. D’une part parce qu’on n’a vraiment pas besoin de combats de coqs qui envoient encore plus de monde à l’hosto. D’autre part parce que la communication mega orienté par la plus organisée des 3 bandes « rivales » est une aubaine pour la nouvelle stratégie de #maintien_de_l'ordre avec les nouvelles brigades ELI, des flics en civils avec un brassard bleu qui viennent « collaborer » avec les centrales syndicales pour foutre des émeutier-e-s en zonz...

    Groumph.

    Ha, et si vous pensez que je n’ai pas donné de piste de solution, relisez-moi. Quelque chose aurait dû vous sauter aux yeux... La toxicité mascu, on n’en peut plus. Pendant ce temps là, toujours aucun appel à la Greve Générale pour changer réellement les rapports de forces !
    Je me sens obligée de préciser que si je parle de « toxicité mascu », ce n’est pas pour essentialiser une hypothétique « pacification féminise », hein, la plupart de mes copines ont le verbe très haut et des griffes. Juste que si de telles concentrations mascus sont possibles, c’est que politiquement il y a un gros problème de fond.

    Soyez militantes, chacune à votre manière, j’assume la responsabilité de tout ce que vous faites !"
    Emmeline Pankhurst, (Extrait de la BD « Jujitsuffragettes »)

    Quelques sources pour étayer mes propos qui font évidemment suite à beaucoup de visionnages de vidéos et une certaine expérience du terrain...

    – Sur les nouvelles *brigades ELI j’avais déjà tenté une alarme ici : https://seenthis.net/messages/907305
    Et BIM, tansdis que les mainstream sont en boucle sur le sujet, on apprend que le parquet a lancé une enquête et la pref en profite pour placer ses ELI aux côtés de la CGT dans son communiqué...
    Voilà voilà. C’est parti pour une nouvelle confusion entre plein de trucs pour une pseudo quête fabriquée de besoin de sécurité, et donc une dépolitisation du fond...
    https://www.francetvinfo.fr/economie/syndicats/manifestation-du-1er-mai-une-enquete-ouverte-sur-les-violences-contre-l

    On peut voir ici un brassard ELI à Lyon, histoire que vous les repériez bien

    Autres angles de vues,

    celui du chercheur en sciences politiques Samuel Hayat :

    Quelques éléments sociohistoriques pour comprendre les heurts entre autonomes et service d’ordre (SO) de la CGT le 1er mai – heurts qui révèlent une crise profonde et durable de la forme manifestation. #Manif1erMai #GiletsJaunes #manifestation ⬇️⬇️⬇️

    https://twitter.com/SamuelHayat/status/1389151863631749124

    Il y a donc eut des bagarres à Paris, à Lyon et à Nantes :

    Pour Paris :
    – Décryptage complet de Maxime Reynié (refait pour mise à jour ce dimanche) : https://twitter.com/MaximeReynie/status/1388597950008418304 ; Voir en particulier les explications de « Houanui Toanui », Gilet Jaune, ex-militaire videur puis agent de sécu qui explique pourquoi ils se sont confronté au SO en cherchant à retenir les camions
    https://www.facebook.com/manu.evrard.18/videos/2956434057937599
    – un autre décryptage avec plans et aussi des remises en contexte par Le Social Club : https://twitter.com/LeSocialClub/status/1388903706125611009
    + Le suivi de Paris Luttes Infos : https://paris-luttes.info/samedi-1er-mai-deconfinement-et-14971
    + Je ne ferai pas tourner publiquement la video de QG sur les réseaux marchands car ça montre trop de visages mais :
    https://qg.media/emission/1er-mai-la-rage-du-peuple-est-de-retour
    – à 14’20 le chef des flics qui gueule pour que le cortège continue à avancer pour éviter l’infiltration des BB
    – à 17’ des gens engueulent le SO de la CGT qui empêche toujours le cortège d’avancer pendant que devant le BB se fait défoncer...
    –vers 18’ le coffre de Benalla toujours introuvable
    – vers 20’ un autre tronçon de cortège, plus mixte, resiste clairement aux tentatives d’intrusion des flics
    – vers 22’ l’accélération de l’escalade est visiblement liée à l’incursion de la BAC venue « prelever » un « BB » juste pendant le début de l’embrouille... on voit aussi des manifestants tenter de contenir leurs « potes » pour limiter la baston par la suite... bref la pref doit être ravie...
    Désigner un seul groupe coupable serait injuste. C’est avant tout la pref, en changeant au dernier moment le parcours + les attaques contradictoires des flics et les percées des BAC qui ont été les plus gros facteurs de stress et énervements. Et les condamnations des un-e-s et des autres est tout bénéf pour elle.

    Pour Lyon : le collectif @SurveillonsLes a lancé un APPEL pour recouper les témoignages sur comment la police a violemment agressé le cortège. Rdv sur surveillonsles@riseup.net.

    – Un thread sur ce qui s’est passé (et tapé) à Lyon. https://twitter.com/johanjrd_/status/1388936852376276998

    – communiqué de la CGT UberEats/Deliverro Lyon, directement attaquée : https://twitter.com/CGTUberDeli69/status/1388576095293804545

    Pour Nantes :
    – La baston se prolonge sur twitter pour ce qui concerne Nantes : https://twitter.com/Nantes_Revoltee/status/1388770739885592577
    – premier compte-rendu de Nantes Révoltée : https://www.nantes-revoltee.com/un-premier-mai-haut-en-couleur-sous-le-soleil-nantais suivi de plusieurs textes (pas encore lus) : https://www.nantes-revoltee.com/alors-graslin-ca-gaze + https://www.nantes-revoltee.com/1er-mai-dejouer-le-piege-mediatique

    • Ici c’était calme, mais après un bon cortège tout mélangé, à un moment ya eu une pause batucada etc, sur une place où étaient plutôt les GJ à l’époque et là… la CGT et FO qui continuent sans attendre personne le chemin vers la place finale du parcours…

      Du coup cortège coupé en deux, plus que des petits groupes. Après un moment de pause, une partie seulement de celleux resté⋅es en pause a continué le parcours, d’autres ont replié. Et une fois à la fin, sur la place finale CGT et FO étaient déjà parti depuis longtemps… donc tout petit groupe aussi avec celleux qui ont fait la fin.

      Assez nul bizarre à partir du moment où ya eu cette pause et coupure au milieu quoi.

    • Je ferai pas tourner publiquement la video sur les reseaux marchands car ça montre trop de visages mais :
      – à 14’20 le chef des flics qui gueule pour que le cortège continue à avancer pour éviter l’infiltration des BB
      – à 17’ des gens engueulent le SO de la CGT qui empêche toujours le cortège d’avancer pendant que devant le BB se fait défoncer...
      –vers 18’ le coffre de Benalla toujours introuvable
      – vers 20’ un autre tronçon de cortège, plus mixte, resiste clairement aux tentatives d’intrusion des flics
      – vers 22’ l’accélération de l’escalade est visiblement liée à l’incursion de la BAC venue « prelever » un « BB » juste pendant le début de l’embrouille... on voit aussi des manifestants tenter de contenir leurs « potes » pour limiter la baston par la suite... bref la pref doit être ravie...

      https://qg.media/emission/1er-mai-la-rage-du-peuple-est-de-retour
      Désigner un seul groupe coupable serait injuste. C’est avant tout la pref, en changeant au dernier moment le parcours + les attaques contradictoires des flics et les percées des BAC qui ont été les plus gros facteurs de stress et énervements. Et les contaminations des un-e-s et des autres est tout bénéf pour elle.

    • En amont de ces scènes, à République, Saint-Ambroise, Voltaire et ensuite, le carré de tête et le SO CGT ont fait de très longues pauses pendant que la tête de manif où se trouvait aussi de nombreux syndicalistes se faisait tronçonner à répétition par des bonds offensifs et des prélèvement de manifestants aux fins de poursuites. La direction du syndicat a offert à la répression un rassemblement quasi statique encagé par une nasse en U dont partait des vagues d’incursions policières. Si ces cortèges n’en restaient pas à leurs rares slogans habituels, il aurait pas été étonnant d’entendre scander « CGT collabo ! ».

      #Manifestation #maintien_de_l'ordre #police #SO #syndicat

    • Sous le soleil de @rebellyon un œil dans le ciel.
      https://rebellyon.info/7-peches-capitaux-de-la-police-lyonnaise-23089

      #Lyon est la ville de France la plus surveillée par l’hélicoptère, surnommé « BAC hélico » par la police.Il est en effet aux mains de la brigade anti-criminalité (BAC). Ce vendredi, un manifestant saisit le tribunal administratif pour que l’appareil reste au sol : pour l’instant, son utilisation par la police est toujours illégale.

    • Répression du 1er mai : appel à soutien au Tribunal judiciaire
      Paris-luttes.info
      https://paris-luttes.info/repression-du-1er-mai-appel-a-14976


      (superbe photo de Caroline de Benedetti, soit dit en passant)

      Comme d’habitude, la justice prendra le relais de la police pour judiciariser le maintien d’ordre au travers de comparutions immédiates, visant à rapidement infliger une peine à celleux qui auraient manifesté trop bruyamment. Plusieurs personnes ont déjà été déferrées au Tribunal ; et si certaines ont écopé de rappels à la loi, d’autres s’attendent encore à comparaitre devant un juge lundi.
      Face à la répression judiciaire, nous appelons à soutenir les personnes inculpées au Tribunal judiciaire à Porte de Clichy, à 13h30 ce lundi 3 mai dans les salles de la 23e chambre (en général 204 et 205 mais à vérifier au tableau face à l’accueil du tribunal).
      La Legal Team Paris

    • « CGT, COLLABOS »
      https://lundi.am/CGT-collabos

      « Ce que la surexposition médiatique et politique de cette bagarre permet d’occulter, c’est le déroulé réel de ce 1er mai. »

      Premier Mai 2021, on s’ennuie en France. Les infos s’inquiètent de ces « festnozs », « rave party » et « free party » qui se sont tenus ces derniers soirs. Les journalistes sont indignés, les citoyens jouent aux fayots, les préfets tiennent des conseils de crise et les tribunaux sont saisis pour enquêtes pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Mais le commentariat est aux aguets : la manifestation du 1er mai à Paris devrait offrir l’occasion de faire chauffer les claviers. Banco : les camions de la CGT se sont fait agresser. Qui, pourquoi ? Les différentes chapelles construisent l’ennemi qui les arrange.

      Depuis quelques années les manifestations du 1er mai sont inévitablement l’occasion d’un flot de commentaires d’après-match : MacDo, Black Bloc, Pitié Salpétrière. Sur les plateaux des chaînes d’info continue, comme sur Twitter, on devait trépigner vers 17h, quand cette édition 2021 ne semblait pas vouloir offrir d’occasion franche de déblatérer sans fin. Heureusement, l’événement est venu : cette fois l’affrontement entre le service d’ordre de la CGT, casqué, armé de gazeuses au poivre et de matraques télescopiquess, et ce qui semblait être une foule. La bagarre tournant au désavantage du SO, celui-ci s’est rapidement posé en victime « d’actes de vandalisations », mais aussi (et on ne l’attendait pas forcément sur ces questions vu le passif des bonhommes) d’« insultes homophobes, sexistes, racistes » commises par des « individus dont certains se revendiquant gilets jaunes ».

      La machine à indignation pouvait s’enclencher.

    • Pour Sohie Béroud, le nervi est probablement de sortie : La CGT prise pour cible le 1er-Mai : « Une attaque ciblée, qui dépasse la seule critique des syndicats »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/04/la-cgt-prise-pour-cible-le-1er-mai-une-attaque-ciblee-qui-depasse-la-seule-c

      Pour la politiste à l’université Lyon-II Sophie Béroud, « la défiance envers les syndicats existe depuis plusieurs années », mais les violences de ce week-end rappellent les modes opératoires de l’extrême droite.

      [...]

      Mais ce qui s’est passé samedi ressemble à autre chose. Si l’enquête démontre que les auteurs des faits sont bien issus de l’extrême droite, comme l’affirme la CGT, cela fait penser aux années 1970, quand, dans le secteur de l’automobile, mais aussi de l’agroalimentaire, des syndicats « maison » d’extrême droite étaient payés pour réprimer les militants de la CGT. C’est inquiétant sur ce que cela dit de l’influence de l’extrême droite en France plus que sur ce que cela transparaît de la perte de vitesse des syndicats.

    • « Une personne vient nous voir et nous informe qu’elle aurait entendu un flic en civil, dire à un responsable de la CGT, qu’ils allaient procéder à des arrestations dans le bloc. »

      Il semble donc qu’à #Lyon c’est bien la collaboration avec les flics #ELI qui a (re)lancé les hostilités. Quand à l’attaque du SO « protecteur » des sans papiers, sans surprise ce n’est pas l’extrême droite mais bien un combat de coqs...
      https://groupeantifascistelyonenvirons.wordpress.com/2021/05/04/communique-suite-a-la-manif-du-1er-mai

    • L’attaque contre la CGT révèle les tensions au sein du mouvement social | Mediapart 05/05/2021

      https://www.mediapart.fr/journal/france/060521/l-attaque-contre-la-cgt-revele-les-tensions-au-sein-du-mouvement-social?on

      En effet, la CGT communique beaucoup pour rappeler que le temps est loin où ses cortèges étaient encadrés par des gros bras du syndicat du Livre et des cheminots. « Ceux qui participent à la sécurisation des manifestants, ce sont des salariés, des jeunes, des moins jeunes, de diverses professions, détaille Philippe Martinez. Ce sont des militants, des militantes, mais d’abord des salariés du public et du privé, parfois des retraités. Participer à l’encadrement des manifs, ce n’est pas un métier, c’est un acte militant. »

      Le secrétaire général de la CGT insiste sur le rôle qui est fixé au SO : « On n’est pas des auxiliaires de police. Nous, notre responsabilité, c’est que le défilé, qui est bien délimité, se passe dans les meilleures conditions. On s’occupe de ceux qui sont dans le cortège des organisations syndicales. Tout ce qui se passe à l’extérieur de ce cortège, c’est de la responsabilité des forces de l’ordre et du préfet. »

      Le texte signé par Solidaires dit les choses un peu différemment, mais le fond est identique : « Il n’est pas question d’imposer à quiconque sa stratégie mais le respect des stratégies différentes doit être mutuel. La stratégie de Solidaires est de permettre au plus grand nombre de manifester dans les meilleures conditions possibles afin de construire un rapport de force favorable pour gagner sur nos revendications. »

      Un argument qui ne convainc pas forcément les habitués des manifestations, mais en dehors des syndicats. Par exemple Priscillia Ludosky, initiatrice de la pétition sur le prix du carburant qui a fait naître le mouvement des gilets jaunes, et devenue une figure des mobilisations, identifiée comme appartenant à la gauche.

      Le 2 mai, la militante s’est fendue d’un tweet remarqué où elle commentait l’équipement du SO : « Le service d’ordre de la CGT est devenue une annexe de la BAC : matraque, gaz… » Son message a causé un certain émoi, des responsables de la CGT l’ont appelée pour discuter. Mais sa position n’a pas beaucoup évolué : « Je me pose toujours la question de l’équipement, déclare-t-elle à Mediapart. À quel titre ont-ils le droit d’avoir ce type de matériel, alors que lors du mouvement des gilets jaunes, même les “street medics” se faisaient parfois embarquer leur équipement ? »

      Priscillia Ludosky n’est pas plus convaincue par « la façon dont les gens des syndicats gèrent les manifestations » : « Je comprends bien qu’ils n’avancent pas lorsque des membres du black bloc viennent tout casser, mais le 1er mai, c’était différent. Ils nous ont laissé nous faire gazer dans tous les sens… Ils ne se mélangent pas aux autres, ils n’appliquent pas la convergence des luttes qu’ils disent toujours rechercher. »

      L’incompréhension est valable dans les deux sens. Chez les syndicats, les craintes ne sont pas nées ce 1er-Mai. « Depuis le mouvement sur les retraites, nous avons de plus en plus de difficultés à manifester avec des individus hostiles aux syndicats qui tentent par exemple de s’en prendre à nos camions syndicaux », écrivent les responsables du SO de Solidaires.

      Les attaques ont démarré il y a plusieurs mois

      Les diverses composantes du mouvement social font le compte des incidents. En décembre 2019, au début du mouvement contre la réforme des retraites, un camion de la fédération Sud Santé Sociaux a été attaqué, ses vitres brisées. « Certains individus qui apparaissent parmi les assaillants du 1er mai font partie de ceux qui ont attaqué le camion », assure Solidaires aujourd’hui.

      Une nette montée des tensions a surtout été remarquée à partir du début des contestations de la loi pour une sécurité globale, fin 2020. Lors de la grande manifestation du 28 novembre, le camion des organisateurs avait déjà été la cible d’un caillassage en règle, en plein cortège et alors qu’aucune échauffourée n’était en cours.

      C’est surtout la manifestation suivante, le 5 décembre, qui a marqué les esprits : le carré officiel a été attaqué à deux reprises par des membres du cortège de tête. C’est ce que décrit avec précision ce texte rédigé par des « communistes libertaires syndiqué·e·s à la CGT et à Solidaires », qui parlent carrément de « coups de poignard dans le dos ».

      Ces attaques, et les débats qu’elles ont déclenchés au sein de la coordination contre la loi sécurité globale, expliquent que la coordination n’ait pas appelé officiellement à manifester le 12 décembre, estimant qu’elle n’était pas en mesure de garantir la sécurité des participants – le 12, ce sont finalement les policiers et gendarmes qui ont empêché que le défilé ait réellement lieu. Le 16 janvier, enfin, Philippe Martinez a été copieusement insulté.

      D’autres observateurs font remonter les tensions au « contre-G7 » qui s’est tenu fin août 2019 au Pays basque. Les incompréhensions régnant dans le camp où s’étaient installés les manifestants ont donné lieu à des quasi-affrontements entre associations installées et « autonomes », désireux de s’en prendre aux forces de l’ordre. Ces dernières avaient menacé à plusieurs reprises d’investir le camp.

      Attac, l’une des associations-pivots de l’événement, a écrit en septembre 20019 un long texte, pesé au trébuchet, pour regretter en creux les désaccords : « Nous ne pensons pas que notre camp politique se réduise à celles et ceux qui pratiquent uniquement le même type d’actions que nous. À ce titre, nous n’avons jamais condamné aucune autre action, fût-elle qualifiée de violente par les médias et/ou l’État. […] Dans la même logique, nous avons souhaité que nos propres cadres de mobilisation soient respectés, avec le consensus d’action qui les accompagne. »

      Les militants CGT eux-mêmes divisés

      Difficile de savoir ce que pense de ces évolutions le milieu dit des « autonomes », qui n’ont par définition pas de représentants. Un jeune collectif parisien qui s’était réjoui des actions contre la CGT le 1er-Mai s’est livré le lendemain à une sévère autocritique. Et les médias considérés comme proches de ce courant de pensée ont évité de se mouiller.

      Le site Lundimatin, sans doute le plus connu d’entre eux, n’a ainsi ni approuvé ni condamné l’attaque contre la CGT. « Ce que la surexposition médiatique et politique de cette bagarre permet d’occulter, c’est le déroulé réel de ce 1er-Mai, l’état des forces en présence et leurs stratégies (ou absence de stratégie). Ce que nous avons vu, c’est un cortège syndical affaibli stopper la manifestation pendant quasiment deux heures afin de se distinguer d’un cortège “de tête” massif », écrivent seulement ses animateurs, fidèles à leur ligne – et tant pis si cette fois, le cortège de tête était bien moins « massif » qu’il ne l’a été par le passé.

      Aujourd’hui, le débat a aussi lieu en interne dans les syndicats. Et à la CGT en particulier. Exemple parmi d’autres, dans un groupe de militants habitués à échanger leurs impressions, l’un critique les attaques contre le SO : « Difficile de dire si le but de cette minorité agressive est d’empêcher les citoyens de manifester mais c’est en tout cas le résultat. […] Nul ne souhaite empêcher les plus marginalisés de manifester leur colère dans la rue mais qu’ils s’en prennent aux forces du désordre au lieu de frapper des syndicalistes. »

      Un autre, en revanche, refuse de condamner : « Je me revendique cégétiste, mais aussi Gilet jaune et militant révolutionnaire, et je ne pense pas être raciste ou homophobe, encore moins fasciste ou flic... Cependant les cortèges festifs de la CGT à Paris me lassent. La confédération et les unions départementales confondent, selon moi, les carnavals brésiliens et les mouvements contestataires qui devraient être à la hauteur de la répression et de la dictature qu’on se prend dans la gueule ! »

      Sans doute bien consciente du caractère délicat de la situation, la CGT n’a pas oublié de mettre largement en cause la stratégie de la préfecture de police de Paris et de son chef, Didier Lallement, qu’ils estiment responsables de leur agression : les policiers présents en nombre à Nation n’ont guère bougé pendant l’attaque des camionnettes, et ont refusé d’ouvrir les barrières qui leur bloquaient le passage.

      « Nous étudions les possibilités de dépôt de plainte, y compris vis-à-vis du préfet de police », a déclaré Philippe Martinez lors de sa conférence de presse. Valérie Lesage a pour sa part demandé que le préfet de police soit « révoqué », car « il a failli à de nombreuses reprises à la protection des manifestants et à l’exercice du droit de manifester ». La CGT va en outre « demander l’ouverture d’une enquête parlementaire, afin de faire la clarté sur la gestion du maintien de l’ordre lors de la manifestation de ce 1er-Mai, ainsi que lors des manifestations depuis 2016 », a-t-elle annoncé.

  • Digression sur l’identité - [A Contretemps, Bulletin bibliographique]
    http://acontretemps.org/spip.php?article836

    C’est au bar des amis, un soir d’embuscade, qu’une pique lancée par Ada me remit en état d’alerte conceptuelle alors que je récupérais à peine de la longue marche que nous avions accomplie en groupe à travers Paris par un chaud samedi de Gilets jaunes. Elle fondit sur moi, cette saillie, comme une offense à l’intelligence. Or je savais Ada intelligente, et plutôt subtile dans ses jugements. La phrase claqua au vent des passions tristes Elle m’était adressée les yeux dans les yeux : « Mais “la Classe”, mon camarade, est aussi une identité. » Comment traduire par écrit le ton d’une voix ? Par convention, je choisis ici l’italique qui n’est qu’une manière de souligner ce qui le mérite. L’inflexion de sa voix se voulait ironiquement dépréciative. J’y ressentis, en tout cas, une claire volonté d’en découdre : dans sa bouche, le noble nom de « camarade », connotée possessivement, n’annonçait rien d’autre qu’une volonté d’ouvrir les hostilités. Elle venait de m’entendre dire, dans le cadre d’une conversation générale sur laquelle je reviendrai, que je me méfiais de toutes les identités et que je conférais aux Gilets jaunes l’avantage d’avoir parié sur la désidentification. Sachant que les membres de l’assemblée se réapproprieraient la réplique pour y aller chacun de son commentaire, je décidais de passer mon tour en savourant à petites lampées mon verre de brouilly bio. À chacun son vice.

    Une marxiste du cheptel, sous vague influence opéraïste, ponctua, apparemment sure d’elle, que la classe n’était pas une identité, mais un processus en formation, composition (et décomposition) permanentes. Un communisateur de derrière les fagots de la Théorie prétendit, lui, qu’elle était une substance, voire une essence, n’ayant d’existence concrète que dans l’action de communisation. Une libertaire bon teint affirma que la classe pouvait être une identité, mais anti-identitaire (peut-être voulait-elle dire anti-autoritaire), une sorte de particularisme en marche vers l’universel. Un déconstruit de la dernière averse déclara qu’elle n’existait, cette classe, que comme antagonisme impuissant puisqu’elle avait cessé d’être le sujet de quoi que ce fût à partir du moment où le sujet avait cessé lui-même d’être. Ce à quoi, mon verre vidé et le déconstruit me sommant d’avoir un avis, je répliquais, un peu bougon, que sa particularité tenait au fait d’avoir toujours été trahie par ses pseudo-représentants et sa prédisposition à l’ « antagonisme » d’avoir toujours été matée dans le sang par ses adversaires « de classe ». En ajoutant, la voix un peu lasse : « Votre problème réside, camarades, dans votre déficit d’histoire. » Un grand froid plana sur l’assemblée que Mourad, attentif au bien-être de ses hôtes, tenta de réchauffer en annonçant, dans l’allégresse générale, que la tournée suivante serait pour lui.

  • Un pas de plus dans l’infamie - Freddy Gomez, A Contretemps, Bulletin bibliographique
    http://acontretemps.org/spip.php?article818

    On ne sait pas comment ça finira, mais on n’aura pas cessé d’alerter sur comment ça a commencé et se poursuit. Ce « ça », c’est l’infamie qu’on expérimente depuis maintenant deux grosses années [quatre en fait, ndc], une infamie qu’on ne cherche pas à adjectiver, mais que l’on ne peut que constater à chaque rassemblement et #manifestation où nous nous rendons, une infamie qui nous livre à l’infinie violence d’une #police dépourvue de toute conscience – y compris celle de ses propres intérêts –, une infamie qui, de palier en palier et d’acte en acte, ne répond qu’à un seul objectif, fixé par l’#État_policier : briser nos résistances, terroriser nos indignations, mutiler nos colères, organiser l’auto-confinement de nos désirs pluriels et convergents d’émancipation.

    Le samedi 12 décembre, jour de manifestation parisienne « autorisée », un nouveau cap fut franchi dans « la méthode », comme disent les stratèges flicards de cabinet. Il s’agissait, clairement, d’expérimenter sur une foule compacte de plusieurs milliers de personnes [1] un nouveau dispositif à l’allemande procédant par « bonds offensifs » aléatoires, véloces et répétés à l’intérieur du cortège en distribuant des horions à tour de bras et en ramassant du gardé à vue pour faire du chiffre. Tout cela à partir de critères assez basiques pour être compris par les cognes de base : quand c’est habillé de noir, c’est du black bloc ; à défaut de noir, on tape à côté. Cinquante mètres après la place du Châtelet, d’où partait, en remontant le Sébasto, la manifestation déclarée « pour la défense des #libertés », la première pénétration sauvage de flics eut lieu, de droite et de gauche par charges multiples. Premier avantage : créer des situations de panique à l’intérieur du cortège ; second avantage : le scinder, le morceler, le maintenir sous contrôle serré, multiplier les nasses en son sein, le réduire à n’être plus qu’un troupeau qui peut être abattu sur place à tout moment. La « méthode » procède d’une scélératesse inouïe. Elle est pensée pour déstabiliser, frapper de stupeur, humilier, terrifier. L’impression dominante, c’est que la rue ne nous appartient plus, qu’on défile dans une cour de prison, que le destin nous échappe. Tout ce qui fait de la manifestation un moment unique de réappropriation de l’espace nous est refusé. La fuite aussi, d’ailleurs, puisque le nassage latéral ne la permet pas.

    Le 12 décembre, à Paris, plus de 3 000 flics dopés à la haine occupèrent, rue par rue, le périmètre de la manif, chargeant constamment et sans raison un cortège déjà réduit à n’être plus qu’une foule emprisonnée et vouée à la bastonnade. Comment admettre une telle pratique ? Au nom de quel intérêt supérieur de l’État ? Pour qui nous prend-on pour nous traiter ainsi ? Au nom de quelle logique devrait-on admettre que des flics surarmés interviennent à la féroce au sein d’un cortège déjà maté du fait de leur écrasante présence pour le disloquer sous les coups. Et ce, non pour des actes commis ou en voie d’être commis, mais à partir des seules intentions que la hiérarchie policière prêterait à tel ou tel manifestant. Comment nommer cela ? Il fut un temps où aucune manifestation placée sous contrôle serré des flics ne se passait sans que résonnât ici ou là, et parfois à voix forte, le rituel slogan « Le fascisme ne passera pas ! ». On pourrait être en droit de se demander pourquoi on ne le l’entend plus, désormais. Et avancer comme explication que, pour nombre de manifestants d’aujourd’hui, la police est devenue si détestable, sa hiérarchie si sûre d’être couverte et l’État si objectivement dépendant d’elle que la Macronie, née d’un « vote utile » contre l’extrême droite, chasse désormais – et comment ! – sur son terrain. Ce qui est passé avec elle, c’est une politique de dévastation généralisée où aucun droit social, aucune garantie démocratique gagnés de vieille lutte, aucun refus de se plier à ses diktats ne sauraient être tolérés. Ce régime s’est mis de lui-même dans les pognes d’une police dirigée par des psychopathes à casquette prêts à tout pour écraser la « canaille » que nous sommes. Ce 12 décembre 2020, on aura au moins compris à quoi elle est prête, cette police. Il n’est pas sûr que sa démonstration de force brutale nous ait définitivement découragés, mais il est certain que cette date, où aucun black bloc n’a pété aucune vitrine, restera à jamais celle où cette police s’est lâchée sans complexe contre celles et ceux qui, souvent très jeunes, manifestaient un réel courage dans la constance de leurs convictions.

    Au total, il y eut 149 interpellations, 123 gardes à vue de 24 à 48 heures dont la plupart des interpellés, éradiqués du cortège comme black blocs potentiels, seront relâchés sans charge. Six d’entre eux en revanche se verront déférés en comparution immédiate devant le tribunal pour « groupements en vue de… », pour « outrage » ou pour « dissimulation de visage », chef d’inculpation qui, en situation de Korona galopant, ne manque pas d’être ubuesque. Il faut vraiment être juge et macronard pour faire preuve d’une telle sagacité.

    Vue par les #médias mainstream et le journalisme de préfecture, l’infamante gestion policière de cette manifestation fut décrite comme une parfaite réussite. À preuve : les sauvages manifestants dont elle a l’habitude de faire son spectacle avaient été privés de saccages. (...)

    #fascisation

    • Il fut un temps où le bloc bourgeois ordonna à sa police de tirer au ventre. L’Histoire avec une grande hache fourmille d’exemples de tueries en masse de ce genre. Il en fut un autre où, au sein même du bloc bourgeois, des « démocrates sincères », porteurs d’une tradition d’humanisme intransigeant, furent capables de défendre, becs et ongles, cette essentielle #liberté_de_manifester qu’à juste titre ils voyaient comme une soupape. Car ces gens-là, simplement éclairés, étaient des opposants au désordre, mais dotés de la capacité d’en discerner les causes et les effets dans leur propre camp – c’est-à-dire celui où s’épanouissaient leurs privilèges, leurs statuts et leurs rangs – quand il pouvait être menacé par des foules hostiles prêtes à tout pour laver les offenses que leur classe leur faisait subir. Souvent apparentée à la gauche, mais débordant aussi ses rivages, cette fraction du bloc bourgeois était le fruit d’une tradition historique, celle de la Révolution française, qui fut interclassiste. Jusqu’à mai 68 et la décennie agitée qui suivit la convulsion, cette fraction joua son rôle : elle défendit la liberté d’expression et de manifestation et elle veilla, tant que faire ce pouvait, à dénoncer les agissements des polices d’un Papon ou d’un Marcellin.

      On s’étonna, au vu de la très sévère répression qu’on appliqua aux Gilets jaunes, de l’absence majuscule de réaction pétitionnaire ou manifestante de cette fraction éclairée du bloc bourgeois. La raison, pourtant, en était simple. C’est qu’elle avait cessé d’être, que ces « grandes consciences » ou ces « belles âmes » avaient tout bonnement disparu, comme s’étaient considérablement réduites les zones d’influence où elle s’exerçait (...)

      #tradition_humaniste #bourgeoisie #démocrates

  • Ce feu qui nous rassemble
    http://acontretemps.org/spip.php?article815
    à propos de Péage Sud de Sébastien Navarro aux Éditions du Chien rouge, Marseille.

    Si ce Péage Sud surpasse bien des ouvrages, même dignes d’intérêt, parus à ce jour sur le mouvement des Gilets jaunes, c’est qu’il nous restitue, de l’intérieur et en fil direct, ce qui fit – et continue de faire – sa singularité dans l’histoire de la « canaille », comme disait Thiers des communards. Cette singularité, c’est l’idée que quiconque veut le rejoindre ou le quitter « s’y agrège et se désagrège sans que des protocoles aient besoin d’être déployés ». La tribu ne sélectionne pas ; elle n’exclut pas non plus. Ce qu’elle construit, c’est un « agir » spontané, une « énergie politique sans leader », une « puissance » désidentifiée, une force insaisissable capable de muter au gré des convergences qui pourraient naître de la fraternité des combats. C’est ainsi que les Gilets jaunes ont trouvé naturellement leur place dans le mouvement contre l’ignoble projet macronien de contre-réforme des retraites et qu’ils sont encore là, au bout de cette sinistre année 2020 où tout nous fut volé de nos patientes impatiences. Ils savent que la police tient l’État dans sa pogne, qu’elle a fait corps séparé et que c’est précisément pour cela que Darmanin leur lâche tout. Et pourtant ils attendent toujours le grand soulèvement, plus convaincus que jamais que leur cause est juste et leurs pratiques méritoires. C’est aussi en cela qu’ils font exception. Ils se refusent, en fait, à n’être réduits qu’au souvenir d’eux-mêmes aux heures du grand feu qui les/nous rassembla. Ils n’en ont pas fini avec Macron et son monde de merde.

    Voir :
    https://seenthis.net/messages/885331
    https://seenthis.net/messages/886310

    #Sébastien_Navarro #livre #CQFD #Chien_Rouge #Gilets_jaunes

  • Mort d’un poète-contrebandier
    Pierre Gallissaires (1932-2020)

    Hanna Mittelstädt

    https://lavoiedujaguar.net/Mort-d-un-poete-contrebandier-Pierre-Gallissaires-1932-2020

    http://acontretemps.org/spip.php?article800

    Pierre Gallissaires s’est éteint le 10 août 2020 à l’hôpital de Toulouse. Il vivait seul, depuis plusieurs années, à Montauban, dans une maisonnette située en banlieue, qui, sur le devant, donnait sur un paysage routier gris et très fréquenté, bretelle d’autoroute, zone industrielle, stade, mais dont les fenêtres de la façade arrière s’ouvraient sur une sorte de paradis : un jardin verdoyant, avec plus loin un bras du Tarn, lequel était d’ailleurs monté de plus de 7 mètres, il y a quelques années, peu après l’emménagement de Pierre, inondant une partie de sa bibliothèque qui reposait encore dans des cartons à même le sol. Mais seulement une petite partie, car la plupart des livres avaient déjà été classés sur des étagères. Pierre détestait ce qu’on appelle communément l’« ordre » ; il détestait les murs blancs, les hôpitaux et l’Église catholique. Il détestait les professeurs. Et le « vieux monde ». Ce qu’il aimait surtout, c’était la poésie, la révolution, son ordre à lui, qu’il avait lui-même créé, et son propre rythme, aussi lent que possible — la plus grande lenteur face à toutes les turbulences du monde. Il aimait ses amis, ses camarades, sa compagne, Nadine Tonneau, qui est morte longtemps avant lui, et, je suppose, sa petite maison de banlieue qu’il avait aménagée à son goût, ne laissant aucun mur blanc : ils étaient, en effet, tous recouverts d’affiches de « production artisanale », de livres issus d’une bibliothèque constamment enrichie depuis soixante-dix ans, d’objets et trouvailles de toute une vie, de poteries de son frère, François, de photographies et de quelques meubles décrépis, reçus en héritage de la maison familiale. (...)

    #traduction #poésie #contrebande #édition #Pierre_Gallissaires #Allemagne #surréalisme #anarchisme

  • C’est reculer que d’être stationnaire…

    Jean-Pierre Duteuil

    https://blogs.mediapart.fr/jpd/blog/120720/entrer-dans-le-monde-de-la-trans-especite

    http://acontretemps.org/spip.php?article798

    https://lavoiedujaguar.net/C-est-reculer-que-d-etre-stationnaire

    À mes amis,

    Cela fait plus de trente ans que le virus « genre » est sorti des éprouvettes des laboratoires universitaires américains, venu, dit-on, d’Europe, par le biais de la « french theory ». Jusque-là, on appelait sexe social les comportements et les fonctions qu’une société assignait au sexe biologique. Cela signifiait tout simplement qu’il n’y avait rien de « naturel » aux attributions que les unes et les autres devaient assumer dans un milieu et à une époque donnée et qu’il ne s’agissait là que d’un rapport de forces en faveur de l’un des deux sexes au sein de la division sexuelle du travail.

    Pour toute personne persistant à se projeter dans un autre futur collectif et égalitaire il était alors évident qu’il fallait combattre, et si possible abolir, ce sexe social et non en changer, quand bien même l’appellerait-on autrement.

    Transformer le « sexe social » en « genre » a pourtant permis un génial coup double. Éradiquer à la fois le sexe et le social ne manquait pas de classe : se couler dans le moule d’un puritanisme renaissant regardant d’un sale œil la libération sexuelle des années 1970 et, en même temps, mettre au rancart tout ce qui pouvait suggérer la lutte des classes et un élan prolétarien ! La fin d’une époque en somme, où se rejoignent postmodernes et thermidoriens de l’après-68. (...)

    #french_theory #Jean-Pierre_Duteuil #genre #social #prolétarien #postmodernité #université #animalité #trans-espécité

  • Arié Alimi : « Il ne reste plus à ce pouvoir que la violence »
    https://www.revue-ballast.fr/arie-alimi-il-ne-reste-plus-a-ce-pouvoir-que-la-violence

    Aux oppo­sants à ses contre-réformes libé­rales, Emmanuel Macron rétorque qu’ils n’ont qu’à « essayer la dic­ta­ture ». De l’Élysée à la place Beauvau, on exalte l’usage « légi­time » de la vio­lence contre les mani­fes­tants et l’on nie vigou­reu­se­ment le carac­tère sys­té­mique des vio­lences poli­cières. Pendant ce temps, les avo­cats jettent leurs robes dans les tri­bu­naux, aux pieds de la garde des Sceaux. Arié Alimi n’a pas choi­si le droit par voca­tion : cet avo­cat de 42 ans s’est pour­tant impo­sé comme une figure de la défense des liber­tés publiques et du com­bat contre l’impunité des auteurs de vio­lences poli­cières. C’est ain­si qu’il a défen­du la famille de l’é­tu­diant éco­lo­giste Rémi Fraisse — tué en 2014 par un tir de gre­nade —, les lycéens moles­tés durant la loi Travail, une ving­taine de gilets (...)

    • « Nous sommes au-delà de la coercition »
      http://acontretemps.org/spip.php?article755

      ■ Posté sur Ballast, cet entretien avec l’avocat #Arié_Halimi, datant de début février, a retenu notre attention. D’abord, parce qu’il est éclairant et argumenté sur la #dérive_ultralibérale_autoritaire d’un pouvoir qui, faisant de la #police son dernier rempart face à la détestation générale qu’il inspire, s’est totalement soumis à elle. Ensuite, parce qu’il permet de remonter le temps de l’abjection policière et de se rendre compte que rien de ce qui apparaît comme nouveau ne l’est jamais tout à fait.– À contretemps.

      Dans les circonstances actuelles, la population, dites-vous, est fondée à se défendre contre les violences policières. Dans un tweet qui a suscité la polémique, vous affirmiez même récemment : « Le moment où user de la légitime défense contre des milices est peut être venu. » Qu’entendiez-vous par là ?

      Peut-être ce tweet était-il trop précoce. En parlant de « milice », je ne désignais pas le corps policier en général. Historiquement, les #milices désignent un phénomène précis : il s’agit de groupes exerçant hors du cadre légal une violence dirigée contre des communautés politiques, contre des manifestants, contre des personnes à raison de leur origine, de leur religion. Ce phénomène, hélas, existe. Lorsqu’un diplomate s’associe à des fonctionnaires de police en retraite et à d’anciens militaires pour fomenter des actes terroristes [4], comment nommer cela ? On pense au SAC, à la Cagoule… Quand vous voyez des individus en groupe, cagoulés, munis de matraques, sans RIO donc sans identification possible, qui frappent des manifestants, comment les qualifier ? C’est une question que je me pose, si ces personnes ne donnent pas à voir qu’elles appartiennent à un service public, à la police… Ces phénomènes ne sont pas sans lien avec l’idéologie fascisante qui gagne du terrain au sein de la police, ils doivent être dénoncés. On peut renvoyer ces affaires à la justice, se dire qu’il n’appartient pas aux citoyens, aux manifestants de résister à ces violences. Oui. Mais lorsque vous êtes en situation de légitime défense, avec un péril imminent, avec, face à vous, la violence illégitime d’un individu sans identifiant qui vient vous frapper avec une matraque, vous avez le droit de vous défendre… Dans ce cadre précis. Je ne parle pas de légitime défense telle que la conçoivent certains groupes politiques, avec la possibilité d’aller frapper, de lancer des pavés : pas du tout. Je parle d’un cadre légal. Quand des personnes non identifiées vous frappent, vous violentent alors qu’elles n’ont pas le droit de le faire, oui, vous avez le droit de vous défendre.

      #État_policier

  • Une tenue jaune qui fait communauté - A Contretemps, Bulletin bibliographique
    http://acontretemps.org/spip.php?article684

    Une tenue jaune qui fait communauté
    samedi 29 décembre 2018
    par F.G.

    ■ Au point où nous en sommes de ce mouvement des Gilets jaunes, aussi effervescent que contagieux, rien ne laisse penser que, par un effet magique, la « trêve des confiseurs » participera davantage de son épuisement que la stigmatisation médiatique et la répression juridico-policière auquel il fut soumis depuis ses origines. Des signes semblent indiquer, au contraire, que, par sa forme même, cette irruption soudaine de colères conjuguées soit sur le point de rendre la multitude sinon ingouvernable, du moins incontrôlable : initiatives diverses partagées localement, pratiques d’auto-organisation immédiates, ciblage intelligent des objectifs à bloquer, « zadisme » diffus, tissage informel de résistances diverses, dépassement permanent des intentions premières [1]. Quoi qu’il en soit de son évolution, globalement indéchiffrable à cette date, ce mouvement de belle ampleur a déjà bouleversé quantité de schémas théoriques auxquels s’accrochent encore, mais sans prise réelle, les invariants « classistes » du champ politique de l’anticapitalisme dit radical. L’article que nous insérons ici, émanant de Temps critiques – qui, depuis le début de ce mouvement, tente de saisir, jusque dans ses contradictions et ses insuffisances, ce qui s’y joue d’essentiel pour l’avenir – s’accorde, pour l’essentiel, à notre démarche et aux conclusions provisoires que, pour l’heure, nous tirons de cette sécession diffuse « qui fait communauté ».– À contretemps.

    Le mouvement des Gilets jaunes semble confirmer une rupture du fil historique des luttes de classes. Elle avait déjà été amorcée mondialement par les printemps arabes, le mouvement Occupy et les mouvements des Places qui tous avaient placé en tête des mobilisations des revendications ou des demandes touchant les libertés, l’égalité, les conditions de vie en général ; l’emploi plus que les conditions de travail. C’est aussi pour cela que ces mouvements s’adressaient bien plus à l’État qu’au patronat, dans la mesure où le processus de globalisation/totalisation du capital conduit les États à gérer la reproduction du rapport social au niveau territorial, mais en restant dépendant des exigences de la globalisation.

    En France, la force de résilience du mouvement ouvrier traditionnel avait encore maintenu cette idée de lutte de la classe du travail contre le capital. Au printemps 2016, la lutte contre la réforme du droit du travail et des statuts poursuivait encore sur la voie « la classe ouvrière avant tout » sans obtenir de résultats tangibles. Quelques années auparavant, les regains de mobilisation engendrés par le mouvement des Places n’avaient pas permis un rebond effectif, car ce dernier avait vite privilégié le formalisme des assemblées au détriment des contenus de la lutte. Une lutte qui semblait avoir trouvé un alliage plus prometteur au sein du mouvement espagnol, avec le débordement du mouvement des Places vers les solidarités de quartier en lien avec les problèmes de logement.

    Dans toutes ces luttes, y compris dans le cas de la lutte contre la loi-travail, la question de la grève générale ou celle du blocage de la production à partir des usines n’a pas été posée, de même qu’elle n’est pas posée au sein du mouvement des Gilets jaunes. Dans ces conditions, conjuguer la poursuite des occupations de ronds-points avec des appels à la grève des salariés relève d’une fiction de « convergence des luttes » ou alors de l’idée dépassée que le blocage des flux de marchandises serait secondaire par rapport au blocage de la production des marchandises elles-mêmes.

  • Jeux et enjeux d’une sécession diffuse - A Contretemps, Bulletin bibliographique
    http://acontretemps.org/spip.php?article681

    Rien de ce qui bouge en exprimant, dans ses profondeurs, dans l’inattendu de sa mise en branle, une révolte clairement sociale, ramifiée, coagulante, hors contrôle et horizontale, ne saurait laisser indifférent. La sécession des Gilets jaunes apparut ainsi, dès ses premiers symptômes, révélatrice, conjointement, d’un retour du refoulé et d’une réinvention. Elle disait un insaisissable qui est le propre des révoltes plébéiennes : l’éruption d’un innommé conscient de sa force, mais dépourvu de références historiques identifiables.

    Du pouvoir médiatico-politique

    Face à cette subite montée de colères objectivement unifiables, colères aux apparences tranquilles mais charriant un ressentiment potentiellement explosif, l’observateur moyen d’aujourd’hui, journaliste formé aux écoles du consentement ou politique sans autre caractéristique que d’être rallié à l’ordre de la domination, n’a de capacité de jugement que celles que lui confèrent le « nouveau monde » auquel il aspire et l’enseignement de l’ignorance historique qu’on lui a dispensé. Le discours médiatico-politique des premiers temps de la révolte est là pour en attester. Il ne disait rien de ce qui cuisait dans la marmite en surchauffe, mais tout des affects qui animaient ceux qui étaient en charge d’en analyser les causes et les effets : pas la trouille, pas encore, mais un profond mépris pour ce petit peuple de « beaufs » trop abruti pour admettre l’hypothèse de la fin du monde, et donc la nécessité – taxable – de l’urgence climatique. En fait, la fracture était là, claire, nette, évidente, entre les « sachants » et les « petits ». D’un côté, ceux qui marchent dans le sens moral de l’histoire et des droits de l’homme écologique ; de l’autre, ceux qui, médiocrement, égoïstement, n’aspireraient qu’à une immorale survie augmentée.

    Qui ignore le passé des anciennes révoltes est incapable de saisir ce qui se joue, en écho ou en correspondance, dans les nouvelles. Corrélé à l’épuisement de toute capacité dialectique chez les analystes contemporains, tous issus de la petite-bourgeoisie intellectuelle, cette idée à laquelle ils se soumettent volontairement qu’il n’est d’autre monde possible que celui qui les salarie en leur conférant un si pauvre statut de minable communicant, explique, et justifie, l’absolu discrédit dans lequel ils sont tombés. Sans leur complicité, active ou passive, rien ne pourrait tenir du mensonge dominant. Si le terme de « caste » leur convient si parfaitement, ce n’est pas par défaut, mais parce que, consciemment ou inconsciemment, la fonction qu’ils assument, consiste à légitimer, même de manière apparemment contradictoire – en version « de gauche » ou « de droite » –, l’idée qu’il n’est finalement d’autre manière d’en être, de ce monde, qu’en l’acceptant tel qu’il est ou tel qu’il pourrait être, le cadre restant invariablement le même, celui d’un néo-libéralisme plus ou moins régulé. ❞

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  • Du sexisme inclusif
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1088

    Nous qui avons toujours considéré que l’écriture prétendue "inclusive" était ainsi nommée par antiphrase ; qu’elle n’était en réalité qu’une écriture exclusive visant à la séparation, une mode issue du puritanisme des campus américains (voir Les Bostoniennes de Henri James) et la plus récente préciosité des ridicules contemporaines, nous publions avec plaisir cette dissection réfléchie et raisonnée de la philosophe belge Annick Stevens, spécialiste d’Aristote et de la philosophie de l’Antiquité. Son texte a été publié fort à propos par le “bulletin de critique bibliographique” anarchiste A Contretemps Pour lire le texte, cliquer sur l’icône ci-dessous. (...)

    «http://acontretemps.org» #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/du_sexisme_inclusif_stevens_.pdf

  • Trimards et marginaux de Mai 68
    https://nantes.indymedia.org/articles/39925

    La mémoire des graines de crapules Présentation du livre "Trimards, « pègre » et mauvais garçons de Mai 68", de Claire Auzias, ed. ACL et discussion avec l’auteure

    #Nantes le jeudi 15 février à B17, à 19 h 30

    Saint Nazaire, le mercredi 14 février au bar sous les palmiers, bd de Verdin, 19h 20

    #Répression #/ #lutte #étudiant-e-s #lycéen-ne-s #mouvement #Saint-Nazaire #Répression,/,lutte,étudiant-e-s,lycéen-ne-s,mouvement