Avec la reprise de Palmyre, le régime Assad s’offre une victoire militaire et médiatique

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  • Sur l’article du Monde : Avec la reprise de Palmyre, le régime Assad s’offre une victoire militaire et médiatique
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/03/28/avec-la-reprise-de-palmyre-le-regime-assad-s-offre-une-victoire-militaire-et

    (1) Benjamin Barthe n’attend pas : après avoir annoncé que les forces pro-régime avaient tout de même perdu 180 combattants dans l’attaque contre Palmyre, dès le paragraphe suivant il embraie sur le thème imposé d’une « opération hautement symbolique ».

    Toujours cette tendance insupportable de nos médias à analyser tout, y compris des opérations militaires impliquants des centaines de morts, sous l’angle des relations de presse. J’avais évoqué cet axe de comm. pour Palmyre avant-hier :
    http://seenthis.net/messages/473274

    Cette confusion entre les réalités militaires (allant de la répression froide aux grandes opérations à l’échelle de villes) et les prestations médiatiques (plus ou moins mauvaises) de nos ennemis me semble fondamentale. (C’est un point à travailler.)

    (2) Tout en consacrant plusieurs paragraphes à la « tactique d’évitement du régime », qui « évitait » de se confronter à Daech, l’article livre deux phrases qui devraient lourdement interroger cette narrative :

    La trêve en vigueur depuis la fin février avec les rebelles a aussi permis à Damas et ses alliés d’affecter à cette opération hautement symbolique un nombre très élevé de forces, puisées dans différents corps…

    et, de manière encore plus explicite à la fin :

    Si la trêve se poursuit avec les rebelles, les troupes loyalistes pourraient aussi faire mouvement vers Rakka, plus au nord, dont les Forces démocratiques syriennes, une alliance kurdo-arabe, se rapprochent depuis quelques semaines.

    Il faut ici rappeler le vilain petit secret balancé par François Burgat fin janvier :
    http://seenthis.net/messages/458752

    en bombardant ISIS, nous avons « renforcé le régime, indirectement, en le libérant de la pression militaire de Daech », et du coup, il n’a plus « d’intérêt existentiel à négocier »…

    À mon avis, toute l’importance de l’agitation et de la focalisation médiatique du point 1 consiste à éviter que le public n’arrive à la conclusion évidente du point 2 : si Daesh constituait une « pression militaire » contre le régime dans l’intérêt de la rébellion, à l’inverse « les rebelles » constituent tout autant une « pression militaire » sur le régime qui interdisait au régime de combattre ISIS.

    Bien que la conclusion soit évidente, il ne faut surtout pas formuler cette autre évidence : dans le cas où la trêve cesserait et que les combats reprendraient entre le régime et les « rebelles mainstream », il ne fait aucun doute que le régime s’empresserait d’interrompre ses combats contre Daesh et faire largement savoir qu’il ne peut pas avancer contre ISIS alors qu’il se fait « poignarder dans le dos » par les rebelles. Ça me semble aussi évident que 1+1=2… Les points (1) et (2) ci-dessus me semblent mener tout droit à ce cauchemar pour le fan-club de la rébellitude syrienne.