• Manuel Valls désavoue Jean-Louis Bianco et l’Observatoire de la laïcité
    http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2016/01/19/25002-20160119ARTFIG00001-manuel-valls-desavoue-jean-louis-bianco-et-l-obse

    Autre polémique sur laquelle le premier ministre s’est prononcé : la tribune que le président de l’Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, a signée le 15 novembre dernier. Intitulé « Nous sommes unis » et publié dans Libération, l’appel réunissait notamment Samy Debah et Yasser Louati, directeur et porte-parole du très controversé Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Radia Bakkouch, présidente de l’association interconfessionnelle Coexister, et Nabil Ennasri, proche du courant des sulfureux Frères musulmans. « L’Observatoire de la laïcité - qui est placé sous ma responsabilité - ne peut pas être quelque chose qui dénature la réalité de cette laïcité. Il doit être clair sur les appels que l’on signe : on ne peut pas signer des appels, y compris pour condamner le terrorisme, avec des organisations que je considère comme participant d’un climat (nauséabond), ça n’est pas possible ».
    Manuel Valls a ensuite poursuivi, revenant sur les propos du rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, Nicolas Cadène. Excédé par la sortie d’Élisabeth Badinter sur France Inter le 6 janvier dernier, selon qui « il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe », ce dernier a cru bon de fustiger sur Twitter « un travail de pédagogie de trois ans détruit par une interview ». « Un collaborateur d’un observatoire de la République ne peut pas s’en prendre à une philosophe comme Élisabeth Badinter - pas parce qu’elle est philosophe ni parce qu’elle s’appelle Élisabeth Badinter, mais à partir de ses propos : c’est une défense intransigeante, que je partage d’ailleurs, de la laïcité dans bien des domaines. Et ça, ça doit être rappelé à chacun. L’observatoire est indépendant, mais là il y a des lignes qui ont été dépassées et je le rappellerai à chacun », a-t-il fermement martelé, précisant au Figaro qu’il rencontrerait Jean-Louis Bianco « le plus vite possible ».

    • À propos de la confusion antisionisme/antisémitisme/BDS que Valls réitère dans ce discours devant les Amis (sic) du CRIF : au nom d’une « défense intransigeante du droit international, dont celui des peuples à disposer d’eux-mêmes », il faut donc « ne pas avoir peur de se faire traiter d’antisémite » (je mets les guillemets pour autant d’hypothèses improbables et douteuses bien sûr — on ne sait jamais, par les temps qui courent).

    • Message de Jean-Louis Bianco

      Paris, le 19 janvier 2016

      Objet : Communiqué de presse

      Je découvre avec stupeur les propos tenus hier soir par le Premier Ministre à mon encontre et à l’encontre de Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité. Ces propos appellent de ma part les observations suivantes.

      Premièrement, le Premier Ministre reproche au rapporteur général un tweet qu’il n’a manifestement pas lu dans lequel Nicolas Cadène se bornait à rappeler le droit existant.

      Deuxièmement, le Premier Ministre s’en prend à l’appel « Nous sommes unis » que j’ai signé avec 80 autres personnalités dont la présidente de la commission nationale consultative des droits de l’Homme, l’ancien président du conseil économique, social et environnemental, la présidente d’ATD quart monde, le président de la fondation Abbé Pierre, le président de l’Uniopss, le Président de la ligue de l’enseignement, le président des semaines sociales de France, des responsables syndicaux de la CFDT, de la FSU, de l’Unsa Education, le pasteur Clavairoly, président de la fédération protestante de France, le président du conseil français du culte musulman, le secrétaire général de l’enseignement catholique et le grand rabbin de France. C’est donc à ces personnalités aussi qu’il s’adresse en disant : « On ne peut pas signer des appels, y compris pour condamner le terrorisme, avec des organisations que je considère comme participant du climat que l’on a évoqué tout à l’heure ».

      Troisièmement, il méconnait la réalité des institutions indépendantes dans la République. L’Observatoire de la laïcité n’est pas placé sous sa responsabilité.

      Quatrièmement, sur le plan humain, un minimum de respect aurait justifié qu’il m’appelle avant qu’il s’exprime publiquement.

      L’Observatoire de la laïcité continue son travail avec sérénité et détermination.

      Jean-Louis Bianco, Président de l’Observatoire de la laïcité.