Une salade de fruits avec Laurie Anderson | VICE

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  • Une salade de fruits avec Laurie Anderson
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    Son nouveau film, Heart of a Dog, [...] explore la mort, l’amour et les conséquences de la surveillance de masse au lendemain du 11-septembre [...].

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    L’histoire la plus mémorable du film, c’est certainement ce récit de voyage qu’elle et Lolabelle ont entrepris au lendemain du 11-septembre, lorsque tout était « assourdissant et bordélique » à New York. Lors d’une de leurs promenades matinales au bord de l’océan, plusieurs faucons sont descendus en piqué et ont encerclé le chien. Anderson se souvient avoir alors observé une toute nouvelle expression sur la face du canidé. « Elle a d’abord réalisé qu’elle était une proie », raconte Anderson dans le film. « Puis lui est venue une autre pensée. Elle a compris que la menace pouvait venir des airs... Il s’agissait du même regard que celui de mes voisins les jours qui ont suivi le 11-septembre. »

    Anderson aborde également la relation conflictuelle entre les États-Unis et le Moyen-Orient dans sa dernière performance, Habeas Corpus, réalisée en collaboration avec Mohammed el Gharani, incarcéré à Guantanamo à l’âge de 14 ans. Libéré en 2009, Gharani est aujourd’hui interdit de séjour aux États-Unis. Pour travailler avec lui sur ce sujet, Anderson a conçu une installation à mi-chemin entre la sculpture 3D et la vidéo, permettant ainsi à Gharani de partager son histoire à distance. Pour ce faire, Gharani s’est assis dans un studio d’Afrique de l’Ouest sept heures par jour pendant trois jours, tandis que son image, plus grande que nature, était projetée dans le Park Avenue Armory, à New York. Chaque soir, Anderson se tenait à côté de l’hologramme de Gharani. Elle le présentait à l’audience et ponctuait ses récits glaçants sur Guantanamo par des morceaux de violon et des récitations de poèmes.

    Dans cette performance, Anderson revient sur la notion équivoque de liberté. Elle fait aussi bien référence à la liberté durement gagnée de Gharani qu’à celle qui a permis de l’enfermer plusieurs longues années sans que la moindre charge ait jamais été prononcée contre lui. « Quelqu’un dans l’administration Bush a dit que, pour ces détenus, nous devions "trouver une autre galaxie – un espace où aucun droit ne serait applicable". Cette phrase m’est restée en tête. »

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    Puis elle ajoute, au sujet de Guantanamo : « Les prisonniers de guerre sont appelés des "non-personnes". Dès lors, vous pouvez faire d’eux tout et n’importe quoi selon les termes de la Convention de Genève. En prison, quand on s’est mis à recenser de plus en plus de suicides, on a commencé à appeler ça des "tentatives de manipulation par automutilation". C’est soudain devenu le nom donné à toute personne qui s’était donné la mort volontairement. C’est pourquoi le film parle du langage : il montre à quel point il est possible de se méprendre en pensant que l’on connaît son propre passé, son histoire. »

    https://www.youtube.com/watch?v=8PLWVXICQyM

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