Mini Renaud
#Siné, Siné Mensuel, le 13 avril 2016
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Je suis très embarrassé pour parler du nouveau Renaud. Je suis bourré de pitié, sentiment détestable s’il en est. J’ai envie de me jeter dans ses bras et de pleurer tout mon soûl, sur son cuir qui doit encore renifler le pastaga.
Je l’ai bien connu avant le grand plongeon et je connaissais ses obsessions paranoïaques : il passait des soirées entières, me racontait sa femme, derrière les rideaux de l’ex-maison de Georges Besse – assassiné par Action directe en 1986 – et qu’il avait bizarrement rachetée pour y habiter, à relever les numéros des plaques d’immatriculation des bagnoles qui passaient sous ses fenêtres, persuadé d’être filé par la CIA, le Mossad, la Guépéou et la DGSE réunis. Déjà bien allumé, le Ricard l’a achevé. Quelle tristesse de l’entendre maintenant borborygmer avec une voix qui ressemble un peu à l’ancienne, mais qui ne trompe pas : « J’ai embrassé un flic » !
Je n’arrive cependant pas à effacer la tendresse que je ressens pour ce mec bourré d’un talent transcendant et d’une gentillesse à couper au couteau.
Je garderai comme la prunelle de mes yeux mes vieux vinyles et n’achèterai pas les ersatz, c’est trop triste !