le « J’accuse » d’un expert engagé

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  • Expert ? bien vite dit. Il suffit de lire son livre, Comment perdre la guerre contre le terrorisme, pour se convaincre à la vue de certaines erreurs factuelles, que l’homme de savoir, tout ancien diplomate et ancien conseiller ministériel qu’il soit, semblé décroché des réalités actuelles et de la compréhension du djhiadisme et de l’Ei, écrivant par ailleurs en toute bonne fois : « le terrorisme est un phénomène aussi ancien que le crime organisé, comme en témoigne entre autres l’activité des zélotes et autres sicaires en Terre sainte » et autres perles. Pour autant tout n’est pas à rejeter dans ses écrits, loin de là.

    Terrorisme : le « J’accuse » d’un expert engagé
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/25/terrorisme-le-j-accuse-d-un-expert-engage_4908192_3232.html#f9xPHE047eugFyzB

    Terrorisme : le « J’accuse » d’un expert engagé

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  • Terrorisme : le « J’accuse » d’un expert engagé

    Étrange défaite. Comment, le 13 novembre 2015, des petites frappes du djihad de quartier ont-elles pu faire vaciller notre pays, sa cohésion, ses valeurs et sa Constitution ? A cause de « la médiocrité » du gouvernement français, qui a notamment refusé de lancer une commission d’enquête nationale sur les attentats de janvier 2015, accuse François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

    Président du Centre de politique de sécurité de Genève, ce chercheur mesuré n’a pu s’empêcher de sortir de la réserve à laquelle il était habitué. Car c’est un « homme en colère » qui dresse le réquisitoire sévère des défaillances françaises. Pourtant, les services de renseignement avaient bien repéré les futurs auteurs des attentats, quasi tous fichés « S ». Preuve que la technique dite de « chasse au harpon » (ciblant des individus singuliers), choisie par les Français, est au moins aussi efficace que celle, prisée par les Américains, de la « pêche au chalut » (ratissant largement les données numérisées de l’ensemble de la population). Sans compter que la nouvelle loi sur le renseignement, assure-t-il, « renforce notablement la capacité de surveillance de nos services ».

    Accablant bilan stratégique

    Mais c’est l’information de proximité qui fait cruellement défaut. Composée de policiers bien insérés localement, cette approche du renseignement « à la papa » a notamment été raillée et rayée des radars par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur. « Organiser un match de rugby pour les jeunes du quartier c’est bien, mais ce n’est pas la mission première de la police », expliquait-il en 2003. Une fois élu président, Nicolas Sarkozy fusionnera en 2008 la Direction de la surveillance du territoire (DST) et la direction centrale des renseignements généraux (RG) au sein de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
    Certes, la création de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) par François ­Hollande en 2014 fut suivie d’une tentative de réinscrire territorialement le renseignement, mais « lorsque des vies sont en jeu, ce mauvais folklore historico-administratif devient totalement insupportable », note François Heisbourg. Anticipation approximative, mais aussi préoccupante gestion de crise. Car l’expert en stratégie relève que, le 13 novembre, alors que l’équipée terroriste avait commencé à 21 h 25, il a fallu attendre 22 heures pour qu’une patrouille de la brigade anticriminalité (BAC) faiblement armée parvienne au ­Bataclan et tente d’y intervenir. Sans compter que la communication opérationnelle fut totalement absente, accentuant le climat de panique. Une plate-forme Internet activée par le gouvernement aurait pu indiquer aux Franciliens les quartiers à éviter, comment se mettre à l’abri du danger, conseiller de s’écarter des fenêtres dans les zones exposées, comme l’ont fait les Britanniques lors des attentats de 2005 : « Mais en France, le 13 novembre 2015 : rien, rien, trois fois rien. »

    Terrifiantes erreurs idéologiques

    Accablant bilan stratégique, mais aussi terrifiantes erreurs idéologiques. Car on ne fait pas la « guerre au terrorisme », comme le dit ­Manuel Valls. Il est même indigne d’ériger les criminels de l’organisation Etat islamique (EI) au rang de « combattants ». La posture martiale est donc aussi ridicule qu’inefficace. Trompeuse et mensongère également, car « si nous étions en guerre, organiserions-nous l’Euro ? », se demande l’auteur, non sans à-propos. Mais, dès le lendemain des attentats du 13 novembre, le gouvernement français n’a pu s’empêcher de jouer les gros bras et de lancer ses plus importants raids sur Rakka, quartier général de l’EI en Syrie. Mais faire la guerre là-bas n’apportera pas forcément la paix chez nous. Car « le 13 novembre parisien fut principalement local », insiste M. Heisbourg. Et puis ne nous leurrons pas : l’Occident n’a plus guère de prise sur cette nouvelle « guerre de trente ans » qui détruit et reconfigure tout le Moyen-Orient. Le gouvernement français a donc préféré jouer sur les peurs que sur l’apaisement. Et choisi même « l’hystérisation du débat », avec « l’atroce » proposition avortée de loi sur la déchéance de nationalité, qui aurait pu constitutionnaliser la « discrimination négative ». Idem pour ce préoccupant « état d’urgence permanent » que la France installe insidieusement.
    « Nous risquons de franchir le seuil qui sépare le terrorisme comme somme de trajectoires individuelles de l’avant-garde violente d’un mouvement de masse »
    Il y a donc urgence. Urgence à sortir de la suffisance française, notamment incarnée par ces ministres de la République prompts à moquer les autorités belges après les attentats du 22 mars à Bruxelles, alors que Salah Abdeslam fut contrôlé trois fois le 14 novembre au matin par les policiers français avant d’entrer en Belgique au lendemain des massacres. Urgence à en finir avec les « petits calculs sordides » du « machiavélisme présidentiel » destinés à « servir la soupe politique et idéologique au Front national ». Urgence de combattre « l’iniquité et l’injustice » avec lesquelles sont traitées les minorités visibles en France. Car cette politique de la discorde risque bien de faire grossir les rangs des adeptes du djihad. Et la menace d’expansion est là, prévient François Heisbourg : « Nous risquons de franchir le seuil qui sépare le terrorisme comme somme de trajectoires individuelles de l’avant-garde violente d’un mouvement de masse. » N’éteignons pas les Lumières. Ne transigeons pas sur les libertés, œuvrons pour l’égalité et osons la fraternité contre les fratries meurtrières. En un mot, faisons le pari de la République contre la guerre civile.

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/25/terrorisme-le-j-accuse-d-un-expert-engage_4908192_3232.html#f9xPHE047eugFyzB

    • Des cités ? et si c’était ceux qui bombardés en Syrie par l’avition russe, revenaient et se vengent tout simplement ? Et 100 000 euros payé par qui ? IL y a de quoi se radicaliser très vite non ?