Flics et indics : Michel Neyret tente un mea culpa auprès du tribunal
Catherine Fournier | Mis à jour le 03/05/2016
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(...) "Je vais regarder dans le Code pénal mais le délit de violation du secret professionnel ne nécessite pas qu’une enquête soit compromise pour être constitué", raille le président du tribunal. Michel Neyret a consulté plusieurs fiches de recherche, notamment sur Interpol, pour le compte d’un certain Stéphane Alzraa, prévenu dans le dossier mais en fuite. Ce golden boy lui a été présenté par Gilles Benichou, autre figure de l’affaire, également absent de ce procès. Les deux hommes ne figuraient pas au Bureau central des sources, fichier sur lequel doivent être inscrites depuis 2004 les sources de la police.
Pourquoi ne pas les avoir immatriculés ? « Bon nombre d’informateurs, s’ils ne cherchent pas à être rémunérés pour leurs services, refusent d’être immatriculés », explique, professoral, Michel Neyret. Sans se départir de son ton affable, l’ancien ponte de la PJ convient toutefois avoir péché par habitude : "Je m’estimais suffisamment fort pour gérer ces relations tout seul. A tort, je le sais maintenant. "
Un retour sur investissement
Les deux mains accrochées au pupitre, le prévenu expose l’école Neyret, fondée « sur le travail de terrain » depuis sa prise en main de la Brigade de recherche et d’information (BRI) de Lyon en 1984 : "J’ai développé cette politique des renseignements. Je me suis mis à corps perdu dans la manipulation des informateurs.
" Michel Neyret a-t-il fini par être manipulé à son tour ? Le président du tribunal s’interroge : comment un homme, avec des états de service aussi brillants, a-t-il pu prendre de tels risques sans contrepartie en retour ?
"Stéphane Alzraa, il ne vous a rien amené en tant qu’informateur ?
– C’est toute la question...
– C’est la question que je vous pose."
Michel Neyret, dont le débit est fluide et rapide, assure avoir voulu se rapprocher de cet individu pour ses connexions avec le "grand banditisme et la criminalité juive" . "Avec Stéphane Alzraa, on est dans l’escroquerie et la fraude fiscale, un milieu que vous ne traitiez pas du tout" , lui fait observer la procureure. Michel Neyret insiste : avec Stéphane Alzraa comme avec tous ses informateurs, il misait sur un retour sur investissement.