Au Quai d’Orsay, le bilan en demi-teinte de Laurent Fabius

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  • Que peut encore l’humanitaire ?
    http://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/que-peut-encore-lhumanitaire

    Hallucinant, Fabius vient de quitter le MAE et on entend (enfin) sur Francde-Cult des choses qui sonnent d’une manière étrangement différente ! Morceaux choisis de l’entretien avec Jean-Christophe Rufin (et Luc Mathieu de Libé), qui a tout de même une lourde expérience diplomatique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Christophe_Rufin#Carri.C3.A8re_dans_les_minist.C3.A8res_et_la_dip)

    On nous parle des « rodomontades de M. Fabius »... qui a dû « capituler sur tout ». Un homme qui avait peut-être « surestimé un tout petit peu les capacités de la France », « qui prenait des attitudes martiales qui n’ont pas été suivi d’effet »’... « Sur l’Iran, une position extrêmement en pointe qui n’a pas empêché les Américains de faire ce qu’ils voulaient »... Les déclarations sur Bachar qui ne méritait pas d’être sur terre, « très très dangereux »... Questionné s’il fallait intervenir ou non, Rufin commence par critiquer sévèrement l’intervention en Libye avant de déclarer que « si l’on regarde bien,on est intervenu en Syrie, verbalement, en laissant croire aux populations concernées qu’on allait intervenir »... « On les a un petit peu envoyées (les populations) à la mort »... Rufin se déclare effondré en voyant les ruines de ce pays, sachant qu’on a « d’une certaine façon nourri cette guerre civile ».

    Intervention de Mathieu, sortant le discours classique sur la non-interv ention notamment après « l’attaque chimique de la Goutha ». Rufin répond que, dès qu’il y a eu militarisation (c’est-à-dire bien avant) c’était autre chose et revient sur la responsabilité qu’il y a à dire à des gens qu’on va intervenir alors qu’on savait qu’on n’allait pas le faire.

    Rufin, suite à des crétineries de Mathieu, enfonce le clou : « en Iran, ils savaient qu’on n’interviendrait pas » et suggère qu’on réfléchisse un peu à ce type de situation dans lesquelles on sait qu’on ne peut pas intervenir. Si personne ne se réjouit de ce qui se passe, comme il insiste, il rappelle qu’il faudra tout de même dresser le bilan. (En d’autres termes, le bilan du fiasco total de la période Fabius décrite par les lèche-bottes comme le triomphe de la diplomatie française !)

    #syrie

    • Le Monde selon Hubert Védrine : Vendredi 12 février 2016
      http://www.franceculture.fr/emissions/le-monde-selon-hubert-vedrine/le-monde-selon-hubert-vedrine-vendredi-12-fevrier-2016

      Dans un style nettement plus feutré et avec toute l’onction nécessaire à cet exercice, Védrine souligne le « bilan important » de Fabius à la COB 21 sur le plan technique, ainsi que, sur le même plan, l’intégration au MAE des données économiques, avant de conclure, en douce, sur le bilan « plus discuté » (ce qui en langage diplomatique peut se traduire par fiasco) des dossiers iranien et syrien...

    • Christophe Ayad dans Le Monde sur le bilan en demi-teinte de Laurent Fabius

      Passé ce fatal 31 août 2013, la France n’a cessé de s’isoler de son principal allié occidental, tenant une position qui, aussi morale et digne fût-elle, a échoué à faire bouger les lignes sur le terrain. S’il est un reproche que l’on ne peut pas faire à M. Fabius, c’est celui de la versatilité et de l’opportunisme. Mais son intransigeance en Syrie, qui a aligné la France sur des puissances sunnites comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie, s’apparente aujourd’hui à une impasse. Sans doute, M. Fabius a-t-il surestimé le poids de la France, puissance moyenne dans un monde « zéropolaire », comme il aime à le décrire, pour pouvoir changer le cours du drame syrien.

      Un échec, deux succès

      A l’heure de rejoindre la présidence du Conseil constitutionnel, le bilan de l’ex-« plus jeune premier ministre de France » – le record tient toujours – au Quai d’Orsay se résume ainsi : un échec (la Syrie), deux succès (la COP21 et le nucléaire iranien) et deux trous noirs (l’Afrique et l’Europe). A l’inverse de la Syrie, M. Fabius a joué un rôle décisif dans l’accord mondial, obtenu en décembre 2015, sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Peu convaincu au départ, il s’est emparé du sujet à bras-le-corps, forçant son administration à se mettre au service du sommet de Paris, dont le succès était loin d’être acquis d’avance. Le sens de la méthode et la capacité de travail de M. Fabius ont fait merveille et, au moment d’annoncer l’accord, cet animal à sang froid a eu du mal à masquer son émotion. Il entend d’ailleurs garder la présidence de la COP jusqu’à la fin de l’année, malgré ses futures fonctions au Conseil constitutionnel.

      Lire aussi : Laurent Fabius entend rester président de la COP même s’il entre au Conseil constitutionnel

      Sur le dossier nucléaire iranien, M. Fabius, qui partageait la ligne « intransigeante » des faucons du Quai d’Orsay, se félicite d’avoir obtenu un accord « robuste », au prix d’un coup de gueule, le 8 novembre 2013 à Genève, alors que les Américains, pressés d’avancer, s’apprêtaient à signer un accord intérimaire « au rabais » :

      « Que n’ai-je entendu à l’époque ! Combien de sottises ont été dites, comme quoi la France paierait son intransigeance, expliquait-il récemment au Monde. Eh bien, la preuve que j’ai eu raison est que la France a été l’un des tout premiers pays visités par le président iranien Rohani. »

      En revanche, en Afrique, là où la France peut encore faire la différence militairement, M. Fabius s’est montré d’une discrétion proche de l’effacement.

      http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/02/11/le-bilan-en-demi-teinte-de-laurent-fabius_4863060_823448.html#e2rmp2kr8L5Kua