• Tonton, pourquoi tu tousses plus ?
    https://blogs.mediapart.fr/elise-thiebaut/blog/070420/tonton-pourquoi-tu-tousses-plus

    Ma tatie Ginette et mon tonton Dédé auraient dû entrer en EHPAD à la fin du mois de mars. Lui 89 ans, elle 91, leur couple a survécu à tout : la Deuxième Guerre mondiale, la tuberculose, la construction de la centrale nucléaire de Tricastin, les pesticides et les inondations… Mais un tout petit virus en forme de couronne est venu perturber leur printemps. Source : Le blog d’Elise Thiébaut

    • Je sais que je me répète, mais en ce qui me concerne, le drame a commencé en juin 2018, quand ma mère, atteinte d’un cancer du poumon, a été admise aux urgences parce qu’elle n’arrivait plus à respirer. L’hôpital était déjà au bord du craquage. Faute de lits, elle avait été envoyée en cardiologie où les internes lui disaient sans cesse : désolée Madame, on ne peut rien pour vous, nous notre spécialité c’est le cœur.

      Ma mère est morte lentement et dans d’atroces souffrances car il n’y avait plus de place en pneumologie ni en soins palliatifs. En 2018. En juin. Il n’y avait ni virus, ni crise, ni attentat. Ils étaient tellement désemparés qu’ils ont décidé de lui poser des drains aux poumons trois jours avant sa mort alors qu’ils savaient que ça ne servirait à rien. Elle était shootée à la morphine et quand elle est sortie du brouillard le lendemain matin, elle m’a jeté un regard de pitié. Dans le miroir de ses yeux, j’ai vu le spectacle de sa torture : elle avait servi de cobaye pour l’apprentissage de ce geste consistant à soulager la pression dans les poumons en posant des drains.

  • Etes-vous dérangée, dérangeant ou dégenré ? | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/elise-thiebaut/blog/151219/etes-vous-derangee-derangeant-ou-degenre

    Pour justifier le dégoût des règles, certains s’appuient cependant sur des études liées à la psychologie évolutionniste qui affirment, avec Debra Lieberman, qu’il pourrait s’agir d’un phénomène adaptatif destiné à nous tenir éloignés du sang, perçu comme vecteur de maladie. Or, contrairement aux idées reçues, le sang menstruel ne véhicule pas plus de microbes que la salive ou les larmes, qui, elles, ne font pas l’objet d’un tabou équivalent, et bien moins que les selles ou l’urine. Sans parler du sperme qui peut tout autant transmettre des maladies, mais qui ne suscite par un dégoût similaire – au contraire.

    Le sang menstruel est en revanche la manifestation d’un cycle indispensable à la survie de l’espèce : le tabou des règles concerne surtout les relations sexuelles pendant cette période. Non parce que les hommes risqueraient d’être contaminés par on ne sait quelle pécole, mais peut-être parce que ce moment n’est pas propice à la fécondation. D’après certains anthropologues comme Chris Knight, il est très possible que ce dégoût se soit d’abord construit à l’initiative des femmes, qui auraient ainsi régulé la sexualité humaine afin de contrôler la fertilité de leur clan en lien avec les différents cycles naturels. La façon dont ce pouvoir s’est ensuite retourné contre elles jusqu’à les frapper d’impureté une semaine par mois est à mettre en rapport avec l’instauration du patriarcat, il y a quelques milliers d’années. Faire honte à la moitié de l’humanité pour quelque chose qui relève de sa biologie a dû se révéler un puissant outil de domination, tout comme la répression systématique de toute velléité d’indépendance, y compris à travers la violence et le viol.

    Thiebaut a l’ai de régler ses comptes suites à des discussions pénibles en ligne avec des imbéciles.
    #règles #violences_masculines

  • Je me souviens de Gabriel Matzneff (Élise Thiébaut, Le Club de Mediapart, 12.01.20)
    https://blogs.mediapart.fr/elise-thiebaut/blog/120120/je-me-souviens-de-gabriel-matzneff

    C’était notre monde. Notre contexte. Nos horizons. Et il nous a fallu beaucoup de temps, d’efforts et de péripéties pour que notre réalité dépasse leur fiction. Oui, nous avons été capables, finalement, de reprendre à notre compte cette #liberté-sexuelle qui s’exerçait trop souvent à nos dépens. Et ce n’est sans doute pas un hasard si en même temps que sont dénoncées les #violences_sexuelles et #sexistes grâce au mouvement #MeToo, surgit enfin une autre parole #féministe autrement plus émancipatrice sur le corps, sur la sexualité, sur le plaisir.

  • Je me souviens de Gabriel Matzneff
    https://blogs.mediapart.fr/elise-thiebaut/blog/120120/je-me-souviens-de-gabriel-matzneff

    6 janvier 2020. Je parle au téléphone avec V., mon amie d’enfance, pour nous souhaiter la bonne année. Après avoir échangé des nouvelles de nos familles respectives, je lui demande si elle se souvient de G.M., dont tout le monde parle aujourd’hui. « Oui je me souviens, s’exclame-t-elle. Je m’en souviens comme si c’était hier. » Source : Le blog d’Élise Thiébaut

    • C’est un très beau texte, très bien écrit

      ces individus, qui n’hésitent pas à raconter comment ils sodomisent les enfants mais qui s’offusquent quand on leur dit qu’ils les enculent

      et dans lequel elle se livre avec une belle franchise...

      Comme Bernard Pivot, nos pères ne disaient pas « les femmes », mais « les minettes ». Ils faisaient des blagues graveleuses à table qui étaient censées nous amuser, alors qu’elles n’avaient pour but que de nous humilier. Ils nous photographiaient à moitié nues et montraient les clichés à leurs copains qui bavaient. Ils nous demandaient si on s’était déjà caressées, si on baisait, si on aimait ça. Ils fumaient des joints et nous jetaient la fumée au visage. Puis ils nous demandaient le numéro de téléphone d’une de nos copines qui leur avait « tapé dans l’œil ».

      Dans « Mes bien chères sœurs », Chloé Delaume parle avec justesse de la beauferie masculine triomphante de ces années-là : le cocorico show, les coco girls… Sous couvert de libération sexuelle, la fameuse séduction à la française allait nous pousser dans la lumière comme des animaux de cirque, pour mieux nous domestiquer. Allez, danse !

      Un jour, un de ses copains m’a mis la main au cul lors d’un dîner en me disant : « Allez, ma chérie, va débarrasser ». Je l’ai fusillé du regard et je suis partie dans la cuisine sous les éclats de rire moqueurs. Quand je suis revenue, avec une grande cuvette d’eau froide, personne n’a compris ce qui se passait, jusqu’à ce que je la lui renverse sur la tête. Plus tard, mon père m’a expliqué que son copain blaguait seulement, et que les mecs qui faisaient ça étaient « en manque d’affection ». Je pleurais encore de rage et je lui ai dit : « Leur affection n’est pas dans ma culotte ».

      J’avais 13 ans, lui 33. Il était peintre et m’avait fait une cour intense durant les quelques jours de notre séjour, sous les yeux de ma mère qui désapprouvait en silence, sans oser s’interposer. Ne croyez pas que nos mères étaient aussi libérées qu’on le disait.

      Nous avons grandi et vécu dans un monde où l’on nous disait que c’était ça, la réalité : disparaître au profit de l’œuvre d’un nihiliste imbu de lui-même, être la proie d’un écrivain dandy qui note en passant, dans un poème, les plaintes des enfants dont il a acheté le corps aux lointaines Philippines. Et voir des féministes comme Simone de Beauvoir, Françoise d’Eaubonne, Christiane Rochefort signer une pétition de soutien à trois hommes emprisonnés pour avoir eu des relations sexuelles avec des garçons de 13 et 14 ans, pendant que la psychanalyste pour enfants Françoise Dolto déclarait dans la revue Choisir que les petites filles étaient libres de refuser l’inceste.

      Les années 1980... la « libération sexuelle » sans plus aucune revendication politique, comme un simple abus de pouvoir.

      Liens vers https://www.nouvelobs.com/culture/20191230.OBS22900/c-est-ca-un-adulte-par-sophie-fontanel.html
      https://www.netflix.com/title/80233611

    • bon texte certes, mais encore une fois, il ne s’agit pas que d’une époque. j’aurais apprécié que l’auteure mette ce « temps-là » en perspective ; ne serait-ce que pour le porno et la cyber pédocriminalité, aujourd’hui c’est trois fois pire.

  • @raspa
    Intro / contexte :
    Ça débat ces jours ci sur Twitter du dégoût autour des règles, le déni, le tabou qui va avec etc, suite à un débile et gerbant article de Biba. Ça a donné ce fort intéressant fil Twitter : ▻https://twitter.com/Moossye/status/894241945068982272)

    Là où je veux en venir :
    Et au milieu de ça, une très belle métaphore d’Elise Thiébaut sur la question du patriarcat, issue de cet article :

    Ce que cache le dégoût des règles | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/elise-thiebaut/blog/070817/ce-que-cache-le-degout-des-regles

    A ceci près que, même quand il s’agit du sujet le plus féminin qui soit, comme l’excision ou les règles, le débat finit souvent par dériver, et on se retrouve à parler de circoncision masculine ou de sexe pendant les règles avant même d’avoir compris ce que ce pénis faisait là. On dirait un chat qui vient toujours jouer entre nos jambes pour réclamer sa pitance. On croit qu’il nous aime en frottant son museau sur nos mollets, mais en réalité il marque son territoire. Sans parler du fait qu’il risque de nous faire trébucher à chaque pas.

    • Intéressant. L’argument hygiéniste est souvent utilisé, et depuis très très très longtemps, pour imposer des choix collectifs, éloigner des indésirables, réprimer (voir éliminer) des minorités... ce n’est pas pour rien s’il y a tant de médecins chez les députés.

  • Je suis féministe, pourquoi pas vous ? | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/elise-thiebaut/blog/200116/je-suis-feministe-pourquoi-pas-vous

    > Franchement, j’en ai ras la touffe de ces féministes de la vingt-cinquième heure, qui me jettent les droits des femmes à la figure pour pouvoir se déclarer islamophobes et se répandre en propos racistes de sinistre mémoire, comme la fille du borgne d’extrême-droite pas plus tard que la semaine dernière. Je me sens un peu comme ces résistants qui ont transporté des armes et fait sauter des ponts, avant d’être déportés à Auschwitz, et qui retrouvent à leur retour des héros et héroïnes dont le plus haut fait d’arme consiste à avoir rasé le crâne d’une femme accusée de relations sexuelles avec l’ennemi en janvier (...)

    #feminisme