• Que faire des « OGM cachés » ?

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/04/25/que-faire-des-ogm-caches_4907938_3244.html

    Vous connaissiez « les OGM », il va désormais falloir vous familiariser avec « les OGM cachés ». Jusqu’à présent, les choses étaient assez simples : pour produire un OGM, un gène étranger (un « transgène ») était introduit dans un organisme, de manière à le pourvoir de certaines propriétés, et l’affaire était faite. Les autorités de régulation, les militants écologistes, les semenciers, les agrochimistes, vous et moi, tout le monde était d’accord. Depuis le milieu des années 1990, la technique d’obtention des nouvelles variétés végétales structurait commodément le débat : d’un côté « les OGM » (infamie pour les uns, panacée pour leurs adversaires) et de l’autre, tout le reste.

    Dans un proche avenir – en réalité, dès à présent –, les choses risquent de ne plus être aussi simples. La ligne de démarcation entre « OGM » et « non-OGM » menace de s’effacer, d’être dissoute par les nouvelles technologies d’ingénierie du vivant. Celles-ci permettent d’amender le patrimoine génétique de manière bien plus subtile et discrète que l’antique transgénèse. Aucun gène étranger n’est ajouté à la plante, mais diverses techniques permettent de modifier son génome. « Extinction » de certains gènes grâce à des ARN interférents, cisgénèse, mutagénèse dirigée, etc. : ces noms barbares n’évoquent pas grand-chose au béotien, mais augurent de l’arrivée imminente de ces variétés souvent qualifiées d’« OGM cachés ».

    Faut-il réguler les « OGM cachés » ?

    Ces « OGM cachés » sont parfois très proches de leurs pendants conventionnels.

    ( ...) faut-il réguler ces « OGM cachés » au même titre que les OGM classiques ? Doit-on au contraire les considérer comme des variétés conventionnelles ?

    Cette question alimente de nombreux débats partout dans le monde. En France, elle est au cœur de la crise traversée par le Haut Conseil des biotechnologies (HCB), l’organisme chargé d’éclairer la décision publique en matière de génie génétique, et aux travaux duquel participent des associations professionnelles (FNSEA, Confédération paysanne, semenciers, etc.), des organisations de la société civile (les Amis de la Terre, Greenpeace, France nature environnement, etc.), des chercheurs de plusieurs disciplines...

    Au terme d’une procédure contestée (et à vrai dire réellement problématique), le comité scientifique du HCB prenait en janvier un rapport sur le sujet, recommandant qu’une grande part de ces « OGM cachés » ne soient pas soumis au même régime d’évaluation des risques que les OGM actuels. Contestant ces conclusions, un membre du comité scientifique, chercheur à l’Institut national de recherche agronomique (INRA), a démissionné de son mandat, déclenchant la colère d’une demi- douzaine d’associations membres du HCB (Greenpeace, Confédération paysanne, etc.). Celles-ci ont habilement joué de la crise, démissionnant du HCB avec tambours et trompettes, parvenant à faire entendre leur mécontentement jusque dans la revue Nature qui, dans l’éditorial de son édition du 14 avril, faisait état de cette dispute franco-française.

    Tant de bruit n’est pourtant, peut-être, qu’une sorte de chant du cygne, ou tout au moins « la manifestation d’un désarroi », selon l’expression de Christine Noiville, la présidente du HCB. Devant l’effacement possible – probable ? – de la frontière stricte qui séparait « les OGM » du reste du règne végétal, le mouvement anti-OGM est en effet contraint de se réinventer ou de mourir. Il n’y a plus de cultures transgéniques d’un côté, et tout ce qui est acceptable de l’autre. Une nébuleuse de techniques diverses déboule, capable de produire des cultures dont on pourrait bientôt ne plus savoir réellement si elles sont, ou non, assimilables à des OGM...

    Repenser les termes du débat public

    Au reste, tout cela a déjà commencé. Les adversaires des biotechnologies végétales prêchent ainsi dans le désert depuis plusieurs années contre les variétés de colza et de tournesol tolérantes à des herbicides, qui prennent racine dans les campagnes françaises. Le mouvement anti-OGM n’a, ainsi, pas réussi à se faire entendre de la société : puisqu’elles sont considérées comme conventionnelles (elles sont obtenues par mutagénèse aléatoire), ces cultures ont globalement été acceptées dans l’indifférence générale.

    Pourtant, elles reproduisent l’un des traits les plus contestables des OGM cultivés outre-Atlantique. Comme l’a souligné l’expertise collective conduite en 2011 par l’INRA et le CNRS, la mise en culture de variétés tolérantes à un herbicide en favorise mécaniquement l’épandage, augmentant ainsi son impact sur l’environnement et la santé, et favorisant de surcroît l’apparition de mauvaises herbes résistantes.

    Cette situation devrait conduire à repenser les termes du débat public. Celui-ci, polarisé autour de la technique d’obtention d’une variété – « OGM » ou « non-OGM » – gagnerait à être réorienté. On devrait plutôt s’interroger sur les propriétés de ces plantes modifiées que sur la technique grâce à laquelle elles ont été modifiées. Qu’y a-t-il de commun, en termes de bénéfices et de risques potentiels pour la société, entre une pomme de terre produisant moins d’acrylamide à la cuisson, un soja tolérant au glyphosate et un maïs résistant à la pyrale ?

    A frapper la transgénèse du sceau exclusif de l’infamie, on en vient à ce qu’en 2010, des Faucheurs volontaires trouvent indispensable d’aller détruire une parcelle expérimentale de l’INRA où l’organisme public testait une vigne transgénique résistante au court-noué, une maladie virale. Quitte à lutter contre les risques et les dégâts induits par le modèle agricole actuel, n’y avait-il vraiment rien de plus urgent à faire ?

  • La 4e conférence environnementale s’ouvre sous les critiques et les boycotts
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    Trois jours après la signature de l’accord sur le climat à New York, par 175 pays, l’ambiance risque d’être moins euphorique à Paris. La quatrième et dernière conférence environnementale du quinquennat s’ouvre à l’Elysée, lundi 25 avril, pour deux jours, dans un contexte de grande tension avec les Verts et les associations environnementales.

    Promesse de campagne de François Hollande, ce rendez-vous annuel avait été institué par le chef de l’Etat en 2012, cinq ans après le Grenelle de l’environnement conduit par Jean-Louis Borloo, afin de fixer la feuille de route environnementale du gouvernement pour les douze mois à venir. Si elle n’a cessé de perdre en visibilité, cette rencontre avait pourtant l’ambition de « faire de la France la nation de l’excellence environnementale » en réunissant associations, syndicats, entreprises et élus autour des grands enjeux écologiques et sanitaires.

    #qu'est-ce_qu'on_rigole