Entre Israël et l’Allemagne, des relations pas très conventionnelles

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  • Entre Israël et l’Allemagne, des relations pas très conventionnelles -
    par Maxime Perez -Publié le 08 février 2016
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    (...) Ce bâtiment de guerre – U-212 de classe Dolphin – dispose d’une autonomie de cinquante jours et peut opérer sur un rayon de 10 000 kilomètres. Sur requête israélienne, le constructeur allemand HDW aurait aménagé dans chaque sous-marin quatre tubes de 650 mm pour les missiles de croisière de longue portée. Des Popeye Turbo, croit savoir Der Spiegel, d’une portée de 1 500 km et, surtout, pouvant charger des têtes nucléaires.

    L’Allemagne, partenaire d’Israël depuis 1952

    Si Tsahal est en passe de doubler sa flotte sous-marine, elle le doit d’abord aux largesses du gouvernement allemand. En 2005, le ministère israélien de la Défense signe un contrat avec l’entreprise Thyssenkrupp pour acquérir deux navires submersibles. La même année, Angela Merkel visite l’État hébreu à trois reprises et propose de prendre en charge un tiers de la commande, estimée à 2 milliards d’euros. En 2011, un accord est trouvé pour la livraison d’un troisième sous-marin Dolphin. Là aussi, Berlin s’engage à régler une partie de la facture.

    À cette époque, les relations israélo-allemandes ne sont pourtant pas au beau fixe. La chancelière allemande est exaspérée par l’attitude de Netanyahou sur le dossier palestinien. Sous la pression des sociaux-démocrates du SPD, qui l’appellent à interrompre ses ventes d’armes à Israël, comme au temps de la seconde Intifada, en 2000, Merkel se résout à conditionner la livraison des Dolphin à un gel de la colonisation, avant de se rétracter. Au sein du SPD, certaines voix dénoncent aujourd’hui une « tromperie ». La presse germanique est encore plus sévère.

    D’anciens hauts fonctionnaires allemands révèlent que Berlin connaissait l’existence du « projet Samson » – le programme nucléaire israélien – depuis 1961

    « L’Allemagne veut compenser ses crimes contre le peuple juif en faisant d’Israël le plus grand danger contemporain », écrit le journaliste Jakob Augstein. D’anciens hauts fonctionnaires allemands révèlent alors que Berlin connaissait l’existence du « projet Samson » – le programme nucléaire israélien – depuis 1961. L’affaire devient embarrassante, d’autant que Tel-Aviv n’est pas signataire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

    La mauvaise conscience allemande dicte les rapports avec l’État hébreu bien au-delà de l’accord de compensation économique signé entre les deux pays en 1952. Dans les années 1990, l’Allemagne avait déjà offert deux sous-marins à l’armée israélienne, puis financé la construction d’un troisième appareil à hauteur de 50 %. À l’époque, le chancelier Helmut Kohl souhaitait se racheter de l’implication de firmes allemandes dans le renforcement de la machine de guerre de Saddam Hussein. Le choix de sous-marins offrant à l’État hébreu une « capacité de seconde frappe » nucléaire n’est pas anodin. En 2005, Angela Merkel déclarait à la Knesset : « La sécurité d’Israël fait partie de notre raison d’État. »