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  • http://www.theguardian.com/commentisfree/2016/may/09/delete-bad-memories-forget

    What they observed is that the brain that attempts to remember keeps active the mental context that was present during the learning – whereas the brain that tries to forget discards that context, letting go of the mental scaffolding that had (probably) supported the construction of those memories in the first place.

    et plus loin

    Consider how we now tend to photograph the most important moments in our lives rather than just drinking them in. When we do this, we diminish our first-hand experience, confident that by having stored (and perhaps shared) a photo, we’ve logged the moment. That leaves us much less likely to directly remember the original experience, allowing the photo to do our remembering for us.

    Etant, en ce moment, en pleine écriture à propos justement de ce dont je ne me souviens pas, je suis fasciné d’apprendre quand on oublie quelque chose, que c’est surtout le contexte de ce souvenir que l’on oublie.

    Mon texte pour le moment ressemble un peu à ça :

    Je ne me souviens plus, je ne crois pas, de la plupart des gestes que l’on doit accomplir, singulièrement dans le noir complet, pour développer des plans-films ou pire encore enrouler des films sur des spires métalliques, si je devais le faire aujourd’hui nul doute qu’elles seraient maculées de plages où le film serait resté en contact avec lui-même dans les ronds concentriques qu’il doit décrire autour de la spire, défaut dont mon ami Greg Ligman avait fait sa marque de fabrique, parfaitement assumée. Et quelle !

    Je ne me souviens plus du visage de tel ami du temps où il avait des cheveux, d’ailleurs souvent hirsutes, désormais chauve et barbu, je ne parviens pas du tout à inverser cette présence de poils et de cheveux sur son visage.

    Je ne me souviens plus, je le regrette à chaque fois que j’y pense, quel était le nom de famille de mon ami Eddie, étudiant en cinéma à Chicago et qui avait fait deux films très dissemblables, le premier où, Noir, dans une petite ville des États-Unis – vraiment small time America –, pendant une année, il avait suivi de façon harcelante un jeune homme blanc en le filmant partout où il allait. Dans le dernier plan du film, on voyait ce jeune Blanc entrer dans une épicerie, suppliant Eddie d’arrêter de le suivre, Eddie s’engageait à sa suite dans l’épicerie, le jeune homme blanc faisait le tour d’un rayon central pour ressortir de l’épicerie, sans avoir rien acheté, puis partait et c’était le moment où Eddie choisissait de le laisser partir, on le voyait s’éloigner jusqu’à disparaître tout à fait de l’écran, fondu au noir. Et cet autre film quand Eddie était coursier à vélo, il avait fixé une petite caméra au niveau du moyeu de sa roue avant et qui prenait une vue à chaque tour de roue, les images selon ce procédé étaient saisissantes, rapides dans leur défilement quand le vélo avançait lentement ou freinait et, au contraire, lentes et ralenties quand les coups de pédales d’Eddie étaient les plus vigoureux au milieu des rues de Downtown Chicago, filmé, comme jamais, au ras du bitume. J’ai vraiment tout essayé pour retrouver le nom d’Eddie, j’y ai passé des heures de nuit, au travail sur internet, rien à faire. Si un jour je devais libérer un génie captif d’une bouteille échouée sur une plage, et que ce dernier me gratifie d’un vœu, je pense que je choisirais que ce livre, s’il devait être publié, soit traduit en anglais et tombe dans les mains d’Eddie et que ce dernier se reconnaisse dans la description que je fais de ses deux films et qu’il prenne contact avec mon futur éditeur américain. Et si le génie n’a pas un tel pouvoir, qu’il me révèle, plus simplement, le nom de famille d’Eddie, je me débrouille du reste.

    Je ne me souviens plus de ce que je voulais écrire juste avant d’aller aux toilettes.

    Et sinon, si la question de la mémoire vous taraude comme elle le fait pour moi, vous pouvez aussi aborder la question de façon plus ludique avec mes petite jeux de Memory dans le Désordre

    http://www.desordre.net/memory

    Quant à l’image, elle est une des cinquante trois paires de cartes du jeu original tel qu’il a été conçu et dessiné par les époux Eames.