Les rabbins et le divorce

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  • Les rabbins et le divorce -
    Oded Guez est un « refuznik » du divorce : ce juif pratiquant a préféré disparaître que d’accepter la séparation demandée par son épouse qu’il battait.
    De notre correspondante à Jérusalem, Danièle Kriegel
    Modifié le 01/05/2016
    http://www.lepoint.fr/monde/les-rabbins-et-le-divorce-01-05-2016-2036156_24.php

    Un tel appel des juges du tribunal rabbinique est rarissime. Dans leur communiqué, diffusé avant la Pâque juive, ils demandent au public de les aider à localiser Oded Guez. En plus de la photo de l’intéressé, un numéro de téléphone est mis à disposition pour toute personne ayant des informations permettant de le retrouver. Mais pourquoi cet avis de recherche peu banal ? Eh bien Oded Guez, docteur en physique de son état, est un « refuznik » du divorce. Il ne veut pas accorder à son épouse - réfugiée avec ses deux enfants dans un abri pour femmes battues – le « Gett », l’acte de divorce selon la Halacha, la loi juive. Jusqu’ici, rien n’y a fait. Même pas les sanctions dont il est l’objet depuis de longs mois de la part du Rabbinat, à commencer par l’ostracisme. Une véritable mise au ban sociale, professionnelle et religieuse. Personne ne doit lui parler. Aucune synagogue n’a le droit de le recevoir, car il lui est interdit de lire la Torah et de célébrer une cérémonie religieuse ; quant aux deux universités qui l’employaient, elles ont été priées de le licencier, ce qui fut chose faite assez rapidement. Fait rare, le Rabbinat a, de surcroît, autorisé le « Shaming ». Autrement dit la publication sur les réseaux sociaux de son nom et de sa photo.
    Un statut peu enviable

    Préférant disparaître plutôt que céder, ce juif pratiquant, inscrit aussi au département d’études de la Torah à l’université religieuse de Bar-Ilan, près de Tel-Aviv, ne s’est pas présenté à la dernière audience fixée par le Beth-Din (tribunal rabbinique) pour le réexamen du dossier de divorce. Une absence qui a provoqué l’ire de la cour. D’où l’appel au public, justifié, disent les autorités rabbiniques, par une préoccupation majeure à l’égard de l’épouse, qui pourrait devenir, compte tenu de la disparition de son conjoint, une femme « Agouna », littéralement en français « une femme entravée », « enchaînée aux liens du mariage » . Il lui serait alors interdit, selon la loi juive, de se remarier ou d’avoir des enfants, car ceux-ci seraient considérés comme des « Mamzers », vulgairement des « bâtards », un statut peu enviable au regard du judaïsme. Ces enfants illégitimes sont en effet considérés comme non-juifs. Ils ne peuvent se marier qu’entre eux, et cela de génération en génération.(...)

    #divorce