À Paris, le XVIe refuse un centre pour SDF : le signe d’un puissant sentiment d’impunité

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  • À Paris, le XVIe refuse un centre pour SDF : le signe d’un puissant sentiment d’impunité
    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1495513-a-paris-le-xvie-refuse-un-centre-pour-sdf-le-signe-d-un-pu

    Les habitants du XVIe arrondissement de Paris sont vent debout contre la construction d’un centre d’hébergement d’urgence dans leur quartier. Une réunion d’information sur ce projet a dû être écourtée, lundi 14 mars, en raison de dérapages en tous genres. Monique Pinçon-Charlot, co-auteure d’une « sociologie de Paris » et d’une « sociologie de la bourgeoisie » y était. Source : Le Plus

    • Dans les beaux quartiers. - Pinçon, Michel et Pinçon-Charlot, Monique
      http://insaniyat.revues.org/11903

      Pour le parvenu (et le premier venu). Paris est une ville cosmopolite où se mélangent des populations d’origine diverse, dans une harmonie presque parfaite où les risques de guerre urbaine sont réduits à néant par la logique implacable du marché immobilier et par un astucieux déplacement de la centralité qui satisfait l’amour-propre des communautés à forte identité culturelle (les Chinois, les Maghrébins, les Africains...) contribuant-elles mêmes par leur attachement à un territoire, à s’exclure d’un espace urbain beaucoup plus vaste où des modes de vie différents s’étalent aux yeux de ceux qui osent franchir les frontières. Comme l’ouvrier qui n’oserait s’introduire dans une réception mondaine sans ressentir un malaise, les habitants des agglomérations populaires ne pensent pas un instant transgresser les limites de leur quartier de sorte qu’on peut trouver des gens installés depuis longtemps à Paris et qui restent dans l’ignorance presque totale des « beaux quartiers ». On peut ainsi se persuader que les représentations à l’égard des quartiers chics produisent autant d’effet que les mécanismes de ségrégation réelle qui fondent les lignes de partage à l’intérieur de la ville.

      3En vérité, les « beaux quartiers », c’est quoi. C’est d’abord des arrondissements à résonance magique le VI, le VII, le VIII et le XVI où l’on devine de beaux espaces et des appartements spacieux, de belles avenues, des magasins prestigieux et souvent de beaux jardins (le bois de Boulogne est à proximité) ? C’est aussi des gens riches, une classe de bourgeois et d’aristocrates libérés du souci financier qui peuvent se loger là où ils veulent et donc loin des classes pauvres. Les Adelon qui habitent Neuilly prétendent que le mètre carré vaut 50.000 FF. Quand on sait qu’ils sont propriétaires d’un appartement de 400 m2, on peut donc estimer son prix à 20 millions de francs. Le prix moyen du m2 à Neuilly est beaucoup moins cher (environ 18.000 FF), mais comme le soulignent les auteurs, la moyenne n’a aucun sens parce qu’elle ne permet pas de mesurer les possibilités réelles que peuvent mobiliser les classes riches, pour s’approprier un espace. La question n’est pas celle du prix mais celle de la rareté. Les beaux quartiers n’étant pas extensibles à souhait, seuls ceux qui peuvent se payer cette rareté, en jouissent aisément.