Emotions médiévales, par Benoît Bréville
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(…) les #émotions du #Moyen_Age, loin d’être figées, varient selon les groupes sociaux — la colère est un affect des puissants, la honte sied aux femmes et aux jeunes gens — et changent dans l’espace et le temps. Avec la « christianisation des émotions » qui s’empare de l’Occident à partir du IIIe siècle, elles sont renvoyées du côté du péché originel et interprétées comme un signe de la faiblesse humaine. Jésus n’ayant jamais ri, le rire est interdit dans les monastères. Cette méfiance persiste pendant près d’un millénaire : au XIIIe siècle, Saint Louis ne rit jamais le vendredi…
Puis le regard change, et les effusions publiques deviennent monnaie courante. Comme lors des wapeningen : au XVe siècle, sitôt qu’une menace pesait sur leur corporation, les membres des guildes des villes flamandes se munissaient de bâtons, puis investissaient la place du marché, où ils exprimaient leur fureur ou leur déception. L’émotion populaire devient un moyen d’attirer le regard du pouvoir pour le pousser à négocier.
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