Articles – Réinventer Calais

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  • #Le_Pérou

    Nos métropoles occidentales débordent de corps en trop, de rebuts humains épars : #expulsés d’ici comme d’ailleurs flanqués à même le bitume ; #réfugiés dans les #délaissés, déprises, et autres innommables zones ; logés dans l’#insalubrité, le surpeuplement ou la #solitude, tout au bord de la rue. Simultanément – conséquence et cause tout à la fois –, nos métropoles se dépeuplent de ce qui fait d’une ville une #ville : des formes et pratiques de l’#accueil et de la #solidarité, des espaces et des gestes qui font l’#hospitalité. Une analyse des processus urbains à l’œuvre – techniques comme imaginaires – convainct de l’inéluctable aggravation de cette situation : un savoir-faire l’accueil disparaît en même temps qu’explose le nombre de réfugiés économiques parmi nous. Loin de promettre la résorption de l’#exclusion urbaine et du péril qu’elle engendre, le développement contemporain de nos métropoles la laisse s’accroître, voire la nourrit.

    Association loi 1901 fondée en septembre 2012, le PEROU est un #laboratoire de #recherche-action sur la #ville_hostile conçu pour faire s’articuler action sociale et action architecturale en réponse au péril alentour, et renouveler ainsi savoirs et savoir- faire sur la question. S’en référant aux #droits_fondamentaux européens de la personne et au « #droit_à_la ville » qui en découle, le PEROU se veut un outil au service de la multitude d’#indésirables, communément comptabilisés comme cas sociaux voire ethniques, mais jamais considérés comme habitants à part entière.
    Avec ceux-ci, le PEROU souhaite expérimenter de nouvelles tactiques urbaines – nécessitant le renouvellement des techniques comme des imaginaires – afin de fabriquer l’hospitalité tout contre la ville hostile. Alors que se généralise une politique aussi violente qu’absurde, action publique aux allures de déroute n’ouvrant que sur des impasses humaines – expulsions, destructions, plans d’urgence sans issues, placements et déplacements aveugles, etc – , le PEROU veut faire se multiplier des ripostes constructives, attentives aux hommes, respectueuses de leurs fragiles mais cruciales relations au territoire, modestes mais durables.

    http://www.perou-paris.org/index.html
    #architecture #urbanisme #Calais #urban_matter
    cc @reka : tu connais ?

  • Goéland – Réinventer #Calais
    par Gilles Clément
    pour PEROU
    (à lire absolument)
    https://reinventercalais.org/articles/goeland

    Depuis des millions d’années les continents nagent. Ils se séparent, se rapprochent, s’éloignent, changent d’angle et de position par rapport au nord géographique. Mais le nord change à son tour et tout tourne.

    Les plantes et les animaux se sont organisés sur cette plaque tournante. Ils migrent à chaque fois que changent le climat et les conditions de vie. Ils n’ont pas de frontière. Ceux qui habitent la terre se limitent aux contours des continents et des îles. Ceux qui habitent la mer n’ont d’autres limites territoriales que les conditions vitales : température de l’eau, acidité, sources de nourritures, habitats. Tous sont inféodés à un ensemble de compatibilité de vie qui correspond à une zone climatique planétaire : un biome.

    Les humains ont inventé les prothèses : vêtements , maisons , véhicules etc… Ils ont accru leur amplitude biologique et sont capables de franchir tous les biomes. Ils peuvent vivre sur la glace, dans les déserts, sous les tropiques et sous la mer. Ils n’ont pas de limite biologique territoriale.

    Pour jouer, se battre, se cantonner en ghettos de couleurs, ils ont inventé les frontières et les drapeaux. Ils aiment leurs frontières. Ils sont capables de les franchir sans difficulté mais ils tiennent à leur existence. Cela leur donne le sentiment de maîtriser l’espace ainsi délimité. Ils en revendiquent la propriété.

    #Gilles_Clément #territoire #frontières #jungle

    • #mots #terminologie #vocabulaire #campement #réfugiés #asile #migrations

      A Calais on parle de « jungle » car tout fait penser au désordre et à la perdition. Abus de langage, erreur d’aiguillage. Les migrants de Calais tentent, c’est vrai, de reconstituer un milieu de vie et s’ils parvenaient à reconstituer la jungle-milieu d’équilibre, ils pourraient espérer vivre. On ne leur laissera pas le temps de vivre. Il faut les chasser puisqu’ils viennent d’ailleurs. Ils n’ont pas le droit de vivre. Ils doivent mourir ou partir. Pour l’administration des frontières (de la guerre, de l’argent et du jeu), cela revient au même : ils doivent disparaître.

      La Jungle de Calais n’est pas la jungle de la nature. C’est un camp transitoire de chair humaine, disqualifiée par les humains eux-mêmes, à jeter à la mer ou encore à brader au plus offrant des joueurs dont les jetons de poker se heurtent aux frontières.

      #cpa_camps