BALLAST Cartouches (8)

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    • Cité autant par Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Christiane Taubira, que par Emmanuel Macron, mais qui est donc Antonio Gramsci ?

      « Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre veut dire être partisan ». On ne peut être seulement homme, étranger à la cité. Qui vit vraiment ne peut pas ne pas être citoyen, et partisan. L’indifférence est aboulie, parasitisme, lâcheté ; elle n’est pas vie. C’est pourquoi je hais les indifférents. L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet que doit traîner le novateur, c’est la matière inerte en laquelle il n’est pas rare que se noient les plus beaux enthousiasmes, c’est le marais qui entoure la vieille ville et qui la défend mieux que les remparts les plus épais, mieux que les poitrines de ses guerriers, en engloutissant les assaillants dans ses sables mouvants, en les décimant et en les décourageant, et en les faisant parfois renoncer à leur entreprise héroïque. L’indifférence agit vigoureusement dans l’histoire. Elle agit passivement, mais elle agit. Elle se fait fatalité ; elle est ce quelque chose que l’on n’attendait point ; ce quelque chose qui bouleverse les programmes, renverse les plans les mieux établis ; la matière brute qui se rebelle devant l’intelligence et l’étrangle. Les événements, le mal qui s’abat sur tous, le bien que pourrait engendrer un acte héroïque (de valeur universelle), ne dépendent pas tant de l’initiative du petit nombre qui agit, que de l’indifférence, de l’absentéisme de la multitude. (…) Mais, si je hais les indifférents, c’est aussi parce que leurs pleurnicheries d’éternels innocents me sont insupportables. "

      #Antonio_Gramsci, « Je hais les indifférents » (février 1917)
      http://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/qui-est-antonio-gramsci

    • Les exploités, écrit-il à grands traits, ne peuvent échapper au pouvoir qui impose son hégémonie. Pour ne pas sombrer dans l’indifférence — marqueur de la liberté des dégagés de la vie —, l’individu doit cheminer avec colère et indignation, sans jamais, toutefois, perdre de vue le sens de l’empathie. La destination ? Une sorte de confrérie guidée par la sensibilité (pour percevoir), l’intelligence (pour analyser) et l’imagination (pour trouver une solution). Et l’œuvre complète de Gramsci de passer de la seule dénonciation de l’indifférence à la promotion directe d’une organisation collective, arme de subversion contre l’hégémonie dominante et premier pas vers l’action.

      http://www.revue-ballast.fr/cartouches-8

      Deux communistes : un philosophe théoricien et un poète cinéaste. L’un connut le cachot ; l’autre les procès, les plaintes, les scandales et la mort violente. Pasolini fut un héritier de Gramsci — à l’heure où parade le grotesque « gramscisme de droite », revenons aux sources.

      http://www.revue-ballast.fr/gramsci-pasolini-recit-dune-fraternite

  • Je hais les indifférents, par Antonio Gramsci
    http://dormirajamais.org/gramsci

    Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre signifie être partisans ». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen, et prendre parti. L’indifférence c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.

    L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte où se noient souvent les enthousiasmes les plus resplendissants, c’est l’étang qui entoure la vieille ville et la défend mieux que les murs les plus solides, mieux que les poitrines de ses guerriers, parce qu’elle engloutit dans ses remous limoneux les assaillants, les décime et les décourage et quelquefois les fait renoncer à l’entreprise héroïque.

    #indifférence via @isskein qui a opportunément ressorti ce texte seenthisé plusieurs fois déjà.

    • Pourquoi je hais l’indifférence, d’Antonio Gramsci

      « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant vingt ans », clama le procureur Isgro avant d’envoyer le militant communiste #AntonioGramsci en prison, le 8 novembre 1926. Il s’éteindra à sa sortie, en 1937, après avoir légué aux socialistes de tous les pays ses fameux Carnets de prison — travail d’orfèvre élaboré au rythme de ses allées et venues dans sa geôle. Le présent recueil d’articles, majoritairement écrits dans les années 1917 et 1918 (c’est-à-dire avant l’aventure conseilliste de Turin), est une belle clé d’entrée dans son oeuvre. On y saisit les germes des futurs apports conceptuels et pratiques du penseur. L’ouvrage est construit en cinq sections, montrant l’immersion de cet intellectuel dans le monde réel des exploités : l’indignation, la politique et les politiciens, l’éducation des Italiens, les maux de l’État italien et l’opposition à la guerre. Antonio Gramsci y aborde des notions ordinaires, telles que l’hôpital, la religion, la guerre, la propagande, la bureaucratie, l’éducation, la famille, le milieu carcéral, le productivisme ou encore la modernité technicienne… Il le fait avec le langage du cœur et de la camaraderie, jetant aux bûchers des vanités le jargon de la « science » révolutionnaire. Chaque page fait montre d’une empathie pour le commun — non pas comme masse laborieuse, mais comme genre humain qui survit déjà par la solidarité. À l’écoute du peuple tel qu’il est, le communiste n’hésite pas à puiser dans un référentiel chrétien et teinte son socialisme d’un romantisme qui n’est pas sans rappeler celui de Walter Benjamin ou de Rosa Luxemburg. Les exploités, écrit-il à grands traits, ne peuvent échapper au pouvoir qui impose son hégémonie. Pour ne pas sombrer dans l’indifférence — marqueur de la liberté des dégagés de la vie —, l’individu doit cheminer avec colère et indignation, sans jamais, toutefois, perdre de vue le sens de l’empathie. La destination ? Une sorte de confrérie guidée par la sensibilité (pour percevoir), l’intelligence (pour analyser) et l’imagination (pour trouver une solution). Et l’œuvre complète de Gramsci de passer de la seule dénonciation de l’indifférence à la promotion directe d’une organisation collective, arme de subversion contre l’hégémonie dominante et premier pas vers l’action.

      Éditions Payot Rivages, 2012

      http://www.revue-ballast.fr/cartouches-8
      http://www.revue-ballast.fr/gramsci-pasolini-recit-dune-fraternite

      Person:Antonio Gramsci