Nahil, 11 ans, traité d’apprenti terroriste par sa professeure | CCIF

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  • Nahil, 11 ans, traité d’apprenti terroriste par sa professeure

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    Le 25 novembre dans un collège d’Ile de France, alors que Nahil s’emparait d’un papier qu’il enroule en cigare pour le montrer en pistolet à ses camarades, ce ne seront pas les sourires de ses camarades qui accompagneront ce geste banal, propre d’un enfant de son âge. Loin de là.

    Avisé par un élève, son enseignante a voulu saisir l’opportunité de son geste pour déverser sur lui ses préjugés et amalgames.

    Au lieu de se saisir de sa mission au sein de l’Education Nationale pour déconstruire les idées fausses suite aux attentats du 13 novembre, elle choisira de poser ses mains sur les épaules de Nahil, sans doute pour mieux l’écraser sous le poids des mots qu’elle s’apprête à prononcer : « Ce sont les oeuvres d’un apprenti terroriste ». Rien de moins. Le couperet restera gravé dans l’esprit de Nahil.

    Immédiatement après, l’enseignante n’aura eu de cesse d’essayer de joindre la mère de Nahil au téléphone, qui ne répond pas au numéro privé dont fait usage la professeure. Celle-ci accable Nahil en lui disant « c’est inssuportable, ta mère ne veut pas me répondre ».

    Au final, le Principal a apposé un mot sur le carnet informant les parents qu’ils étaient convoqués le 3 décembre à 16h.

    En rentrant chez lui, c’est à sa mère que Nahil demandera ce que « apprenti » signifie.

    Aussi impensable que cela puisse être, ce simple geste aura donc valu à Nahil d’être tenu coupable d’intentions criminelles, en plus d’une convocation, manu militari de ses parents.

    Si la psychose frise le ridicule, à l’image de ce collégien américain prénommé Ahmed, emmené au poste de police pour une horloge qu’il avait lui même fabriqué, le traumatisme subit par l’enfant n’en est pas moins proprement scandaleux.

    A 11 ans, Nahil, à travers son monde, ne projetait que les perceptions d’un enfant dans son geste.

    Adulte, la professeure, par ses mots, a quant à elle usé d’une violence symbolique dont la marque n’est nullement anodine pour un enfant de cet âge.

    Madame H. contacte le service juridique du CCIF

    Madame H. connait ses droits et contacte le service juridique du CCIF. Une de nos juristes l’accompagne lors du Rendez-Vous en présence du Principal et de l’enseignante. Madame H appréhendait l’entrevue, connaissant les frasques auxquelles était accoutumée l’enseignante. En présence de notre juriste, le Principal et l’enseignante ne se sont pas adonnés à un langage déplacé, qu’ils réservaient à Madame H. quand celle-ci était seule. L’enseignante a présenté ses excuses.

    Nous tenons également à saluer le soutien de la psychologue du collège et de l’académie qui a affirmé que le collège doit « arrêter l’amalgame » et qu’ « il ne faut pas laisser passer cela ».

    Pour Nahil, le dénouement est favorable. Début janvier, le Principal a changé de classe Nahil qui s’est retrouvé en classe européenne. Il se sent très bien et a prouvé qu’il est très bon en anglais. Sa nouvelle enseignante est ravie de l’avoir dans sa classe.

    Des dérapages qui sont intolérables

    Nous avons en mémoire les nombreux signalements de dérapages scolaires de certains professeurs envers des enfants, parfois âgés de 6 ou 8 ans, survenus suite aux attentats de janvier. Ahmed, âgé de 8 ans, n’avait même pas pu bénéficier du soutien de la Ministre de l’Education Nationale quand bien même il avait signé de sa propre main un procès-verbal pour « apologie au terrorisme ».

    Le soutien des académies aux enfants lors ces dérapages sont indispensables. Il est arrivé que les responsables académiques minimisaient ces dérives au prétexte que les professeurs étaient « sous le choc » des attentats.

    Sauf qu’Ahmed âgé de 8 ans, Nahil et les autres ont été tous autant exposés que leurs professeurs aux chocs des attentats. Les professeurs, en tant qu’adultes devraient en contraire faire preuve de pédagogie et de recul dans ces moments de crise qui peuvent s’avérer particulièrement destabilisant pour des enfants.