Mes caricatures dans le livre de Christine Boutin : explications

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  • Les insolences de Christine Boutin : la colère des dessinateurs
    http://catoune.fr/2016/02/28/les-insolences-de-christine-boutin

    Si on résume : non seulement Christine Boutin et ses éditeurs ont utilisé mes dessins à des fins complètement différentes de ce qui m’avait été présenté à l’origine (… vous m’imaginez sérieusement accepter de faire la couverture de ce livre ?!), mais ils ont aussi zappé de passer à la caisse.
    Résultat :

    ils grillent ma crédibilité en tant que dessinatrice indépendante ;
    ils vont se faire du fric sur mon dos et ne daignent même pas payer les sommes ridicules qu’ils me doivent.

    C’est pourquoi je demande à tous les artistes qui ont participé à cet ouvrage de me contacter. Ensemble, nous pouvons démonter la supercherie de cette femme qui se présente comme « honnête et droite » et mettre en lumière les pratiques scandaleuses de cette maison d’édition !

    • Et en fait, elle a arnaqué plusieurs autrices en passant :

      Quelle ne fut donc pas ma surprise en découvrant sur les réseaux sociaux que le livre était signé par Christine Boutin. Mes caricatures – et celles d’autres auteurs – illustrent donc le livre d’une personnalité politique dont les combats (sur l’égalité des droits, le mariage pour tous, etc.) sont diamétralement opposés aux miens.

      http://www.nawak-illustrations.fr/mes-caricatures-dans-l-livre-de-christine-boutin

      Et aussi : http://www.gilblog.org/2016/02/l-arnaque-boutin.html

      #effet_streisand

    • s’il fallait une démonstration supplémentaire de la complète inanité des caricatures...
      L’une des auteures écrit :
      « oser se confronter à des caricatures – souvent féroces – est assez inédit en matière de communication politique. En plus, faire ce type d’ouvrage est une bonne idée : même si le texte est nul, il y aura au moins des dessins pour faire rire ! Après, il faut que le livre se vende… »
      passons sur la conclusion qui laisse rêveur, ce qui me surprend est que tout ça n’engendre aucune remise en question pour elle de sa pratique du dessin et qu’elle continue à parler de sa "férocité"... Sans déconner ?
      Sinon, oui, indéniablement, on peut saluer le tour politique jouer par Boutin à ses caricaturistes, c’est plutôt finaud (reste à voir si le bouquin est à la hauteur de ce tour, mais je vois mal comment il pourrait m’arriver entre les mains)

    • On ne parle pas du vol (ce qui a été fait est effectivement malhonnête), on parle du fait d’avoir utiliser des caricatures censées être « contre » elle, mais pour ses fins personnelles : c’est une certaine forme d’intelligence. Comme le dit @l_l_de_mars : après tout ça, les auteur⋅e⋅s des caricatures ne voient aucun commentaire à faire sur leurs propres dessins qui serait soi-disant contre Boutin ! La preuve que non.

    • Il y a vol ET tromperie sur la destination de la marchandise. Les dessins ont été extorqués sous de faux prétextes.
      On peut aussi considérer la manipulation comme une forme d’intelligence, mais clairement, c’est malhonnête à tous points de vue quand au détournement des œuvres (dont la qualité n’est pas importante).

      Si on me commande d’écrire une diatribe contre le racisme, l’exclusion et le sexisme, ce n’est pas pour la retrouver ensuite comme argument de vente de la campagne de Marine Le Pen. Non seulement il y a tromperie, mais en plus il y a volonté de nuire.

    • Je remarque que c’est une dessinatrice et les commentaires blâment la victime et félicitent l’agresseuse. Le hasard probablement.

      Une dessinatrice qui fait des caricatures alors que le lièvre n’en fait pas !!! mais c’est un crime ! Merci à Mme Boutin d’avoir puni cette vile femelle si médiocre aux yeux du grand lièvre.

      #Schadenfreude #misogynie

    • Je vois que certains sont totalement ignorant de l’effet Streisand et se permettent d’être agressifs en plus d’être malhonnêtes :

      Joint par BuzzFeed, l’éditeur Jacques-Marie Laffont balaie toutes ces accusations. « Ils savaient tous que c’était un livre de Christine Boutin, ou alors ce sont des bisounours », défend-il. Il concède toutefois n’avoir payé aucun dessinateur :

      « Il est vrai que nous aurions dû payer les dessinateurs avant la sortie du livre. Là nous sommes en défaut, mais nous allons corriger cela. »

      Selon cet éditeur qui dit « être de gauche » et « pour le mariage pour tous », la colère de ces dessinateurs aurait « une explication » :

      « Je subodore une bronca du lobby gay. Je fréquente beaucoup de gens, j’ai des amis influents dans le milieu gay qui me défendent et pensent la même chose.

      Ce qui me lie avec Christine Boutin, c’est que je suis chrétien, mais contrairement à elle je suis pour le mariage pour tous. »

      Et de menacer :

      « Si cela continue, je vais foutre mes avocats sur le dossier. »

      Contacté par téléphone en fin de matinée, Jacques-Marie Laffont devait nous envoyer « la preuve » que la dessinatrice savait pour qui elle publiait ses caricatures. Nous n’avons toujours rien reçu ce lundi en début d’après-midi et mettrons à jour cet article le cas échéant.

      http://www.buzzfeed.com/davidperrotin/des-dessinateurs-publies-dans-le-livre-de-christine-boutin-d
      Et un poil d’homophobie en passant !

      #crétin_abyssal

    • je relaie ici un article que j’ai écrit pour CQFD, journal où s’exerce la caricature, discipline pour laquelle je n’ai aucune espèce de sympathie. Autant dire que cet article n’était pas publié dans un cadre bienveillant à son égard. Ceci éclairera mon point de vue. Mon problème, une fois de plus, est un problème de rapport au DESSIN comme pratique du monde (je n’ai fait aucun commentaire sur la promesse non tenue de payer les dessinateurs, c’est une autre question).

      Forcer le trait, c’est rester dans les rails, c’est patiner dans la représentation la plus plate sans autre recours que le crayon gras glissant sur le même sillon, l’épaississant, s’y enlisant.
      Ce n’est pas un comique de répétition mais de hoquet, de bégaiement.

      Et la vraie misère de la caricature — comme du dessin politique à gag, à tirade — n’est pas même de forcer le trait, mais de l’arrêter : elle l’arrête à l’évidence — quand on la dit réussie —, ou elle le perd dans le signe de piste et le rébus — quand elle est foireuse.

      Ça saute aux yeux de quiconque tombe sur une vieille caricature — et rien ne vieillit plus vite ...
      Rencontrer une vieille caricature, un vieux strip satirique bavard (faute d’oser dessiner), voilà qui expose en pleine lumière les ficelles maigrichonnes qui tiennent cet art impuissant. On a le même sentiment de gêne qu’en regardant l’enregistrement d’un vieux numéro d’imitation dont les cibles ont disparu, dont leurs mimiques, leurs tirades, leurs costumes sont oubliés et remplacés par ceux de leurs cohortes de descendants à peine déclinés, jetables. L’imitateur a alors l’air de ce qu’il est : un ballon qui a perdu son helium. Cette jetabilité de toute scène (politique, médiatique), sa répétition stérile, contamine le caricaturiste et son artisanat paresseux.

      La caricature est l’échec du dessin de presse, son aveu d’impuissance ; elle n’est pas seulement impuissante à travailler sa cible, elle est impuissante à travailler le politique : dans ce domaine, il n’y a pas de dessin de droite ou de gauche (comme si la question politique épargnait le dessin lui-même, comme si elle lui était étrangère), il n’y a que de la servitude du dessin à un texte censé à la fois en sauver et en légitimer la pauvreté. Ses critères sont : lisibilité, efficacité, immédiateté. Autant avouer qu’il n’y a que de la caricature de droite.

      Le caricaturiste est un publicitaire : il vous fourgue des certitudes que vous avez déjà en triple, sous une forme jetable, marrante, simplifiée, rassurante (sérieusement : qui a déjà été inquiété par une caricature ? On peut préférer croire que ce sont les caricatures qui inquiètent ceux qui les brûlent. On peut aussi se persuader que ceux qui brûlèrent « Les versets sataniques » l’avaient lu. Mais c’est une façon de se remonter le moral en donnant un peu de sens aux crimes et aux autodafés. La vérité est que les oeuvres, bonnes ou mauvaises, sont prises dans des enjeux extérieurs à elles et qui ignorent complètement leur substance)

      Le caricaturiste au travail ne cherche pas une idée : il cherche un petit moteur pour réanimer le cadavre d’idée qui dort sous tout journal.

      La caricature — comme tout dessin politique purement démonstratif — est une promenade au musée de la marrade craquelée, une visite interminable au mausolée du rire. Le dessin s’arrête en elle là où tout devrait commencer : c’est à l’inconnu que commence la lecture, l’invention du politique ; avec le questionnement, la suspension du jugement. La caricature est l’injonction de s’arrêter avant tout ça, à l’évidence, dès qu’on a fait sa petite affaire, dès qu’on s’est reconnus (entre frères politiques) parce qu’on a reconnu ensemble ce qu’elle pointait si grossièrement.

      Nous avons déjà le plus grand mal à répondre à cette question, quand nous travaillons dans un journal politique : à quoi sert tout ce merdier puisque seuls ceux qui partagent déjà nos convictions nous lisent ? Hé bien, si on se tient à la caricature comme moyen, effectivement, à rien. Un tel travail, de tels journaux, ne sont utiles que s’ils s’abandonnent aux interrogations, aux incertitudes, à la polysémie, à l’inconnu. Que les dessinateurs politiques se mettent enfin à dessiner en ouvrant leur dessin à cet inconnu. On peut alors se prendre à rêver d’un journal politique furieux, inventif, bouleversant, inévident, déstabilisant, débarrassé de toute caricature.

      Il m’est déjà arrivé (parce que mon travail est généralement sous copyleft, c’est tout-à fait normal) qu’un de mes dessins soit utilisé par un ennemi politique (un groupe de petits merdeux libertariens dans le cadre de la lutte contre HADOPI) ; qu’est-ce que j’en ai déduit, à votre avis ? Qu’ils étaient vilains ? Que c’était injuste ? Bin non. Que nous avions des idées en partage. Ça me faisait mal au cul de l’admettre, mais c’était vrai.
      Dans le cas de figure du moment, la seule chose que devraient se demander ces dessinateurs est : en quoi mon dessin sert-il Boutin, par quelque bout que je prenne la question ? Est-il si inoffensif qu’elle peut l’associer à son mode de défense sans qu’il soit égratigné ? ou pire : est-il finalement assonant à sa conception du monde, malgré mes intentions ?

    • @monolecte

      Non, tromper sur la nature réelle du travail, sa destination et le voler à la fin (en ne le payant pas), ce n’est pas être malin, c’est être un⋅e escroc.
      Si mentir, c’est être « plus malin », je commence à comprendre pourquoi on se tape ce personnel politique…

      ce n’est pas ça, qui est malin, ici ; ce n’est pas n’importe quel travail qui est détourné, c’est celui qui porte en lui la prétendue contestation de la force qui le détourne, celui qui n’existe que par la certitude qu’il peut, lui, détourner cette force.

      Si on me commande d’écrire une diatribe contre le racisme, l’exclusion et le sexisme, ce n’est pas pour la retrouver ensuite comme argument de vente de la campagne de Marine Le Pen. Non seulement il y a tromperie, mais en plus il y a volonté de nuire.

      si c’était possible, tu aurais de quoi t’inquiéter, en effet, sur la valeur de ton texte... S’il est tourné en dérision par son cadre (s’il est ridiculisé par exemple par des commentaires haineux), en sort-il réellement diminué ou, au contraire, renforcé dans sa puissance ? (il me semble). Et s’il ne l’est pas, ça voudrait dire quoi ? S’il n’était pas nécessaire de le commenter pour qu’il accompagne un cadre de propagande fasciste, il y aurait un sacré problème, tu ne crois pas, inhérent au texte ? (on est en pleines conjectures, j’ai du mal à croire que le cas de figure puisse se présenter, en fait. Mais imaginons).
      Que le texte te soit commandé par des fascistes masqués ou qu’il s’agisse d’un de tes textes non commandé par des fascistes non masqués mais utilisé par eux dans le cadre d’une analyse a contrario , qu’est-ce que, au fond, ça change pour ce texte ?
      (on est bien d’accord qu’on part du principe que le texte n’est pas retouché ou charcuté, pas plus que ne le sont les dessins des caricaturistes dont il est question en ce moment)

    • Deuxième texte de Tanx, cette fois sur les dessinateurices en question : poum poum poum.
      http://tanx.free-h.fr/bloug/archives/8815

      Ce qui me laisse plus que perplexe : comment prétendre avoir des convictions politiques quand on accepte de voir ses illus dans un livre sans en connaitre ni l’auteur ni le fond ? Je crois que la réponse est dans l’email de l’éditeur, qui précise que ce livre est “insolent” vis-à-vis des politiques. Et nos illustrateurs en ont déduit que insolence + politique = de leur bord politique.
      Ça rejoint un petit peu ce que j’avais abordé dans ce texte de janvier 2015, sur le fait de croire automatiquement que les dessinateurs sont de gauche, de fait.

      De surcroît, j’ai toujours considéré que l’humour était un peu une attitude de collabo du système : un état d’esprit qui permet de “détendre” et de “faire passer la pilule” des horreurs du monde… et donc de repartir travailler au bureau après, au lieu de se révolter (la preuve : nombreux/ses sont ceux/celles qui geignent sur le sujet et n’intentent rien). J’ai toujours trouvé le statut même de l’humour, surtout en tant que métier, comme pour la politique, un peu louche. Du coup, que ces auteurs/trices se retrouvent à devoir faire un truc vraiment pas drôle (un procès…) pour réclamer leurs “droits”, ça m’amuse assez.

      (L’article de LL de Mars dans le CQFD de l’été dernier sur la caricature était très bien (oui oui on a beau s’engueuler ça n’empêche pas de tomber d’accord). J’essaie de retrouver le numéro si il est pas parti avec les épluchures de patates et je poste ici.)

      Une précision tout de même : je suis pas tellement pour charger un auteur (ou un écrivain, ou autre) de la récupération dont il est victime. Il y a certes des dessins plus facilement récupérables que d’autres, mais au final toute création l’est, il suffit de changer le contexte, surtout quand la mode est à la récupération, de la grande vidange du sens pour ne garder que la coque vide […]. Absolument tout est détournable, à un point tel que je me demande si le contexte est pas devenu plus important que le propos. En tous cas, le propos seul ne semble plus suffire… et quand du coup le propos est quasi inexistant ou inoffensif, ben forcément ça facilite le détournement.

      Bref, je vais camper sur mes positions : si y’a un truc à dire de cette affaire, c’est sur l’aspect purement syndical que ça se joue, tout le reste me parait vaguement ridicule pour rester polie.