Les devoirs-maison : une aberration pédagogique...

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  • Les devoirs-maison : une aberration pédagogique...
    http://www.profencampagne.com/article-les-devoirs-maison-une-aberration-pedagogique-96483597.html
    (merci à @stephane d’avoir retweeté ce lien, ce qui m’a permis de découvrir l’article)
    Il n’y a pas (plus ?) la possibilité d’écrire de commentaire sur le site, donc je le fais ici.

    Depuis que je suis en âge de comprendre l’intérêt de l’école, je n’ai jamais remis en question le fait d’avoir des devoirs à la maison. Il m’est même arrivé d’argumenter en faveur de ceux-ci face à des personnes qui étaient contre (principalement des personnes qui ne voulaient pas travailler, à vrai dire).

    Cependant, cet article m’a fait changer d’avis. Il apporte des arguments autres que la simple quantité de travail ou la « fatigue » de l’élève.
    Le premier est le fait que cela apporte une charge de travail supplémentaire aux parents (qui en ont déjà suffisement, en général), et qu’en plus il s’agit de délégation du travail de l’enseignant à quelqu’un d’autre.
    Ceci entraîne le second argument, qui est l’inégalité des enfants les uns par rapport aux autres ; et l’égalité est pour moi (je l’espère pour vous aussi) une valeur importante. Ça paraît bête, mais je n’avais jamais pensé que supprimer les devoirs à la maison pourrait combler une bonne partie de ce « fossé ».
    Enfin, il fait également remarquer que le travail à la maison est un « cauchemard ». Je me rappelle encore des jeudis soir de mes premières années de collège, où mon frère et moi étions seuls avec ma mère (sans mon père pour modérer les disputes), pour faire le travail que les professeurs avaient donné pour le lendemain ; mon frère retenait d’ailleurs le mot « Donnerstag » : « le jour du tonerre », à cause de ces jeudis soir. Ah tiens, et je viens à l’instant de me faire reprocher par mon frère pour lui avoir fait remarquer, devant nos parents, que ça serait une bonne idée d’apprendre sa liste de verbes forts (les verbes irréguliers en Allemand) en l’écrivant, parce que « Ça [lui] fait perdre un temps fou ».

    Cependant, j’ai quand même quelques nuances à apporter à l’article.
    Tout d’abord, il commence par invoquer le calendrier. Je ne sais pas si il s’agit de celui de ces dernières vacances de Noël, ou des vacances en général, mais dans les deux cas, j’y oppose le fait que rien n’empêche de s’avancer dans ses devoirs. Ces dernières vacances sont d’ailleurs un magnifique exemple : il y avait une semaine pour faire les devoirs, avant Noël.
    Ensuite, il généralise beaucoup. À commencer par le fait qu’il ne fasse pas de distinction entre les devoirs écrits et oraux : il cite l’exemple de l’apprentissage des leçons. Cependant, je pense qu’il est indéniable que les leçons doivent s’apprendre en dehors de l’école, parce que l’enfant a besoin d’être aidé dans son apprentissage, et un seul enseignant pour toute la classe ne suffit alors pas. L’idéal pour éviter les inégalités est alors, comme le propose l’article, d’un accompagnement par un tiers ; or tout le monde ne peut pas se le permettre, et les restrictions budgétaires actuelles dans l’Éducation Nationale ne vont pas dans le sens d’un quelconque remboursement.
    De plus, il n’apporte aucune nuance quant à l’âge de l’élève. Normalement, à partir du lycée (au moins la Terminale, le baccalauréat approchant...), on se rend compte que les devoirs maison ne sont ni pour nos parents, ni les professeurs, mais bien pour soi-même. La preuve avec mon professeur de Terminale (c’est à dire l’an dernier), pour qui tous les devoirs maison étaient tous optionnels et non notés ; pourtant, toute la classe les faisait. Il existe donc bien des cas où le travail écrit à la maison est utile.

    Sur ce, je vous laisse, j’ai un devoir maison de maths qui m’attend.

    • des arguments autres que la simple quantité de travail ou la « fatigue » de l’élève

      Est-ce à dire que de tels arguments ne seraient pas recevables ? Chacun a ses limites, même si elles sont différentes pour chacun.

      rien n’empêche de s’avancer dans ses devoirs

      Non en effet, rien n’empêche un enfant de 8 ans d’avoir la maturité d’un étudiant de 18 ans. Mais ça reste rare, il faut bien le dire ! On ne peut pas compter dessus avant un certain âge.

      pas de distinction entre les devoirs écrits et oraux

      Selon l’auteur (sur twitter), le terme devoirs est pour les spécialistes synonyme de travail obligatoire et noté, donc rien à voir avec l’apprentissage des leçons.

      pas de distinction entre les devoirs écrits et oraux

      Il m’a semblé relativement clair que le propos dans ce billet porte essentiellement sur l’école primaire, même si (encore sur twitter) l’auteur semble l’étendre en partie au collège.

    • Si, bien sûr, de tels arguments sont recevables. Je reconnais que, en pratique, je n’en ai aucune expérience, mais je pense que les enseignants sont tout à fait capables de limiter le travail à quelque chose de tout à fait raisonnable.

      Je n’ai jamais prétendu que l’enfant de huit ans allait s’avancer dans son travail de lui-même. Il faut effectivement une certaine maturité (que même mon frère de bientôt 17 ans n’a pas encore) pour le faire. Si c’était uniquement du ressort des enfants, le travail ne serait pas fait du tout, ou la veille.
      Cependant, c’est du ressort des parents de les faire travailler, comme c’est dit dans l’article : « Mais le lendemain du 31 décembre, il a bien fallu les pousser à se mettre au travail. » Or, rien n’empêchait de les faire travailler, par exemple dès le lundi (ce qui autorise une pause bien méritée de deux jours).

      Si le terme "devoirs" exprime un travail obligatoire et noté, dans ce cas, je comprend qu’on puisse demander leur suppression. La meilleure solution serait certes de les rendre optionnel, mais ça ne ferait que favoriser scolairement les enfants avec des parents qui les forcent à faire tous les devoirs optionnels.
      Donc, la meilleure solution est peut-être, effectivement, de les abolir.

      Merci pour les précisions.