Catherine Rouvière, Retourner à la terre. L’utopie néo-rurale en Ardèche depuis les années 1960

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  • Catherine Rouvière, Retourner à la terre. L’utopie néo-rurale en Ardèche depuis les années 1960
    http://lectures.revues.org/20098

    L’exode rural a traditionnellement été plus étudié que le mouvement inverse d’#exode_urbain. L’acuité des problèmes environnementaux et la recherche de solutions face à un système à bout de souffle ont cependant entraîné une médiatisation et un regain d’intérêt récents pour les écovillages, l’éco-habitat, le « #retour_à_la_terre »... À partir de l’exemple « métonymique »1 de l’Ardèche, la publication de Catherine Rouvière resitue ce retour à la terre dans un contexte économique et social, analyse finement ses modalités et surtout montre que, bien loin d’avoir été anecdotique, ce phénomène a eu une influence considérable aussi bien sur les espaces ruraux et leurs habitants que sur l’émergence de modes de vie et de consommation alternatifs. Dans une perspective historique, l’auteure s’appuie sur de nombreuses sources (archives officielles, études universitaires et d’organismes agricoles, documents audio-visuels...) et sur 40 entretiens semi-directifs, menés entre 2003 et 2004, qui lui permettent de décrire et d’analyser « l’utopie néo-rurale » en Ardèche des années 1960 à nos jours.

    L’ouvrage est organisé en quatre parties. Dans la première, Catherine Rouvière présente les terres d’élection et la diversité des acteurs du « retour à la terre », phénomène fluide et hétérogène qui peut être sommairement défini comme « une migration vers la campagne accomplie par des personnes d’origine urbaine ou rurale [...] dans le but de vivre totalement ou partiellement d’une activité agricole » (p. 22). L’auteure expose de manière approfondie les multiples facteurs (géographiques, politiques, démographiques...) qui ont fait de l’Ardèche une terre pionnière et emblématique. Après une seconde partie au titre significatif (« La rencontre : un choc de civilisations et de cultures »), consacrée à la rencontre entre les #néo-ruraux et la population autochtone, la troisième partie s’attache à décrire le lent processus d’intégration des premiers, qui s’explique à la fois par des changements de contexte et par des vecteurs d’intégration variés (la participation aux structures professionnelles et associatives et à la politique locale notamment). Enfin, la dernière partie rend compte des apports multiples – et souvent insoupçonnés – du phénomène néo-rural et de ses acteurs aussi bien sur les populations locales que sur les territoires et sur la transformation de l’agriculture.

    Prenant le contre-pied de la représentation des néo-ruraux comme une masse homogène de citadins soixante-huitards utopiques, Catherine Rouvière analyse minutieusement leur profil sociologique, leurs valeurs et les modalités concrètes de leur entreprise, ainsi que l’évolution temporelle de ces caractéristiques.