« L’équation financière d’EDF est impossible »

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  • « L’équation financière d’EDF est impossible »

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    Pour l’économiste Alain Grandjean, spécialiste de l’énergie, la démission du directeur financier d’EDF est « un élément de preuve » de la crise financière que traverse l’électricien. Et la responsabilité de l’Etat est écrasante.

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    Rien ne va plus chez EDF. Le groupe a confirmé lundi matin la démission de son directeur financier Thomas Piquemal. Celui-ci a claqué la porte en raison d’un désaccord sur la « faisabilité à court terme » du projet controversé de construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR à Hinkley Point en Angleterre. Un projet pharaonique de 18 milliards de livres (23,2 milliards d’euros), qu’EDF doit financer à hauteur de 66,5%, n’ayant pas réussi à trouver assez d’investisseurs pour limiter sa participation à 40% ou 50%. Comment faire, alors qu’EDF est déjà très fragilisé ?

    Tandis qu’il doit voler au secours d’Areva, en faillite, le géant électrique ne dégage plus assez de cash pour faire face aux énormes défis qui l’attendent : en l’absence de transition énergétique, la remise à neuf du parc nucléaire français doit coûter 55 milliards d’euros à EDF d’ici à 2030 et la Cour des comptes parle même de 100 milliards ! Rajoutez à cela, donc, les deux EPR de Hinckley Point, auxquels le Trésor britannique n’offrira sa garantie qu’à l’occasion de la mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche)… sachant que la fin du chantier de ce dernier a été décalée à fin 2018. Personne ne sait comment EDF, qui traîne déjà le boulet de sa dette (37 milliards), va pouvoir financer cette addition… du moins sans augmenter la facture de ses abonnés, ce que l’Etat refuse pour l’instant

    • En attendant, on a l’impression que prévaut, à la tête d’EDF, la logique du « Too big to fail » [Trop gros pour tomber, pour signifier que certaines entreprises sont jugées par l’Etat trop grosses pour les laisser faire faillite, ndlr] qui a mené au sauvetage des grandes banques lors de la crise de 2008. Une logique qui mène peut-être l’exécutif d’EDF à se dire : « on avance à marche forcée. Et s’il manque à la fin quelques dizaines de milliards au groupe, d’autres paieront ». Avec cette logique, le résultat est que tout le monde paiera. Les clients d’EDF, ses salariés et les contribuables.