Saint-Urbain, dans le Finistère, ouvre ses portes aux réfugiés

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  • Parce que ça fait un peu du bien...

    Saint-Urbain, dans le Finistère, ouvre ses portes aux réfugiés
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    Attablé dans son penty, devant un petit bol de café et des palets bretons, Fanch raconte la genèse du projet. Le 2 septembre, Anne-Marie et lui sont profondément touchés par la photo d’Aylan Kurdi, un enfant kurde retrouvé mort sur une plage turque. Ils en parlent à un ami retraité dans la commune. Ensemble, ils s’interrogent : « Et nous, que fait-on pour éviter ça ? » C’est ainsi que l’idée leur vient d’accueillir des réfugiés chez eux.
    « Une position simplement humaniste »

    Le maire informe alors la population de cette initiative dans un article dans le bulletin municipal et fait un état des lieux des logements vacants dans la commune. Ils se structurent en créant une association, rejoints, en quelques semaines, par une vingtaine de personnes. Depuis, les nouvelles adhésions et les propositions de service ou de matériel se succèdent. Comme celle de Jeanne, 80 ans, dont le congélateur, « vieux mais en état de marche, attend dans son garage ». Ils sont aujourd’hui une trentaine et, dans un mois, seront en mesure d’accueillir une famille dans l’ancien presbytère de la commune.

    Tous les membres de l’association sont conscients que le projet ne fait pas l’unanimité, et, sans parler des manifestations des identitaires, peuvent évoquer des conversations tendues, similaires à celle de Fanch Dantec et de l’ancien employé de Gad. Jean-Yves Salaün, agriculteur, et sa femme, Marie-Dominique, se rappellent par exemple cette personne qui leur avait lancé, inquiète : « Vous ne réalisez pas ce que vous faites ! » « Il faut entendre ces voix aussi et les respecter », disent-ils. Et, face à la « tentation du repli sur soi », Jean-Yves et Marie-Dominique veulent humblement faire passer un message : « Ce n’est pas antinomique de soutenir un réfugié et un SDF ou un chômeur. Il faut soutenir les deux. »

    Eux ne croient pas à une grande révolution radicale, mais à des avancées, petit à petit. « C’est important d’être dans cette dynamique, de montrer qu’il existe du positif et que chacun peut y prendre part », pense Marie-Dominique. Ils n’ont donc eu « aucune hésitation par rapport au regard extérieur » quand ils ont décidé d’adhérer à l’association. « C’est simplement une position humaniste. »

    Pour Fanch, « plus il y a de risques de refus, et plus il faut y aller, avancer, et faire réfléchir. Il faut dépasser les peurs et montrer la différence pour la faire accepter ». « Il faut oser faire l’inverse de ce que font les autres », ajoute sa femme. Jean-Louis Vignon, le maire, qui a adhéré à l’association, déplore que l’« on nous présente ça comme une invasion de barbares. Il faut démystifier les choses. Les problèmes montrent qu’il faut au contraire les accueillir. Quand ils iront à l’école ou dans des associations, ils feront des connaissances. L’intégration se fera ».