Cahiers du genre. Genre, féminisme et valeur de l’art

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  • Cahiers du genre. Genre, féminisme et valeur de l’art - Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2009-1-page-130.htm

    En effet, ignorer la variable genre dans les processus divers de création et de valorisation artistiques, c’est non seulement maintenir le système du canon et ses pratiques discriminantes, mais c’est aussi « et surtout oublier qu’on ne crée pas ‹ hors du monde » (p. 37).
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    Le premier chapitre ici traduit du « classique » Differencing the Canon : Feminist Desire and the Writing of Art’s Histories (1999) de Griselda Pollock – intitulé « Des canons et des guerres culturelles » constate que la bataille est loin d’être gagnée. Le choix de placer l’article après « Esquisse d’une épistémologie de la théorisation féministe en art » est judicieux. Le propos de Pollock rebondit aisément sur le paradoxe soulevé par F. Dumont et S. Sofio et annonce un programme ambitieux de recherche et de réflexion pour déconstruire/reconstruire la discipline tout en la dépouillant de ses prétentions ethno et androcentriques cachées derrière le mythe de la figure du « créateur ».

    • « Du génie au talent : quel genre pour l’artiste ? » de Maria Antonietta Trasforini et « La fille de Dibutade ›, ou l’inventrice inventée » de Françoise Frontisi-Ducroux traitent tous deux des mythes qui fondent l’art occidental : celui de l’artiste défini par le génie et le talent et celui du mythe de l’origine, l’invention même de la peinture. Les notions de génie et de talent influent et construisent les carrières artistiques encore aujourd’hui. Trasforini nous invite à nous « intéresser au rôle des institutions et des ‹ gardiens du temple › qui ‹ créent › les artistes en leur procurant les ressources nécessaires à la production artistique, ainsi qu’à la manière dont joue le genre dans les processus de construction de l’histoire de l’art » (p. 114). Autrement dit, Trasforini se demande que se serait-il passé « si Picasso avait été une fille » 

      . Alors que Frontisi-Ducroux se demande dans son article si c’est bien à une fille que l’on doit l’invention de la peinture et comment le récit de cette création n’a cessé d’être remodelé de l’Antiquité à nos jours pour enfin analyser la valeur symbolique de la « production des représentations sociales relatives à la part respective des femmes et des hommes dans une invention majeure pour les sociétés » (p. 133).