• Quand l’État administre le désastre La Brique - Riton, Hala Zika - 23 novembre 2016

    Depuis sa création en 2007, La Brique analyse régulièrement la situation des réfugié.es bloqué.es sur le littoral du nord de la France. Au fil des années, nous avons recueilli dans nos colonnes leurs paroles et réalisé des reportages sur leurs conditions d’accueil déplorables, et sur la surenchère sécuritaire qu’illes subissent. Nous avons choisi de dénoncer dans ces pages1 la manière dont les gouvernements – à droite comme à gauche – s’emploient depuis quinze ans, au travers de dispositifs logistiques alliant le sécuritaire à l’humanitaire, à maintenir les réfugié.es dans la non existence.

     

    Hiver 2002 : Sangatte est sur tous les écrans, dans tous les esprits, sur toutes les lèvres. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, entérine la fermeture définitive du centre d’accueil de la ville. Celui-ci a vu passer en trois années près de 68 000 personnes, forcées à l’exil par les guerres de l’ancienne Yougoslavie. Quinze ans plus tard, Sangatte demeure le sinistre emblème de la violence des politiques d’immigration européennes et de l’incapacité de l’État français à apporter une réponse humaine à la présence des réfugié.es sur son territoire. Peu avare de triomphalisme, Sarkozy déclare alors : « Nous mettons fin à un symbole d’appel d’air de l’immigration clandestine dans le monde ». Les mots sont choisis, tournent en boucle à la télévision, l’appel d’air est un symbole, l’immigration y est désignée comme clandestine. C’est un mensonge, bien assis sur le fantasme de l’invasion massive. Derrière cela se cache l’idée de surnuméraires à dissoudre en dehors d’un monde porté par le triomphe de l’exclusion et de l’indifférence. C’est aussi évacuer un peu vite l’idée que la fixation des réfugié.es sur les verrous de l’Europe – Calais, Lesbos, Ceuta, Lampedusa, etc. – est d’abord et avant tout la traduction d’une interdiction arbitraire à la liberté de circulation. Mais c’est là une autre bataille, que les militants et les militantes associé.es de près ou de loin au réseau No Border se sont engagé.es à conduire. Sur le terrain, la conséquence de cette décision à visée politicienne est dramatique. Elle force des milliers de réfugié.es à errer sur le littoral sans aucune ressource et à trouver refuge dans les squats, les « jungles » et autres campements disséminés dans les plis des territoires du nord de la France. En quinze ans, rien n’a changé, ou si peu.
     
    L’exil devient criminel

    . . . . . . .
    La suite : http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/851-quand-l-etat-administre-le-desastre
    #Lille #La_Brique #Calais #Réfugiés #Camps #violence_sociale

  • Attaque de fafs homophobes à Lille La Brique - 16 Novembre 2016 - Harry Cover
    http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/848-attaque-de-fafs-homophobes-a-lille

    Un mois1. C’est le temps qu’il aura fallu pour que la vermine sorte de son bar. Stimulée par l’ouverture de « La citadelle » tenue par Génération Identitaire, l’extrême droite montre les poings dans le centre de Lille pour agresser des homos et des jeunes communistes.
     
    Samedi 12 novembre vers 22h30, dans le bar le Mac Laren’s situé en centre ville, une vingtaine de jeunes communistes issu.es des syndicats lycéens et étudiants fêtent un anniversaire. Les militant.es reprennent joyeusement en chœur le pot pourri des classiques communistes. Mais l’ambiance joviale est interrompue par l’irruption violente de six décérébrés se réclamant de « La citadelle ». Ils s’en prennent à un couple d’homosexuels présents qui se tiennent la main : « Ce soir on ne va pas violer des PDs, mais on va leur péter la gueule ». Le bar Le Magnum, situé à côté, dont la réputation avait été épinglée par les antifascistes lillois2 y serait-il pour quelque chose ?3 Dans les esprits, le souvenir de la destruction d’un bar gay en 2013 par la vermine fasciste rejaillit. « Le ton est vite monté suite aux insultes homophobes et racistes de ces individus. Après une première tentative infructueuse d’agression ». Quelques syndicalistes et un serveur appellent la police à plusieurs reprises, mais aucune patrouille ne se déplace. « Ne tolèr[ant] guère ce genre d’incident » le bar décide alors de fermer et met à la porte les camarades. « Les sympathisants du bar "La Citadelle" sont alors revenus plus nombreux et armés de poings américains » rapporte dans son communiqué la JC de Lille4.

    Dehors, une dizaine de fafs5 leur tendent un guet-apens. Les jeunes n’ont pas d’autre choix que de fuir et se font « courser dans le centre ville » avant de « réussir à leur échapper ». Un lycéen est blessé au visage, sans compter les multiples agressions verbales racistes et homophobes.
    Mais les étudiant.es ne sont pas au bout de leurs peines.

     


     
    Police partout, Le Pen partout

    Au commissariat, les flics semblent totalement indifférents à leur dépôt de plainte. Pendant quatre longues heures, les jeunes vont vivre une situation révoltante. Clara de la JC témoigne : « D’abord, le mec pense qu’on est d’extrême droite et qu’on veut porter plainte contre des gauchistes ». Après explications, l’agent y va de sa remarque homophobe, mimant un geste hypothétiquement efféminé : « Il fait un petit geste avec sa main et prend une voix maniérée pour savoir s’ils étaient  » comme ça" ». Le récit de Clara sur la bêtise de ce flic se poursuit : « Un peu plus tard dans la conversation, il demande en rigolant si des gens se sont fait violer, étant donné que les fafs en avaient parlé ». L’imbécile prend finalement la déposition et lorsque les militant.es précisent « qu’ils criaient " Sieg Heil" en faisant des saluts nazis », l’agent rétorque : « Ça veut dire quoi ? Je ne parle pas musulman ». Belle confirmation de la lepenisation dans les rangs de la police. Les fascistes n’hésiteront pas à manier du poing américain contre qui leur chantent, devant ce sentiment d’impunité de ces nouvelles milices d’extrême droite.

    Donnons-nous rendez-vous à la manifestation6 pour la fermeture de « La Citadelle » ce samedi 19 novembre à 14h, place de la République. Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos !

     
    Harry Cover
     
    1. Dégénération identitaire à Lille, La Brique, 21 septembre 2016
    2. Le Magnum Café, un repère de néo-nazis lillois, Lutte en Nord, 28 mars 2013
    3. Portraits et relations des néo-nazis ayant attaqué le bar gay du Vieux-Lille, Lutte en Nord, 23 avril 2013
    4. L’extrême droite veut « casser du PD » à Lille, MJCF Lille, 14 novembre 2016
    5. Faf : autre mot pour désigner les fascistes, issu des initiales France Aux Français.
    6. Manifestation organisée par les antifascistes lillois

    #Lille #La_Brique

  • La Brique relaxée pour absence de motivation 8 Novembre 2016 Aside
    http://labrique.net/index.php?option=com_content&view=article&id=846:la-brique-relaxee-pour-ab

    Le 22 février 2015, le journal est verbalisé par la police municipale pour avoir vendu le canard à la criée. On refuse de payer, la mairie nous intente un procès. Lors de l’audience du 4 octobre devant le tribunal de proximité, la décision de justice a été mise en délibéré au 8 novembre. Un mois pour le juge, ce n’est pas de trop pour réviser ses fondamentaux. C’est donc aujourd’hui que l’issue de ce procès rocambolesque a été dévoilée. Et heureusement,  La Brique a été relaxée.

    Si nous avons mis autant de temps à relater notre procès tragi-comique, c’est qu’au même moment d’autres accusations méritaient plus d’attention que la nôtre : celle des 8 de Goodyear, les accusés d’Amiens, et les militants du rond-point des Postes1. Pour autant, si l’amende encourue par notre palmipède peut sembler dérisoire – 61 euros – les enjeux de notre procès ne l’étaient pas. Il remettait en cause la liberté de diffusion de la presse, tout en faisant peser une menace sur l’une de nos principales sources de revenu : les criées. Le procès a été à la hauteur de l’accusation : absurde.


     
    Rappel des faits2. Un arrêté pris par Martine Aubry en 2004 prévoit que « l’accès aux marchés est interdit aux véhicules publicitaires, cortèges, vendeurs et distributeurs de journaux, tracts de toute nature et de prospectus à caractère publicitaire ». En mettant tracts, publicités et journaux dans le même sac, cet arrêté municipal est de fait contraire à l’article 1 de la loi Bichet qui dispose que « la diffusion de la presse imprimée est libre. Toute entreprise de presse est libre d’assurer elle-même la distribution de ses propres journaux et publications périodiques par les moyens qu’elle jugera les plus convenables à cet effet ». Justement, on aime "assurer" la vente de notre canard à l’ancienne, à grands coups de slogans rageux et de discussions avec nos acheteur.ses et autres badauds des marchés lillois. Pourtant, les sbires de la police municipale ont estimé notre manière de faire illégale. Résultat des courses : un P.V. que nous nous sommes empressés de ne pas payer, raison pour laquelle la mairie nous a assigné en justice. C’est donc devant la cour que s’est réglé le duel La Brique – La clique à Martine.

    Premier round
    Le 4 octobre dernier, avec la loi Bichet en poche, l’audience n’aurait dû durer que deux minutes, c’était sans compter sur le dialogue loufoque qui allait suivre. Le directeur de publication est à la barre, confiant mais un peu raide. Le juge de proximité, Jacques Cianfarani, la soixantaine, habillé façon Hervé Mariton, ne porte pas la robe. En effet, ce n’est pas un juge professionnel que nous avons devant nous mais un retraité dont la maîtrise du droit et de la jurisprudence apparait aussi vague que la date d’obtention de sa première année de licence. Il appelle notre camarade à la barre. « Monsieur, on vous reproche d’avoir enfreint l’arrêté 43 du code des marchés de Lille », citant l’article en question, « et vous avez refusé de payer l’amende ». Le juge laisse alors la parole à notre avocate, Maître Ruef, qui mène sa plaidoirie. Elle invoque l’article 1 de la loi Bichet. Rares sont les lois édictant une « liberté aussi explicite dans le texte » rappelle-t-elle. Or, un modeste arrêté municipal ne saurait contredire une loi de la République, foi d’Hans Kelsen, grand théoricien de la hiérarchie des normes, principe bien connu de tout.e étudiant.e en droit. Le juge, finaud, demande à l’accusé : « Je suppose que vous avez la même position que votre avocate ? » . Devine !
     

    La Brique n’est pas un tract
    On ne sait pas quel terme cet homme n’a pas compris, si c’est l’idée de « liberté », de « diffusion » ou de « presse » ? La comparution dure une bonne quarantaine de minutes et tourne au procès kafkaïen. Faussement candide, le juge remet en cause ces notions, niant à La Brique la qualité de journal. Le prévenu rétorque : « Le journal La Brique existe depuis bientôt dix ans. Nous vendons le journal dans le mois qui suit sa parution sur les marchés de Lille, comme n’importe quel autre journal, à l’ancienne. Nous ne sommes pas ici par gaieté de cœur. Nous sommes bénévoles et consacrons du temps pour la rédaction, les dessins et la vente du journal. Et nous assurons malheureusement ce genre de service après-vente dont on se serait bien passé. L’affaire s’est déroulée en février 2015, c’est drôle, parce que les policiers, un mois plus tôt, nous tapaient dans le dos suite aux attentats de Charlie ». 

    L’affaire prend une tournure comique quand le juge, à l’aise et indécrottable dans son fauteuil moelleux, prend un air inspiré pour comparer notre vente à la criée à une autre affaire : « J’ai déjà jugé une affaire de ce type, c’était pour des distributeurs de tracts pour la secte raëlienne ». « Je doute de la mission d’information d’un tel bulletin » répond ironiquement l’accusé. Notre avocate enchaîne : « Nous ne contestons pas l’interdiction des tracts et objets publicitaires, nous disons que pour les vendeurs de journaux, cet arrêté est illégal, et que ce sont les lois sur le régime de la presse qui s’appliquent ». 
    Le juge semble irrité et balaie la plaidoirie d’un revers de manche : « Nous comprenons bien, Maître, mais vous n’allez pas ressasser les mêmes arguments pendant l’audience ». Les yeux montent au ciel dans la salle. Ce qui devait être une audience rapide pour faire valoir nos droits tourne au vinaigre. À plusieurs reprises, le juge parle de « tract » à la place de « journal » , et de « distribution » à la place de « vente ». Notre avocate sort alors un nouvel argument : « Il existe bien une jurisprudence à ce sujet, un vendeur de l’Huma Dimanche à Paris. Il avait été reconnu que la loi Bichet avait bien été enfreinte et la mairie de Paris à l’époque s’était mise en conformité à la suite de ce jugement ». Le juge est curieux : « Ah oui ? Mais vous avez ramené les pièces de cette procédure ? Ça m’intéresse de savoir sur quel motif la mairie a été déboutée ». Le procureur, qui prend le relais, tente de nous remballer : « La précédente affaire était de 175 €, ici votre infraction est fixée à 38 €. Ce n’est pas la même affaire, ni les mêmes circonstances » . Le juge reprend la main et s’adresse à l’accusé : « On comprend bien que ce n’est pas l’amende qui vous intéresse, c’est le fond, le principe, c’est bien ça ? ». Bref éclair de lucidité.


     
    On touche le fond
    On croyait l’apogée du ridicule atteinte, c’était sans compter sur l’obstination de notre comique de proximité : « Vous distribuez votre journal sur le marché de Wazemmes [il regarde ses feuilles] à 11 h 30 quand même ! En plein boom quoi. Ça peut gêner, et le journal peut tomber par terre, les gens peuvent glisser ». Maître Ruef, indignée par la faiblesse de l’argumentaire du magistrat, lui rétorque : « Enfin, les gens achètent un journal deux euros, ce n’est pas pour aussitôt le jeter par terre ! » . Mauvaise foi ou surdité, le juge repart de plus belle : « Oui, mais c’est du papier quand même, le décret pourrait s’appliquer au nom de la salubrité ». Nos oreilles saignent. Confondre décret et arrêté3, quand on remplit cette fonction, laisse augurer du pire pour la suite. Définitivement, on se dit qu’on a affaire à un juge pour qui le droit de la presse est tout à fait étranger. Lourd sentiment d’un procès à charge, où toutes les raisons, même les plus ridicules sont bonnes pour tenter d’établir notre culpabilité.
    Le procureur continue sa saillie et envisage la possibilité que nous vendions notre journal en plein trafic routier :  « Imaginez quand même que vous vendiez au croisement rue Nationale [?] le mardi ou le jeudi, ça causerait des problèmes de circulation ». Pure science-fiction, mais ça ne l’empêche pas de poursuivre : « L’arrêté du maire, par les pouvoirs qu’il possède, peut totalement réglementer la chose. Il n’y a pas d’atteinte à la liberté de la presse puisqu’elle n’est pas définitive et totale ». Comprendre : la vente de journaux, c’est bien, mais là où il n’y a personne, c’est mieux. Le juge enfonce le clou : « La liberté de la presse n’est pas absolue. Ne peut-on pas penser à la restreindre au nom de la sécurité et de l’ordre public ? C’est à débattre », ou comment un juge et un proc’ redéfinissent tranquillement la liberté de la presse.
    Le juge questionne le représentant de La Brique : « Sur le marché, quels autres journaux sont vendus ? La Cause du peuple ? » L’accusé sourit : « Je ne suis pas certain que ce journal existe encore. [ce journal maoïste a disparu en... 1978] J’ai déjà vu Liberté hebdo, le journal des sans-abris, le journal de Lutte ouvrière et même parfois La Voix du Nord. Il y a régulièrement le Parti socialiste qui distribue ses tracts pendant les élections. Et bizarrement, c’est moi qui suis devant vous ». Le juge ne répond pas mais questionne : « Oui, mais votre journal, est-il militant ? ». « Pas plus militant que La Voix du Nord ». Dans la salle, les regards complices se croisent.

    Le proc’ requiert la condamnation du journal à 38 € d’amende, plus 23€ de frais de justice. Le juge sort un « Bon, voilà ». Il est interrompu par notre tonitruante Maître Ruef :  « Je peux quand même faire mon travail et défendre mon client ? ». Laisser le mot de la fin à l’accusation est un peu la base d’un procès équitable, mais le magistrat ne semble plus à une fantaisie près. Notre avocate reprend donc le micro et conclue : « On ne pourra plus rien faire sur les marchés, qui sont, faut-il le dire, un lieu de vie dans une ville. Les marchés sont des lieux vivants et La Brique participe à la vitalité démocratique en France et tout au moins à Lille » . Au loin résonne en sourdine la devise du Canard enchaîné : « La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas ».

    Il aura donc fallu un mois pour que le juge se refasse une santé juridique à grands renforts, on n’en doute pas, de manuels de première année. Le verdict est donc tombé : la relaxe est prononcée. En revanche, on n’a toujours rien saisi aux justifications. Si le juge remet en cause l’arrêté en lui-même, il évoque seulement une "absence de motivation" concernant la vente de journaux dans l’interdiction au marché. « Motivation » qui, paraît-il, n’a pas lieu d’être dans un arrêté municipal. Nous avons donc contacté Xavier Bonnet, l’adjoint délégué au commerce - Halles et marché de plein air, pour connaître sa réaction et la date de mise en conformité de leur arrêté. On attend donc sa réponse...
     
    1. Pneus brûlés et criminalisation du mouvement social, La Brique, 26 octobre 2016 http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/835-pneus-brules-et-criminalisation-du-mouvement-social
    2. La mairie de Lille intente un procès à La Brique, La Brique, 02 septembre 2016 http://labrique.net/index.php/thematiques/repressions/819-la-mairie-de-lille-intente-un-proces-a-la-brique
    3. Un décret est un acte réglementaire pris par le président de la République et/ou le Premier ministre. Il s’applique donc à l’échelle nationale tandis que l’arrêté municipal, décision du maire ou d’un de ses mandataires, ne s’applique qu’au niveau de la commune.

    #Lille #presse #La_Brique #luttes_sociales #justice #censure #martine_aubry #ps

    • Pneus brûlés et criminalisation du mouvement social La Brique 26 octobre 2016 Hors canard
      http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/835-pneus-brules-et-criminalisation-du-mouvement-social
      Le printemps a fait l’objet d’une vague sans précédent de condamnations de militant.es par la justice. Dans la région Hauts-de-France, les juges ne sont pas en reste ! Le 4 octobre dernier, alors que La Brique est en procès pour vente à la criée illégale, six militants sont jugés pour avoir brûlé des pneus sur le rond-point des Postes à Lille. La criminalisation du mouvement social n’est pas prête de s’arrêter.


      Les faits remontent au 28 juin dernier. À l’époque le mouvement social bat son plein. Plusieurs dizaines de manifestant.es se retrouve à Porte-des-Postes pour manifester leur opposition à la loi Travail alors que le gouvernement utilise pour la deuxième fois le 49-3. Ils tractent et bloquent la circulation. Un épais nuage de fumée noire s’échappe de pneus en feu. Une fois de plus, BACeux et CRS s’en donnent à cœur joie et arrêtent au jugé plusieurs d’entre eux.

      Six militants comparaissent devant le tribunal correctionnel de Lille pour "entrave à la circulation des véhicules sur une voie publique", "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens", et "dégradations ou détériorations du bien d’autrui aggravées". Le verdict du tribunal est sans appel, six mois de sursis pour l’un d’entre eux, les autres prennent trois mois de sursis assortis de 140 heures de TIG (travail d’intérêt général) et une amende de 27.000 euros qu’ils doivent solidairement, censée rembourser les dégâts commis par les prévenus, alors qu’aucune trace ne persiste sur la rotonde.

      À Amiens, l’odeur des pneus brûlés a également soufflé dans les narines du juge. Cinq militants ont été condamnés pour avoir occupés la gare d’Amiens, bloquant le trafic pendant une heure. L’un d’entre eux écope d’un mois de prison ferme, les quatre autres entre deux et six mois de sursis. L’amende est encore plus lourde. 67.000 euros sont réclamés par la cour pour rembourser la SNCF, Amiens Métropole et... l’hôtel Carlton des dégradations commises.

      Ces verdicts sévères montrent une nouvelle fois la violence d’une justice qui condamne des actes militants sans prendre en compte le contexte de tensions instauré par un gouvernement aux abois. Cette criminalisation du mouvement social 1 est une injure à celles et ceux qui subissent au quotidien la violence sociale que renforcent les réformes du gouvernement Valls, la loi Travail en tête.

      Alors que dans ces deux dossiers, les camarades ont fait appel, on espère un dénouement moins carcéral, à l’instar des 8 Goodyear. En effet, en appel devant le tribunal, les Goodyear ont reçu le soutien de près de 4000 militant.es. D’abord condamnés à 24 mois de prison dont 9 ferme, leur condamnation s’est transformée en 24 mois avec sursis. Pour Claude Leclercq, secrétaire général local à Amiens : _ « Ça enlève un poids aux huit et à leur famille. Mais ça reste une condamnation. On ne peut pas s’estimer heureux » 2 . _
       
      1. La liste des condamnations ne cesse de s’allonger : http://www.frontsyndical-classe.org/2016/10/une-liste-qui-en-dit-long-sur-la-repression-anti-syndicale-les
      2. « Goodyear : « La suppression de la prison ferme est un soulagement, mais ça reste une condamnation » », Jérémie Lamothe, Le Monde, 20 octobre 2016.

      #répression #judiciarisation #Lille #presse #La_Brique #luttes_sociales

  • Un barouf contre la mal-bouffe La Brique Lille 3 Mai
    Mardi 3 mai, 11h30. Pour faire découvrir à la police nationale le pire de la gastronomie lillo-américaine, RonaldE McDonald entraîne une centaine de joyeux.ses tapeurs.ses de casseroles à travers tout le centre ville.

    http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/794-un-barouf-contre-la-mal-bouffe

    La première visite se fait dans le McDo de la Grand’Place. Tapage de casseroles sur fond de mal-bouffe. Direction le dernier étage pour crier dans les oreilles des mangeurs de hamburger : « Le Mc Do c’est de la merde et en plus c’est cher » . Les client.es sont soit amusé.es, soit ouvertement hostiles, d’autres se cachent derrière leurs plateaux en attendant que l’orage passe. Dehors, une responsable retire frénétiquement les affiches collées sur les vitrines. C’est que le texte de l’affiche fait tâche : il soutient les salarié.es en lutte et souligne que McDo cache ses bénéfices dans les paradis fiscaux, comme l’a révélé l’affaire Luxleaksà propos de laquelle un journaliste et un lanceur d’alerte passent en procès cette semaine.Elles sont immédiatement recollées à la va-vite. L’employée s’indigne : « Ce qui se passe au dernier étage, ce n’est pas bon enfant, ça pourrit nos conditions de travail ». C’est vrai que la loi El Khomri, question conditions de travail...

    « On balade nos poulets »
    Les premiers paniers à salade débarquent. Enfin un public intéressé par l’action. Le cortège se met en route dans les rues piétonnes suivi par les véhicules de la police, direction le second Mc Do, près de la place de la République. Mais le manager, prévenu par son collègue, a fermé les portes devant les manifestant.es. Fermées pour fermées, on les barricade de l’extérieur. Chaises, tables, poubelles sont entassées devant l’entrée. « Ah j’avais prévu de manger là » se désole un passant cravaté. Dommage, les frites sont coincées à l’intérieur ! Les manifestant.es font demi-tour et reprennent la rue de Béthune. Direction le KFC, où les « cuistots » de la multinationale font frire du maïs OGM aux antibiotiques avec des plumes vendu sous l’appellation « poulet ». Après le boxon sonore à l’intérieur, la petite troupe s’en retourne tranquillement en rendant les plateaux devenus percussions... si on le demande gentiment. En face, ce sont d’autres poulets, en armure et bouclier, qui gardent l’entrée de la gare. Quatre camions de CRS et une voiture de la BAC suivent le cortège, rue Faidherbe. Devant l’Apple Store, redécoré à chaque manif’, un cordon de CRS munis de flash-balls protège la devanture façon partenariat public-privé. Un slogan de circonstance résonne : « police nationale, police du capital ».

    DSK n’est pas KFC.
    Le cortège passe devant l’hôtel Le Carlton. Une petite visite s’improvise. Les CRS se précipitent pour nous en empêcher, faudrait pas non plus déranger l’oligarque pendant sa pause déjeuner. La balade reprend et ça promène les keufs dans toutes les rues piétonnes depuis une heure à tel point que les RG suivent … en vélo. Faut dire que pour une fois il fait beau et qu’ils sont menés en bateau depuis une bonne heure. Un temps d’indécision, puis le cortège s’engouffre dans le centre commercial des Tanneurs. Peu de réactions à l’intérieur. Le slogan « Anticapitaliste, ha ha » n’est curieusement pas repris par les consommateurs et consommatrices en goguette. Il est 13H, l’AG va commencer devant le théâtre du Nord, fin du parcours.
    Bref, une belle promenade de santé pour emmerder ceux qui nous la pourrissent ! 

    #DSK #KFC #McDonald #Lille #nuit_debout #La_Brique #Apple

  • Une Briquette de plus dans la mare
    La Brique a sorti un hors-série, La Briquette, distribuée gratuitement en mille exemplaires ce 1er mai.


    La Brique, née de la lutte, retrouve donc ses plus belles heures de jeunesse face au mouvement en cours. Galvanisée par le bel accueil que reçoit le canard sur le terrain lors des premières manif’, indignée par les violences policières, son équipe - comme toujours – est bien décidée à ne pas laisser La Voix du Nord raconter que les manifestant.es se jettent sur les CRS. Et c’est ce qui se passe : une nouveauté pour nous, un exercice d’écriture quasi au quotidien et destiné à notre site internet.

    – « Manifs. Actions. Contestations. Pourvu que ça dure ! »
    – « medef,medef,mes déf-icits ! »
    – Les deux du local CNT face au tribunal des flagrants délires
    – « on veut visiter l’expo ! »
    – Opération »le massacre du printemps »
    Télécharger le PDF : http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/793-une-briquette-de-plus-dans-la-mare
    #Lille #nuit_debout #La_Brique

  • Violences policières à Lille, le 31 mars, manifestation contre la « Loi Travail ». LA BRIQUE


     
    Un long cortège de près de 20.000 personnes part de la Porte de Paris, passe par l’Hôtel de Région, la gare, jusqu’à la place de la République.
     
    Alors que la fin de cortège n’est pas encore arrivée sur la place, quelques personnes lancent des cannettes sur les fourgons hyper protégés des CRS, une barrière est balancée.
    L’hélicoptère de la gendarmerie tourne au-dessus. La place commence à être entourée par des centaines de CRS, flics en civil, et la nouveauté lilloise : des robocops sur des chevaux, matraque à la main.
     
    La manif’ se disperse assez rapidement, laissant une centaine de personnes restée là pour l’AG en plein air. Quelques un.es s’assoient par terre.
    Sommation de la police d’évacuer avant de charger.

    La vidéo -de piètre qualité- débute à ce moment-là.
    https://www.youtube.com/watch?v=02gHKGjlH9c

    Thomas Dévényi et Bastien, photographes indépendants, prennent alors des clichés de la présence des CRS et de leur violence. Ils nous ont donné l’autorisation de les publier ci-dessous.

    Le sang coule sur le parvis des droits de l’homme.
    Quelques personnes sont arrêtées après avoir été gazées et matraquées.

    Tout le monde se disperse. Les CRS rejoignent leurs fourgons.
    Une jeune femme passe à côté de l’un d’entre eux et ironise sur son métier, il soulève sa visière et tout sourire lui rétorque : « Non, merci à vous, c’était marrant ».  

    Source et autres images : La Brique http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/781-violences-policieres

  • Dunkerque, dans les Arena du pouvoir - La Brique Lille, 22 Janvier 2016
    Entre 2009 et 2014, Michel Delebarre, maire PS de Dunkerque et président de la Communauté Urbaine, rêvait d’une grande salle multi-sport Arena à la hauteur de son ego. Au final, ce projet aura précipité sa chute aux élections municipales de mars 2014 en faveur de Patrice Vergriete (divers gauche). Si ce dernier a fait campagne en dénonçant les pratiques non-démocratiques du maire bâtisseur, son vernis de politique de concertation publique commence à s’écailler : c’est dans l’entre-soi cher aux élus que vient de se décider la construction d’une autre version de l’Arena. Retour sur ce projet qui ne cesse de cristalliser les rancœurs contre un système politique local à bout de souffle.


    Les arguments ne manquaient pas pour s’opposer au projet de la salle Arena qui pointe son nez à l’été 2009 : projet sur-dimensionné (10.700 places pour un territoire de 200.000 habitant.es), contrat décrié (Partenariat Public-Privé et donc perte de la maîtrise publique) entre les mains d’un géant du BTP (Vinci), coût faramineux (260 millions d’euros), lieu d’implantation à proximité d’une usine pharmaceutique classée SEVESO, et construction d’un centre commercial « Grand Nord » attenant à la salle, qui fragiliserait des commerces de proximité déjà affaiblis par la présence massive de grandes surfaces sur l’agglomération. Et pourtant le projet a été voté les yeux fermés par la majorité des élu.es de la Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD). Il aura fallu attendre que des habitant.es, environnementalistes et syndicalistes s’emparent du sujet pour que le débat sorte du conseil communautaire et enflamme la vie politique dunkerquoise à un an des élections municipales. La Brique a passé au scalpel ce Grand Projet Inutile qui assomme aujourd’hui les Dunkerquois.es d’une dette de 30 millions d’euros.
     
    Unanimité forcée
    http://labrique.net/index.php/thematiques/hors-canard/759-dunkerque-dans-les-arena-du-pouvoir

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