Réunis à Luxembourg, lundi 18 avril, les ministres des affaires étrangères et de la défense de l’Union européenne espéraient marquer fermement leur soutien au nouveau pouvoir qui se met difficilement en place en Libye. Leurs efforts auront été contrariés. Le vote de confiance attendu du Parlement libyen au gouvernement d’union nationale dirigé par le premier ministre désigné Fayez Al-Sarraj, n’a pas eu lieu. Il a été reporté sine die. Les ministres ont donc dû se contenter de renouveler leur soutien au chef du gouvernement et de lui promettre des aides financières, en l’attente d’une stabilisation politique durable.
L’UE, qui a débloqué 100 millions d’euros d’aide économique et humanitaire, propose également aux nouvelles autorités une mission civile« de conseil et de soutien » dans les domaines policier, judiciaire et de la lutte antiterroriste. Le premier ministre a demandé un appui pour lutter contre les passeurs de clandestins, sans, cependant, réclamer directement une intervention de l’UE dans les eaux libyennes, afin d’endiguer l’afflux de migrants.
Les Vingt-Huit aimeraient élargir le mandat de la mission « Sophia », opération navale de lutte contre les passeurs au large de la Libye, lancée à l’été 2015. Elle a sauvé 13 000 vies jusqu’ici, a indiqué la Haute Représentante Federica Mogherini, et pourrait être étendue à la lutte contre les trafics d’armes et de drogue, dans les eaux territoriales libyennes si, du moins, le nouveau pouvoir marque son accord. La mission « Sophia » est actuellement limitée aux eaux internationales, ce qui laisse le champ libre aux passeurs qui exploitent les migrants.
Inquiétude de l’Italie
L’extension de la mission navale européenne pourrait même ensuite s’accompagner d’une coordination avec l’OTAN afin, notamment, de mettre sur pied un corps de garde-côtes libyens. L’Italie s’inquiète particulièrement de la possible arrivée sur ses côtes de migrants partis de Libye, même si, pour le premier ministre Matteo Renzi, il ne s’agit pas d’une « invasion ». Rome recense depuis le début de l’année 25 816 arrivées, soit 7 000 de plus que l’année dernière à la même date. M. Renzi prône aussi une véritable stratégie européenne et a adressé à ses homologues un document proposant une accélération de la conclusion d’accords avec les pays d’origine, ainsi que la mise en place de fonds pour inciter les pays de transit à bloquer les flux. Cette dernière idée s’est heurtée, lundi, au refus de l’Allemagne.
Mais une rumeur, d’abord confirmée, puis nuancée par la diplomatie italienne, est venue ajouter à l’urgence de traiter le problème : une embarcation comptant 200 – voire 400 – migrants, essentiellement somaliens, aurait coulé lundi en Méditerranée. Parti d’Egypte, en direction des côtes italiennes, le bateau aurait emprunté une nouvelle route tracée par les passeurs pour échapper aux contrôles au large de la Libye. Diffusée par la BBC en langue arabe, l’information n’était toutefois toujours pas confirmée mardi matin.