La proposition des Banquiers centraux de « supprimer les billets et les pièces n’est pas une farce », Didier Marteau, Prof. ESCP-Europe.
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La proposition à l’étude chez les Banquiers centraux de supprimer les billets et les pièces n’est pas une farce. Elle s’inscrit dans le débat sur la nécessité de faire baisser les taux d’intérêt à un niveau proche de zéro, voire négatif, pour inciter les entreprises à emprunter et les banques à ne pas conserver leurs avoirs sur leur compte Banque centrale. (...)
Supprimer les billets et les pièces, taxer les dépôts, voilà l’idée à la mode pour relancer la croissance réelle. Une telle proposition ignore cependant que l’une des fonctions principales de la #monnaie n’est pas économique, mais sociale.
La monnaie est un bien commun partagée par une collectivité, et la faire disparaître dans son expression « manuelle » est un acte politique de désagrégation sociale. Qui oserait nier que la création de l’euro a contribué, même de manière partielle, au renforcement de la citoyenneté européenne ?
Au fond, l’idée de la suppression de la monnaie « manuelle » illustre avant tout le désarroi de nos gouvernants face à l’inefficacité des politiques monétaires « accommodantes » mises en place depuis 2008 aux Etats-Unis et 2011 en Europe. Après la suppression des billets et pièces, associée à la taxation des dépôts, pourquoi n’imagineraient-ils pas de demander le versement des salaires sous la forme de « bons de consommation », dont la date de validité serait limitée dans le temps ? Il ne s’agirait que d’une forme complémentaire de taux d’intérêt négatif…