L’impasse industrielle (par François Jarrige) – Le Partage

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  • Technocritiques – Conclusion : L’impasse industrielle (par François Jarrige) – Le Partage
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    Désormais, avec l’effondrement environnemental annoncé, la saturation du monde en marchandises et les rendements décroissants qui surgissent partout – dans l’agriculture, les transports comme la gestion des déchets –, tous les signes d’un essoufflement du monde technologique semblent réunis. Depuis deux siècles, la quête du bonheur a été subsumée sous l’appareillage du quotidien, et repoussée comme une affaire individuelle. La multitude des chemins explorés pour donner un sens à la vie ont été ramenés à l’autoroute de l’efficacité et des plaisirs immédiats et factices. Pourtant, l’amour numérisé et ses rencontres aseptisées peuvent-ils satisfaire notre soif de reconnaissance et notre aspiration à la plénitude ? Les moralistes de notre temps ont raison d’interroger le sens d’un présent technologisé. Sommes-nous dans une nouvelle phase de « crise de la modernité », identique aux précédentes, avec ses prophéties catastrophistes rejouant les éternelles inquiétudes du passé ? Ne sommes-nous pas plutôt à l’aube d’arrangements et d’enjeux inédits qui donnent aux discours passés une nouvelle actualité ? L’enjeu n’est évidemment pas de revenir en arrière : la restauration d’un passé idéalisé et fantasmé est peu souhaitable et n’est d’ailleurs pas possible. L’alternative ne saurait être entre la catastrophe ou le retour en arrière, entre le progrès et la barbarie. Tous les discours et actions explorés dans ce livre montrent à quel point l’emprise croissante des techniques sur nos vies ne saurait être identifiée au « progrès ». Aujourd’hui plus qu’avant, il faut trouver les ressources pour sauver le progrès de ses illusions progressistes, car seul l’horizon d’un progrès peut nous faire agir, mais ce progrès doit être dissocié du changement technique car celui-ci ne peut plus être le seul étalon de mesure du bonheur des sociétés. L’enjeu est d’opérer un détour par le passé pour construire un avenir. Un avenir qui sera nécessairement technique mais qui impliquera aussi une réflexion poussée sur la place des techniques dans nos sociétés et nos vies, sur leurs limites et apories.