Syrie : la « trêve » souligne l’avantage pris par Moscou et Damas - Mediapart - 12 février 2016 | Par René Backmann
▻https://www.mediapart.fr/journal/international/120216/syrie-la-treve-souligne-lavantage-pris-par-moscou-et-damas?page_article=3
(...) En fait, les seuls alliés fiables et militairement crédibles, sur le terrain, de la coalition occidentale dans cet affrontement avec Daech sont les Kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG), branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD). Sur ce point, curieusement, les positions occidentales et russes convergent. Moscou, qui a tenté en vain de faire admettre le PYD aux négociations de Genève, estime que les Kurdes, qui « méritent d’avoir leur État » comme le rappelle Alexandre Orlov, sont une partie de la solution. C’est d’ailleurs à Kamishli, dans une zone tenue par les combattants kurdes au nord-est de la Syrie, que l’état-major russe a installé l’une de ses trois bases aériennes.
Et c’est à 75 km plus à l’est, à Rmeilane, toujours dans le glacis kurde, instauré de fait le long de la frontière turque, que Washington est en train d’aménager l’unique base de son aviation en territoire syrien. Cette convergence, que les combattants kurdes exploitent habilement en étendant leur territoire, exaspère le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui tient le PYD pour une branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme terroriste et interdit en Turquie. Erdogan accuse à la fois Moscou de soutenir le terrorisme en Turquie et Washington d’avoir créé « une mare de sang » dans la région, en s’alliant avec les Kurdes de Syrie. Sa crainte est la création, à terme, d’une zone kurde syrienne qui, soutenue par Washington et Moscou, et associée à l’actuelle région autonome kurde irakienne, constituerait l’embryon d’un État kurde, cauchemar d’Ankara.(...)