• Alors que le gigantesque incendie qui s’est déclaré le 1er mai dans le nord de la province canadienne de l’#Alberta est en perte de vitesse… (re)lire le reportage d’Emmanuel Raoul dans cette région progressivement transformée en un marché du #pétrole sale au profit des multinationales et du voisin américain.

    Or noir contre peuples premiers canadiens - Sous les sables bitumineux de l’Alberta (avril 2010)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/RAOUL/18996 #st

    Il suffit de rouler 45 kilomètres vers le sud pour découvrir ce qui a remplacé ce mode de vie. Encombrée de pick-up et de poids lourds, l’autoroute 63 mène à Fort McMurray. En pleine forêt boréale, une vitrine du monde occidental : supermarchés et centres commerciaux, fast-foods et magasins d’alcool à chaque coin de rue, casino et bars à strip-teaseuses, drogues à profusion et sans-abri hagards. Longtemps surnommé « l’usine à fourrures », cet ancien village de trappeurs et de bûcherons est devenu « Fort McMoney », les effluves de pétrole évoquant l’odeur de l’argent pour des cohortes de jeunes actifs. Le nombre d’habitants y a triplé depuis le boom des sables bitumineux, passant de 34 000 en 1994 à 101 000 en 2009.

    Comment la ville-champignon gère-t-elle sa mutation ? « Pas très bien », reconnaît avec un sourire Mme Melissa Blake. Elue maire en 2004, elle dirige l’une des plus grandes communes du monde, la municipalité régionale de Wood Buffalo : plus de 63 000 kilomètres carrés couverts de forêt, truffés de sites miniers et industriels — quasiment la superficie de l’Irlande. Fort McMurray en est la seule ville. « En termes d’infrastructures, nous n’étions pas préparés à une croissance aussi brutale. » La hausse de la population — 8 % par an — a fait du secteur de l’immobilier le plus cher du pays : une maison de quatre chambres atteint plus de 620 000 dollars. Mieux vaut ne pas tomber malade, car il y a 1,7 médecin pour 10 000 habitants, et un urgentiste peut recevoir jusqu’à 156 patients en douze heures !

    « Je déteste cette ville : j’en suis parti sept fois, mais j’y reviens toujours, car il n’y a que là où je puisse gagner autant d’argent », avoue un jeune homme, dans un bar. Cet ouvrier gagne 32 dollars de l’heure, soit quatre fois le salaire minimum de sa province, la Colombie-Britannique. Toutefois, 98 % des habitants de Fort McMurray ne comptent pas y prendre leur retraite ; de ce fait, ils se soucient peu de l’impact de l’industrie pétrolière sur l’environnement ou sur les premières nations.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/25786 via Le Monde diplomatique