• L’attentat d’Ankara : suites et bruits de bottes | KEDISTAN
    http://www.kedistan.net/2016/02/18/lattentatdankara-suites-menace-contre-kurdes

    L’attentat d’Ankara : suites et bruits de bottes
    Brèves février 18, 2016février 18, 2016 Kedistan
    suite explosion ankara declarations

    Le gouvernement truc déclare les YPG responsables de l’attentat d’Ankara du 17 février, qui a fait 28 morts et 61 blessés.

    Erdogan s’est également exprimé solennellement en affirmant que l’assaillant est bel et bien un membre de PKK et PYD, et qu’il n’acceptera jamais les thèses qui contrediront ou contredisent déjà ceci.

    « Nous voyons que l’affaire prend des dimensions internationales. Bien que le PKK et le PYD déclarent qu’ils ne sont pas liés à l’attentat. Les informations obtenues par nos services de renseignements ont mis leurs liens, clairement à jour »

    « Cette affaire, servira à faire mieux comprendre à nos amis de la sphère internationale à qui nous avons répété jusqu’à aujourd’hui, sans pouvoir les convaincre que le PYD et YPG sont liés étroitement au PKK. Nous avons avancé cela avec des preuves. Mais les peuples du monde accepteront un jour notre thèse légitime et demandera des comptes aux autres [il veut dire les organisations précédentes] devant l’Histoire. »

    Davutoglu a enchaîné aussitôt :

    « L’identité de ceux qui ont commis l’attentat est clairement mise à jour. Il s’est avéré d’une façon absolue que l’attentat a été commis par une personne membre du YPG qui s’est infiltrée de Syrie et des membres d’organisation terroriste et séparatiste [il veut dire PKK, mais il ne nomme jamais l’organisation]. Le lien direct de l’attentat avec le YPG est prouvé. »

    « L’attaque suicide a été effectuée par l’individu Salih Nectar, né en 1992, à Amuda en Syrie. Grâce au travail de nos organisations de renseignements et de sécurité, neuf personnes ont été mises en garde à vue. L’enquête continue plus profondément. »

    « Nous espérons que nos alliés vont enfin voir que le YPG est la continuité de l’organisation terroriste [toujours PKK]. Il n’est pas question que nous excusons ceux qui considèrent ‘innocente’ l’organisation terroriste qui menace notre peuple. Nous allons continuer à frapper les positions YPG »

    L’attentat d’Ankara : d’autres sons de cloches…

    Le PKK n’a pas revendiqué l’attentat et a souligné qu’il peut être « une réaction aux massacres », mais pas de son fait.

    Le PYD de son côté a déclaré que le YPG, leur force combattante, n’a aucun lien avec l’attentat. Le leader du PYD Salih Muslim, a parlé à Reuters et a déclaré ce matin, « Je vous assure que pas une seule balle n’a été tirée vers la Turquie de la part de YPG. Le YPG ne considère la pas la Turquie comme son ennemi. »

    Le YPG à son tour, a appuyé les propos de Salih Muslim, et déclaré « Davutoglu essaye de préparer le terrain pour les attaques éventuelles qui cibleront le Rojava. »

    Quant à la Maison Blanche, elle a dénoncé l’attentat et a annoncé par la bouche de Ben Rhodes, un de ses conseillers à la sécurité : « Nous n’avons pas pu définir encore qui sont les responsables de cet acte. » Le conseiller a exprimé également que lors de toutes les communications avec le YPG et d’autres organisations kurdes, la Maison Blanche a souligné l’importance de l’alliance et que la seule menace sur laquelle il fallait se focaliser était Daech.

    Le député d’Istanbul du CHP (kémalistes) Eren Erdem avance la thèse que selon un rapport des services de renseignements, il y avait des informations sur d’éventuelles infiltrations des membres de PYD en Turquie. Ce rapport ayant été établi 17 jours avant l’attentat, il pose la question :

    « Pourquoi alors aucune précaution n’a été prise ? Après ils vont dire qu’il n’y a pas de faille de sécurité. Il faut avouer la réalité : les renseignements n’ont plus le temps de protéger le pays, à force de s’occuper de surveiller l’opposition. »

    Murat Yetkin publie une chronique dans le journal Radikal, et avance, en s’appuyant sur ‘des sources dont il ne peut pas révéler l’identité’ que l’assaillant serait une personne liée aux renseignements militaires syriens et proche de la famille Bachar. « Si l’identité révélée est véridique, la famille Neccar, est liée à Al-Amn al–Askari , les renseignements militaires du régime Baas, dirigés comme on sait par Bachar el-Assad . » Il ajoute que d’après ses sources la cible premiere de cet attentat serait Le Siège de l’Armée de l’air qui se trouvait à 300 mètres du lieu de l’explosion.

    On constate à l’évidence, que la censure sur l’information, durant les 12 heures qui ont suivi l’explosion, avait bien pour but de « fabriquer » l’histoire officielle, et que comme pour tous les attentats précédents, les « preuves » sont celles que le gouvernement veut bien affirmer, reprises en boucle par des médias aux ordres, ré-autorisés à publier la voix du Sultan. Gageons que les quelques courageux qui s’écartent de la fable, tomberont sous peu sous le coup des menaces, envoyées dès hier à celles et ceux qui « se feront les complices en publiant…… ».

    On voudrait préparer l’opinion publique turque à une offensive contre les zones frontalières dont la reprise par les forces kurdes est à portée, qu’on ne s’y prendrait pas mieux. Le trait d’égalité que vient de tracer Erdogan entre le PYD et Bachar, dans un raccourci qui le protège d’éventuelles révélations sur la personne exacte du responsable présumé de l’attentat, donne la réelle portée de cette instrumentalisation.

    La question qui se pose est celle d’une guerre assumée ou non, puisque sur le terrain syrien, cela supposera une possible réaction russe, non par camaraderie avec le Rojava, mais parce que les intérêts propres de Poutine seraient menacés. La deuxième question reste celle de l’accentuation possible des massacres au Kurdistan Nord, comme dans le quartier de Sur, en prenant prétexte de représailles, comme furent justifiés les bombardements de cette nuit contre des positions du PKK.

    D’ors et déjà, selon l’Agence Anadolu, la voix d’Erdogan, Izzettin Küçük, le Gouverneur d’Urfa a annoncé que « Suite à une décision gouvernementale la porte frontière de Mürşitpınar permettant le passage vers la région Aïn al-Arab (Kobanê) de Syrie, est désormais fermée. Aucun passage n’est actuellement autorisé. » Cette porte était utilisée surtout pour tous les envois humanitaires vers Kobanê, déjà sous embargo turc.

    Les dirigeants européens discutent du « Brexit »… et des réfugiés syriens ces jours-ci. La gravité de la situation politique et militaire au Moyen Orient et en Turquie semble loin des préoccupations immédiates, sans doute parce que l’Otan n’a pas encore établi sa position. Les politiciens s’y aligneront…

    A suivre, et de près…

  • Ankara : le silence d’après explosion | KEDISTAN
    http://www.kedistan.net/2016/02/18/ankara-le-silence-dapres-explosion

    ❝Ankara : le silence d’après explosion
    Brèves février 18, 2016février 18, 2016 Kedistan
    explosion

    Une explosion a fait « officiellement » 28 morts et 61 blessés ce mercredi en fin d’après midi, à 18h31, au centre d’Ankara, près de la place Kızılay.

    L’explosion est survenue dans la rue Merasim qui relie le boulevard d’İnönü à l’avenue de Dikmen.

    Peu après, les réseaux sociaux, d’abord Twitter, ensuite Facebook étaient censurés. Le communiqué des événements fut fait par les forces armées, puis transmis par Agence Anadolu, sous contrôle, puis AFP et médias internationaux. Dommage pour Facebook, qui avait mis en fonction la même application qu’à Paris, signalant « en sécurité » les « amis ».

    Même le journal Le Monde en France a dû souligner, faute d’informations même factuelles supplémentaires, qu’il s’agissait d’un communiqué de l’Etat Major. La télévision nationale TRT, si prompte à ouvrir l’antenne lors du massacre de Cizre sur « la victoire contre le PKK », s’est cette fois abstenue de commentaires au delà des virgules du communiqué officiel.

    Alors que lors du dernier attentat à İstanbul, dans le quartier touristique de Sultanahmet, Le Premier Ministre avait moins d’une heure plus tard annoncé la date et le lieu de naissance du « terroriste », là, une quasi interdiction de commentaires, et une censure des informations ont été immédiatement instaurées, à tel point que plus de huit heures plus tard, il était encore impossible d’obtenir via un quelconque média turc, des « détails » sur l’attentat. Des images de « secours » et de vitres brisées sont diffusées en boucle, quand les chaînes de TV osent encore en parler, comme également quelques images de panique « filmées par un amateur ».

    On sait juste que l’explosion a visé des militaires, qu’un car a brûlé, et que des civils auraient été également touchés.

    Le point d’explosion est à 300 mètres de l’Etat Major. L’explosion serait survenue lors du passage de véhicules militaires de service. Certains de ces véhicules étaient « banalisés » comme le car, et l’explosif aurait été placé dans un car.

    plan ankara explosion

    Les dirigeants politiques, dirigeants de partis, ministres, se sont immédiatement exprimés en copier collés, condamnant tous unanimement « la terreur », puisque c’est le terme générique employé pour « le terrorisme ». Il y a même eu, dans un bel élan, à la suite du sommet du crise à l’Assemblée Nationale, »d’unité nationale contre la terreur », un communiqué commun de trois groupes parlementaires, des ultra nationalistes aux kémalistes, en passant par le parti d’Erdogan, l’AKP :

    « Nous dénonçons avec force l’attentat ciblant notre sécurité et notre sérénité, notre unité et intégrité. Le terrorisme et la violence n’atteindront jamais leurs buts et objectif. »

    Le HDP, (Parti Démocratique du Peuple) bien sûr, a été tenu à distance.

    Erdogan a déclaré enfin :

    « De nouvelles pertes s’ajoutent alors que la Turquie lutte contre la terreur, cela nous blesse le coeur et force les limites de notre patience. Nous allons poursuivre la lutte contre les pions qui commettent de tels attentats, qui ne connaissent ni morale ni limites humanitaires, et contre les forces qui les soutiennent, cela avec une détermination chaque jour plus grande. Notre persévérance sur le fait de répondre plus fortement encore à ces attaques qui se font à l’intérieur ou à l’extérieur de nos frontières et qui visent notre futur et notre unité, se renforce encore plus avec ce genre d’actions. Que l’on sache que la Turquie n’hésitera pas à recourir à tout moment, à tout endroit et en toute occasion à son droit à la légitime défense. »

    Et depuis, c’est le grand silence, laissant volontairement Ankara en état de choc, avec toutes les mesures permettant d’entretenir une psychose possible d’autres attentats.

    Des dirigeants européens ont à la queue leu leu exprimés leur « condamnation du terrorisme », sans non plus préciser et parfois même en ajoutant « d’où qu’il vienne ».

    Toute la Turquie est maintenue dans une interrogation volontaire, entre Daech et PKK, et cela figure entre les lignes de la déclaration d’Erdogan.

    konstantiniyye armee turqueDaech menaçait l’armée turque dans le dernier numéro du « Konstantiniyye » son magazine officiel publié en turc pour ses « fans » en Turquie : « Le fait d’être dans les forces armées comme les militaires ou la police dans des pays qui sont dirigés par des systèmes démoniaques (Tâghoût), est un blasphème. Il est permis de les tuer, et leur place est l’enfer. » L’Armée turque ayant combattu en Afghanistan, « dans les rangs des Croisés », Daech annonçait « Avec la permission d’Allah, l’Etat Islamique, va faire payer le prix de tout cela lourdement, à ces mécréants qui ont massacré des musulmans ».

    Quelques commentateurs turcs se risquaient à faire un rapprochement cette nuit.

    Dans ce contexte, Premier Ministre et Président ont annulés leurs déplacements. L’Europe attendra pour sa conférence sur les « réfugiés ». Officiellement, bien sûr, l’enquête, comme on dit « n’exclue aucune piste terroriste ».

    Peut être allez vous trouver dans ces lignes, un manque total de compassion pour les victimes de cet attentat. Mais nous l’avons trouvé nous même dans la réaction des autorités turques, plus promptes à des déclarations de guerre et à des surenchères contre la « terreur qui brise l’unité », qu’à constater que la population turque est meurtrie, du fait même de ces guerres intérieures et extérieures, et des velléités affirmées d’intervention de troupes turques en Syrie.

    Le grand silence qui succède à l’explosion, tant de la bombe que des déclarations belliqueuses qui suivirent, sera propice, n’en doutons pas, pour préparer un « coup tordu » dont Erdogan a habitué tout le monde depuis l’attentat de Suruç, et ce, avec un soutien renouvelé des capitales européennes.

    Signalons que cela n’a pas empêché la police de réprimer une manifestation de protestation dans le quartier de Gazi à Istanbul, contre les massacres au Kurdistan turc, au moment même de l’attentat.

    On apprend dans le même temps, que près de 200 personnes sont réfugiées dans un sous sol, et encerclées par les forces de répression à Sur quartier d’Amed (Diyarbakir). Comme pour Cizre, tout secours est empêché, et le siège peut se terminer par un nouveau massacre. Parmi ces personnes retenues et en danger, figure Mazlum Dolan, correspondant de l’agence DIHA :

    Nous sommes dans un état terrible. Je suis avec des familles. Il peut avoir un autre Cizre bientôt. Les affrontements sont intenses, l’endroit où nous nous trouvons est bombardé par des obus de char et de mortiers. Des annonces sont faites : « Nous allons vous abattre d’en haut, tous vous tuer ».

    mazlum dolan

    Là aussi, c’est censure et grand silence, et « officiellement » au nom de la lutte contre le « terrorisme ».

    Il ne s’agit pas d’opposer les morts aux morts, ni de pleurer les uns et cracher sur les autres, d’autant plus sur des victimes civiles probables, mais de constater qu’un homme, Erdogan, un parti, soutenu par des ultra nationalistes, un gouvernement, conduit les Peuples de Turquie à la guerre, et les uns contre les autres, depuis trop longtemps.