Cuba : le silence et la peur

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    La nature du régime : peur et domination totale

    Le premier chapitre montre de quelle manière le noyau dirigeant cubain a réformé la société sous la dynamique égalitaire : redistribution de la terre, étatisation de la santé, de l’éducation et de la production, réduction des loyers, délivrance de services sociaux, etc. Il met en lumière comment on essaya, non sans divergences de perspectives rapidement mises sous silence, de « transformer la relation entre travail et rémunération » (p. 29), ce qui conduisit à démanteler une bonne partie des appuis initiaux du régime et entraina des crises successives de la production. Bien sûr, la condition de possibilité de tout cela résidait dans l’extension des attributions de l’État. Et, comme le signale très précisément l’auteure, dans le spectaculaire accroissement du pouvoir de l’Égocrate [2] qui l’incarne, c’est-à-dire Fidel Castro. En effet, au fil des pages apparait le mode selon lequel s’est structurée la trame du régime : les étudiants, les travailleurs, les intellectuels et le parti lui-même, se sont alignés derrière cet Autre qui condensait le sens de la Révolution et fermait sans ambages toute possibilité de dissension.

    Le second chapitre décrit les processus de mobilisation et d’organisation de la société dans le contexte précédemment décrit de l’égalisation des conditions et de la concentration du pouvoir. Au travers notamment de l’étude des Comités de Défense de la Révolution, du travail volontaire et du travail forcé, on entrevoit l’évolution du sens des pratiques quotidiennes. D’une part, l’implication et l’engagement des Cubains dans la ferveur révolutionnaire se transforment en comportement conservateur guidé par le conformisme, l’acceptation résignée et la peur. D’autre part, le noyau dirigeant, qui se réduit très rapidement à Fidel Castro, utilise la participation d’une manière de plus en plus instrumentale, écartant toute tentative de construire un « homme nouveau » et accroissant la coercition ainsi que l’exploitation des individus (cela, au moment du rattachement au schéma de la dictature du Parti soviétique). Quels types de lien se sont alors configurés au travers de ces dynamiques et de ces dispositifs ? Encore une fois, quelle est la nature du régime politique auquel la Révolution cubaine a donné naissance ?

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