(...) Mais, pour tester l’impact des billevesées, encore fallait-il en avoir un échantillon « objectivement stupide » sous la main ! Les auteurs de l’étude ont eu recours à deux programmes générant de manière aléatoire des phrases vides de sens mais grammaticalement correctes, à partir de mots vagues et à la mode.
Un des logiciels en question mouline les mots utilisés, sur son compte Twitter, par le gourou américain Deepak Chopra, roi de l’aphorisme fumeux et inventeur de la « médecine quantique ».
La machine peut ainsi vous pondre des phrases suggérant une profondeur en réalité inexistante, comme par exemple « Une simple particule co-crée des faits potentiels » ou « La réalité perceptrice transcende la barrière des molécules ».
80 % des participants piégés
Dans la première des quatre expériences, après avoir répondu à un questionnaire et à des tests aux réponses contre-intuitives, les « cobayes » se voyaient présenter dix phrases « bullshitesques ». Ils devaient prendre un moment pour réfléchir à leur signification et les noter sur une échelle de la réceptivité aux propos débiles créée spécialement pour l’occasion. Plus de 80 % des participants ont trouvé ces phrases assez profondes si ce n’est plus...
Au cours des trois autres expériences, les chercheurs ont complexifié l’exercice en ajoutant des phrases réelles de Deepak Chopra et des phrases réellement profondes. Ce qui n’a pas changé grand-chose : les foutaises ont de beaux jours devant elles. selon l’étude, les personnes les plus susceptibles de ne pas les détecter réussissent moins bien aux tests cognitifs, sont plus ouvertes aux théories conspirationnistes, aux médecines alternatives, aux croyances religieuses et paranormales.
L’affaire n’en est pas restée là. Dans une réponse publiée en janvier par la même revue, le chercheur australien Craig Dalton émet une objection méthodologique en expliquant que certaines des phrases générées par les automates, bien que vides de sens pour les Occidentaux, peuvent en prendre un pour les personnes ouvertes aux systèmes de pensée orientaux.
On attend désormais sur le sujet l’avis du philosophe belge Jean-Claude Van Damme, dont on n’a pas oublié le profond « Les cacahuètes, c’est le mouvement perpétuel à la portée de l’homme ».