• Essai clinique de Rennes : des hypothèses et encore beaucoup de questions
    http://www.lemonde.fr/sante/article/2016/03/07/essai-clinique-de-rennes-des-hypotheses-et-encore-beaucoup-de-questions_4878

    Ce n’est pas une certitude, mais l’hypothèse la plus crédible. La molécule administrée lors de l’essai clinique de Rennes, en janvier, aurait eu un effet « hors cible » à l’origine des atteintes neurologiques graves constatées chez cinq volontaires, dont un est décédé.

    Le 17 janvier en effet, un patient était mort – quatre autres avaient été hospitalisés – au CHU de Rennes après avoir testé une molécule. Conçue pour agir sur les récepteurs cannabinoïdes, cette molécule, développée par le laboratoire portugais Bial, le BIA 10-2474 pourrait avoir activé de façon incontrôlée d’autres récepteurs du système nerveux.

    « En règle générale, l’intensité des effets secondaires est corrélée à la dose administrée. Là, cela n’a pas du tout été le cas. Il n’y a eu aucun signe avant coureur chez les premiers volontaires. C’est comme si une digue avait lâché d’un coup quelque part », explique de façon imagée Dominique Martin, le directeur de l’agence du médicament (ANSM).

    Dans un rapport publié lundi 7 mars, les experts nommés par l’agence pour éclaircir l’affaire évoquent aussi une autre possibilité : l’implication d’une substance issue de la dégradation du BIA 10-2474 qui se serait révélée extrêmement toxique pour le système nerveux. « Ces deux explications sont cohérentes avec les atteintes neurologiques constatées par les médecins, dit M. Martin. Le fait que rien de tel n’ait été observé chez les animaux, qui ont reçu des doses bien plus élevées, reste cependant un mystère. »

    #Biotrial

    • Il ne s’agit pas vraiment d’un "rapport", mais du Compte-rendu de la réunion du Comité Scientifique Spécialisé Temporaire (CSST) « Inhibiteurs de la FAAH (Fatty Acid Amide Hydrolase) » du 15 février 2016 publié ce 7 mars.

      Ici (site de l’ANSM) http://ansm.sante.fr/S-informer/Actualite/Essai-clinique-de-Rennes-Compte-rendu-de-la-premiere-reunion-du-CSST-inhi
      le pdf : http://ansm.sante.fr/content/download/86403/1089345/version/1/file/CR_CSST-FAAH_15-02-2016.pdf

      Hypothèses à explorer pour tenter d’expliquer l’accident de Rennes
      La première conclusion du CSST concerne le caractère stupéfiant et inédit de l’accident de Rennes, tant par :
      – sa gravité (6 volontaires hospitalisés, 1 décès),
      – le fait qu’apparemment la toxicologie, pourtant menée sur 4 espèces animales avec des doses allant jusqu’à 650 fois la dose absorbée par les volontaires hospitalisés, ne montre pas de lésions ou de tableau de nature à prédire une telle toxicité,
      – le caractère très inhabituel des tableaux cliniques et radiologiques ne s’apparentant a priori à rien de connu,
      – le fait, qu’à ce jour, aucun signe patent, neurologique ou radiologique, de ce type n’ait été retrouvé chez les autres volontaires (certains ayant absorbé jusqu’à 100 mg en dose unique ou 200 mg en dose cumulée sur 10 jours),
      – enfin, le fait que cet accident soit survenu avec une molécule apparentée à d’autres composés abandonnés du fait de leur efficacité insuffisante et pour lesquels aucune toxicité neurologique ou autre n’avait été observée.
      Une toxicité ne survenant que dans l’une des 14 cohortes de volontaires ayant reçu le BIA-2474, ne pourrait a priori s’expliquer que par :
      – une erreur d’administration ou de procédure touchant spécifiquement cette cohorte,
      – une particularité commune aux six sujets ayant présenté des signes de toxicité,
      – un effet lié à la dose cumulée de BIA 10-2474 que ces sujets ont reçue.

    • je surveille le blog masqué de mediapart mais il n’y a pas de flux RSS (?), c’est un peu pénible du coup

    • Essai mortel Biotrial : la fausse piste des substances psychoactives
      http://francais.medscape.com/voirarticle/3602196

      Nul besoin d’être expert pour écarter d’emblée l’hypothèse d’une neuro-toxicité réduite à une simple interaction avec une substance psychoactive.

      Pour mémoire, début janvier à Rennes, 6 sujets ont reçus pour l’un 5x50mg et pour les cinq autres 6x50mg de BIA-1024-74, un inhibiteur la FAAH, enzyme de dégradation des endocannabinoïdes.

      Le premier sujet, par ailleurs thrombolysé, en est mort. Et sur les cinq autres, traités eux par corticoïdes, quatre présentaient des anomalies atypiques et alarmantes à l’IRM cérébrale, associées à des troubles cliniques neurologiques d’intensité variés.

      Or, quelle est la probabilité pour que cinq sur six sujets aient consommé un produit psychoactif alors même qu’ils étaient en train de participer à un essai clinique dans l’enceinte de Biotrial ?

      Et quelle est la probabilité pour qu’un des volontaires, à juste titre inquiet de l’hospitalisation de l’un de ses comparses, ait recraché son comprimé lundi matin après son petit déjeuner ? Puisque, au dire du CHU, un des six sujets de la cohorte 50mg/j n’a jamais présenté d’anomalies à l’IRM.

      Nul besoin d’être expert, non plus, pour s’orienter vers l’hypothèse d’une toxicité cumulative propre au BIA-1024-74 plutôt qu’une toxicité induite chez 5/6 des volontaires par la co-consommation d’alcool ou de cannabis.

      En ce début mars, cette piste a d’ailleurs totalement disparu des écrans radars. Le Comité Scientifique Spécialisé Temporaire sur les inhibiteurs de la FAAH (Fatty Acid Amide Hydrolase) mis en place par l’ANSM pour plancher sur la physiopathologie des accidents n’en fait nulle mention dans ses conclusions en date du 16 février.

      L’auteure du billet est docteur en Pharmacie et journaliste. Il a été écrit le 4/03/16 avant diffusion du CR de la réunion du du CSST du 15/02. Ce CR (daté du 7/03) mentionne bien explicitement la piste de la toxicité cumulative (c’est la troisième hypothèse).