PREFACE AU LECTEUR.
M y Lecteur,jevous presente icyun œu vre, qui ne merite* pas le n o m d’Histoi
re , ny de R o m a n ; mais feule ment de simple, naifve, nuè’& VeritableNarration,ourecit-f desestranges& diversesevene- mens & rencontres,bon-heurs & malheurs ,qui m e font arri vez autempsde mon voyage,
ou que j’ayveu arriver à d’au- tS wes, tres:desquels jeconfesserayin- genueraent d’avoir tiré autant
ou peut-estre plus de profit en peu de temps, que de mes estu- des de plusieurs années ;& je trouve par experience la verité
duproverbe : Segnihsirritantanimasdemis »
saper auresy ^uàm qucesunt oculisfubjeBa
fidelibus. Car nonobstantque l’ouïe íbit lesens& l’organe,& pourainsi dire,laportedeladoctrine& sagesse ;& que l’eloquence d’un
excellent Orateur fait souvent un grand effort fur nos ames : toutefois ceux qui font feule mentdouez d’un senscômun, advoueront avec m o y , que les objetsque nousvoyonsdevant nos yeux,ont bien un’ autre forcedepenetrernosâmes,8cJes fairelanguirdecrainte,pasiner defrayeur,bondirdejoye, & produire d’autres effe&s, qu’ils semblent vouloir pretendre a- vec les Surnaturels. Ce que- vous pourrezTacilement com prendre,sivousavezassezde_ patience pour lire ce Recit- » ou narration que je vous pre sente,toutenaïfve& nijë,fans
Tembellirdesfiguresde Rhe torique, & de grandes digres sions:maiscomme un Matelot parle entre ses amis de tempe- stes& naufrages ; un Soldatde batailles gcplayes ; un Berger fait mention du loup en fon-j troupeau :du mefme stile je_ » vous commenceray à entrete nir,vous menant de Madrid en
Espagne,oùj’estoisvenu,ayant envie de voir ce Pays, &c. Et-> nous promenans un peu par mer& parl’Affrique,nousre-
tournerons,commej’ayfaitau trefoisparlagrâcedeDieu,à la chere Patrie ,tres-agreablc-* à celuy qui retourne d’un eí- clavago.