Yves Bonnet raconte les dessous de l’affaire Abdallah

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  • Georges Ibrahim Abdallah toujours debout. -
    mercredi 31 juillet 2019 par Pierre Stambul [UJFP]
    http://www.ujfp.org/spip.php?article7316

    25 juillet. Je ne suis pas seul à venir à la prison de Lannemezan visiter un prisonnier politique. Plusieurs Basques sont venus en famille (avec les enfants) pour voir leurs proches. Il y a 13 prisonniers politiques basques espagnols dans cette prison, souvent condamnés à de très lourdes peines.

    Georges me tombe dans les bras. Il sera quasiment impossible pendant ces trois heures de discussion intensive de le faire parler de sa situation de prisonnier. Quand je lui demande comment il va, il me demande des nouvelles de Ma santé. Et quand j’évoque l’État libanais qui a demandé sa libération et son extradition par la voix du président Aoun, il me dit doucement : « tu sais, le Liban est un tout petit pays, une sorte de confetti, et les choses importantes ne se décident pas là-bas ». De fait, la visite de l’ambassadeur du Liban en France à Lannemezan aurait dû être, (couplée à une visite de Macron au Liban prévue en mars 2019) le moment de sa libération. Le voyage de Macron a été annulé la veille et reporté sine die.

    Quand je le quitte, aucune tristesse de sa part. Il insiste pour que je prenne sa bouteille d’eau, canicule oblige, et file vers sa cellule.

    35 ans de prison, un scandale absolu.

    Georges ne m’a pas parlé de lui, mais je tiens à faire ce rappel.
    (...)
    Georges est arrêté en 1984 en France pour détention de faux papiers. On lui « collera » sur le dos les deux assassinats et il est condamné à la prison à perpétuité pour « complicité » (!!) en 1987.
    Le directeur de la DST (Direction de la Surveillance du Territoire) de l’époque, Yves Bonnet (qui sera plus tard député de Cherbourg), a reconnu publiquement depuis avoir « fabriqué les preuves » contre Georges.
    Georges est libérable depuis 1999. En 2003, la Cour régionale de Pau autorise sa libération, mais le ministre de la Justice Perben s’y oppose. Georges est accusé d’être un djihadiste alors que c’est un marxiste qui est toujours resté fidèle à ses idéaux. La demande de libération de 2013 échouera sur pression conjointe venue des Etats-Unis (Hillary Clinton) et d’Israël. (...)

    #Georges_Abdallah

    • Lannemezan. Yves Bonnet raconte les dessous de l’affaire Abdallah
      Publié le 07/01/2012
      https://www.ladepeche.fr/article/2012/01/07/1255561-yves-bonnet-raconte-les-dessous-de-l-affaire-abdallah.html

      J’ai un problème de conscience avec cette affaire. La France a trahi la parole donnée et on a voulu faire croire qu’à l’époque, Bonnet avait négocié tout seul. Je trouve cela ignoble car cela revenait à me mettre directement dans le collimateur des FARL. Aujourd’hui, presque 30 ans après les faits, je trouve anormal et scandaleux de maintenir encore Georges Ibrahim Abdallah en prison. Je considère qu’il avait le droit de revendiquer les actes commis par les FARL comme des actes de résistance. Après on peut ne pas être d’accord, c’est un autre débat. Mais il faut se souvenir du contexte, aussi, des massacres de Sabra et Chatilah dont les coupables n’ont jamais été punis. Et aujourd’hui, la France garde cet homme derrière les barreaux alors qu’elle a libéré Maurice Papon ? J’aimerais rappeler aussi qu’on a remis en liberté l’assassin de Chapour Baktiar, qui lui, sur ordre de l’Iran, avait décapité l’ancien Premier ministre au couteau et lui avait coupé les mains. Ce type-là, qui a commis un crime atroce, a été libéré moins de 20 après les faits. Georges Ibrahim Abdallah, lui, est plus mal traité qu’un serial killer alors qu’il a commis des actes politiques.

      #Yves_Bonnet

  • Le « cas de conscience » de l’ex chef de la DST Yves Bonnet pour le libanais Georges Ibrahim Abdallah
    http://www.libetoulouse.fr/2007/2012/01/le-cas-de-conscience-de-lex-chef-de-la-dst-yves-bonnet-pour-le-libanais

    Dans un entretien à la Dépêche du Midi diffusé ce samedi par le comité de soutien de Georges Ibrahim Abdallah, l’ancien député UDF Yves Bonnet à la tête de la DST de 1982 à 1985, (le service de renseignement intérieur fusionné en en 2008 avec les Renseignements généraux dans la DCRI) prend faits et cause pour celui dont il supervisa l’arrestation.

    « J’ai un problème de conscience avec cette affaire, dit-il. Aujourd’hui, presque 30 ans après les faits, je trouve anormal et scandaleux de maintenir encore Georges Ibrahim Abdallah en prison. Je considère qu’il avait le droit de revendiquer les actes commis par les FARL comme des actes de résistance. Après on peut ne pas être d’accord, c’est un autre débat. Mais il faut se souvenir du contexte, aussi, des massacres de Sabra et Chatilah dont les coupables n’ont jamais été punis ».

    • L’interview en question :

      Yves Bonnet raconte les dessous de l’affaire Abdallah
      http://www.ladepeche.fr/article/2012/01/07/1255561-yves-bonnet-raconte-les-dessous-de-l-affaire-abdallah.html

      Au Liban, les FARL sont un groupe résolu, impossible à infiltrer, reposant sur une vingtaine de personnes issues de trois familles de Koubeyat, un village près de Tripoli. Georges Ibrahim Abdallah arrêté, en mars 1985, elles s’emparent de Gilles Sidney Peyroles, directeur du centre culturel français de Tripoli et le fils de l’écrivain Gilles Perrault. On se retrouve donc avec une sale histoire d’enlèvement sur les bras. J’étais au siège de la CIA, à Langley et Paris me demande de rentrer d’urgence. Il faut négocier un échange. Jusque-là, Georges Ibrahim Abdallah est accusé de délits, il n’a pas de crime sur le dos. Les Algériens s’engagent et servent d’intermédiaires, je donne mon accord pour l’échange sans que Pierre Joxe, ministre de l’Intérieur ne s’y oppose. Gilles Peyroles est libéré. Mais malheureusement pour Georges Ibrahim Abdallah, dans le même temps, on trouve dans une planque des FARL l’arme qui a servi à tuer MM. Charles Ray et Yacov Barsimentov et là, le dossier change de dimension, la justice ignorant les tractations et l’accord que j’avais passé avec l’Algérie. Pour Georges Ibrahim Abdallah, on me dit « son compte est bon. » Je me sens très mal parce que j’ai donné ma parole à mes amis algériens qui se sont énormément mouillés dans le dossier et je suis lâché par les politiques.