En fait, cette histoire est longue, et le jugement (ou plutôt son absence) n’est qu’un des rebondissements.
Totalement d’accord pour penser que PETA n’est mue que par l’argent, et participe d’un détricotage du domaine public.
La première décision avait été prise par le Bureau du Copyright auprès de la Library of Congress qui avait estimé que la prise de vue étant réalisée par un non-humain ne pouvait relever de la loi sur le droit d’auteur.
On aurait pu/du en rester là, ce qui aurait conservé la qualité d’auteur aux humains (donc aux photographes). Nul doute que l’ambiguïté et l’intéressement de PETA va avoir des conséquences graves, à la fois sur les photographes et sur le domaine public.
Il y a une différence entre l’installation des artistes cités et le hasard de la prise de vue du macaque. En ce sens, le jugement qui fait apparaître les « réglages » comme susceptibles de procéder de la création d’une oeuvre est évidemment très dangereux. Nous utilisons de plus en plus des appareils qui en réalité ne nous appartiennent pas, mais sont sous la double responsabilité du producteur et de l’usager. L’exemple des voitures Tesla pour lesquelles la firme a débloqué un système permettant aux usagers de Floride de mieux fuir l’ouragan est significatif.
On va donc voir de plus en plus de procès qui porteront sur l’indépendance de l’usager par rapport aux réglages et configurations « d’usine ». Ce qui ne sera pas sans conséquence sur la création des artistes photographes.
Le deuxième danger pour les photographes (professionnels) est que l’acceptation du fait que le droit d’auteur puisse s’appliquer à des non-humains. Cela va ouvrir la porte à donner des droits d’auteur aux systèmes automatiques : caméras de surveillance, photos des satellites (NASA comme ESA ont considéré qu’il s’agissait bien d’un domaine public), et en « débat » les oeuvres « crées » par des intelligences artificielles.
Faire passer tout sous le chapeau du droit d’auteur est dangereux, tant pour la société (existence d’un domaine public qui est sans cesse réduit comme peau de chagrin) et pour les auteurs eux-mêmes (dont les photographes).