Des femmes en grève de la faim contre l’impunité du viol à Djibouti par Célia Coudret

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  • #StopViolsDjibouti : soutenons les femmes djiboutiennes en grève de la faim - Osez le feminisme !
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    11 avril, 18ème jour de grève des femmes djiboutiennes à Paris.

    Elles dénoncent les viols systématiques commis par l’armée Djiboutienne, en toute impunité. Ces femmes sont déterminées à faire entendre leur voix pour que leurs plaintes soient enregistrées et les violeurs jugés.

    Elles attendent une parole forte de l’Etat Français et demandent :
    – L’enregistrement de leurs plaintes par l’Etat djiboutien
    – La reconnaissance de ces viols comme crimes de guerre
    – L’ouverture d’une enquête internationale sur toutes les exactions commises à l’encontre des femmes en République de Djibouti
    – Le jugement des soldats coupables des viols
    – Le respect des conventions régionales et internationales ratifiées par Djibouti dont la CEDAW

    Elles étaient 10 depuis le 25 mars, l’une d’elles a dû être évacuée mais elles restent déterminées.

    Soutenues depuis le début par l’association Femmes solidaires, elles ont besoin de relais et de médiatisation.

    Osez le féminisme ! s’associe à cette mobilisation et encourage à diffuser largement sur les réseaux sociaux et dans vos contacts ce visuel et le message que portent courageusement ces femmes.

    #colonialisme #colonisation #culture_du_viol #viol #Françafrique

    • http://www.politis.fr/articles/2016/04/des-femmes-en-greve-de-la-faim-contre-limpunite-du-viol-a-djibouti-34498

      Des femmes en grève de la faim contre l’impunité du viol à Djibouti

      Depuis le 25 mars, elles ne mangent plus. C’est leur dernier recours pour alerter le monde sur les viols perpétrés par l’armée djiboutienne en représailles contre l’opposition.

      Elles ont les traits tirés, la plupart restent allongées dans leur lit le plus clair de la journée. Femmes Solidaires les a installées dans ses locaux à Arcueil, au sud de Paris. Depuis le 25 mars, Aïsha Dabalé, Fatou Ambassa et les autres mènent une grève de la faim, « notre dernier recours pour nous faire entendre » disent-elles, contre le fléau des viols impunis à Djibouti. Elles étaient 10 au début, elles ne sont plus que 9. Une d’elle, trop affaiblie, a été contrainte par les médecins de se réalimenter. Depuis peu, une autre vomit dès qu’elle boit de l’eau : « Les médecins pensent l’évacuer », alerte Aïsha Dabalé. Toutes sont réfugiées résidentes en France et en Belgique.

      Quatre des ces femmes ont elles-mêmes subi un viol. Une d’elles, Fatou Abdallah, handicapée, n’avait alors que 17 ans. Les autres mènent ce combat pour des proches qui en ont été victimes. C’est le cas de Fatou Ambassa, qui a vu sa cousine Halima, 16 ans, se laisser mourir à la suite d’un viol perpétré par plusieurs soldats, devant ses parents.

      Si elles ont décidé de mener cette grève de la faim pendant la campagne électorale à Djibouti, c’est parce qu’elles espèrent que leur message aura d’autant plus de résonance : « Autrement nous sommes inaudibles. Le seul moment où les médias parlent de Djibouti, c’est pendant la campagne électorale ! »

      Le viol des femmes, arme de répression contre l’opposition

      Aïsha Dabalé est la porte-parole en France du Comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l’impunité. Elle explique que les soldats de l’armée régulière utilisent le viol comme moyen de représailles contre les forces armées de l’opposition (Frud) : « Ils s’attaquent aux civils depuis leurs casernes installées dans le nord et le sud ouest du pays, où opère la résistance armée. À chaque revers militaire, ce sont les villageois qui trinquent, parce qu’ils sont soupçonnés de sympathie envers l‘opposition. Mais leur cible privilégiée, ce sont les femmes. C’est l’identité même de la communauté qu’ils tentent ainsi de détruire. »

      « S’en prendre au corps des femmes est un outil de domination, d’autant plus oppressant lorsque règne l’impunité », rappelle Sabine, Salmon, présidente nationale de Solidarité femmes, présente à leurs côtés. « Cette impunité totale empêche les victimes de s’exprimer, et pousse à la récidive. Cela ne peut plus continuer », ajoute Aïsha Dabalé.

      Le Comité réclame une enquête internationale suivie d’un procès, sur toutes les exactions à l’encontre des femmes : viols et autres violences sexuelles, tortures, arrestations arbitraires… « Le problème c’est que pour saisir la Cour pénale internationale, qui a condamné le viol comme arme de guerre, il faut que dans le pays d’origine où se sont passées ces violences, le circuit juridique classique des plaintes ait eu lieu. Sauf que cela ne se fait pas », alerte Sabine Salmon, accusant la communauté internationale de fermer le yeux sur la violation de droits fondamentaux, et le non-respect des conventions internationales.

      Elles demandent un « signal fort et une prise de position » de la part des autorités françaises, pour qu’elles les accompagnent dans cette demande d’enquête internationale. « La France est aujourd’hui notre seul espoir, parce qu’elle peut faire pression sur le gouvernement djiboutien. Djibouti reçoit une grande part des aides perçues par l’ancienne colonie française », tient à signaler Aïsha Dabalé.